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Chroniques
Vous voulez être ministre ? Ne donnez pas votre avis !
21/10/2015 | 15:59
3 min

Le lion a frappé ! Enfin, Habib Essid a sévit et il a limogé…l’un de ses meilleurs ministres… Il ne fallait pas en espérer plus. Le chef du gouvernement s’est fendu d’un communiqué pour annoncer le limogeage de Mohamed Salah Ben Aïssa, ancien ministre de la Justice.

 

Il est vrai que l’ancien ministre de la Justice était un peu trop rigide et un peu trop libre. Il a osé exprimer des avis tranchés et des opinions libres. Par exemple, sa position en faveur de la suppression de l’article 230 du code pénal concernant la condamnation de la sodomie. Ce n’est pas dans nos traditions ni dans nos habitudes de parler de ces choses là… Les pédés, il faut les foutre en prison ! C’est le gouvernement qui le dit et donc, le ministre de la Justice doit s’y conformer. Même Béji Caïd Essebsi a donné de la zamakhchareyya sur le sujet…

 

D’autres reprochent à l’ancien ministre d’avoir évoqué en commission à l’Assemblée certaines pressions américaines. Il a eu le temps, depuis, d’éclaircir cette histoire qui ne mérite pas tant de tapage. Donc le problème serait ses déclarations à la presse ?

 

Si c’était le cas, Habib Essid se retrouverait bien seul dans son gouvernement. Créer une agence pour les moustiques, couper le drapeau en petits morceaux pour le distribuer aux régions défavorisées, annoncer que la sécurité est au point quelques jours seulement avant l’attentat de Sousse… Si chaque ministre qui a dit une chose qui n’a aucun sens devait être viré, il n’y aurait plus de gouvernement...ou presque.

 

On dit aussi que ce limogeage est relatif au fait que Mohamed Salah Ben Aïssa s’est absenté d’une plénière de l’Assemblée concernant la loi du conseil supérieur de la magistrature. D’abord, on a dit que c’était une absence-surprise, et que c’est pour ça que le ministre a été limogé. Mais il s’est avéré que ce n’était pas vrai. Il s’est avéré que le ministre avait bien informé le chef du gouvernement du fait qu’il ne souhaitait pas assister à cette réunion. Pourquoi ?

Le ministre a dit à son chef, le lion, qu’il n’était pas convaincu par le projet de loi tel qu’il sera discuté à l’Assemblée. Il a ajouté que sa présence donnerait une couverture politique à un projet de loi qu’il ne cautionne pas et avec lequel il n’est pas d’accord. Jusque là rien de révoltant, pourtant ça a été « la goutte d’eau »…

 

Mais bon, il faut dire que Mohamed Salah Ben Aïssa s’est montré naïf. Il a osé priver d’approbation politique un arrangement difficilement obtenu entre Nidaa et Ennahdha. Il est vrai que le texte discuté en plénière n’a plus rien à voir avec le projet présenté par le gouvernement et donc par le département de la Justice. Il est vrai qu’il n’y a plus rien de commun entre la conception du ministère et celle concoctée en commission par les élus. Mais l’ancien ministre de la Justice aurait dû avaler cette couleuvre. Il aurait dû faire comme son « collègue » des Affaires étrangères, qui en a avalé des couleuvres pendant des mois sans broncher. Il aurait dû mettre sa conscience de côté pour venir à l’Assemblée perdre une journée à écouter les élucubrations des élus sur le projet du CSM mais aussi sur plein d’autres sujets. Les élus ne vont pas, c’est sûr, se limiter au sujet du jour.

 

Etre ministre de la Justice en Tunisie, avoir une conscience avec un soupçon de courage, ça donne un cocktail explosif. Un cocktail qui réduit considérablement l’espérance de vie d’un ministre dans le gouvernement Essid. Et puis, il faut bien l’avouer, Mohamed Salah Ben Aïssa est la victime idéale pour que Habib Essid fasse comme s’il avait de la poigne. C’est que la solidarité gouvernementale est un principe indiscutable. Chaque ministre devrait avoir le talent de Habib Essid pour faire les mêmes contorsions.

 

Il ne faut pas rigoler avec le lion. C’est un pur produit de l’administration tunisienne. C’est le genre de fonctionnaire qui te fait revenir le lendemain pour un cachet pas clair ou pour une photocopie de carte d’identité. C’est un enfant de cette administration sclérosée, allergique au changement et incapable d’innovation. Alors, dans ce cadre, avoir un ministre qui dit ce qu’il pense, c’est tout bonnement intolérable !    

21/10/2015 | 15:59
3 min
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Commentaires (14)

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Alouane
| 24-10-2015 11:22
En homme intègre Ban Aïssa a refusé de cautionner la mainmise de Abada ElKefi et compagnie sur la justice tunisienne. Ben Aïssa, apparemment, était disposé à défendre le projet gouvernemental que Mr. Essid a renié pour s'aligner sur la proposition de la commission de Kefi sans l'approbation du gouvernement. On est sur la voie du rétablissement de la dictature à la Zaba qui refuse une justice véritablement indépendante. La coalition Nida- Nahdha vire vers l'extrême droite. Le dictature est pour bientôt.

koukou
| 23-10-2015 07:33
Il y a une grande différence entre donner son avis et vouloir l'imposer.J'y vois un soupçon de l'esprit du Dictateur qui sévit dans notre fort intérieur

Hatem jemaa
| 22-10-2015 13:26
Pour voir clair il faut une référence. Dans ce cas de figure seule la constitution doit prévaloir aussi bien dans sa lettre que dans son esprit. Or dans ce grave dysfonctionnement on constate une certaine légèreté dans l'application de la constitution. Reprenons dès le début Le Ministre prépare un projet de loi puis le soumet en conseil des ministres qui l'adopte. Dès cet instant il devient projet du gouvernement qui le transmet à l'ARP pour vote. A cette étape il y a trois possibilités sachant qu'il s'agit toujours d'un projet de loi du gouvernement. La première est l'adoption par vote en plénière stricto sensu. La deuxième possibilite est le rejet par vote en plénière. La troisième est l'amendement. Nous sommes dans ce troisième cas . Malheureusement l'ARP a travers sa commission a modifié de manière jugée substancielle par le ministre en charge le projet du gouvernement et elle s'apprête a le soumettre à sa plénière au nom du gouvernement. Non le projet ne peut plus être considéré comme un projet du gouvernement. Le gouvernement aurait dû demander le retrait pur et simple du texte. A moins que le chef du gouvernement soit plus en accord avec le projet amendé que le projet initial adopté par le consil des ministres qu'il préside. Voilà pour le référentiel. Par conséquent Le ministre aurait du demander au chef du gouvernement le retrait du projet et en cas de refus demissionner et non être amené à recourira une attitude non conforme au sens de l'etat. Quand au chef du gouvernement il serait bien avisé d'assumer ses responsabilités dans le respect de la lettre et de l'esprit de la constitution et de ne pas dejuger ses ministres surtout quand le rapport des forces n'est pas en leur faveur. Enfin les commissions de l'ARP gagneraient a être moins interventionnistes et respecter davantage le role et les missions de la plénière.

Jamel
| 22-10-2015 06:31
Je n'ai pas lu l'article ci-dessus mais je réponds avec conviction: Oh, non, non, non, merci!

dadilesage
| 22-10-2015 05:31
Ennahdha governs Tunisia, that is why nyou can not defeat terrorism. Nidaa Tounis won the election and Rached Ghanouchi runs the country. He should be arrested and tried for crimes against the state,the country ad the people.Meskina Tounis because of this stupid man.

nazou
| 21-10-2015 22:43
Il dit tellement ce qu'il pense votre ministre, monsieur Achouri, qu'il ne daigne même pas se présenter pour le dire !!!

Votre ministre a choisi son idéologie. Plutôt que servir son ministère et sa nation !!!!
Faut croire que pour les priorités, votre ministre de la justice, à les siennes de priorités !!!

TMT
| 21-10-2015 21:14
C'est ce que je vous propose cher Marwen
Vous voulez être ministre?N'IMPOSEZ pas votre avis !!!
N'est-ce pas plus logique dans le cas de l rx ministre?!

Bonz
| 21-10-2015 20:33
C'est le rugissement d'un lion à la retraite (ou presque) !
Il vire un ministre comme un chauffeur. Il se trompe s'il pense pouvoir en tirer un quelconque avantage. Les gens ne sont pas dupes, ils ne veulent pas homme de poigne, mais un premier ministre intelligent et bosseur.

dinosaure
| 21-10-2015 19:22
Nous devons nous mettre d'accord sur une chose, un ministre prépare un projet de loi, il est discuté en conseil de ministres une fois adopté et transmis à l'ARP, le ministre devient l'avocat de ce projet où il démissionne le jour où ce projet a été adopté en conseil de ministres ,autrement ça devient de l'anarchie, en politique comme dans l'administration il y a des règles à respecter, quand un ministre ne se respecte pas lui même, personne ne le respecte.
Bravo Monsieur ESSID pour le limogeage de ce Monsieur qui ne connait pas les règles de bonne conduite, la discipline et le respect du secret de l'état, démocratie ne veut pas dire anarchie.

eshmoun
| 21-10-2015 18:08
Et voilà le résultat :une ch...sse carabinée !et plus çà va et plus on se ch.. dessus avec ces "petits" accommodements entre gens de bonne compagnie(sic) qui tiennent lieu de haute stratégie ;si en plus comme semble le suggérer l'article l'oncle Sam est dans le coup bjr les dégâts on n'est pas dans la M...elasse... helas!(sorry je n'ai pas pu m'en empêcher) pour rester dans le même ton mais sur le mode correcte de façon à éviter le recours aux...., déjà nombreux, en même temps que les foudres de Jupiter- BN.