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Tribunes
Il ne fait pas bon être ministre par les temps qui courent !
01/09/2018 | 22:13
3 min
Il ne fait pas bon être ministre par les temps qui courent !

 

Par Aslan Berjeb* 

 

Les limogeages surprises, spectaculaires et surtout déshonorants se multiplient et...se ressemblent.

En un peu plus d'un an, nous avons assisté au limogeage rocambolesque de plusieurs membres du gouvernement, alors que ceux-là sont censés avoir fait l'objet d'une sélection drastique : compétence, expérience, intégrité...

 

Tout cela est bien beau, me direz-vous, car le choix des ministres ne s'est jamais fait de la sorte. La condition sine qua non est toute autre. Elle exige l'aval d'un jury appelé Frankenstein composé d'assemblage de cadavres doté d'une force surhumaine et dénué de toute sensibilité. Ce jury surnaturel est hélas lié à des intérêts personnels nourris par la dictature de lobbies à laquelle fait face le pays. A quel résultat devrions-nous donc nous attendre ?

 

Le résultat est sans appel : une équipe gouvernementale dénuée de toute cohésion et marquée par des tiraillements où il ne fait naturellement pas bon vivre. Certains ministres sont esseulés, d'autres continuellement sur la sellette et le reste se limitant à gérer les affaires courantes et lustrant les images de leur parti. Les chiffres parlent d'eux-mêmes et le pays semble n'avoir jamais été aussi mal.

 

Aux conséquences de ces modes de nomination, s'ajoute bien évidemment le sujet de conflit et de désunion par excellence : la prochaine échéance électorale qui rend encore plus compliqué le travail des ministres.

 

Bien que le chef du gouvernement ait annoncé en début d'année qu'il n'est pas concerné par les élections de 2019, qu'il soutiendra Béji Caïd Essebsi et que les Tunisiens sont sa première préoccupation, la situation a complètement changé aujourd'hui et Youssef Chahed semble passer du statut du soldat maniable, flexible et manœuvrable à celui de l'insubordonné et "l'insoumis" pour s'accrocher plus que jamais à son poste et se présenter, légitimement d'ailleurs comme toute personne ambitieuse, à la Présidentielle de 2019.

 

Ce changement de cap semble inquiéter sérieusement les proches et les dissidents qui ont commencé par annoncer une guerre par apparitions médiatiques et communiqués croisés afin d'empêcher Youssef Chahed de s'accrocher à son poste qui risque d'embellir son image et lui permettre de préparer excellemment sa campagne sous les feux de la rampe. Mais cette donne a encore complexifié les prérogatives et la mission des ministres et a même rendu suicidaire celle des ministres ayant des appuis leur permettant de briguer le poste de chef de gouvernement.

 

Pour réagir à ces attaques et aux méfiances du citoyen, Youssef Chahed devait demander continuellement et exagérément des comptes à ses membres du gouvernement et ressortir de temps à autre de vieux dossiers classés mais stratégiques afin de les rafraîchir et lier cela, dans la perception du citoyen, à l'échec de certains points à l'ordre du jour de sa feuille de route (corruption, fiscalité, équilibres budgétaires, glissement du dinar, inflation, caisses sociales, chômage...). Le traitement de ces dossiers nécessite naturellement et entre autres l'éjection...de ministres, mais de quelle manière !

 

Certains de ces ministres ayant laissé postes, responsabilités et avantages financiers et accepté de servir le pays se sont retrouvés à devoir se justifier puisqu'accusés à tort de vieux dossiers.

Forcément, ces ministres sortis par la toute petite porte n'imaginent plus collaborer de nouveau avec Youssef Chahed qui aura malheureusement perdu des pointures qu'il aurait pu mieux fédérer s'il avait une fibre plus développée de leader ou s'il était mieux conseillé.

De ces ministres qui sautent comme des fusibles, l'union de la famille progressiste aura été la plus lésée. Jamais un poste de ministre n'a été aussi rabaissant mais surtout aussi préjudiciable au pays !

 

 

*Avocat à la cour de cassation 

01/09/2018 | 22:13
3 min
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Commentaires (13)

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Mouzal
| 03-09-2018 21:37
1- Et si l'on recrutait les ministres par voie de presse? et vive la transparence!
2- Instituer une prime de pénibilité pour tout titulaire d'un poste de ministre
3- Retraite intégrale s'il tient/résiste plus d'un an

Sympa comme job non?

HatemC
| 02-09-2018 20:23
A croire en lisant cet article qu'un ministre est indispensable ... Non non, un ministre est objectivé et s'il n'est pas à la hauteur il est viré ...

De plus c'est le régime parlementaire qui en est la cause, un 1er ministre n'est pas issu de la majorité élue, puisqu'il est nommé selon le fameux consensus ... et ce ministre dépend essentiellement de l'Assemblée qui le note et évalue sa prestation et le vire quand elle veut .... et ce qui est malheureux dans ce régime bâtard reste le fait que le 1er ministre ne s'entoure pas d'une équipe issu de la majorité mais d'une équipe ou devrai je dire d'une short-list établi par les partis dominants ... ce 1er ministre choisi son équipe selon cette liste pré établi ...

Ce 1er ministre reste en place et apparemment l'Assemblée tient à lui .... et fait et défait les ministres incompétents sauf les nahdhawis comme par hasard ... HC

Skander
| 02-09-2018 14:01
Celui qui veut vraiment servir son pays devrait viser le poste de chef de gouvernement et non pas celui de chef de l'Etat. Pour cela il faudrait que sa formation politique gagne les prochaines législatives. Ceux qui fantasment et qui rêvent du poste de président de la République alors qu'ils n'ont rien donné au pays ne pensent qu'à leurs intérêts personnels.

Sandra
| 02-09-2018 12:41
Ou est-tu ma chère amie ? Certains vraiment aurait besoin de votre présence. Is urgently

Abir
| 02-09-2018 12:11
Tu peux .

Abir
| 02-09-2018 11:50
C'est un complément parce que mon commentaire t'as touché et attiré ton attention,conseil: si tu veux garder tes nerfs hors tension ne plus me lire et surtout un tout petit peu de politesse vu que tu es (une femme) tu peut écrire le contre de mon commentaire,mais ne pas insulter ma personne,j'espère que suite à ce commentaire, tu fermeras ta gueule!!!

Sandra
| 02-09-2018 11:27
Vous êtes vraiment lourde

Trop Tard!
| 02-09-2018 10:55
En Tunisie, l faut essayer en moyenne une trentaine de profs. universitaires, d'ingénieurs et d'avocats afin de trouver le convenable candidat capable de diriger intelligemment un Ministère.

Avec tout le respect que je dois à Mr. Khaled Kaddour, mais il n'est pas fait afin de gérer un Ministère! La faute est à celui qui l'a proposé! Il faut comprendre que Youssef Chehed n'est pas libre dans le choix de ses Ministres! Ce sont RG et BCE qui décident tout derrière les coulisses, et de là vient tout le malheur de la Tunisie! Certains Ministres d'Ennahdha sont intouchables bien qu'ils sont incompétents, ils sont sous la protection de RG!

mansour
| 02-09-2018 10:30
Youssef Chahed a choisi une image symbolique et un choix de paraître comme celui qui déclare la guerre à la corruption mais face une lutte sélective et politicienne contre la corruption en oubliant la corruption des islamistes des freres musulmans qui s'est renforcé depuis 2011 dans tous les secteurs politique et économique du pays le peuple découvre un Youssef Chahed comme ce qu'il est et non comme ce qu'il prétend être

Mansour Lahyani
| 02-09-2018 10:01
Belle envolée, Maître ! Vous auriez probablement été suivi par le jury, qui n'y comprend pas toujours grand chose... Ainsi, j'admire votre "demander continuellement et exagérément des comptes à ses membres du gouvernement", surtout le "exagérément"... Le chef du gouvernement devrait donc s'imposer une limite, dans ce qu'il est en droit d'exiger de "ses membres du gouvernement"(sic !) ? Vous avez déployé votre talent sans, toutefois, faire le moindre sort à l'affaire qui a suscité ce bouleversement pas seulement médiatique ! L'affaire est donc mise en délibéré...