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Tribunes
Et si la culture n’avait plus de voix ?
23/04/2025 | 18:50
3 min
Et si la culture n’avait plus de voix ?


Par Saïma Mezoughi*


En pénétrant dans le bureau de presse du Salon international du livre de Tunis pour obtenir mon badge de journaliste, je fus frappée par une vision inattendue : des centaines de badges alignés, tous estampillés « journaliste culturel ».


Ce spectacle m'a interpellée. Qui sont ces journalistes culturels ? Où sont leurs voix dans le paysage médiatique ? Leur présence est-elle palpable au-delà de ces morceaux de plastique ?

 

Le rôle essentiel du journaliste culturel

Il semble que le journalisme culturel ait été réduit à une formalité, une étiquette sans substance. Peu nombreux sont ceux qui s'engagent réellement, qui questionnent, qui dérangent. La majorité semble se contenter d'une présence passive, évitant les sujets qui fâchent, les débats qui dérangent.

Le rôle du journaliste culturel ne devrait pas se limiter à la couverture d'événements ou à la promotion d'œuvres. Il devrait être un acteur critique, un observateur engagé, un défenseur de la liberté d'expression. Pourtant, nous écrivons sur les salons du livre, sur les vernissages de galeries, mais nous nous taisons lorsqu’un poète est exclu ou lorsqu’une pièce de théâtre est censurée. Est-ce la peur qui nous paralyse ? Ou sommes-nous tout simplement indifférents ?

Le vide conceptuel qui entoure la définition même de « journaliste culturel » est alarmant. Assister à une signature suffit-il à faire du journalisme ? Qu’en est-il de l’analyse des contenus, de la déconstruction des discours, de l’interrogation des structures culturelles elles-mêmes ?


Silence face aux censures : une complicité passive ?

Le silence de ces journalistes face aux censures, aux reports d’événements, à la marginalisation de certaines œuvres est préoccupant. Il reflète une forme de complicité passive, un renoncement à la mission première du journalisme : informer, questionner, éveiller les consciences.

Car la censure n’est pas toujours un décret officiel ; elle peut être un pacte silencieux entre la peur et l’intérêt. Et dans ce pacte, que faisons-nous, journalistes ? Où nous situons-nous ?

Comme le soulignait Michel Foucault, le pouvoir s'exerce souvent à travers des silences imposés, des non-dits. Antonio Gramsci, quant à lui, insistait sur le rôle de l’intellectuel organique, celui qui s’engage activement dans les luttes sociales et culturelles. Jürgen Habermas évoquait l’importance de l’espace public comme lieu de débat et de formation de l’opinion.


Redéfinir le journalisme culturel en Tunisie

Et pourtant, en Tunisie, cet espace semble se rétrécir, étouffé par une uniformité médiatique, une autocensure rampante. Le journaliste culturel, au lieu d’être un éclaireur, devient un spectateur silencieux, voire un complice involontaire de cette régression.

Le devoir d’un intellectuel, disait Sartre, est de dire la vérité, même quand elle dérange. À plus forte raison lorsqu’il est journaliste.

Il est temps de redéfinir le rôle du journaliste culturel, de raviver sa flamme critique, de lui redonner sa voix. Car sans cette voix, la culture risque de devenir un simple produit de consommation, vidé de sa substance.


*Journaliste

23/04/2025 | 18:50
3 min
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Commentaires
Gg
La dame de la photo...
a posté le 24-04-2025 à 17:00
Admirer n'est pas tromper, n'est ce pas?
Alors il faut le dire, elle est incroyablement belle. Plus que belle, toute jolie et lumineuse, c'est à dire belle avec le charme de la simplicité.
Ses yeux sont purs comme le ciel lavé par l'orage, son regard est à la fois très doux de l'?il gauche et déterminé de l'?il droit.
Elle respire la franchise!
Son maquillage est lui aussi léger et doux, sans outrance aucune, son teint clair rehaussé par ses cheveux noirs comme la nuit où l'on serait aspiré par ses yeux lumineux comme par deux nébuleuses brillantes.
Même ses vêtements sont un écrin bleu, on imagine qu'il souffle autour d'elle une brise de printemps parfumée de fleurs des champs...
Pfiou!
Voilà, j'ai dit!
Pardon!
Adil
C'est une déclaration
a posté le à 21:31
Rire..
Citoyen_H
NOUS CONNAISSONS TOUS, TON PROFIL.
a posté le à 21:14
Pas besoin d'en rajouter ................

Driss rose
Commentaire
a posté le 24-04-2025 à 16:39
Merci monsieur Jamel pour votre intervention que je partage chaleureusement ,sur les journalistes culturels , sur l'école et sa non culture ,,, j'espère que de nombreux tunisiens vous liront et que vos mots vont leur permettre d'ouvrir leur esprit , qu'ils deviennent curieux , critiques , analytiques ,,, merci
Driss rose
Réponse
a posté le 24-04-2025 à 16:30
Merci Monsieur Jamel pour votre commentaire , je partage chaleureusement vôtre vision sur le journalisme culturel , sur l'école ,,, j'espère que de nombreux tunisiens vous liront et que de nombreux désirs de curiosité ,naîtront dans leur esprit ,,, merci
Dr. Jamel Tazarki
Chercher la Culture sur le Web!
a posté le 24-04-2025 à 09:07
A) Je débute mon commentaire par poser des questions:
- a1) Le journalisme culturel devrait couvrir les événements dans le monde des arts et de la culture, y compris le cinéma, la musique, le théâtre, la littérature, les arts visuels, les rituels, les modes, etc. tout en sensibilisant à de nouveaux horizons artistiques. --> alors qu'il n'y a que trop peu d'activités culturelles en Tunisie. Question: Que faire en absence d'activités culturelles?

- a2) Le rôle principal du journalisme culturel est d'informer et d'analyser les manifestations culturels et d'aider à la compréhension et l'appréciation des événements culturels. Alors qu'en Tunisie, il n'y a que trop peu d'événements culturels. Même dans nos écoles primaires et secondaires (collèges) il n'y a aucune activité culturelle comme par exemple le Théâtre, la photographie ou Musique et arts --> Question: comment pourrait notre société se développer et évoluer au fil du temps sans les activités culturelles?

B) Réponse aux questions a1) et a2) ci-dessus :
- Susan Sontag écrivait en 1977 (c'était avant l'arrivée du Web) dans son livre sur la photographie "L'humanité [entre autres le Tunisien], installée dans la caverne de Platon, s'y attarde obstinément. Elle s'enivre encore, habitude immémoriale, des simples images de la vérité"
-->
A l'ère numérique où les influences et les échanges culturels sont accrus, le Tunisien devrait / pourrait chercher des activités culturelles sur le Web (Internet) afin de sortir de la caverne de Platon où il s'y trouve depuis des siècles. En effet, sur le Web on y trouve tout: cinéma, musique, théâtre, opéra, musicals, concerts, littérature en pdf ou en audio, histoire, philosophie , cuisiner, les arts visuels, les modes, enseignement linguistique / scientifique / technique /etc., bricolage, etc., etc., etc.
-->
Et pourtant le Tunisien ne profite que très peu du Web (Internet) car l'école tunisienne ne lui a jamais appris à apprendre par soi-même en autodidacte (apprendre à apprendre en autodidacte). L'élève Tunisien ne sait pas chercher par soi-même ce qui lui manque en savoir socio-culturel et scientifique afin de se familiariser en autodidacte entre autres avec la littérature, l'histoire, les mathématiques, la biologie, la philosophie, la physqiue, les finances, etc., etc.,etc.
-->
L'école tunisienne permet d'acquérir en vrac le plus de connaissances possible que d'apprendre à apprendre et à chercher par soi-même l'information sur le web, d'acquérir une culture générale par ses propres efforts .
-->
L'école tunisienne neutralise la culture générale par la subdivision de l'enseignement secondaire (collège) en section littéraire, technique, économique, mathématique, etc. (alors qu'en Allemagne, on ne trouve pas cette absurdité de subdivision de l'enseignement en différentes sections). En effet en Tunisie, on se demande à quoi pourrait servir une éducation mathématique au lycée pour quelqu'un dont le métier ne nécessitera en fait aucune connaissance scientifique?:)) --> alors que la science (entre autres les mathématiques) permet à discerner un raisonnement juste, motivé et construit d'un semblant de raisonnement fallacieux et erroné comme ceux de beaucoup de nos littéraires et juristes'?' Par contre, le rôle de l'école allemande est de nourrir les esprits de culture générale pour leur permettre de penser correctement...

C) Le rôle du journalisme culturel avec l'Arrivée massive du Web
- c1) susciter l'intérêt et encourager la réflexion critique ce qui nécessite de multiples aptitudes / sacrifices de la part du journaliste culturel telles que la recherche approfondie, l'analyse critique et la capacité à produire des récits intéressants --> entre autres Recherche sur le Web.
c2) Un journaliste culturel nécessite une base solide de connaissance en journalisme culturel. ' > rechercher et se préparer en profondeur, lire des ouvrages sur l'art et la culture, assister à des événements culturels, participer à des débats socio-culturels, Interview, Article, Reportage, Observation, etc. --> ce qui n'est pas vérifié par la majorité de nos journalistes... ce qui n'est pas vérifié par la majorité de nos journalistes
c3) en diffusant des savoirs culturels via le Web, le journalisme culturel permet d'approfondir la compréhension collective des arts à zéro dinar pour le Tunisien.
C4) critique est analyse d'une oeuvre d'art, une performance ou toute autre création artistique, afin de mettre en lumière ses qualités et défauts en servant de guide pour le Tunisien et en stimulant le débat intellectuel

D) Une culture sans débat est sans utilité sociale --> Les débats manquent dans tous les domaines en Tunisie à l'exemple des monologues de Mr. Kais Saied qui refuse toute forme de débat à la télé, à la Radio ou même des Interviews journalistiques --> KS ne veut que s'écouter soi-même
--> Un débat est une discussion formelle où des participants expriment des opinions opposées sur un sujet donné. Participer à un débat développe des compétences essentielles telles que la communication, l'argumentation et l'esprit critique.

Dr. Jamel Tazarki, Mathématicien Résident à l'étranger
Gg
@ Dr Tazarki
a posté le à 15:51
Vous parlez juste, mais peut être plus du fonctionnement de la culture que de la culture elle-même.
On n'apprend pas à dessiner, à peindre, à photographier, à jouer d'un instrument, à jouer un rôle, à danser... sur le web.
A mon sens, les Maisons des Jeunes et de la Culture sont le moteur de la culture vivante.
Et il y en a (avait?) beaucoup en Tunisie!
Par exemple, le bourg par lequel j'ai connu la Tunisie avait une Maison des Jeunes et de la Culture. Il y avait là un club d'astronomie (d'où ma visite durant 4 semaines, merci de m'avoir invité), un groupe de théâtre, un groupe de danse celtique, un groupe de dessin et peinture, un groupe de cuisine...
Et tous ces jeunes, et moins jeunes, étaient avides de connaître et d'apprendre, de partager aussi.
Je crois que là se trouve la culture vivante.
N'oublions pas à quel point ce vivier est fécond, n'oublions pas que de son vivant, Van Gogh ne vivait pas de son art. Il était misérable. Et il n'est qu'un exemple parmi des milliers, car la culture, en tant qu'objet, est ce qui reste lorsque la mode est passée, et nous façonne...

Amicalement,
Gg
Ftouh
Malheur a nous
a posté le 24-04-2025 à 05:59
On fait la queue pour le smid..et le reste. '?a n' en fini pas.
On rêve de libérer la Palestine avec nos communiqués
On suit Tik tok des insanités
Et on attend les communiqués de la présidence a 3 h. du matin. '?a donne fes insomnies.

Pas le temps ni les sous pour la culture...a moins que parliez de la culture goute a goute...ou de l' importation des bovins roumains.

On est trop désorientés...désaxés même.

Courage a toutes et à tous et redressons nous ...