Par Aïda Borgi *
Elle était major de sa promotion. Elle a obtenu un prix présidentiel en 2003. Elle est la première pharmacienne hospitalo-universitaire à Sfax. Elle a été nommée chef de service de la pharmacie de l’hôpital Habib Bourguiba de Sfax en 2015. Elle a fait face à une inspection ministérielle en 2015, où sa collaboration précieuse et son sérieux ont permis de mettre à nu tous les défauts du système en peu de temps.
Dès sa nomination, elle a fait un travail remarquable en mettant en place un système de traçabilité et de transparence au niveau de la pharmacie interne et externe. La pharmacie de cet hôpital gère un budget de 10 milliards et le contrôle a permis de baisser le chiffre de consommation des médicaments de 30%.
Elle a refusé de continuer les compromissions faites par les anciens dirigeants de cet hôpital avec le personnel paramédical et ouvriers. Les médicaments hors nomenclature hospitalière étaient achetés auprès d’officines privées et remboursés par la caisse de l’hôpital. Elle a été appuyée dans cette démarche par le docteur Chokri Tounsi, ancien directeur de l’hôpital, nommé par l’ancien ministre de la santé Said Aidi après les résultats de l’inspection. Il est utile de rappeler que docteur Tounsi a lui-même subi un harcèlement sans précédents et a été poussé à la démission en 2016.
Elle a été cible de harcèlements et de menaces par les syndicalistes qui ont vu en elle un danger à leur business fleurissant et à leur super pouvoir à l’hôpital. Elle a été également la cible de chefs de service qui ont vu leurs intérêts touchés. Elle et son équipe avaient effectué de multiples contrôles sur le terrain qui ont démontré leur efficacité : des médicaments demandés n’étaient pas administrés aux patients, des cachettes pour médicaments à fuiter ont été découvertes, des courriers faits. La médiatisation faite autour de ce qui se passait dans cet hôpital n’a pas plu du tout aux super médecins qui travaillent dans cet hôpital. Cette femme devait partir. Une femme courageuse, intègre, brillante, patiente, persévérante, faisant face à tant de tentatives d’agressions directes ou indirectes était insupportable pour des médecins, hommes et malmenés par les mêmes malfaiteurs et se faisant chanter par les syndicalistes dans la frustration la plus totale .Qu’ils soient eux-mêmes impliqués dans la corruption ou simplement passifs par leur silence, l’image de Emna Zribi était simplement insupportable pour eux.
Elle a résisté à une grève de 2 mois de plus de la moitié du personnel de la pharmacie et a assuré avec ses collègues pharmaciennes, le travail au quotidien et la préparation de l’inventaire fin 2017. Elles ont passé de très longues journées pour le faire, jusqu’à minuit voir plus parfois.
Tout était médiatisé via les réseaux sociaux par nous trois: menaces, harcèlement, intimidations…
Tout était consigné par écrit et envoyé au ministère de la santé.
Hélas, personne n’a été sanctionné. Aucune plainte en justice n’a abouti même suite à une menace de mort enregistrée en format vidéo et présentée au procureur de la République.
Aucune sanction n’a eu lieu suite à une grève de 2 mois, ni coupure de salaire, ni sanction disciplinaire. RIEN NADA !
Les malfaiteurs savaient qu’ils pouvaient tout faire. Ils ne risquaient rien dans un non état ou régnait l’anarchie. Ils se savaient couverts par certains chefs de service qui les poussaient à agir ainsi.
Il fallait qu’elle parte…
Elle a été simplement lâchée et elle est partie d’elle-même.
* Aïda Borgi est professeur agrégé au service de Réanimation Pédiatrique à l'hôpital d'enfants de Bab Saâdoun. Elle a écrit cette tribune après la demande de mutation de la pharmacienne chef de service Emna Zribi du CHU Habib Bourguib.
Emna Zribi avait publié, hier, un statut sur les réseaux sociaux dans lequel elle explique : "Compte tenu des événements vécus ces 3 dernières années et qui se sont aggravés ces derniers mois, ces 3 années durant lesquelles nous n’avons cessé de lutter et d’alerter sur les abus de tout genre et venant de différents intervenants, compte tenu de l’impunité totale qui m’empêchait de continuer l’exercice de mes fonctions de pharmacien chef de service, je me suis trouvée dans l’obligation de quitter le CHU Habib Bourguiba et de demander une mutation qui vient d’être acceptée par le ministère".
Commentaires (6)
Commenterdommage
Al fassed
Il faut arrêter ce fléau LA CORRUPTION
C'est un cancer d'une autre façon
départ d'une championne.
Le départ d'une championne
Exceptionnelle
Hopital de Sfax ,la vache laitièreA bon entendeurma réaction au départ de EMNA ZRIBIDECORATION OFFICIELLE@ THAMIRla faiblesse de l'EtatAVIS DE MR TABOUBIQuand on voit une dame non voilée en comprend l'acharnementTaboubi déteste la corruptionDiversité = "Richesse" ou "mesquinerie"
wiin maachia tounes blaach awlaadhaJe propose de décorer Mme Emna Zribi de l'ordre national de mérite afin qu'elle soit un modèle à suivre par les tunisiens qui ont besoin de renouer avec la valeur du travail ."C'est l'occasion pour lui de renter dans l'histoire"Dans le poubelle de l'Histoire !Sinon, j'vois pas !Maxula.Un système géré par des mafieux à leur tête l'UGTT, qui fait tout son possible pour laisser les choses tel quel, en toute impunité et au su et au vu de tout le mondeMa question s'adresse à la rédaction pour savoir si elle a informé Mr Taboubi afin qu'il puisse nous donner suite .Si ce n'est pas encore fait nous la supplions vivement pour qu'elle le fasse dans les promptes délais.C'est normal un ministre ***ne pourra pas refuser la mutation d'une dame qui a mis tout les corrompus à nu!,Nous attendons la réaction de monsieur Taboubi pour que justice soit fait à cette honnête dame!Attendez et vous allez voir ce qu'il va faire pour ses corrompus !C'est l'occasion pour lui de renter dans l'histoire !En science et en génétique on admet que la diversité est généralement source de richesse, mais de quelle richesse s'agit-il?Si on prend la cas d'un pays comme les USA, la diversité de ses constituants de race humaine a fait de ce pays le pays le plus riche et le plus puissant du monde, du moins à ce jour, mais c'était au prix de la quasi-éradication des populations autochtones des Amériques et c'est le cas de l'Australie et de la nouvelle Zélande. Pour notre pays, un pays facile d'accès et sans grandes barrières naturelles, il n'y a pas eu d'extermination des berbères mais plutôt des brassages de berbères, de vandales, de romains, d'espagnols, de turcs, d'arabes et j'en passe: dans mon village par exemple, nous avions des croates, des juifs, des siciliens, des Aguir (vandales), des crétois (grecs) et des arabes, et c'est le cas je pense de la plupart des villes et villages tunisiens .Personnellement je pense que la diversité ethnique dans notre pays a donné lieu à une source de richesse que je qualifierais de "négative" dans le sens où elle a mis en surface des caractères négatifs dominants (mesquineries) qui expliqueraient ce qui se passe dans notre pays et que Ibn Khaldoun avait déjà souligné. En effet ce sont toujours les caractères négatifs qui dominent, la preuve est que les adages populaires disent que "les mauvaises chassent les bonnes": Adage anglais (les sales billets de la £ sterling ont chassé de la circulation les £ en or émises quelque part après la 2 ème guerre mondiale ou l'adage des éleveurs algériens des hauts plateaux de l'Atlas saharien qui dit que : les chétives bouffent les grasses ('?'?' '?'? '?'?'?'?').J'espère que je me trompe!!!