
La Commission Nationale de Gestion des Biens Confisqués aurait décidé de céder tout de suite, et sans passer par un appel d’offres, trois sociétés confisquées. Il s’agit de Havas Tunisie, Newrest Catering Tunisie et Jet Multimédia. Quant aux acquéreurs, il s’agirait tout bonnement des actionnaires français de ces sociétés. L’information circule depuis un bout de temps dans le milieu et elle a été rendue publique par le député Imed Daïmi. Ce dernier a envoyé un courrier officiel à la ministre des Finances pour obtenir des explications depuis le 27 janvier et il attend, à ce jour, une réponse. Il a dévoilé dans la foulée un document répertoriant les décisions de la Commission (ci-dessous).
Pour Havas, détenue à hauteur de 51% par El Karama Holding (société qui gère les biens confisqués), la Commission nationale de gestion des biens confisqués aurait décidé de la céder à Havas France qui possède 49% du capital. D’après le document, la commission va désigner un bureau international pour évaluer la société et les parts en cession. La commission recommande de soutenir le partenaire français à obtenir une dérogation spéciale et indispensable pour qu’il puisse devenir propriétaire de la majorité du capital. Dans le cas présent, il s’agit tout simplement de l’ensemble du capital.
Pour Newrest Catrering Tunisie, détenue à hauteur de 50% par El Karama Holding, la commission aurait décidé de céder 40% des participations publiques au groupe français Bolloré à la condition qu’il ne fasse pas entrer dans le capital des concurrents du même secteur. Ici aussi, on va désigner un bureau d’études international pour l’évaluation de la société. Si l’on a bien compris, les 40% en question représentent 20% du capital total de Newrest. Si la cession à Bolloré se concrétise, le capital sera détenu à 50% par le français Newrest, 20% par le français Bolloré et 30% par El Karama Holding.
Pour Jet Multimédia, détenue à hauteur de 51% par El Karama Holding, la commission aurait décidé de céder l’ensemble des parts tunisiennes à Digital Virgo, laquelle détient déjà 49% du capital. Comme pour les deux autres, il y aura un bureau d’études international pour l’évaluation et on va soutenir l’associé étranger à l’obtention de la dérogation.
S’il est tout à fait compréhensible que la Commission nationale de gestion de biens confisqués trouve des solutions à ces sociétés, six années après leur confiscation, il est impératif qu’il y ait un minimum de transparence en la matière. Des dizaines parmi les sociétés confisquées ont vu leur valeur initiale fondre comme neige au soleil et il n’est pas dit que ce n’est pas aussi le cas pour ces trois sociétés.
Si l’urgence de s’en « débarrasser » n’est pas discutable, il n’est pas discutable également de passer par des voies claires et transparentes, mais également ouvertes à toute entité qui désire acquérir ces biens, le tout après avoir vérifié que les anciens propriétaires ont épuisé tous les recours judiciaires pour la récupération de leurs biens confisqués par un simple décret pondu en 2011 par les autorités politiques au lendemain de la révolution.
On rappelle que Jet Multimédia, créée en 2011, est dotée d’un capital d’un million de dinars et qu’elle est spécialisée dans l’interactivité mobile. Elle appartenait à Belhassen Trabelsi, beau-frère de l’ancien président tunisien Zine El Abidine Ben Ali.
Havas Tunisie, créée en 2010, est dotée d’un capital d’un million de dinars et spécialisée dans le marketing et la vente et l’achat des espaces publicitaires dans les médias. Elle appartenait à Slim Zarrouk, gendre de l’ancien président tunisien.
Newrest Catering Tunisie, créée en 2009, est dotée d’un capital de 180.000 dinars et spécialisée dans le catering pour les différentes écoles, sociétés pétrolières et les entreprises. Elle appartenait à Belhassen Trabelsi.
Hasard du calendrier, Youssef Chahed a donné aujourd’hui même, jeudi 23 février 2017, ses consignes à la ministre des Finances pour une meilleure gestion des biens confisqués et d’insister sur la nécessité de la présence obligatoire des membres de la Commission nationale de gestion des biens confisqués lors de la cession de biens de valeur et de préparer un plan de travail clair à ce sujet.

Commentaires (10)
CommenterLa Tunisie
@BN, TMT a posé les bonnes questions
Groupe Bollore
C'est une pratique normal.
En cas de confiscation par l'Etat (cas présent) , les autres actionnaires, surtout s'ils sont des investisseurs étrangers, sont fondés à exiger d'etre les seuls à pouvoir racheter. Leur décision initiale d'investir dans le pays, étant, en général, lié au deal avec des partenaires locaux précis (beaucoup d'entreprises internationales ont un code interne, en fonction duquel, elles acceptent ou refusent de traiter avec un tiers). l'Etat ne peut donc pas leur imposer n'importe qui, au motif que l'intéressé peut acheter.
Ceci est valable, bien sur, uniquement pour les actionnaires présents avant la confiscation.
Laissons les gens travailler
Pourquoi pas
Quand il y a du flou il y a un loup
Ils sortiront par derrière et rentreront par avant!
Ing
Vaste marche et donc boulot maintenu pour les employes tunisiens
Que dit le statut
Maintenant,vu les conditions exceptionnelles et les pertes subies par les actionnaires étranger,je pense qu'une solution à l'amiable est vivement recommandée à condition que l'évacuation est correcte
Ne dit on pas qu'un mauvais arrangement vaut mieux qu'un long procès.Question de temps,le Ministre du Développement en sait qqch.

