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Présidentielle - Des dizaines de milliers de parrainages partis à la poubelle !
20/08/2024 | 11:43
6 min
Présidentielle - Des dizaines de milliers de parrainages partis à la poubelle !

 

La décision de l’instance électorale de rejeter les candidatures de sept prétendants à la présidentielle a été confirmée par le tribunal administratif. Tous les recours ont été rejetés, sans exception. Derrière chacune de ces candidatures, il y a au moins dix mille citoyens qui ont signé pour parrainer ce candidat. D’un coup, ces dizaines de milliers de parrainages ont été jetés à la poubelle pour des motifs, parfois, futiles.

 

Lundi 19 août, le président de la République reçoit son nouveau chef du gouvernement Kamel Maddouri à qui il dit que « les élections sont des étapes périodiques qui permettent au seul peuple souverain de choisir librement et dans le plein respect de la loi ».

Le même jour, le tribunal administratif (TA) annonce rejeter les deux derniers recours qu’il a reçus de la part de candidats à la présidentielle. Ainsi, la première phase du contentieux électoral s'est achevée par le rejet de tous les recours, annonce le tribunal. Immédiatement après, l’Instance supérieure indépendante pour les élections (Isie) applaudit fièrement sur sa page Facebook la décision du tribunal qui lui a donné totalement raison. « Le tribunal administratif, avec son autorité pour enquêter sur le litige électoral, a autorisé les magistrats à se rendre dans les bureaux de l’Isie pour examiner et calculer les parrainages des citoyens rejetés. Le tribunal a, par conséquent, vérifié la validité des motifs adoptés par l’instance électorale pour rejeter les parrainages, et a conclu que le travail de l’Isie à cet égard était dans les règles », fanfaronne l’Isie.

Sur les sept recours, trois ont été rejetés sur le fond et quatre ont été rejetés sur la forme.

En cette période électorale, la situation est surréaliste. D’un côté, on a un président de la République (lui-même candidat à sa propre réélection) qui prétend que l’élection permet au peuple souverain de choisir librement et d’un autre on a une instance électorale et un tribunal administratif qui envoient, au bas mot, 70.000 voix de citoyens à la poubelle pour des motifs, parfois futiles.

 

Il s’agit là de la deuxième étape de la cabale lancée contre des candidats à la présidentielle. Avant ces rejets, il y a eu plusieurs autres candidats qui ont été exclus de la course pour des raisons rocambolesques. Certains ont été privés de leur droit d’obtenir le bulletin numéro 3 (casier judiciaire) et d’autres ont subi une décision judiciaire, lors d’un procès express, leur interdisant de participer à toute élection.

En rejetant les recours des candidats, validant ainsi la décision de l’Isie, le tribunal administratif ne fait que confirmer les gros soupçons qui pèsent quant à l’intégrité du processus.

À vrai dire, cela n’a pas vraiment surpris. Avant même qu’il ne soit saisi, Business News écrivait  qu’il était très improbable que le tribunal administratif valide d’autres candidatures que celles déjà acceptées par l’Isie.

Dès lors, il n’y a rien d’étonnant dans les décisions de refus annoncées entre le vendredi 16 et le lundi 19 août. Elles ne font que confirmer les exclusions précédentes par d’autres moyens.

Alors que les services de l’État (Isie et TA) jettent à la poubelle au moins 70.00 parrainages (certains candidats ont ramené bien davantage que les 10.000 requis), le chef de ce même État prétend respecter les voix du peuple.

Comment se manifeste ce respect quand on rejette 40.000 voix des citoyens pour des raisons de forme qui auraient pu être dépassées au vu de l’enjeu national de la question ? N’est-ce pas le même chef de l’État qui disait, il y a quelque temps, que la forme importe peu face à la justice ? Comment croire qu’il existe, à la base, des problèmes de forme dans le dossier des candidatures, sachant que les candidats sont conseillés par les meilleurs avocats et juristes du pays ? Quant au fond des recours, plusieurs candidats, parmi les sept, jurent que leurs dossiers sont conformes aux normes.

Le tribunal administratif n’a pas encore motivé publiquement ses décisions, il s’est juste suffi des verdicts. Sans aucun doute, il donnera les explications nécessaires aux candidats.

Mais d’ores et déjà, certains candidats contestent ces décisions. « Aucun responsable n’a le courage ni la crédibilité de nous dire publiquement qu’il s’agit d’instructions politiques. Aucun n’a le courage de nous dire qu’on perd notre temps et que nos candidatures n’auraient jamais été retenues », a déclaré Imed Daïmi.

Refusant de se prononcer sur la décision de rejet de son dossier sur la forme, alors que cette décision n’a pas encore été motivée, Mondher Zenaïdi a annoncé faire appel dès réception des explications du tribunal administratif. Il rassure ses sympathisants et le peuple tunisien qu’il est déterminé et persévérant dans sa lutte pour le droit des Tunisiens à avoir des élections libres, plurielles, intègres et transparentes.

Au vu de tout ce qui se passe, le doute est permis. Il ne faut cependant pas trop s’attarder sur cette question de doute, car l’Isie veille au grain et n’hésite pas à traduire en justice tout média et tout politicien qui met en doute l’intégrité de l’élection et critique ses travaux.

 

Bon à rappeler, pour finir, cette question des parrainages (ou voix) jetés à la poubelle n’a rien d’une première sous le régime de Kaïs Saïed. Il a beau dire et jurer qu’il respecte la volonté du peuple, les faits prouvent le contraire.

Le 25 juillet 2021, il a gelé le parlement (avant de le dissoudre plus tard) alors que ses membres sont élus par 2,9 millions de votants, soit plus que les voix qui l’ont mené à la présidence de la République.

En mars 2023, il a dissous les conseils municipaux élus par 1,9 million de personnes. À ce jour, il n’a pas encore organisé de nouvelles élections.

Le taux de participation au référendum qu’il a organisé en juillet 2022 pour valider une constitution qu’il a écrite tout seul, a été de 30,5%. La majorité du peuple a boycotté le scrutin, mais cela n’a pas empêché Kaïs Saïed d’aller encore de l’avant.

Les législatives qu’il a organisées en décembre 2022 ont eu un taux de participation de 11%. Idem pour les élections locales de 2023.

Dire que le régime de Kaïs Saïed respecte vraiment la volonté du peuple est une tromperie. Les faits prouvent le contraire. Dès lors, il n’y a rien de plus surprenant à ce que l’on jette à la poubelle, parfois pour des futilités, plus de 70.000 parrainages de citoyens.

L’Isie et le tribunal administratif ont certainement leurs raisons et ces raisons sont, peut-être, recevables juridiquement. Sauf que voilà, elles sont recevables dans des pays scandinaves, pas dans un pays où la justice a souvent fermé les yeux sur les questions de forme et où le chef de l’État lui-même prétend que la forme importe peu face à la justice.

Quoi qu’il en soit, et même si ces questions techniques de forme sont rejetables juridiquement, elles restent totalement inacceptables politiquement. On ne peut pas, à cause d’une virgule ou d’une pièce, jeter à la poubelle des dizaines de milliers de voix de Tunisiens. C’est tout simplement une injustice. Encore une.

 

Raouf Ben Hédi

 

20/08/2024 | 11:43
6 min
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Commentaires
Houcine
Ce souci du citoyen vous honore.
a posté le 27-08-2024 à 01:59
En général, et en particulier dois-je ajouter, BN ne me ozrait oss briller par le d'ouvrir du citoyen.
Plutôt, de certaine catégorie de citoyen.
Les humbles, les inconnus, les monsieur et madame tout-le- monde.
Et soudain, voilà que leur signature, leur parrainage seraient si précieux au point qu'on en déplore la mise au rebut.
Ou serait-ce la destination du dit parrainage le motif véritable de cet intérêt subit?
Il y avait tant de valeureux, que dis-je? des compétences d'exception injustement interdits.
Mekki, connu pour sa probité.
Un autre candidat virtuel, absent et néanmoins candidat en faveur ou pour qui l'on a constitué un fond capable de mobiliser, compter et parrainer.
Ses mérites dépassent les frontières du canton, on en parle même à l'étranger....
Et puis, un candidat qui ne cesse de menacer que même ka pardon ne l'arrêtera pas, si on peut dire.
Bref, un florilège de postures, de manières de procéder, positions et dispositions toutes orientées vers la seule cible, Carthage.
Flaubert en offre une gigantissime description toute de sa rêverie sortie, si grandiloquente, le fabuleux le disputant au sublime à la rendre irrésistible.
Salambo la splendeur.
Lorsqu'elle spparait....
Cela fait naître des vocations, et sans aucun doute les oaswions les plus fortes.
Hélas, la place est chère....et prise.
Il.reste à cracher sur le fruit....



















El ouaffy y
Faut examiner les dossiers des candidats avec égalité si non?
a posté le 21-08-2024 à 06:25
Fait examiner dossiers avec égalité mieux su une résultat dont son résultat qui pourra troublé L ordre public bloquez et reportez mieux D'etre dans un regret la Tunisie appartient à toutes les Tunisiens et ce lui qui pourra qui a la meilleure méthode de prendre en charge les préoccupations du peuple est en priorité le cas de Ben Ali qui avait prouvé sans efficacité dans la gestion sans tenir la méthode auquel arriver au pouvoir élu par le peuple ou non c'est ancien général plein de réalisation une économie acceptable .
'Gardons un minimum d'honnêteté!
La faute est uniquement à la loi électorale qui devrait être optimisée!
a posté le 20-08-2024 à 21:20
Je n'approuve pas la totalité du raisonnement de l'article ci-dessus. En effet, la faute n'est pas au tribunal administratif ou à l'Isie, non la faute est uniquement à la loi électorale qui devrait être optimisée. Oui notre loi électorale est une construction rationnelle (mentale) qui a perdu tout lien avec le terrain de l'élection législative et présidentielle.

je donne un exemple de construction rationnelle qui ne s'applique pas à la réalité alors qu'elle est logiquement juste: Mme Synda Tajine est plus grande que Mr. Nizar Bahloul, Mr. Nizar Bahloul est plus que Mr. Raouf Ben Hédi, la conséquence logique est que Mme Synda Tajine est plus grande que Raouf Ben Hédi. Et ça ne dépend d'aucune expérience afin d'accepter la conséquence logique de ce raisonnement --> Bien qu'en réalité Mr. Raouf Ben Hédi est plus grand que Mr. Nizar Baloul et Mr. Nizar Baloul est plus grand que Mme Synda Tajine. Mais ce fait intéresse peu le rationalisme.

De même la construction mentale "le candidat devrait obtenir [. . .] les parrainages de 10000 électeurs inscrits sur le registre électoral, répartis dans, au moins, dix circonscriptions législatives, avec un minimum de 500 électeurs par circonscription." --> est une construction théorique extrêmement difficile à réaliser sur le terrain de l'élection présidentielle, elle est trop exagérée non seulement pour les candidats mais aussi pour notre Isie même. En effet, si notre Isie avait distribué des bulletins de parrainages sur les 110 candidats, elle aurait 1100000 = 1,1 millions de signatures à vérifier --> il faudrait une machine intelligente qui pourrait faire ce gigantesque boulot (IA) et qui prendrait probablement des semaines:)


Fazit: le plus difficile n'est pas d'écrire une loi électorale, mais plutôt de la vérifier et de savoir lui poser des questions critiques avant son utilisation sur le terrain de l'élection législative et Présidentielle--> ce qui n'a pas été fait
-->
Il ne faudrait pas responsabiliser notre Isie, il faudrait plutôt optimiser notre loi électorale et la rendre raisonnable afin que l'on puisse l'appliquer sans soucis sur le terrain de l'élection législative et Présidentielle.

bonne soirée

Mes Propositions d'optimisation de la loi électorale:
- Il faudrait corriger la loi électorale de l'élection législative et présidentielle et redonner ainsi aux parti-politiques le poids politique qu'ils avaient avant l'élection législative de 2022:
---1) tout en gardant les emprisonnements sévères pour les parti-politiques qui achètent les voix des électeurs
---2) tout en interdisant le passage des députés d'un parti-politique à un autre (non au tourisme parlementaire). Exemple: Les députés de Nidaa Tounes que j'ai votés à l'élection législative sont passés à la concurrence Ennahdha afin de lui garantir la majorité absolue:))
---3) pas besoin de parrainages à l'élection législative, il faut redonner aux parti-politiques leur poids politique qu'ils avaient avant l'élection législative de 2022

- les parti-politiques qui ont des sièges à notre parlement devraient avoir le droit de proposer un candidat à l'élection présidentielle qui devrait être membre de leur parti politique sans cette histoire de parrainages, comme partout ailleurs sur notre planète terre.

- Le Président de la République sortant ne devrait pas collecter des parrainages puisqu'il pourrait en avoir des millions par sa position à la tête de l'Etat tunisien.

- Partout sur notre planète terre, les parti-politiques ayant des sièges au parlement par un vote purement démocratique pourraient proposer un candidat à l'élection présidentielle sans parrainage. Les parrainages sont réservés aux indépendants sans appartenance à un parti-politique et aux parti-politiques sans sièges au parlement. --> le filtre des candidats possibles à l'élection présidentielle se fait déjà lors de l'élection législative.
Forza
Dans les dictatures
a posté le 20-08-2024 à 16:58
Le but du mécanisme de parrainage est d'interdire la candidature des opposants.
The Mirror
LE bâton et la carotte VERSUS ni bâton ni carotte
a posté le 20-08-2024 à 13:58
Ma remarque est toute simple.
La présidentielle a toujours posé problème en Tunisie.

Sous BOURGUIBA: présidence à vie, donc circulez, il n'y a rien à voir

Sous BEN ALI: tu votes Ben Ali ou tu tombes à genoux sous les coups du bâton (méthode Bâton)

Sous GHANNOUCHI: tu votes Ennahdha et tu empoches de l'argent (méthode Carotte)

Sous SAID: tu votes pour qui tu veux. Il n'y a ni bâton, ni carotte, par contre, il y'a la LOI que tu dois respecter.

Hélas, plusieurs candidats sont déconnectés de la nouvelle réalité électorale, ils vivent encore sous le régime CAROTTE. Cela ne marche plus, ni pour le candidat, ni pour l'électeur. C'est ce que nous vivons aujourd'hui.
L'âne d'or
A vous lire...
a posté le à 16:51
...On dirait que vous êtes un expert soit de bâtons, soit de carottes, Monsieur The Mirror !

Je trouve juste un petit problème dans votre commentaire : sous SAIED (à propos, on écrit SAIED, vous voyez ?) tu votes pour qui tu veux mais ça se fait chez toi sur le canapé, car c'est ce que 89% des tunisiens feront le 6 octobre, avec un seul candidat... Ou même si vous laisser jouer Laurel & Hardy avec lui... Pourquoi, vous demandez ? Parce que votre idole ne fait respecter que SA LOI, SA LOI qui est une chose très différent par rapport à LA LOI. Et il fait ça avec des méthodes qui sont bien plus proches au bâton qu'à la carotte : c'est évident pour tout le monde, sauf pour vous. Peut-être qu'à force de bâtons et de carottes vous avez trop enfoncé votre tête en bas... ?
JH
Bien dit
a posté le à 14:09
Voilà un bon résumé de la situation. Le fait est que en effet nous sommes trop habitué à ne pas respecter la loi que le fait de l'appliquer dévoile la petitesse de notre prétendue élite.
JH
Du RBH tout craché
a posté le 20-08-2024 à 13:20
Il suffit de lire le titre désormais pour cerner et la teneur, et le ton et l'auteur et l'orientation. La charte de Munich ne dispose aucunement que le journalisme peut se substituer à la justice. L'article fait savoir, affirme même, que les 'disaines de milliers de parrainages' sont valides mais jetés à la poubelle. La réalité est toute autre: Il ya un vrai trafic de parrainage et toutes les manoeuvres sont bonnes pour se conformer aux règles d'éligibilité. ça, c'est malheureusement une "tradition" dans ce pays que certains média passent sous silence ou dévoilent, selon les rapports de force du moment. Enfin, tout le contraire de ce que le journalisme devrais poursuivre: Informer et former.
Gg
Très bon titre, en effet!
a posté le à 19:15
Qui résume à lui seul cette situation invraisemblable selon laquelle Saied serait le seul candidat honnête du pays!