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Produits chinois en Tunisie : faut-il tirer la sonnette dâEUR(TM)alarme ?
13/02/2009 | 1
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Produits chinois en Tunisie : faut-il tirer la sonnette dâEUR(TM)alarme ?
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Ils remplissaient les étals des marchés du commerce parallèle. Maintenant, on les retrouve dans tous les magasins et les grandes surfaces. Proposés à des prix défiant toute concurrence, les produits chinois sont fortement prisés par les consommateurs, qu’ils soient Tunisiens, Européens ou Américains.
Pour un œil averti, cependant, une partie de ces produits ne répondent pas aux normes de qualité requise et peuvent sérieusement menacer la sécurité et la santé des consommateurs.


C’est une poupée blonde aux yeux bleus. De loin, elle semble jolie. Et quand on connait son prix (trois dinars), elle devient très jolie. De près, cependant, la qualité laisse à désirer. Mais pour le constater, il faut savoir déjà ce que bonne qualité veut dire. Pressée par son enfant, la maman achète la poupée et poursuit son chemin, fortement convaincue d’avoir réalisé une bonne affaire. En était-ce une ?
Cette poupée, made in china, ressemble à s’y méprendre à la célèbre américaine Barbie. Sauf que ce n’est pas Barbie, qu’elle n’est pas fabriquée à partir des mêmes matériaux, que ses différentes pièces se détachent facilement et peuvent se glisser rapidement dans la bouche d’un enfant.
Comme cette poupée, des milliers de produits asiatiques dangereux se trouvent proposés dans nos magasins.

Une enquête publiée la semaine dernière par le magazine français Le Nouvel Observateur, tire la sonnette d’alarme sur les tonnes de marchandises chinoises inondant le marché : Chaussures empoisonnées, canapés allergènes, dentifrice à l'antigel, fausses Marlboro à la fiente de pigeon, lait contaminé, jouets dangereux, les alertes sur le made in China se multiplient.
Le magazine cite le témoignage d’un douanier : «En novembre, j'ai vu arriver un conteneur marqué «chaises de plage». Trouvant louche d’importer ce type de marchandises en plein hiver, le douanier cherche à en savoir davantage et tombe sur près de 10 tonnes de fausses Marlboro rouges. A l’intérieur de ces cigarettes, affirme le douanier, on peut trouver de l'antigel, des taux de nicotine et de goudron hallucinants et même de la fiente de pigeon ! Il estime le bénéfice net d’un tel container à 2,5 millions d’euros. Soit une rentabilité meilleure que le trafic de drogue avec beaucoup de risques en moins.

Le même douanier témoigne sur ce qu’il découvre, souvent par pur hasard puisqu’il est totalement impossible de tout contrôler et souligne le grand risque sur la santé de plusieurs produits illicitement importés : de la pulpe de poisson avariée destinée à une entreprise cosmétique, des faux Viagra, des fausses canettes de Red Bull, de fausses salades de tomates, de fausses savonnettes Monsavon provoquant de multiples eczémas ou irritations de la peau, des colorants interdits découverts dans des sauces, des résidus d'antibiotiques dans des lots de miel, des arachides contenant de l'aflatoxine, un cancérigène... « La liste des infractions est saisissante, dit-il, et l'Afrique est devenue une poubelle pour les contrefaçons chinoises bon marché».
Pour passer entre les mailles des filets des douaniers, les exportateurs chinois ont appris à trafiquer les documents administratifs. Ainsi, témoigne le douanier au Nouvel Observateur, la fausse déclaration est un classique. Des viandes arrivent dans des conteneurs marqués brosses à dents. Des poulets chinois sont étiquetés poulets brésiliens pour contourner l'embargo grippe aviaire…

La liste des produits dangereux s’allonge de jour en jour et ne touche plus uniquement les jouets pour enfants, les produits alimentaires ou cosmétiques. Dernière alerte en date : les chaussures.
Une étrange épidémie d'eczéma, de brûlures et d'infections pulmonaires a touché dernièrement, certains propriétaires de... canapés ou de bottes made in China.
La faute au fumarate de diméthyle, interdit en Europe et en Tunisie, un produit chimique très allergisant et utilisé comme agent anti moisissure. Certains fabricants chinois s'en servent pour protéger leurs stocks de marchandises en temps de mousson et pendant les longs transports en conteneur.
Autres produits chimiques dangereux qu’on retrouve souvent dans les marchandises chinoises : les phtalates. Ces produits chimiques, présents dans nombre de plastiques, sont soupçonnés d'être des perturbateurs endocriniens : ils seraient responsables d'une baisse de la fertilité masculine. Depuis 2006, ils sont bannis des articles pour bébés en Europe. Un laboratoire, dépendant des Douanes françaises, continue pourtant à découvrir 50% de non-conformités parmi les marchandises analysés : bavoirs plastifiés, biberons ou hochets que les bébés aiment tant mordiller…
On notera également ces palettes de freins en carton (on imagine la sécurité pour les automobilistes), interceptés lors de leur export, par les services chinois eux-mêmes. La menace touche les tubes de dentifrice, le chocolat, les produits high tech…
Naturellement, il ne s’agit pas de dramatiser et de généraliser. La majorité des industriels chinois respectent les règles et les normes et ces infractions ne touchent pas tous les produits. N’empêche. Il est difficile, voire impossible, pour le consommateur de distinguer le bon du mauvais.

Malgré une législation très avancée et des recherches menées en étroite coordination avec les pays européens, la France peine à faire face à ce fléau.
La Tunisie n’est naturellement pas à l’abri. Un laboratoire de sécurité des jouets a été inauguré en juillet dernier. Mais au vu des découvertes quotidiennes des douaniers européens, il est clair aujourd’hui, que l’on a dépassé de loin cette étape de produits dangereux pour les enfants et que la menace guette plusieurs de nos achats.
Le risque est partout, y compris chez les plus grandes enseignes, mais il est nettement accentué quand on achète ses emplettes dans le commerce parallèle, à Sidi Boumendil ou dans les différents souks hebdomadaires de la Tunisie, dont les produits échappent à tout contrôle ou presque.
13/02/2009 | 1
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