
L’ancien ministre de la Santé, l’islamiste Abdellatif El Mekki, a été victime d’une agression physique à son domicile par deux de ses voisins qui lui ont lancé de la chaux brûlante sur le visage et le cou. Il a pourtant alerté la police à plusieurs reprises sur cette menace, mais celle-ci n’a pas réagi. En moins de trois mois, M. El Mekki se trouve victime du système de l’État, comme s’il avait moins de droits que les autres. La justice l’a privé de toute sa liberté en pleine campagne électorale, alors qu’il était candidat à la présidentielle et maintenant, on le prive de sa sécurité.
La violence entre voisins s’accentue. Il suffit d’aller à n’importe quelle chambre correctionnelle de n’importe quel tribunal de la Tunisie pour constater le nombre important de conflits de voisinage devant les cours. « C’est du quotidien et par dizaines », témoigne un avocat las d’attendre son tour pour plaider l’affaire de son client devant le juge au vu du grand nombre de voisins en conflit le précédant.
Si la majorité des conflits se règle devant les tribunaux et ont trait à des incivilités plus ou moins graves, une tournure a été observée mercredi 20 novembre 2024 à El Ouardia (quartier populaire au sud de Tunis) dont a été victime l’ancien ministre de la Santé et actuel président du parti « Âmal w Injaz » (Travail et Réalisation, NDLR), l’islamiste Abdellatif El Mekki.
Deux de ses voisins l’ont arrosé de chaux mélangée à de l’eau chaude sur le visage. Même sans eau chaude, la chaux mélangée à de l’eau froide est brûlante. En urgence, M. El Mekki a été transporté vers l’hôpital des grands brûlés de Ben Arous. « Il a subi des brûlures chimiques aux yeux, au visage et au cou », nous affirme l’un de ses proches.
Son parti réagit tout de suite et épingle les autorités. « Nous affirmons que cet incident n'est pas une attaque isolée, puisqu'il a été commis par l'un de ses voisins, qui, avec ses frères, a déjà été impliqué dans des attaques aussi graves contre Abdellatif El Mekki et des membres de sa famille. Plusieurs plaintes ont été déposées contre eux, mais elles n'ont pas été prises suffisamment au sérieux par les autorités judiciaires et de sécurité, malgré la volonté d'Abdellatif El Mekki de poursuivre ses démarches et de faire valoir ses droits en vertu de la loi », a expliqué le parti.
« Nous avertissons que le manque de fermeté dans l'application de la loi a encouragé les agresseurs à poursuivre leurs attaques, faisant passer l'affaire d'un simple litige à un litige fomenté visant à porter atteinte à la personne d’Abdellatif El Mekki et à sa famille, ce qui soulève de sérieuses questions quant à l'existence de parties qui protègent ses agresseurs. Nous dénonçons toute exploitation d'influence ou de position, rejetons tout abus de droit sous quelque prétexte que ce soit, et exigeons que la loi soit appliquée de manière égale pour tous. Nous demandons aux autorités sécuritaires et judiciaires d'assumer leurs responsabilités, d'ouvrir une enquête urgente sur les circonstances de ces attaques continues et répétées, et de prendre les mesures nécessaires pour assurer la protection des citoyens » a-t-il ajouté.
Ce dont parle le parti est connu par tous les proches de la victime. Abdellatif El Mekki subit les agressions de ses voisins depuis deux ans. Plusieurs procès-verbaux ont été rédigés, mais aucune suite concrète n’a été donnée. Jouissant d’une réelle et totale impunité, les voisins ont poursuivi leurs agressions jusqu’à celle d’hier.
Le degré de violence et l’identité de la personne ont, inévitablement déclenché une grosse polémique et un large vague de soutien envers M. El Mekki, dépassant son seul public islamiste. De droite ou de gauche, laïcs ou pas, les messages de sympathie ont afflué de toutes parts. On a dénoncé la violence qui croît dangereusement dans le pays et on s’interroge pourquoi la police n’a rien fait pour protéger le plaignant du danger de ses voisins. Certains osent même tacler le régime de Kaïs Saïed qui n’a cessé de diaboliser la décennie durant laquelle M. El Mekki occupait des responsabilités politiques.
Dans la foulée, on rappelle que le monsieur était déjà victime de l’appareil de l’État. L’été dernier, un juge lui a interdit de quitter sa localité et d’apparition dans les médias, y compris les réseaux sociaux. Il était suspect dans l’affaire de feu Djilani Daboussi. L’interdiction judiciaire est tombée à la plus mauvaise période puisqu’elle coïncidait avec la campagne électorale de la présidentielle 2024 où M. El Mekki était candidat.
En dépit de cette interdiction, M. El Mekki a tenu quand même à faire sa campagne électorale. Mais c’était sans compter le diktat de l’autorité électorale qui a rejeté sa candidature. Il a beau crier à l’injustice, rien n’y fit. Il a saisi le tribunal administratif pour retrouver justice et celui-ci lui a donné raison en ordonnant sa réintégration dans la liste électorale à l’autorité électorale. En dépit de la sentence judiciaire, cette dernière ne s’est pas exécutée et a refusé la réintégration de M. El Mekki. La présidentielle s’est donc déroulée sans lui.
De quoi s’interroger sur les droits de citoyen de M. El Mekki. Serait-il moins ‘’tunisien’’ que les autres ? Le fait qu’il ait été ministre islamiste durant la noire décennie le rendrait-il citoyen avec moins de droits que ses compatriotes ?
Devant le scandale et la polémique, les autorités ont dû réagir. La matinée même de l’agression, le ministère public près le tribunal de première instance de Tunis 2 a autorisé les agents de sécurité de Sidi Bechir à placer deux frères originaires d’El Ouardia sur la liste des personnes recherchées. Trop peu, trop tard. La polémique n’a pas désenflé pour autant. Ministères de la Justice et de l’Intérieur ont observé le silence sans aucune explication sur leur refus de donner suite aux multiples plaintes de l’homme politique et citoyen Abdellatif El Mekki.
En fin de journée, le propagandiste zélé du régime, Riadh Jrad rompt le silence et publie un post Facebook dans lequel il affirme : « tout le monde sait que Abdellatif El Mekki est en conflit avec ses voisins pour des questions d’ordre foncier. Il y a eu des PV et des plaintes. L’un des voisins qui ont agressé M. El Mekki a également agressé un chef de poste de police. Le parquet a ordonné l’ouverture d’une enquête et ont émis des mandats de recherche contre les deux voisins agresseurs. La Tunisie est un État de droit et non une jungle. Qu’un simple conflit de voisinage se transforme en agression n’est pas toléré. La loi sera appliquée contre tous ceux qui la violent ».
Le discours de M. Jrad manque de consistance. L’histoire de l’agression ciblant un chef de poste de police n’est connue de personne, c’est la première fois que l’on en entend parler. Au vu de la réputation de la police tunisienne, si telle agression a vraiment eu lieu, les auteurs auraient été placés sous mandat de recherche depuis belle lurette, voire arrêtés dès les premières heures suivant la supposée agression.
M. Jrad parle d’État de droit, sauf que M. El Mekki ne cesse de subir le contraire depuis quelques mois. Son droit à la candidature présidentielle a été violé, de même que son droit d’être protégé par la police qui aurait dû arrêter ses voisins dès la première plainte.
Question à laquelle personne n’a de réponse, si c’était M. Jrad qui avait déposé plainte contre ses voisins, la police aurait-elle réagi ou pas pour le protéger ?
C’est là le nœud du problème et l’objet de toutes les discussions observées hier sur les réseaux sociaux. La police observe-t-elle oui ou non une politique de deux poids deux mesures envers les citoyens ? Aurait-elle mieux agi avec un citoyen lambda ou aurait-elle eu la même négligence envers M. El Mekki ? Qu’en aurait-il été si c’était un proche du régime qui avait déposé plainte ?
Ces questions tirent leur légitimité du fait que les personnalités publiques (politiques, médiatiques, artistiques) subissent toutes les injustices sous ce régime. Ils subissent également quotidiennement les agressions verbales et les harcèlements sur les réseaux sociaux de la part de soutiens du régime voire même de personnes qui se disent proches de lui. En dépit des plaintes ciblant ces agresseurs, dont Riadh Jrad lui-même, ces derniers continuent à bénéficier de toute l’impunité depuis des années.
Ce qui est arrivé hier à M. El Mekki est incontestablement un cran au-dessus des pratiques observées jusque-là, notamment sur les réseaux sociaux. Mais le climat nauséabond et l’impunité perdurent depuis des années quand les victimes sont des personnalités publiques, comme si elles avaient moins de droits que les citoyens ordinaires.
Raouf Ben Hédi

L'Etat de droit protège ses citoyens.....
Ses positions politiques, c'est autre chose.
Rigolo !
Un islamiste est synonyme de terroriste, jusqu'à preuve du contraire.
Là où les islamistes se trouvent, il y a de la violence, non seulement dans les pays musulmans, mais aussi en Europe.
Le terrorisme chez les islamistes est incurable, c'est dans leurs veines.
Monsieur Mekki doit bénéficier d'une protection, pour parer à toutes éventualités de débordements, c'est la moindre d'actions que les forces de l'ordre puissent faire bénéficier monsieur Mekki.
La justice doit s'affirmer et ne doit en aucun cas s'affranchir de partialité quelconque.
Mr Mekki est un citoyen comme toutes autres citoyens, pour que les choses soient claires.
Le ministère de l'intérieur doit veiller à l'application de la loi.
Ce processus rappelé à maintes reprises par le chef de l'Etat, équité et droit à tous sans équivoque, même si des divergences existent dans la conduite de l'état.
- comme citoyen, Abdelatif Mekki a visiblement des problèmes avec ses voisins
- comme khouanji, Abdelatif Mekki a des problèmes avec tous les tunisiens
- comme homme politique, Abdelatif Mekki a des problèmes avec la Justice
Avec tous ces problèmes, Abdelatif Mekki ne peut en aucun cas prétendre à la citoyenneté tunisienne, car, aucun tunisien n'a accumulé les trois types problèmes de Mekki, tous à la fois.
Si Mr Mekki est encore tunisien, c'est uniquement sur le papier.
Les islamistes disent volontiers "qu'ils sont plus musulmans que tunisiens, et il n'y a pas de frontières dans leur idéologie."
En revanche rien ne vous autorise à tenir de tels propos à l'égard d'un citoyen tunisien. Il n'y a pas de distinction et vos propos séditieux ne devront pas être réitérés.

