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Ridha Chkoundali se positionne pour le financement direct du budget de l’État par la BCT
12/10/2023 | 10:42
3 min
Ridha Chkoundali se positionne pour le financement direct du budget de l’État par la BCT

 

Le professeur universitaire en sciences économiques, Ridha Chkoundali, s’est positionné, jeudi 12 octobre 2023, pour le financement direct du budget de l’État par la Banque centrale de la Tunisie (BCT) mais sous conditions, et par extension en faveur de la révision du statut de l’autorité financière.

 

 

Au micro de Wassim Ben Larbi dans l'émission Expresso sur Express Fm, l'expert est revenu sur sa participation un jour auparavant à une journée d’étude au parlement concernant la révision du statut de la BCT.

Dans ce cadre, l’universitaire a rappelé que la mission principale de l’autorité financière est la maîtrise de l’inflation. Or, pour lui, la BCT n’a pas excellé dans cette mission, pour preuve les hausses exorbitantes des prix. Il pense que l’inflation en glissement annuel n’est pas une référence et recommande de se fier à l’inflation mensuelle, qui est en perpétuelle hausse.

M. Chkoundali considère que l’argument de la BCT, selon lequel une hausse du taux directeur permet une baisse de l’inflation dans les neuf à douze mois, ne tient pas. Il estime que ce mécanisme n’a pas d’intérêt et ne donne pas de résultats sur la politique monétaire et sur l’inflation. Il pense que l’approche adoptée par la BCT est fausse, car cette dernière estime que le problème vient de la demande (consommation privée et des familles tunisiennes qui importent les produits de consommation), ce qui augmente le déficit commercial et provoque un glissement du dinar face aux monnaies étrangères ainsi que l’inflation. Or, selon lui, les 12,2 milliards de dinars de déficit commercial, ne proviennent pas des produits de consommation, mais de l’énergie avec 6,5 milliards de dinars de déficit énergétique.

Pour lui, les familles tunisiennes ne sont pas responsables de l’inflation, mais c’est l’État tunisien. Ce dernier a augmenté l’endettement intérieur dans le volume global du budget de dix points, la part de la dette intérieure est passée de ce fait de 3,8% en 2010 à 13,6% en 2023. Ce recours intensif de l’État à l’endettement intérieur a créé un effet d’éviction, privant le secteur privé de financement, notamment les TPME. Cela a entravé l’investissement privé et par extension la croissance économique. En parallèle, la hausse du taux directeur a augmenté les frais financiers et donc le coût de l’investissement, pour aboutir à une contraction des investissements et une stagnation économique ainsi qu’une contraction de la consommation privée. Elle a aussi aggravé le déficit budgétaire de l’État à cause de la hausse des intérêts de la dette intérieure.

Ainsi, l’économiste considère que cette dichotomie entre l’économie monétaire et l’économie réelle pousse à revoir le rôle de l’indépendance de la Banque centrale de Tunisie. Pour lui, l’autorité financière doit prêter à l’État mais sous conditions :

- Le financement doit servir à des buts productifs et non pas de consommation, donc doit financer les dépenses d’investissement ;

- Le montant contracté doit être limité : pour lui, il faut mettre en place d’une politique mixte entre la BCT et le gouvernement, qui permettra de plafonner le montant à octroyer

À cet effet, il faudra, selon lui, actualiser le statut de la BCT en ajoutant l’objectif de croissance dans les missions de l’institution financière outre la maîtrise de l’inflation. Idem, il faudra spécifier dans le statut que les prêts de l’autorité financière ne peuvent financer que des dépenses d’investissement.

 

I.N.

12/10/2023 | 10:42
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