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AGO Biat - Ismaïl Mabrouk : 2021 s’annonce encore plus difficile que 2020 !
23/04/2021 | 16:30
8 min
AGO Biat - Ismaïl Mabrouk : 2021 s’annonce encore plus difficile que 2020 !

2020 a été une année difficile pour la Biat, à cause de la crise du Covid-19. Mais, la banque a prouvé sa résilience et la solidité de ses fondamentaux. 2021 s’annonce aussi compliquée, selon l’aveu même de Ismaïl Mabrouk.

 

C’est ce qui ressort des assemblées générales ordinaire et extraordinaire de la Banque internationale arabe de Tunisie (Biat) tenues, ce vendredi 23 avril 2021, à distance et à huit-clos par visio-conférence sous la présidence de Ismaïl Mabrouk, président du Conseil d’administration, et de Mohamed Agrebi, directeur général, où seuls les actionnaires et certains médias ont été conviés, dont Business News.

 

 

« 2020 a été une année trop difficile, une situation économique en forte régression aussi bien sur le plan international que sur le plan national et ce suite notamment aux répercussions de la pandémie du Covid-19. Dans ce contexte, la Biat a pu préserver en 2020 sa position de leader, notamment en matière de dépôt et de PNB et a réussi à garder sa deuxième place en matière de crédit », a indiqué M. Agrebi.

 

Habituée à surperformer ses réalisations d’un an auparavant, la Biat a vu pour l’exercice 2020 son bénéfice baisser de 15,36%. La banque a clôturé l’année 2020 avec un résultat net passant de 333,01 millions de dinars (MD) fin 2019 à 281,84 MD fin 2020, malgré 84,9 MD d’impôt et une contribution exceptionnelle de 10,3 MD (taxe 2% art 10 décret-loi du chef du gouvernement n°2020-30 du 10 juin 2020). Le Produit net bancaire (PNB) a atteint 940,84 MD (-1,68%).

Malgré ces chiffres, la Biat a décidé de distribuer 178,5 MD, soit cinq dinars par action (100% de ce nouveau nominal), pour une mise en paiement prévue à partir du 10 mai 2021.

En effet, l’établissement bancaire a décidé de modifier la valeur nominale de l’action et de la réduire de dix à cinq dinars. Le nombre d’actions Biat passerait ainsi de 17.850.000 à 35.700.000. Cette réduction de la valeur nominale permettrait de rendre le cours boursier de l’action plus accessible et ainsi attirer un plus grand nombre d’investisseurs et améliorer la liquidité des actions suite à l’augmentation du nombre d’acheteurs ainsi que du volume des transactions, a expliqué le conseil d’administration dans son rapport d’activité pour l’AGE.

 

En 2020, les dépôts et avoirs de la clientèle ont augmenté de 13,77%, situés à près de 14.786,83 MD et des créances nettes à la clientèle ont baissé de 9,16%, atteignant les 11.340,97MD. Le coefficient d’exploitation a atteint 43,4%.

Côté ratios de gestion et de rentabilité, la banque termine son exercice 2020 avec un PNB/total actif de 5,3%, un ROA de 1,6%, un ROE de 16,1%, un ratio Tier 1 de 10,25%, un taux de créances douteuses et litigieuses de 5,6% et un taux de couverture des créances douteuses et litigieuses (CDL) de 65,2%. Le ratio de solvabilité se situe à 13,25% alors que le ratio liquidité passe à 192,98%. Le ratio crédit/dépôts descend pour sa part à 94,5%.

 

Le groupe Biat a terminé 2020 avec un résultat consolidé de 277,48 MD, en régression de 19,52%. Le PNB consolidé réalisé diminue, quant à lui, de 0,84% passant de 1.042,79 MD à 1.034,04 MD.

 

 

« L’année 2020, avec les retombées de la crise sanitaire Covid-19 et les contraintes de l’environnement politico-social, est une année difficile qui s’achève quand même sans beaucoup de dégâts pour la Biat.

La Biat s’en est sortie avec plus de résilience et de solidité, une solidité constituée et renforcée année par année à la faveur d’une stratégie privilégiant le réinvestissement des bénéfices et la consolidation des fonds propres pour le financement des développements futurs de la banque », a affirmé le DG de la banque.

 

S’agissant de l’impact négatif du Covid-19 sur l’exercice 2020, il a été recensé dans ses états financiers individuels. Les effets directs ont été recensés à la fin de l'année 2020 et leur impact financier a été estimé à 106,6 MD.

Dans le détail, l’impact de la baisse du taux directeur de 100 points de base à 6,75% à partir de mars 2020 et de 50 points de base à 6,25% à partir d’octobre 2020 est estimé à 64,8 MD ; la suspension de certaines commissions dont les commissions sur retrait DAB et la commission d'achat sur TPE est de 11,4 MD ; les contributions au Fonds National de lutte contre la pandémie Covid-19 et celle conjoncturelle de 2% sont respectivement de 18,3 MD et 10,3 MD ; et le coût des mesures de protection se sont élevés à 1,8 MD.

 

Ceci dit, la Biat a poursuivi son soutien à l’économie en 2020. Elle a ainsi continué l’accompagnement de ses 950.000 clients et en dépit de la situation difficile, plus de 43.000 nouveaux crédits ont été consentis au profit de la clientèle des particuliers. Aussi, la banque a renforcé les mesures de soutien au profit des 38.000 entreprises et professionnels clients à travers l’initiative Moltazimoun dont l’objectif est de contribuer à préserver le tissu économique et protéger les emplois en Tunisie. En effet, et dès le déclenchement de la crise, l’établissement bancaire a consacré une enveloppe exceptionnelle de 500 millions de dinars aux besoins de financement des entreprises et des professionnels liés à la crise et ajusté son dispositif de prise de décision pour accélérer le déblocage des fonds.

Quant aux crédits octroyés par la banque pour la relance de l’économie, ils se sont situés à 1,1 milliard de dinars, répartis sur toutes les régions du pays, au profit de 2.000 clients issus de tous les secteurs d’activité.

 

Cette année l’assemblée s’est tenue à distance. Les actionnaires préalablement inscrits à une plateforme en ligne ont pu participer aux travaux, interagir avec les présents et voter par correspondance.

 

 

 

Invité à commenter l’exercice 2020 et les perspectives de 2021, Ismaïl Mabrouk a soutenu que l’exercice 2020 était plutôt difficile, avec les provisions collectives provisionnées en plus de diverses autres charges, ce qui a engendré la baisse du résultat pour 2020. Et d’ajouter : « Pour 2021, je pense que l’exercice va être encore plus difficile, étant donnée la baisse du TMM qui a pris effet en octobre 2020 et donc ses répercussions se poursuivront sur 2021. On espère arriver à une croissance de PNB de quelques pourcents, car on n’a pas l’actualisation du budget mais on va l’avoir bientôt ».

 

Interrogé sur l’état de préparation de la migration vers les normes IFRS, et l’impact sur les comptes de la banque, le DG a rétorqué : « Je considère que la Biat a tous les fondamentaux pour pouvoir répondre à toutes les normes et notamment à la norme IFRS. En novembre 2020, il y a eu un stress test au niveau de la Banque centrale avec des hypothèses qui sont jugées trop sévères et avec ça, notre banque se comporte bien et montre une résilience importante.

Depuis plusieurs années, la Banque centrale a commencé d’exiger la constitution de provisions collectives pour se préparer et anticiper la préparation à la migration aux normes IFRS et je considère que notre banque peut appliquer ces normes sans qu’il y ait un impact important sur ses résultats et sur ses charges de provision notamment.

Je pense qu’avec un ratio de CDL de 5,6%, on peut dire que nos créances sont saines et qu’il n’y a pas vraiment de risque majeur sur la dégradation de la situation de nos créances et de nos actifs en général ».

 

 

Questionné sur la baisse de créances classées entre 2019 et 2020 malgré une conjoncture assez délicate, Mohamed Agrebi a expliqué : « Certes, 2020 a été une année difficile mais nous n’avons pas enregistré de nouvelles créances classées. Par contre, nous avons réalisé plusieurs recouvrement sur des créances classées ce qui a permis de porter le taux de CDL de 6,4% à 5,6% en 2020 ».

Et d’ajouter : « Il faut dire que la décision de la Banque centrale et du gouvernement concernant le report des échéances ont permis aux clients de ne pas avoir d’impayés par rapport à la procédure habituelle et par conséquent, cela a diminué aussi le mouvement des créances qui passent de la classe courante vers la catégorie des créances classées. La seconde explication, dont l’impact n’est pas significatif sur le CDL, c’est que nous avons cédé une partie de nos créances à la société de recouvrement de la Biat, la Ciar (Compagnie Internationale Arabe de Recouvrement). Pour cette année, le montant cédé totalise 50 millions de dinars, le tout, sachant que ces créances sont totalement provisionnées et dont la durée de classement et gel dépasse une année. Pour 2021, on considère qu’on reste au même niveau pour le ratio CDL à 5,6/5,7% ».

 

2020 a été une année difficile pour l’ensemble de l’économie nationale. La crise sanitaire du coronavirus et les mesures prises par le gouvernement pour endiguer la propagation de la pandémie (confinement général, distanciation sociale, blocage des transports…) ont affecté négativement l’économie nationale tunisienne et ont provoqué un grippage des moteurs de la croissance économique (investissement, consommation et exportation) ainsi qu’un repli du commerce extérieur, de l’activité touristique et de l’activité courante du secteur productif. Ce ralentissement économique qui s’est transmis à la sphère financière et au secteur bancaire a eu comme conséquences majeures : au niveau de la sphère financière, la réduction du chiffre d’affaires des entreprises et des revenus de la population active et la contraction de la demande de financement sur tous les segments de marché et au niveau du secteur bancaire, la baisse des produits en intérêts, des revenus de change et des revenus des commissions.

Malgré cela, la Biat a su minimiser les dégâts tout en continuant son soutien de l’économie nationale et en consolidant ses fondamentaux.

 

Imen NOUIRA

23/04/2021 | 16:30
8 min
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Commentaires
Virtuel
Trop de calcul
a posté le 23-04-2021 à 19:41
La biat et ses succursales de placement prennent leur temps avant d annoncer leur resultat afin de retarder au maximum la distribution de dividendes