Noureddine Taboubi interdit de voyage ? Il s'agit d'une fausse information
Depuis le 24 mars 2024, des pages sur Facebook ont fait circuler une information selon laquelle une décision avait été prise pour interdire au secrétaire général de l'Union générale tunisienne du travail (UGTT), Noureddine Taboubi de voyager. Les pages ont déclaré : « Urgent : Interdiction de voyage pour Noureddine Taboubi ». Cette information a suscité différentes réactions, certains s'étonnant de cette décision à ce moment précis et d'autres se demandant pourquoi il était interdit de voyager.
Ces pages n'ont pas mentionné la raison de l'interdiction de voyage et se sont contentées de confirmer qu'une décision avait été prise pour empêcher Taboubi de voyager sans fournir de détails sur cette décision, tandis qu'une page a affirmé que cette décision s'inscrivait dans le cadre de la responsabilisation et de la lutte contre la corruption.
Nous avons recherché la source de cette information en utilisant des mots-clés et avons découvert que cette publication avait déjà été diffusée en février, et à ce moment-là, le chargé de communication de l'UGTT, Ghassen Ksibi, avait démenti l’information. Nous avons à nouveau contacté l'Union générale tunisienne du travail (UGTT), qui a complètement démenti la véracité de ces informations.
En consultant les sources officielles, nous n'avons trouvé aucune trace de cette décision, alors que nous avons découvert que plusieurs pages avaient publié des informations sur l'interdiction de voyager pour Noureddine Taboubi et les dirigeants de l'Union, Sami Tahri et Lasaad Yaacoubi, en 2023, alors que cette information était sans fondement.
Ainsi, l’information sur l’interdiction de voyage à l'encontre de Noureddine Taboubi est totalement fausse.
Notons que la loi organique n° 2017-45 du 7 juin 2017 dispose que «le juge d'instruction saisi dans le cadre d'une procédure d'inspection est habilité à prendre une ordonnance portant interdiction de voyage de l'inculpé. Cette ordonnance doit être motivée. Elle doit être communiquée au procureur de la République et exécutée immédiatement. L'ordonnance est notifiée à l'inculpé ou à son avocat par tout moyen laissant une trace écrite, au plus tard dans les trois jours suivant la date de son prononcé».
Cette loi donne la possibilité au juge d'instruction d’ordonner d'office ou sur demande de l'inculpé ou de son avocat la levée de l'interdiction de voyage, après avis du ministère public ou sur réquisition du procureur de la République. Il doit statuer dans un délai de quatre jours à compter de la date du dépôt de ladite demande.
Il faut noter que d'après la loi tunisienne, seule les autorités judiciaires sont autorisées à interdire de voyager, mais sur le plan pratique et en application de la procédure S17, le ministère de l’Intérieur s’est octroyé la capacité d’interdire à des citoyens de voyager sans que cela soit justifié par une procédure judiciaire en cours et sans l’aval d’un juge.
R.A.
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