
Par Sadok Rouai*
Le 7 avril 2025, l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) a rejeté le projet de loi portant approbation de l’accord de prêt signé entre la République tunisienne et l’Agence française de développement (AFD). Ce texte visait à établir une ligne de financement destinée aux petites et moyennes entreprises (PME). Le projet a été rejeté par 31 voix contre, 48 pour et 13 abstentions.
Les modalités du prêt
L’accord, conclu le 25 juin 2024, portait sur un prêt de 80 millions d’euros destiné à soutenir les PME et à contribuer à la relance de l’économie tunisienne. Sa mise en œuvre devait être assurée par la Banque centrale de Tunisie (BCT), en collaboration avec les banques commerciales et les sociétés de leasing. Les conditions du prêt sont avantageuses. L’accord prévoyait un taux d’intérêt initial de 3,10 %, ajustable selon l’évolution des taux des obligations françaises à dix ans. Il incluait des frais de souscription et d’étude fixés à 0,25 % chacun. Le remboursement s’étendait sur vingt ans, avec une période de grâce de cinq ans. A noter également que lors de la négociation de ce prêt, l’AFD s’est engagée à octroyer un don de 0,9 million d’euro alors que l’Union Européenne s’est engagée à accorder aussi un don de 8,0 millions d’euros.
Les institutions financières participant à la gestion du prêt devaient répondre à des critères stricts : conformité réglementaire, solidité financière, qualité des actifs et maîtrise du risque. Les PME éligibles étaient également soumises à des conditions précises : exclusion des secteurs du tourisme et de l’immobilier, absence de participation publique importante, non-inscription sur des listes de sanctions, forme juridique spécifique (SARL, société unipersonnelle ou SA), régularité administrative, niveau de risque acceptable et encours de crédit maîtrisé.
La répartition des fonds était également encadrée : au moins 70 % destinés à l’investissement, jusqu’à 30 % pour le soutien conjoncturel aux PME en difficulté. Par ailleurs, 35 % des montants devaient financer des projets à fort impact social, avec un plafond de trois millions de dinars par prêt.
Les travaux de l’ARP
Sur la base des documents de l’ARP, on note que lors de l’examen en commissions parlementaires, les députés avaient souligné l’importance du financement proposé et le rôle essentiel des PME dans le tissu économique national. Ils avaient toutefois exprimé des interrogations sur les modalités d’accès aux fonds, les priorités sectorielles, le rôle des banques et les mécanismes de suivi. Les autorités avaient alors mis en avant les conditions avantageuses du prêt, les garanties de rigueur dans la gestion, ainsi que l’accompagnement prévu pour les bénéficiaires. Un système de suivi et d’évaluation avait été annoncé. Toutefois, malgré l’avis favorable des commissions le projet n’a pas obtenu la majorité requise lors du vote en plénière.
Sans remettre en cause les prérogatives de l’ARP, le rejet par cette dernière du projet de loi portant approbation de l’accord de prêt avec l’AFD soulève plusieurs interrogations de fond :
- Pourquoi rejeter un prêt productif, orienté vers l’investissement privé ?
Ce prêt vise à financer les PME qui constituent le pilier de l’économie tunisienne. En Tunisie comme ailleurs, les PME ont un besoin urgent de lignes de crédit accessibles pour soutenir leur croissance, préserver l’emploi et dynamiser l’activité économique. Ce financement n’est pas destiné à couvrir les dépenses courantes de l’État, mais à appuyer l’investissement productif, un levier essentiel pour relancer l’économie nationale.
- Une cohérence parlementaire en question
Le rejet de ce prêt met en évidence un manque de cohérence dans les décisions de l’ARP. Des emprunts bien plus importants, comme celui contracté récemment par la Banque centrale de Tunisie (BCT) auprès d’Afreximbank[1] — avec des conditions souvent moins avantageuses — ont été approuvés sans susciter autant de réserves. Cette attitude soulève des questions légitimes sur les critères réels qui guident les décisions parlementaires en matière d’endettement.
- Pourquoi cette méfiance envers le financement extérieur ?
Certains députés appellent à réduire le recours à l’endettement extérieur au profit d’un financement strictement interne. Or, dans un contexte où l’épargne nationale est structurellement faible et en constante diminution ces dernières années, il est illusoire d’espérer relancer l’investissement sans mobiliser des financements extérieurs — qu’ils soient sous forme d’IDE, de PPP, de prises de participation ou de prêts ciblés. Refuser systématiquement l’ouverture à ces sources revient à freiner toute perspective de croissance soutenue.
- Une défiance injustifiée envers les banques
Certains députés ont profité du débat pour renouveler leurs critiques à l’encontre du secteur bancaire, remettant en cause son implication dans la gestion de la ligne de crédit. Il est regrettable que les banques soient systématiquement érigées en boucs émissaires, alors qu’elles disposent, comme partout ailleurs, des compétences et des outils nécessaires pour jouer leur rôle naturel d’intermédiaire financier. Rappelons que la Tunisie a elle-même créé des établissements publics, tels que la BNA, précisément pour favoriser cette mission de distribution de fonds publics à vocation économique.
- Et l’audit de la dette publique ? Depuis la Révolution, les appels à un audit de la dette publique se multiplient. Plusieurs gouvernements et législatures s’y sont engagés, sans jamais aboutir à une réelle publication des résultats. Tout laisse à penser qu’un tel travail a déjà été réalisé, mais qu’en l’absence de transparence, les conclusions n’ont jamais été rendues publiques. L’ARP ne pourrait-elle pas, dans un souci de cohérence et de responsabilité, prendre l’initiative de constituer une commission nationale indépendante chargée de mener cet audit en toute transparence ? Cela permettrait de clore définitivement ce débat, ou d’engager des réformes sur des bases solides.
[1] Businessnews - À quelles conditions la Tunisie emprunte-t-elle auprès de l’Afreximbank ?


- Ce prêt est en euros pour des investissements en dinars est une absurdité. Les banques tunisiennes disposent actuellement d'un ratio de levier relativement faible. Le système bancaire tunisien possède des réserves de capital importantes qui pourraient être mobilisées pour financer les PME sans recourir à l'endettement extérieur. Les banques tunisiennes maintiennent des ratios de solvabilité qui leur permettraient d'augmenter significativement leurs activités de crédit.
Pourquoi cette méfiance envers le financement extérieur ?
Le financement extérieur devrait être limité aux dépenses qui doivent être payées en monnaies étrangères: service de la dette, financement du déficit du compte courant. Le recours aux prêts étrangers réduit la souveraineté du pays et met la Tunisie a la merci du FMI qui peut imposer des decisions fatales comme la depreciation du dinar. La depreciation du dinar de 0,73 USD en 2011 a 0,31 USD en 2024 implique que le fardeau de la dette est deux fois plus élevé.
Une défiance injustifiée envers les banques
La défiance est justifiée. Les banques sont une des causes de la stagnation et du sous développement relatif de la Tunisie. La majorité des pays en voie de développement comme la Chine considèrent les banques comme des institutions qui doivent financer le développement du pays et non pas des instituions dont le seul objectif est de réaliser des profits pour des oligarchies. La BNA qui réalise des profits importants de plusieurs centaines de millions, fut crée pour financer le secteur agricole et accorde peu de prêts a ce secteur.
Et l'audit de la dette publique ?
C'est une priorité et doit commencer par la décision désastre pour la dévaluation du Dinar, qui a pris cette décision et pourquoi? Cette décision contribue a au moins 70% de la valeur de la dette extérieure.
Le refus du prêt est un message, une décision symbolique, on assiste a une lutte entre deux élites.
Je cite Mr. Nizar Bahloul, voir Business News TN du 07/04/2025 à 16.:00 : "La mémoire des peuples est courte, celle des serveurs informatiques est d'une fidélité redoutable"
--> Oui, Mr. Nizar Bahloul a raison de dire ainsi que le Web n'oublie absolument rien et que la mémoire des peuples est courte (celle de certains Tunisiens est même trop courte)
Je m'explique:
A) L'AFD a déjà accordé, dans le passé, plusieurs prêts de plusieurs millions d'euros à très bon prix destinés à soutenir les PME et à contribuer à la relance de l'économie tunisienne. Entre autre une ligne de crédit de 15 millions d'euros (entre L'AFD et AMEN BANK) dédiée au secteur de la microfinance.
--> Je cite Business news TN du 16/10/2017 : "L'Agence Française de Développement (AFD) et Amen Bank ont signé aujourd'hui une ligne de crédit [à très bon prix] de 15 millions d'euros, soit 44 millions de dinars destinée à la promotion et au développement du secteur de la microfinance en Tunisie.[. . .] La ligne de crédit est accompagnée d'une subvention d'un montant de 300 000 euros soit 870 000 dinars destinée au déploiement d'une assistance technique qui viendra appuyer les capacités d'Amen" Fin de la citation
-->
Le problème avec ces prêts accordés par l'AFD à très bon Prix aux banques commerciales tunisiennes (en particulier) privées est évident --> Oui, certaines banques commerciales tunisiennes ont distribué (sur les PME tunisiennes) les prêts reçus à très bon prix de l'AFD à des taux astronomiques allant jusqu'à les 13% et même plus .
--> même les microcrédits (--> microfinance) ont été chargés de taux irraisonnables alors qu'ils devraient être une activité à but non lucratif...
B) Notre Parlement vient de réaliser une connerie en rejetant le projet de loi relatif à l'accord de prêt AFD. Pourquoi? La réponse est évidente: Oui, notre parlement aurait dû rajouter / exiger deux simples paramètres supplémentaires aux conditions du projet de loi relatif à l'accord de prêt AFD afin de le rendre attractif. Ces paramètres sont:
1) le taux fixe des prêts qu'exigent les banques commerciales des PME tunisiennes ne devrait pas dépasser les 6% (une proposition de ma part) --> et non pas 13% ou même 15% comme dans le passé
2) les délais de remboursement devraient être de 2 à 3 ans (une proposition de ma part)
Fazit: Il faudrait comprendre que la majorité de nos banques appartiennent partiellement à des banques étrangères. De ce fait, si nos banques commerciales accordent des crédits à nos PME à 13% ou 15% pour de courts délais, une très grande partie de ces bénéfices quittent la Tunisie au nom du rapatriement des gains nets des partenaires étrangers (des banques étrangères). --> ET ainsi le crédit qui est dans l'apparence à très bon prix est même trop cher pour la Tunisie et pour nos PME
-->
Et pourtant, il ne faut pas jeter l'éponge trop vite et rejeter ainsi le projet de loi relatif à l'accord de prêt AFD sans essayer d'optimiser certains de ses paramètres.
Encore une proposition; Il faudrait exiger des candidats à l'élection législative un certain niveau minimal d'études supérieures. Ce n'est pas normal que n'importe qui pourrait devenir député:))
Dr. Jamel Tazarki, Mathématicien Résident à l'étranger
--> Oui, Mr. Nizar Bahloul a raison de dire ainsi que le Web n'oublie absolument rien et que la mémoire des peuples est courte (celle de certains Tunisiens est même trop courte)
Je m'explique:
a) L'AFD a déjà accordé, dans le passé, plusieurs prêts de plusieurs millions d'euros à très bon prix destinés à soutenir les PME et à contribuer à la relance de l'économie tunisienne. Entre autre une ligne de crédit de 15 millions d'euros (entre L'AFD et AMEN BANK) dédiée au secteur de la microfinance.
--> Je cite Business news TN du 16/10/2017 : "L'Agence Française de Développement (AFD) et Amen Bank ont signé aujourd'hui une ligne de crédit [à très bon prix] de 15 millions d'euros, soit 44 millions de dinars destinée à la promotion et au développement du secteur de la microfinance en Tunisie.[. . .] La ligne de crédit est accompagnée d'une subvention d'un montant de 300 000 euros soit 870 000 dinars destinée au déploiement d'une assistance technique qui viendra appuyer les capacités d'Amen" Fin de la citation
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Le problème avec ces prêts accordés par l'AFD à très bon Prix aux banques commerciales tunisiennes (en particulier) privées est évident --> Oui, certaines banques commerciales tunisiennes ont distribué les prêts reçus à très bon de l'AFD à des taux astronomiques allant jusqu'à les 13% et même plus --> même les microcrédits ont été chargés de taux irraisonnables alors qu'ils devraient être une activité à but non lucratif.
b) Notre Parlement vient de réaliser une connerie en rejetant le projet de loi relatif à l'accord de prêt AFD. Pourquoi? La réponse est évidente: Oui, notre parlement aurait dû rajouter / exiger deux simples paramètres supplémentaires aux conditions du projet de loi relatif à l'accord de prêt AFD afin de le rendre attractif. Ces paramètres sont:
a) le taux fixe des prêts qu'exigent les banques commerciales des PME tunisiennes ne devrait pas dépasser les 6% (une proposition de ma part) --> et non pas 13% ou même 15% comme dans le passé
b) les délais de remboursement devraient être de 2 à 3 ans (une proposition de ma part)
Fazit: Il faudrait comprendre que la majorité de nos banques appartiennent partiellement à des banques étrangères. De ce fait, si nos baques commerciales accordent less crédits à nos PME à 13% ou 15% pour de cours délais, une très grande partie de ces bénéfices vont quitter la Tunisie au nom du rapatriement des gains nets des partenaires étrangers (des baques étrangères). --> ET ainsi le crédit qui est dans l'apparence à très bon prix est même trop cher pour la Tunisie et nos PME
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Et pourtant, il ne faut pas jeter l'éponge trop vite et rejeter ainsi le projet de loi relatif à l'accord de prêt AFD sans essayer d'optimiser certains de ses paramètres.
Encore une proposition; Il faudrait exiger des candidats à l'élection législative un certain niveau minimal d'études supérieures. Ce n'est pas normal que n'importe pourrait devenir député:))
Dr. Jamel Tazarki, Mathématicien Résident à l'étranger
Si cette ARP avait un seul mot à dire, elle aurait imposé entre-autres depuis longtemps déjà une cour constitutionnelle.
Je vous conseille de mettre votre nez dedans et vous verrez des choses etranges , l argent a t il servi la creation de dividende bonus ou l investissement ou le maintien des salaires et de l emploi .
Certaines pme avaient été aidé alors qu elle n avait guere besoin d aide et la finalité ne servait pas tjours l interet de l entreprise mais des actionnaires .
Vois devriez faire une étude dessus avant d avoir des certitudes sur l utilisation des prets octroyées au pme .

