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Chroniques
Sihem Ben Sedrine, la mercenaire qui veut être juge
24/02/2014 | 15:59
5 min

Par Nizar BAHLOUL

Plusieurs articles de presse et sur les réseaux sociaux ont été publiés ces derniers jours suite à la candidature de Sihem Ben Sedrine, au nom du CNLT, à l’instance Vérité et Dignité, chargée de la Justice transitionnelle. Ces voix s’élèvent contre cette candidature et motivent les raisons de leur indignation.
En réponse à ces articles, Mme Ben Sedrine a écrit :
« Depuis l’annonce de ma candidature à l’instance « Vérité et Dignité », une campagne ordurière, dans les médias et les réseaux sociaux, s’est déclenchée à mon encontre. Les auteurs n’ont pas manqué de se distinguer par leurs propos diffamatoires, misogynes et sexistes, allant même jusqu’à défigurer mon nom de famille. Ce genre de procédé est exactement celui qui a été utilisé pendant les années noires de la dictature de Ben Ali cherchant vainement à me discréditer devant l’opinion publique. A l’évidence, j’ai dû par cette candidature déranger et effrayer ces personnes et ces entités qui ont collaboré et qui se sont activement impliquées dans le système dictatorial et qui ont une crainte prononcée du processus de justice transitionnelle, ce qui me donne encore plus de courage de poursuivre mon combat. Je remercie les amis qui m’ont soutenue ces derniers jours contre cette énième cabale médiatique cherchant à m’isoler et à me discréditer.
N’en déplaise à ceux qui alimentent la polémique et organisent la désinformation, ma candidature est toujours valide ; elle est conforme aux critères prévus par la loi et je n’y renoncerai pas !
»

Madame, votre candidature dérange. Oui, elle dérange, elle agace, elle horripile, elle irrite. Votre candidature nous indigne madame ! Mais les raisons sont différentes de celles que vous avancez. Vous nous avez fait croire pendant des années que vous étiez une militante des Droits de l’Homme et une victime de Ben Ali. Et vous avez trompé tout le monde un temps.
Vous vous targuez d’être une militante des Droits de l’Homme, mais ce militantisme cesse de l’être dès lors qu’il ne rapporte pas grand chose. On ne vous a pas entendue défendre Jabeur Mejri, on ne vous pas entendue défendre Maher Manaï, on ne vous a pas entendue défendre les centaines de journalistes agressés sous la Troïka. On ne vous a pas entendue vous élever contre les attaques régulières des mercenaires de Moncef Marzouki et d’Ennahdha. On ne vous a pas entendue défendre les journalistes condamnés injustement. C’est même tout le contraire, vous avez pris le côté des oppresseurs, par pure revanche personnelle, car les victimes d’aujourd’hui n’avaient pas la possibilité ou le courage d’avoir été des militants hier.

Hier, vous mangiez dans les mains des institutions européennes, aujourd’hui vous n’avez pas hésité à aller vers d’autres. Je vous évoquerai à titre d’exemple Nasr Ali Chakroun, cet homme d’affaires dont vous auriez dilapidé tout l'argent. Ce monsieur est celui qui, avant la révolution, faisait son beurre grâce à Ben Ali et grand bien lui en fasse. Et après la révolution, il est devenu révolutionnaire pour financer la campagne de Moncef Marzouki. Et c’est lui qui a permis de placer sa fille de 27 ans en tant que conseillère du président. Bien sûr, ce népotisme vous a échappé.
Evoquant la soi-disant campagne contre vous, vous dîtes que ce genre de procédé est exactement celui qui a été utilisé pendant les années noires de la dictature de Ben Ali. Non, madame, c’est bien vous qui parliez des barbes artificielles ? C’est bien vous qui parliez des médias de la honte ? C’est bien vous qui hurliez dans les meetings des LPR ? Ces mêmes LPR qui avaient lynché Lotfi Nagdh et qui appellent au lynchage des juges, des journalistes et de la police. C’est bien vous qui menaciez d’intenter un procès contre le professeur émérite Fethi Ben Slama parce qu’il a osé vous contredire et vous critiquer ?

Madame, de votre intégrité, nous peinons à trouver des preuves.
Alors, oui, votre candidature dérange, car on a besoin de gens intègres à l’Instance Vérité et Dignité. On a besoin d’une véritable justice transitionnelle et durable dans ce pays et vous êtes loin d’être la personne qu’il faut pour occuper un poste quelconque à cette instance.
Contrairement à ce que vous dites, votre candidature n’est pas légale, car il faut des gens intègres à ce poste. Votre candidature n’est pas légale, car il faut des gens crédibles à ce poste. Votre candidature n’est pas légale, car vous avez été injuste et il faut des personnes justes à ce poste.
La Tunisie, pour qu’elle puisse avancer, doit se débarrasser des opportunistes, des mercenaires, des revanchards.  J’appellerai autant qu’il faut ceux qui ont vos dossiers noirs cachés à ce qu’ils sortent de leur silence et dévoilent leurs secrets. On s’est tu hier, parce qu’on ne pouvait pas, parce qu’on ne savait pas. Aujourd’hui, on sait, on peut et on ne se taira pas. Continuez à pleurnicher et à mentir, je continuerai à crier et à rappeler votre vérité !
Avant la révolution, beaucoup avaient fait des erreurs de parcours, justifiées pour certains, moins justifiées pour d’autres. Cependant, après les changements que connaît le pays, il est du devoir de chacun et alors qu’on appelle à un mouvement de table rase, d’instaurer du nouveau, tout en s’éloignant des anciennes pratiques. Faire de son passé un fonds de commerce est une manière de monnayer un militantisme censé être désintéressé. Il n’est, en revanche, possible que pour ceux qui ne se sont pas rangés du côté des mercenaires. De cette instance, nous voulons une véritable justice transitionnelle et non une justice transactionnelle.

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