alexametrics
jeudi 25 avril 2024
Heure de Tunis : 22:18
Chroniques
Nicolas Sarkozy et Mohsen Marzouk, comme dans un souk !
22/07/2015 | 16:29
5 min

La visite de Nicolas Sarkozy en Tunisie n’est pas du tout passée inaperçue, et c’était l’objectif. Elle aurait pu se passer normalement et sans remous si elle avait été convenablement gérée, indépendamment des déclarations de l’ancien président français. Mais bon, la fête organisée le jour d’une catastrophe ferroviaire avait déjà démontré les capacités d’organisation de Nidaa Tounes.

 

Mais pourquoi Nicolas Sarkozy est venu en Tunisie ? Selon Mohsen Marzouk, l’ancien président français a fait une demande au gouvernement tunisien pour pouvoir venir présenter ses hommages et son soutien au pays après l’attentat de Sousse. Le secrétaire général du parti renvoie la balle au gouvernement car il veut couper l’herbe sous le pied de ceux qui disent que Nicolas Sarkozy était l’invité de Nidaa Tounes.

 

Pourtant, il est difficile de croire le contraire. Aucun officiel du gouvernement tunisien n’a accueilli l’ancien chef d’Etat à son arrivée et toute la visite de Nicolas Sarkozy était encadrée par les membres de Nidaa Tounes. En fait si, il y avait une présence officielle du gouvernement. Quand Mohsen Marzouk et Nicolas Sarkozy sont allés aux souks, le ministre de l’Intérieur, Najem Gharsalli était présent. Il était dans la cohorte d’accompagnateurs et de collaborateurs des deux hommes politiques. Si Mohsen Marzouk allait en France, ferait-il une balade à Montmartre sous la surveillance de Bernard Cazeneuve, ministre français de l’Intérieur ? Le doute est plus que permis…. Mais bon, n’oublions pas que c’est le gouvernement qui invite.
A-t-on fini pour autant de s’enfoncer ? En arrivant à Tunis, Sarkozy a été reçu par Marzouk et non par un membre du gouvernement. Il a dîné avec Marzouk et les cadres de Nidaa Tounes (à la Villa Didon) et non avec des membres du gouvernement. Et, d’ailleurs, il n’a pas été reçu par un ministre, mais par le président de la République qui, théoriquement, n’a rien à voir avec le gouvernement. Tout en notant que Habib Essid était à Bruxelles, on voit mal ce que vient faire un ancien président de la République, chef de l’opposition, avec un gouvernement vivant actuellement une « lune de miel » avec le pouvoir actuel en France. Pourquoi donc lancer la patate chaude à un gouvernement, déjà attaqué de partout ? Déjà qu’on a du mal à assumer son élection dans ce parti, voilà maintenant qu’on n’assume plus ses invitations !

 

De cette visite resteront deux choses : la première est la fameuse déclaration de l’ancien président français à propos de l’Algérie et la deuxième c’est les tentatives de Nidaa Tounes pour contenir cette crise.
Nicolas Sarkozy a dit : « La Tunisie est frontalière avec l’Algérie (et) avec la Libye. Ce n’est pas nouveau... Vous n’avez pas choisi votre emplacement (…) L'Algérie, qu'en sera-t-il dans l'avenir, de son développement, de sa situation? C'est un sujet qui, me semble-t-il, doit être traité dans le cadre de l'Union pour la Méditerranée ».
La polémique est déclenchée et les propos repris par les médias tunisiens, algériens et français. On parle de bourde diplomatique, de gaffe, de propos malencontreux et irrespectueux, y compris dans les médias français. Ça rappelle Moncef Marzouki qui était allé en Libye en 2012 pour évoquer les élections algériennes en des termes peu reluisants. Quand ces déclarations avaient été alors dénoncées par les médias, on rétorquait que ce ne sont que des médias « de la honte ».
Mais là, c’est Sarkozy et Marzouk. De ce fait, les « médias de la honte » se doivent de ne pas trop polémiquer.
On ne dira certainement pas que Nicolas Sarkozy a tourné le dos au protocole en embarrassant son pays hôte avec cette histoire algérienne. Nicolas Sarkozy parlait de géographie, mais on ne dira pas que Mohsen Marzouk était, sur le coup, incapable de rebondir pour parler de l’Histoire reliant la Tunisie et l’Algérie. Il est vrai qu’il n’est pas donné à tout le monde de rebondir sur les balles, même quand on est le numéro 1 du premier parti de Tunisie.

 

Nicolas Sarkozy a repris son avion et est reparti se préparer à l’élection présidentielle de 2017. Il a laissé ses « amis » de Nidaa Tounes se débattre avec sa déclaration et essayer d’arrondir les angles. Ainsi, le secrétaire général du parti, Mohsen Marzouk, a pris les devants en publiant un texte sur sa page officielle. Mohsen Marzouk dit, en substance, que la visite de personnalités internationales permet de participer à donner au pays du soutien et une certaine notoriété. Il précise aussi que les dires de Nicolas Sarkozy n’engagent que lui et que recevoir l’ancien président français ne signifie pas partager toutes ses positions. M. Marzouk invite également à vérifier les informations et à se contenter de « ce qu’on entend et de ce qu’on voit » car certains veulent exagérer les choses et diffuser des rumeurs. Autant de balbutiements venus trop tard, alors qu’il aurait suffi de peu à temps. Une simple réplique de Marzouk à la phrase de Sarkozy et la polémique aurait été tuée dans l’œuf.

 

Ce ne sera pas la fin des balbutiements. Nidaa Tounes a également rendu public un communiqué pour reprendre pratiquement les termes de son secrétaire général. On retiendra cependant la première phrase du premier point dont voici une traduction : « La visite effectuée par l’ancien président français en compagnie d’une délégation du parti républicain [NDLR : le nom exact du parti est « Les Républicains »] entre dans le cadre des relations extérieures de Nidaa Tounes avec le parti républicain français ». On conclut donc que la visite de Nicolas Sarkozy s’est faite sur la base d’une invitation venant de Nidaa Tounes.

 

Le moins que l’on puisse dire c’est qu’il y a au moins deux versions à propos de la venue de l’ancien président français en Tunisie, ce qui laisse supposer que Nicolas Sarkozy n’est pas venu en Tunisie sans y avoir été invité au préalable. Après, personne n’a l’air de vouloir assumer cette visite surtout qu’elle a été émaillée par une bourde.

 

Mais on va arrêter de se perdre en conjecture car comme le dit Mohsen Marzouk, il y a des gens qui diffusent des rumeurs et qui fomentent des complots. Nous ne voudrions surtout pas en faire partie !

 

22/07/2015 | 16:29
5 min
Suivez-nous

Commentaires (17)

Commenter

prince
| 25-07-2015 09:18
L'émissaire du wahabistan et sa fatwa contre l'algerie - c'est vrai qu'avec la faillite la France est condamné à se prostituer chez les terroristes de la péninsule - la France est isolé en europe sur l'expulsion du terrorisme wahabitte elle recherche des soutiens en afrique - après le sahel la tunisie - les pays ont le choix rejoindre le wahabistan à travers la France comme avec le g5 sahel créé cette année

St Just!
| 24-07-2015 14:20
Tout le monde sait l'admiration, assumée, de Sarkozy des ZARABES, de leur civilisation et de ce qu'ils représentent aujourd'hui. L'invitation de Nida Tounes ainsi son éventuelle association avec les 'Républicains' de Sarkozy est une réelle source d'inquiétude.

faouzi
| 24-07-2015 12:24
Qui a invité qui , qui a dîné avec qui, je trouve que c est du bla bla , peu importe notre point de vue de Sarkozi, l'important c est l'intérêts de notre pays ,si la visite d'un ancien président d'une puissance mondial ,notre premier partenaire commerciale , chef du plus fort parti d'opposition , voté par 34 millions de français lors des dernières élection et probablement son parti sera vainqueur des élections 2017 , ne fait pas bonne impression chez un bon nombre des français , nous ne risquons rien perdre là ou en est note tourisme

kameleon78
| 23-07-2015 14:53
Il faut réfléchir un peu, quoique vous disiez quoique que vous fassiez, les Républicains gagneront les élections de 2017 avec ou sans Sarkozy et dans cette optique, Mohsen Marzouk a bien eu raison de recevoir le chef du parti d'opposition française avec son gouvernement virtuel. Tour le reste n'est qu'une polémique stérile.

Imed Daghbouj
| 23-07-2015 13:06
Effectivement, la polémique aurait pu être tuée dans l'oeuf si Marzouk avait réagi.

Lire à ce propos cet excellent article paru dans la presse algérienne:http://www.lexpressiondz.com/actualite/221190-le-mauvais-genie-de-caid-essebsi.html

Citoyen
| 23-07-2015 10:09
Les sirènes du port de Carthage
Chantent encore la même mélodie
La lumière du phare de Carthage
Fait naufrager tous les partis

Bonz
| 23-07-2015 07:45
Effectivement, une réplique à chaud à la phrase de Sarko et la polémique était terminée ! Seulement, Mohsen Marzouk n'est Beji caid Essebsi, il lui faut encore des années (pour ne pas dire des décennies) d'apprentissage pour avoir la carrure d'un vrai chef d'état. Pour le moment, il tâtonne à la barre de Nida Tounes et risque de le mener nulle part ! Pendant ce temps, les barbus bossent ... et ils ont un vieux renard à la barre. Le tartour aussi bosse ... malheureusement pour la Tunisie.

Un conseil à Marzouk : la poudre aux yeux ne guérit pas ! Ton nouveau job c'est de faire de Nida un vrai parti solide et solidaire (combler la faille énorme qui est apparue au sein du parti), capable de sortir la Tunisie du pétrin. Est ce que tu en es capable ? j'en doute, comme beaucoup d'autres tunisiens. Sarko, est capable de te confondre avec Marzouki dans deux semaines ...

Pour revenir au titre de ce billet, la similitude entre Marzouk et Marzouki est saisissante. Les deux cherchent à s'accrocher à des bouées externes pour exister en interne. Lorsque Marzouki embarque sur la flottille pour Gaza, il le fait pour des raisons de politique interne à la Tunisie et certainement pas pour les palestiniens, qui ne lui ont rien demandé. Il a tout de même pris la précaution de prendre son passeport français pour pouvoir en sortie dignement. Autrement, je ne vois pas pourquoi les israéliens l'ont renvoyé en France et pas en Égypte ou en Jordanie !
Marzouk fait pareil, en s'affichant à coté de Kerry, de Lavrav et de Sarko ! Il essaye de se donner une carrure de chef et de convaincre en interne. Mais, je pense qu'il ne mesure pas assez bien les prétentions et les capacités des courants internes à Nida.

Gg
| 23-07-2015 07:01
Sarkozy est un nain politique, mais son ego est géant. Tout est bon pour faire parler de lui, alors il s' agite, il cause et ne rate jamais l'occasion de dire une connerie.
Il rêve de revenir au pouvoir en France, il a peur de l'oubli.
Mais pauvre Sarkozy, personne en France n'a parlé de son voyage en Tunisie.
Allez, laissez tomber, ce nul en politique étrangère n'a que l'importance qu'on lui accorde...

Tammouz 1er
| 22-07-2015 23:59
Monsieur le donneur de leçon aux journalistes a cité au moins 5 fois le nom de MM alors conclusion vous l'avocat du D!!

Ali Bobo
| 22-07-2015 23:36
Si l'on en croit les propos de Marzouk
" le cadre des relations extérieures de Nidaa Tounes avec le parti républicain français",Nidaa Tounes est donc un parti de la droite extrême,qui flirte avec l'extrême droite....
La Tunisie est mal barrée !