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Défaite de Sihem Ben Sedrine : Retour sur un feuilleton judiciaire
09/02/2018 | 20:00
6 min
Défaite de Sihem Ben Sedrine : Retour sur un feuilleton judiciaire

Après quatre ans de procédures, la présidente de l’Instance Vérité et Dignité Sihem Ben Sedrine vient de perdre son procès pour diffamation contre le directeur de Business News, Nizar Bahloul. Le verdict a été prononcé par la Cour d’appel de Tunis mercredi 7 février 2018 et rend justice au journaliste. Sihem Ben Sedrine a intenté deux procès successifs contre lui après la publication de trois articles d’information et d’opinion que la plaignante estime diffamatoires.

 

Exemples de passages « diffamatoires » cités par Mme Sedrine dans sa plainte. Le fait qu’elle ait parlé de barbes artificielles, d’avoir défendu les LPR, le fait qu’elle ait reçu de l’argent de l’étranger, le fait qu’elle ait dilapidé l’argent de Nasr Ali Chakroun (son associé à sa radio Kalima tombée en faillite depuis).

Sihem Ben Sedrine estime que ces articles portent atteinte à sa réputation et lui ont provoqué un préjudice moral.

D'après le texte de l’une de ses plaintes, ces articles enfreignent le décret-loi 115 relatif à la liberté de la presse. Dans sa plainte, il est dit qu'aucune des données présentes dans les articles n'est vraie et que le journal a sciemment publié la photo de la plaignante.

La plainte est également civile et Sihem Ben Sedrine a réclamé un dédommagement pour le préjudice moral qu'elle a subi exigeant que des extraits du jugement du tribunal soient publiés sur Business News.

 

Le premier des articles objet des plaintes de Mme Ben Sedrine a été publié le 26 décembre 2013 ayant pour titre « Sihem Ben Sedrine rattrapée par ses casseroles ». Le passage jugé diffamatoire par la plaignante mentionne : « Si beaucoup ont milité pour défendre une cause et sans rien chercher en retour, à l’instar de Tahar Ben Hassine, Taoufik Ben Brik ou Samir Dilou, ce n’est pas le cas de Sihem Ben Sedrine qui était royalement subventionnée par des instances étrangères pour « militer ». D’où provenait cet argent ? A quoi servait-il ? »

A l’époque, elle candidatait pour être élue à l’IVD et cherchait à être épargnée par les médias qui rappelaient sans cesse son historique de rentière d’organismes étrangers, alors qu’elle se présentait comme militante. Elle a pensé qu’une plainte en justice contre Business News pourrait faire taire les médias. Elle a, peut-être, réussi son objectif avec plusieurs médias, mais Business News a choisi de ne pas se laisser intimider. « Le risque était pour nous d’être discrédité puisque plusieurs lecteurs (notamment les proches et inféodés de Mme Ben Sedrine) estiment que l’on ne pouvait pas parler objectivement d’une dame qui a porté plainte contre nous. Mais cela aurait été la porte ouverte à une autre série de procès, car il devient dès lors facile de nous faire taire, il suffit de porter plainte ! Or, il fallait dénoncer les usurpateurs et les supercheries et ne pas se laisser intimider. Que l’on porte plainte ou pas, on devait continuer à exercer notre mission », a commenté Nizar Bahloul qui a collectionné à l’époque les recours judiciaires intentés contre lui par des proches du président Marzouki.

Le deuxième article objet de la plainte est une chronique d’opinion publiée le 24 février 2014 et  intitulée : « Sihem Ben Sedrine, la mercenaire qui veut être juge ». La chronique remet en doute l’intégrité de la plaignante candidate à l’IVD et lui rappelle (preuves et montants à l’appui) les sommes qu’elle touchait pour son « militantisme » ou encore son association à un homme d’affaire contributeur du CPR qui a placé à l’époque sa fille comme conseillère de Moncef Marzouki.

En dépit des alertes, Sihem Ben Sedrine a été quand même été élue à l’IVD grâce au lobbying de  Mustapha Ben Jaâfar, Moncef Marzouki et Imed Daïmi. Elle devait être « intronisée » le 9 juin 2014 par les trois présidents et c’est ce 9 juin 2014 précisément qu’elle choisit d’envoyer un huissier notaire à Business News pour nous convoquer devant la justice pour notre « insolence ». Comme si elle tenait sa revanche en disant : « vous ne vouliez pas que j’aille à l’IVD, eh ben j’y suis et je vous envoie une convocation par huissier le jour de mon intronisation ». Un pied-de-nez qui ressemble bien à de l’enfantillage.

Réponse immédiate de Nizar Bahloul à l’époque : « Elle ne m’intimide pas, tout ce que j’ai publié est documenté par des vidéos dans lesquelles elle avoue elle-même ce qu’on lui reproche. Dans ces mêmes vidéos, on peut aussi voir ses propres déclarations dans lesquelles j’ai pu relever des contrevérités comme par exemple lorsqu’elle nie être gérante de Kalima, alors que j’ai le Journal officiel de la République tunisienne qui prouve le contraire. La vérité est que Mme Ben Sedrine cherche à régler ses comptes et profite de son immunité puisque je ne pourrai pas l’attaquer en justice en retour pour plainte calomnieuse ! Se sentant impunie, elle pense pouvoir faire ce qu’elle veut ! Elle veut un procès ? J’irai en procès, je fais confiance à la justice et je suis même content qu’elle y fasse appel, ainsi l’arroseur sera arrosé ! Je ne vais pas lui présenter d’excuses, je ne vais pas la payer pour qu’elle retire sa plainte et encore moins pleurer à la télé pour lui demander pardon. Qu’elle sache qu’elle ne m’intimide pas et que je ne vais pas me taire pour lui dire en face ses vérités en pleine audience au tribunal ! »

L’issue de ce premier procès n’a pas été longue. Le 10 octobre 2014, le tribunal de première instance de Tunis prononce un non-lieu en faveur de Nizar Bahloul et désavoue ainsi Sihem Ben Sedrine. La plaidoirie de Fethi El Mouldi, avocat de Business News fut bien spectaculaire et il a plutôt axé sur le vice de procédure.

 

Sihem Ben Sedrine ne se désarme pas et joue désormais sur deux fronts en adoptant une nouvelle stratégie prouvant que c’est une mauvaise joueuse. Elle fait appel de la décision judiciaire du 10 octobre 2014 mais dépose un nouveau recours dans une toute nouvelle affaire indépendante de la première.

Concernant l’appel de la première affaire,  et après plusieurs allers-retours, la cour d’appel de Tunis la désavoue une nouvelle fois et prononce en janvier 2016  un non-lieu en faveur de Nizar Bahloul.

Quant à la deuxième plainte, on n’a appris son existence qu’en avril 2015 et ce pour une chronique publiée le 6 octobre 2014 et intitulée : « Ceux qui vont gouverner ne sont toujours pas connus ». Un article politique publié en pleine campagne électorale dans lequel Sihem Ben Sedrine est évoquée très brièvement. On rappelait que l’on devait être devant le juge dans 4 jours et que l’on faisait confiance à la justice puisqu’on devait face, en cette rentrée 2014-2015, à trois procès en même temps. Il n’y a absolument rien de nouveau dans cette chronique, on ne faisait que rappeler les anciennes casseroles de Sihem Ben Sedrine et pour lesquelles elle a déjà déposé plainte !

Pour cette deuxième affaire, et bien que l’article en question n’apporte rien de nouveau, Business News a été pris de court et a perdu en première instance. Le pourvoi en appel a cependant remis tout à plat et Nizar Bahloul a comparu le 24 janvier 2018 devant la cour d’appel de Tunis. Fethi El Mouldi, toujours à la défense avec ses plaidoiries spectaculaires et efficaces, revient à cet article publié trois ans et demi plus tôt et relève les vices de procédure de la plaignante. Fond et forme ne tenaient tout simplement pas debout ! Il était évident que la plainte était déposée juste pour « faire chier ». Le verdict a été prononcé le 7 février et rendu public ce vendredi 9 février 2018. Sihem Ben Sedrine est déboutée une nouvelle fois et la cour prononce un non-lieu en faveur de Nizar Bahloul. Nos articles étaient accompagnés de suffisamment de preuves pour convaincre le tribunal que Business News a fait son travail avec tout le professionnalisme requis.

C’était l’issue d’ailleurs de toutes les plaintes déposées contre Business News depuis 2011. Certains, comme l’ancien ambassadeur Ahmed Ben Mustapha, est allé jusqu’à la cassation, mais a été désavoué jusqu’au bout.

Le hic est que Business News ne peut rien faire contre Sihem Ben Sedrine pour la trainer en justice contre ces plaintes abusives et ces excès procéduriers, puisque la bonne dame bénéficie d’une immunité judiciaire offerte par son poste de présidente de l’Instance de Vérité…

 

Marouen Achouri

 

Les trois articles objets des plaintes :

Tunisie - Sihem Ben Sedrine rattrapée par ses casseroles

Sihem Ben Sedrine, la mercenaire qui veut être juge

Ceux qui vont vraiment gouverner ne sont toujours pas connus

09/02/2018 | 20:00
6 min
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Commentaires (15)

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LE NOMADE
| 13-02-2018 00:26
L'antipathique observateur ne sait pas lire ou bien il est myope! Non,il n'est pas myope!Il est de mauvaise foi ,comme tous les propagandistes! Il a retenu le vice de forme et fermé les yeux sur la phrase essentielle:"le fond et la forme ne tiennent pas la route"! le Tribunal l'a confirmée à sa manière!

observator
| 12-02-2018 13:45
Je lis ; "La plaidoirie de Fethi El Mouldi, avocat de Business News fut bien spectaculaire et il a plutôt axé sur le vice de procédure." Je lis ; "..Fethi El Mouldi, ......, revient à cet article publié trois ans et demi plus tôt et relève les vices de procédure de la plaignante. " Donc déboutée sur la forme et non sur le fond. Donc les magistrats n'ont pas jugés sur le fond. o u j'ai mal compris l'article de Mr Achouri. Donc cela ne préjuge en rien quand au caractère diffamatoire de l'article de B.N.

lechef
| 12-02-2018 08:28
A mon avis, le poste de Président de l'IVD nécessite une personne équilibrée sue tous les plans, bien dans sa peau et son cerveau. Ben Sedrine, avantagée par la présence d'un nombre important des membres de l'assemblée constitutive qui étaient ses proches '' d'esprit , d'idées et d'idéologie'' , fût donc élue Présidente. Ce déséquilibre crée par des séquelles de l'ancien régime, n'a pas joué à son avantage lorsqu'elle a cédé à ce poste qui nécessite plutôt une personne équitable , raisonnable qui écoute bien, organisée, rigoureux et ayant des capacités importantes d'analyses. C'est pourquoi, Ben Sedrine a échoué largement dans l'étude de ces dossiers et c'est une perte sèche pour le pays en fin de compte. Il faut noter qu'une personne qui a été massacré à un certain moment de sa vie ne pourrait jamais constituer un homme sain de réflexions, d'idées , équitable et équilibré.

houda
| 11-02-2018 18:18
si tu etais vraiment disciplinè tu aurai du executer les ordres de ton maitre bouguiba cest a cause de ta traitrise a bourguiba que la tunisie est arrivè a ce desastre tu etais un traitre bien fait pour ta sale gueule la vision de bourguiba etait juste debarasser le pays de tous les traitres islamistes

houda
| 11-02-2018 18:07
c est une question qui a ete evoquè par mme abir moussi plusieurs fois sans donner d explications sur son effet sur les decisions prises merci si nizar

BELKO
| 11-02-2018 12:34
A l'image de ceux qui soutienne cette dame, elle continue son travail de sape car elle ne supporte pas une vraie démocratie et une réelle mise en cause d'elle-même et de ses acolytes de la troïka

Montaigne
| 11-02-2018 12:01
Notre justice gagne en crédibilité. C 'est reconfortant.

HAMADI
| 11-02-2018 07:24
j'admire NB par la lecture de ses articles !!! combien de fois sur cette page je partage ses idées !!! il fait partie de ces tunisiens intègres qui n'ont jamais vendus leur âme pour de l'argent !!! c'est pourquoi il jouit de beaucoup de respect à mon avis bien sûr !! et c'est pour cette raison que je me réjouis quand la justice lui donne raison !! alors que sihem nage dans la boue jusqu'au coup et ce par l'attitude de ses collèges de cette institution qui ne devrait pas exister tel qu'elle fonctionne ??? elle a été crée par elle et marzouki et bien d 'autres pour juger des personnes qui font partie de l'histoire tel que la question de bourguiba et ben youssef et là à mon avis c'est marzouki avec toute cette haine qui va mourir avec contre bourguiba qui est derrière !! le minimum de dignité et de bon sens vous dit que cette question devrait faire partie du travail des historiens !! tout comme l'affaire du pain ou des islamistes ou des communistes qu'elle a traité dans une mise en scène efficace pour tirer le max d'argent dit de dédommagement dans l'absence totale de la partie adverse ???? hors le passé des problèmes politiques ne peut être traité que par les historiens !! mais là ben sedrine et sa meute n'ont fait cela à mon sens que pour de l'argent et pour des objectifs politiques de très bas niveaux !!! NB N'A JAMAIS NAGE DANS CETTE BOUE BIEN AU CONTRAIRE IL A TOUT LE TEMP COMBATTU LES ARTISANS DE CETTE INSTITUTION AVEC BEAUCOUP DE COURAGE!!

Mansour Lahyani
| 10-02-2018 17:01
SBS fait pschitt !!! On le prédisait depuis toujours, mais, aujourd'hui, c'est confirmé par la Justice. Désormais, SBS = R.I.P. (Allah yerhamha).

takilas
| 10-02-2018 16:05
La pauvre ! Elle a été ballottée et ridiculisée, pour avoir insisté à exhiber sa musculature à nahdha, sauf que ce dernier n'a plus le même banditisme et la même latitude, surtout que ses sont découvertes et que d'autres sont en train de ses découvrir "chaque jour" et en beaucoup plus graves. Comme rien qu'hier la question de a banque centrale qui devrait engendrer des enquêtes serieuses voire solennelles.