Espérance – Al Ahly : Un match sous haute tension
La finale de la ligue des Champions d'Afrique, prévue demain entre l'Espérance Sportive de Tunis et Al Ahly d'Egypte, suscite de grandes inquiétudes. La sécurisation du stade de Radès pour ce match très tendu est au cœur du débat, surtout que la bonne ambiance sportive ne sera probablement pas au rendez-vous après le match aller qui a vu la défaite de l’équipe tunisienne.
Le ministre de l’Intérieur Hichem Fourati a tenu une réunion hier, mercredi 7 nombre 2018, au siège du ministère pour prévoir les mesures sécuritaires à mettre en place pour le match prévu demain. « Tous les moyens humains et matériels seront déployés pour sécuriser le stade de Radès et faire réussir cette manifestation sportive », a déclaré le ministre de l’Intérieur dans un communiqué émis à la fin de cette rencontre. Une rencontre qui sera placée sous haute tension sécuritaire.
La tension est à son comble en prévision du match de demain. Aujourd’hui même, la vente des billets aux guichets d'El Menzah ne s’est pas non plus faite dans le calme. En effet, les 9000 billets mis en vente s’est terminée ce matin à peine une heure et demi après son démarrage, ont révélé nos confrères de Mosaïque Fm, présents sur place. Des milliers de supporters sont restés devant les guichets malgré la fin de la vente réclamant des billets et des tenions ont éclaté dégénérant en heurts avec les forces de l’ordre.
C’est que le match de vendredi est très attendu. Les supporters de l’EST accusent en effet une erreur d’arbitrage d’être derrière leur défaite lors du match aller, vendredi dernier, les opposant aux Egyptiens. Mouine Chaabani, l'entraineur de l'Espérance, a par ailleurs vivement critiqué l’arbitre algérien affirmant que son équipe a subi « une grande injustice ». Battus à 3-1, les Tunisiens ont du mal à digérer leur défaite et accusent l’arbitre algérien, qui a pourtant eu recours au VAR, d’avoir triché en attribuant deux penalties à l’équipe adverse. De son côté, la Fédération tunisienne de Football, dirigée par Wadiî Jeri, décide de se réunir d’urgence, appelant la CAF à prendre des sanctions à l’encontre de l’arbitre critiqué.
Mardi 6 novembre, les supporters de l'EST ont empêché les joueurs d'Al Ahly de quitter l'aéroport Tunis-Carthage, le jour de leur arrivée en Tunisie. Les Egyptiens ont été bloqués sur place pendant deux heures avant que les forces de l'ordre n'interviennent pour disperser les supporters tunisiens.
Si un très important dispositif sécuritaire est prévu demain, il est très peu probable que le match se déroule dans le calme et la bonne humeur. En effet, le torchon brûle entre forces de l’ordre et les supporters sportifs. Le ministère de l’Intérieur a publié, le 23 octobre, les photos des supporters de l’Espérance sportive de Tunis, responsables d’actes de saccages et de violences dans le stade après le match opposant leur équipe au Primeiro de Agosto angolais. Ce jour-là, l’ambiance était électrique au stade de Radès, mais aussi aux abords du stade, après que l’Espérance a battu le Primeiro Agosto 4 buts à 2. Des supporters ont lancé des pierres sur des agents des forces de l’ordre qui ont répliqué avec des jets de bombes de gaz lacrymogène. Pas moins de 38 agents de sécurité ont été blessés dont 4 grièvement, a indiqué le ministère de l’Intérieur. De l’autre côté, 13 supporters ont été blessés et 12 personnes ont été arrêtées après des heurts. Le syndicat a d’ailleurs condamné les agressions répétitives contre les forces de l’ordre lors des événements sportifs, appelant les autorités à trouver des solutions pour y mettre fin.
Sur la page officielle du ministère de l’Intérieur, on pouvait voir des photos des supporters arrachant les sièges du stade et lançant des projectiles sur les agents des forces de l’ordre dont plusieurs avaient été montrés blessés. Le service de communication du ministère de l’Intérieur est même allé jusqu’à publier les photos des « hooligans » le visage découvert et dans des postures humiliantes. Une évidente violation de la vie privée qui a beaucoup fait réagir sur les réseaux sociaux et qui a ravivé les sentiments de méfiance vis-à-vis des forces de l’ordre, exprimées par plusieurs internautes.
Une méfiance attisée, notamment, par les violences policières et certains dérapages constatés notamment après le décès d’un jeune, noyé près du stade de Radès; Omar Laabidi, un jeune supporteur du Club africain âgé de 19 ans, a trouvé la mort en se noyant au niveau de Oued Meliane qui se trouve à plus de 2 Km du stade olympique de Radès, le 31 mars 2018 après un match du championnat national de football. Selon certaines versions, les policiers auraient poussé le défunt dans la rivière lui ordonnant d’apprendre à nager créant ainsi le slogan « Taalem Oum » (apprends à nager) qui a vite envahi la toile dénonçant les pratiques policières injustes et abusives. Le 23 octobre dernier, un jeune homme est décédé succombant à ses blessures par balle suite à des affrontements avec des agents de la Douane suite à une descente.
Tout présage pour l’instant que le match de demain ne se déroulera pas dans le calme. Les supporters mécontents en cas de défaite passeront leur colère sur l’équipement du stade et sur les forces de l’ordre qui risquent de répliquer avec violence craignant que la situation ne leur échappe. Si les Tunisiens doivent s'imposer demain après leur défaite la semaine dernière, le match pourrait se dérouler sous très haute tention. Le ministère de l'Intérieur annonce l'intensification des mesures sécuritaires prises à l'intérieur mais aussi aux abords du stade mais pas sûr que les supporters feront preuve d'esprit sportif...
Synda Tajine