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Chroniques
Ennahdha joue la carte de la victimisation et de l’intimidation
11/02/2018 | 16:30
3 min

Le parti Ennahdha a décidé de traduire les journalistes et les médias qui lui sont hostiles devant les tribunaux. Cette décision importante et grave de conséquences, est bizarrement passée sous silence comme si elle a eu un effet immédiat sur nombre de nos médias. Pourtant, compte tenu de ses implications directes sur les prochaines élections, mais surtout sur la liberté de la presse et la liberté d’expression dans le pays, elle mériterait qu’on s’y attarde.

 

Dans un communiqué de son bureau exécutif réuni vendredi dernier, Ennahdha annonce qu’il poursuivra en justice tous les journalistes et les médias qui dénigreraient le parti. Dans l’absolu, rien n’empêche un individu ou un groupe d’individus regroupés au sein d’une association, d’un parti ou une institution quelconque de s’adresser à la justice s’ils se sentent lésés par des écrits ou des positions relayés par des médias. Les journalistes et leurs structures ont toujours affirmé qu’ils ne sont pas au dessus des lois. Ils ont été les premiers à décrier les écarts et les errements de leurs collègues quand cela était nécessaire. L’usage du droit de poursuite en justice ne devrait pas donc avoir la forme d’une menace et ne nécessite pas une annonce préalable, sauf si les visées de ce communiqué sont autres.

 

Il faut rappeler d’abord que contrairement à ce que le communiqué laisse entendre, Ennahdha avait recouru à plusieurs reprises à la justice contre des journalistes et des médias. En 2011, en pleine campagne électorale, le mouvement a fabriqué, de toutes pièces, une affaire qui a mobilisé l’opinion publique autour du film Persépolis passé sur la chaîne Nessma avec un taux d’audience qui n’avait pas dépassé les 2 pour cent. Cette affaire avait à l’époque réussi au parti islamiste qui jouait à fond la carte des valeurs religieuses et lui a permis de gagner les élections du 23 octobre et de dominer le paysage politique durant presque trois ans.

Aujourd’hui, à l’approche des élections municipales du 6 mai prochain, rejouer la carte de la victimisation du parti et de ses dirigeants ; ainsi que la carte de l’intimidation des médias et des journalistes pourrait s’avérer payant, penseraient les membres du bureau exécutif d’Ennahdha.

 

Seulement, les périodes électorales sont une occasion pour les médias de faire le bilan des partis en lice. Concernant le parti islamiste beaucoup de dossiers restent en suspens. Il s’agit de ses rapports avec la nébuleuse mondiale des frères musulmans, de son implication ancienne dans les attaques à l’acide contre des civils, des attentats à la bombe contre des hôtels au sahel, de sa responsabilité dans l’affaire Bab souika.

Plus récemment, les médias ne peuvent occulter, en faisant le bilan d’Ennahdha, la responsabilité politique de ses dirigeants dans l’assassinat de Chokri Belaid, Mohamed Brahmi ainsi que dans le dossier de la chevrotine de Siliana. Ils ne peuvent taire l’implication de son ministre des Affaires étrangères dans une affaire de malversation.

Durant presque trois ans, Ennahdha a géré le pays et assume une large responsabilité dans les difficultés actuelles et passées. La question de la prolifération du terrorisme dans le pays est aussi largement liée à la gestion d’Ennahdha qui a laissé faire. La gestion du dossier de l’attaque contre l’ambassade américaine et celui d’Abou Iyadh sont là pour nous rappeler le laxisme qui a caractérisé le comportement d’Ennahdha et de ses dirigeants envers le fléau terroriste naissant.

En parler aujourd’hui à l’approche d’une échéance électorale entre t-il dans le vif du travail du journaliste et du rôle d’informer et d’éclairer l’opinion publique des médias ou au contraire s’inscrit-il dans le cadre du dénigrement et des accusations mensongères contre le parti et ses dirigeants ?

 

Heureusement pour la presse, il n’y a pas que de mauvaises nouvelles. Il ya à peine quelques jours, un tribunal a définitivement débouté Sihem Ben Sedrine, qui a cherché durant quatre ans, en multipliant les procès, à intimider un journaliste et un média et les mettre sous pression (l’affaire Ben Sedrine contre Nizar Bahloul et Business news). Elle a perdu, la liberté de la presse en est sortie renforcée et la bataille continue.

 

11/02/2018 | 16:30
3 min
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Commentaires (9)

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Ataturk
| 12-02-2018 22:32
C'est une belle occasion pour nos journalistes et reporters pour démasquer les malversations et les crimes passés d'Ennahdha. S'ils manquent de courage, ils se réfugieraient à l'auto-censure

takilas
| 12-02-2018 12:38
Des énergumènes comme les présentateurs des télés "nessma tv " et "el hiwar tounsi " respectivement les dénommés Chakib et Khlifa Ben Salem qui ne font que lors de leur présence que de défendre nahdha ; ou font semblant de parler des des délits et des crimes de nahdha mais en déviant rapidement les accusations flagrantes et antipatriotiques à l'encontre de nahdha et ce camouflage ces accusations en accusant tous les partis et non pas le seul arnaqueur et traitre à savoir cet inutile nahdha. Ces deux individus, pleins de régionalisme et de haine pour Tunis et d'autres villes, sont choyés par les maniaques et haineux qui pensent que la seule réussite de leur vie c'est celle dinvestir et de coloniser, comme apprise par nahdha, Il s'agit là du seul et unique mal qui ronge la Tunisie, lequel pas ne peut jamais évoluer tant que ce mal est persistant.

AIRFORCE 360
| 11-02-2018 21:33
Bravo Exelent Titre msg pour tous le monde Chokri Belaid aurait dit : Quand Ennahda en crise ils s'organise pour la VIOLENCE

Politikum
| 11-02-2018 21:22
Personne n'est au dessus de la Loi! Ennahdha comme les journalistes et le Front Populaire doivent le comprendre, une bonne fois pour toutes! La Tunisie passe actuellement par la période la plus critique de son histoire contemporaine: Les caisses de l'Etat son vides, la gauche est très divisée, Nidaa Tounès, principal parti au pouvoir, est aussi divisé et affaibli par la crise politique générale et l'absence d'imagination et de réformes socio-économiques courageuses! Ennahdha se démarque de Nidaa Tounès et fera cavalier seul aux prochaines élections municipales. Selon des observateurs tunisiens et étrangers, le mouvement Ennahdha, plus soudé et plus discipliné que ses adversaires, pourrait en profiter... et sortir vainqueur des Municipales de Mai 2018! Un véritable cauchemar, notamment pour la gauche divisée et certains journalistes bien connus...! Le dénigrement et le rappel des épisodes noirs d'Ennahdha risqueraient de ne pas impressionner les 900 000 électeurs Nahdhaoui!

Bahr
| 11-02-2018 21:08
le jeu qui n a pas réussi avec toi mon cher Sofien et à tes semblables pendant les temps durs ne marchera certainement pas aujourd’hui. Le conseil, si vous permettez, que je pourrai vous donner, nobles journalistes, en pareils circonstances, me rappelle la fameuse pièce de théâtre de Ammar Bouzwor. "Laisse là chanter"

Immigré
| 11-02-2018 18:52
Bravo SBH ! Tu es le seul a relever cette attaque des frères terroristes contre la presse. Tes valeureux collègues semblent ....disons chloroformés....Je n'ose pas penser à autre chose....

Abir
| 11-02-2018 18:32
Ennahda à fait son tri en chantage, avec la société civile et avec les journalistes celui qui veut bien la suivre dans sa conduite,il peut se trouver récompenser et il aura le choix soit par les dollars,soit par un poste,celui qui est contre sa conduite,il se voit soit menacer de mort,soit par la justice,et dans tout les cas,elle sort gagnante,mais une chose importante,celui qui croit à la victimisation d'Ennahda,c'est un pauvre d'esprit et d'intelligence et de patriotisme !!!

HatemC
| 11-02-2018 18:14
Se poser en victime ... et cela pour attirer la sympathie ... Les islamistes allument le feu et se demande d'où vient la fumée ... Les islamistes naviguent dans la populace inculte et analphabète ...ils recrutent dans ces milieux ... Ventre vide n'a pas d'oreille ... les islamistes investissent la pauvreté pour attirer les futurs partisans ... un panier par ci un poste dans l'administration par là et le tour est joué .. Qui vont élire les habitants de haye Tadhamen ????? Un Islamiste ... Les cadres islamistes jouent les victimes et recrutent dans les couches défavorisés pour nous intimider ... c'est le propre du manifeste du bon islamiste ... Lisez le manifeste écris par Al Banna et vous comprendrez tout sur le ZIZI ... HC

Larry
| 11-02-2018 17:14
... Le Gourou risque aussi de vous traîner en justice...hhhhhh