Béji Caïd Essebsi, Premier ministre tunisien, a présenté, mardi 26 avril 2011, la réponse du gouvernement au projet de loi électorale proposé par l’Instance supérieure pour la réalisation des objectifs de la révolution, de la réforme politique et de la transition démocratique. Le gouvernement propose de réduire la durée de l’exclusion des ex-RCDistes à 10 ans au lieu de 23 ans jugeant qu’un délai trop long serait abusif. Il juge que les RCDistes ont déjà été sanctionnés par la décision de dissolution officielle du parti.

Le Premier ministre a, par ailleurs, rappelé que la responsabilité du gouvernement de transition est avant tout la sauvegarde de l’intérêt général et ne peut, en aucun cas, servir les intérêts personnels de quiconque, sachant qu’aucun des membres actuels ne peut prétendre à un poste quelconque après le 24 juillet. Il serait préférable, selon lui pour la Tunisie de l’après-révolution, de cesser de regarder en arrière et de se retourner, plutôt, vers l’avenir. La Tunisie a suscité l’intérêt et gagné la sympathie de la communauté internationale grâce à notre révolution « bénie », et nous sommes dans l’obligation de sauvegarder cette révolution et de donner une image rayonnante d’un pays digne et prospère. Or, ceci ne peut se concrétiser qu’en garantissant la sécurité qui, malheureusement, fait défaut assez souvent.

La Tunisie est dans cette période face à des difficultés énormes, tant sur le plan sécuritaire, social qu’économique. M. Caïd Essebsi a cité l’exemple d’une société exerçant dans l’industrie du gaz, sise à Sfax, qui représente plus de 60% de la production nationale de gaz et qui souffre, ces derniers jours, de grandes perturbations à cause de mouvements de grèves et d’actions «Dégage». Malgré les tentatives de résoudre des problèmes et de négociations de compromis, il a fallu recourir aux forces armées. Il enchaîne en citant un autre exemple, étant le phénomène de barrages sur les autoroutes et des lignes ferroviaires qui ont atteint les 110.

En évoquant également la grande question de l’émigration clandestine, il a précisé qu’elle est hélas, devenue réellement structurée. Il a signalé qu’en dépit de la gravité de ce fléau, l’arrestation de certains responsables de ce trafic a engendré des émeutes et des protestations à Zarzis revendiquant leur libération! Il s’est indigné de cette situation qui risque, entre autres, de voir la France exclue du traité de Schengen, à cause des agissements de certains Tunisiens!
A ce propos, le Premier ministre a tenu à mentionner le cas des slogans scandés par les clandestins tunisiens à Lampedusa en criant : « Lampedusa horra horra wi Ettaliène ala barra » (Lampedusa est libre et les Italiens dehors).
A été cité également, l’exemple d’un jeune qui s’était immolé à Menzel Temime à cause de problèmes familiaux et qui est décédé de la suite de son acte. Ce décès a suscité un mouvement de colère traduit par des manifestations et des incendies inexpliqués. « Je lance un cri d’alarme !! » a-t-il dit quant à ce genre d’agissements « qui ne peuvent que nuire à l’intérêt du pays ».

Il a appelé le peuple tunisien à faire preuve de clairvoyance et s’armer de patience afin de reconstruire, de pallier les insuffisances et sortir indemne de cette période précaire de l’histoire de la Tunisie.