Vers une quatrième démission à l'Instance Vérité et Dignité
Mohamed Ayadi, vice-président élu de la commission d’arbitrage et de conciliation à l’Instance Vérité et Dignité, pourrait démissionner bientôt de son poste.
L’intéressé a publié sur sa page Facebook, hier dimanche 19 juillet, un message dans lequel il écrit : « Amies, amis, je pense sérieusement à présenter ma démission de l’Instance Vérité et Dignité, qu’en pensez-vous ? ».
Interrogé sur les raisons, M. Ayadi a motivé sa position par des raisons internes, en premier lieu, et par un environnement défavorable à la concrétisation du projet d’une justice transitionnelle.
Plus tard dans la journée, Mohamed Ayadi s’est exclamé sur la position de Zouheir Makhlouf sur la chaine Al Magharibia, le 15 juillet dernier, en lui diffusant la vidéo de son intervention. Laisse-t-il entendre que sa démission est en rapport avec M. Makhlouf ? M. Ayadi ne s’est pas étalé, se suffisant d’une exclamation, diffusée après son annonce d’une possible démission, ce qui en dit long et pas assez.
Si la démission de Mohamed Ayadi se concrétise, ce sera la quatrième au sein de cette instance, après celles de Noura Borsali, Azouz Chaouali et Khemaïes Chammari.
La dernière en date, celle de Mme Borsali, a été assez polémique. Parmi ses motivations, Mme Borsali a indiqué que « les conditions qui prévalent au sein de l’instance, et qui sont liées à sa gestion interne, ne lui permettaient pas d’accomplir [sa] mission ». Elle a également déclaré qu’un « membre de l’instance ne doit pas menacer ses adversaires politiques, en son nom, et que le message que l’IVD devra passer devra être rassurant. La justice transitionnelle n’est ni sélective ni vengeresse ».
Mme Borsali demande à ce que la loi relative à la justice transitionnelle soit modifiée et épingle spécialement la présidente de l’IVD qu’elle traite de menteuse et de dire : « Elle est en train de décrédibiliser l'IVD et tout le processus de justice transitionnelle. Ce soir, en suivant l'émission, j'avais honte pour mon pays .»
La démission de Noura Borsali a été cependant étouffée par un autre scandale de cette même IVD en cette période de décembre 2014 et à la veille de la transmission de pouvoir entre Moncef Marzouki et Béji Caïd Essebsi. Mme Ben Sedrine a alors envoyé des camions de déménagement pour transporter les archives de la présidence de la République !
La démission de Mohamed Ayadi, au cas où elle se concrétise, devient une suite logique des événements, puisque cet ancien magistrat du Tribunal administratif est réputé pour sa droiture et son intégrité. Il ne saurait continuer à travailler au sein d’une instance dont certains membres sont en train de l’utiliser, ou tentent de l’utiliser, comme outil de revanche et non de justice.
Le cas particulier de Mme Ben Sedrine est symptomatique de ce malaise, puisque la présidente est en train d’intenter des procès en justice contre ceux qui la critiquent, lui opposent ses vérités ou lui rappellent que sa candidature à l’IVD est contraire à l’article 19 de la loi 53-2013 relative à l’instauration de la justice transitionnelle.
On notera qu’il y aura un véritable problème au sein de l’IVD si Mohamed Ayadi démissionne, puisque l’article 20 de cette même loi exige qu’il y ait un juge administratif parmi les 15 membres de l’IVD. C’est ce qui explique, peut-être, le retard pris par M. Ayadi dans son annonce de démission.
Reste maintenant à voir s’il va être conséquent avec lui-même et fidèle à ses propres valeurs en préférant la vérité et la justice au poste.
M.G – R.B.H.