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Chroniques
Tunisie/Liban : deux pays à la même destinée
Par Houcine Ben Achour
16/07/2020 | 20:25
3 min
Tunisie/Liban : deux pays à la même destinée

 

 

C’est vraiment désespérant. Le Tunisien ne mérite pas ça. Mais c’est comme ça. La crise politique née des soupçons de conflit d’intérêts du chef du gouvernement ne sera pas sans conséquences sur le programme de sauvetage du pays, car la démission d’Elyes Fakhfakh implique que le gouvernement n’est plus en mesure de prendre des décisions, ni des accords qui engagent le pays. Il n’est désormais chargé que d’ « expédier les affaires courantes ». Autrement dit, c’est la machine économique qui risque de caler alors que tout doit être entrepris pour la faire redémarrer en usant des deux leviers de l’offre et de la demande. Nos entreprises n’ont dorénavant plus d’autre choix qu’attendre qu’un miracle puisse les sauver.

Cette crise est une crise de trop qui risque de faire plonger le pays dans la tourmente. Cette crise politique va décaler d’au-moins six mois les urgences et les priorités de stabilisation du cadre macroéconomique. Une situation que le pays ne peut nullement se permettre tant le risque est grand de voir son économie partir en éclat. Or, ce scénario est devenu envisageable. Le pays est déjà au bord du précipice. Cette crise risque de l’y pousser.

Dans un pareil contexte, il ne serait nullement surprenant que l’activité économique du pays enregistre un recul sans précédent. En tout cas, bien plus important que ne le prévoient les estimations actualisées du gouvernement. L’hypothèse d’une récession qui irait bien au-delà de 10% est aujourd’hui recevable rendant les besoins de financement de l’Etat comme des entreprises et des ménages si considérables qu’il serait impossible de satisfaire. Quel bailleur de fonds se risquerait à négocier un prêt ou un crédit, à fortiori une restructuration de dette avec un gouvernement « intérimaire » qui gère une économie au bord de la faillite ?

 

Une telle configuration nous rapprocherait non pas de la situation grecque de 2008 et l’épouvantable crise de la dette vécue par ce pays, mais plutôt de ce que vit actuellement le Liban, c’est-à-dire un effondrement pur et simple de son économie en raison de l’incapacité de leurs dirigeants politiques à s’entendre sur un programme de sauvetage crédible qui puisse être soutenu par les bailleurs de fonds. Durant ces dernières années, le pays du Cèdre a vécu largement au-dessus de ses moyens. « L'Etat libanais emprunte 1 dollar chaque fois qu'il en dépense 2, pour des services publics pitoyables », écrivait le quotidien français Les Echos sur l’état des finances publiques du pays, à la veille du déclenchement de la révolte populaire du 17 octobre 2019. La pandémie Covid-19 a mis à nu la fragilité de son modèle économique. Selon les estimations les plus récentes, le Liban devrait afficher une récession économique à deux chiffres en 2020 (-12%). Tous les indicateurs économiques du pays sont au rouge.

L’inflation devrait atteindre 17% alors qu’elle était négative il y a deux ans. Le déficit budgétaire est estimé à 12,3% selon le FMI. Quand au déficit des paiements courants, il devrait atteindre près de 13% du PIB. Le taux d’endettement est la donnée la plus inquiétante : plus de 180% du PIB. Le dollar se négocie autour de 4000 livres libanaises sur le marché parallèle alors qu’il ne vaut que 1 600 livres environ selon le change officiel. Selon la Banque mondiale, près de la moitié de la population libanaise risque de sombrer sous le seuil de pauvreté (45,3%), n’ayant que 1,5 dollar par jour pour vivre, ou plutôt survivre. Tout cela en raison des atermoiements d’une classe politique que l’opinion publique accuse d’être gangrénée par le clientélisme et la corruption.

 

Cette incurie a exaspéré le FMI qui, pas plus tard que lundi dernier, a invité sèchement les autorités libanaises à s’unir autour d’un plan de sauvetage pour sortir le pays de la banqueroute. Plan de sauvetage dont le montant n’a pu être fixé parce que les autorités libanaises divergeaient sur l’évaluation des déficits publics, des pertes de la Banque centrale du Liban et des banques libanaises. L’institution financière multilatérale a été dans l’incapacité de pouvoir établir des prévisions économiques et financières au-delà de 2020 pour le pays en raison de la dégradation des capacités statistiques du pays.

N’est-ce pas là un scénario qui sied à la Tunisie ?  

Par Houcine Ben Achour
16/07/2020 | 20:25
3 min
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Commentaires
Nephentes
Quand les Tunisiens prendront ils conscience de l'ampleur des menzcrd
a posté le 19-07-2020 à 21:40
Soyez remercie mille fois Si Houcine pour votre article

Mais force est de constater a mon modeste niveau

Que la plupart des Tunusiens n'ont aucune conscience de ce qui risque de leur arriver

Aucune

Rappelons qu 'au Liban la livre s'est depreciee de plus de 60% en deux annees et que plus de la moitie oui plus de la moitie de ka population vis sous le seuil de pauvrete et un tiers soys le seuil de pauvrete absolue

Cette bienheureuse ignorance beatitude meme de nos concitoyens va se transformer en traumatisme collectif dans 4 mois et engendrer selon moi inevitablement des violences
Citoyen_H
LE FLéAU DES CHAMELIERS ET DE SES PARTISANTS,
a posté le 17-07-2020 à 23:00
(atayar, cpr, ettakatol, khrarama et qalb tounes) ne nous ont apporté que faillite, terrorisme, insécurité, misère, décadence et ignorance.
Nous le paierons certainement très cher.


Lectrice
Comparaison pertinente
a posté le 17-07-2020 à 21:01
A chaque fois que je lis les news sur le Liban, je ne ne peux m empecher de faire le parallele avec la Tunisie. Dernierement, les feux de la circulation ont cesse de fonctionner au Liban. Ils avaient ete reetablis a la fin de la guerre civile. Toute une symbolique. Solidarite avec le peuple libanais.
Nephentes
En attendant tout le monde se la coule douce
a posté le 17-07-2020 à 18:03
Les voleurs ont planque leur fric hors sol

Les creve la faim oublient en jouant aux cartes en regardant les feuilletons et surtout en dissequant ragots et debilites sur FB et dans les cafes

Viva la Tunisie
takilas
Donc l'?gypte et l'Algérie indemnes
a posté le 17-07-2020 à 16:02
Il n'y a que la Tunisie qui souffre des affres du l'extrémisme et du terrorisme.
Wissem
Qu'il est loin le temps glorieux des Phéniciens.
a posté le 17-07-2020 à 15:31
Quand je pense que c'est deux pays avaient un passé en commun glorieux...
Triste sort que subit le Liban en ce moment, et la Tunisie s'y dirige doucement mais sûrement. En tout cas là situation actuelle du Liban est catastrophique. C'est la pire crise de leur histoire. Il faut savoir par exemple qu'en ce moment, des bon pères de famille s'adonnent à des attaques à main armée pour du lait en poudre à apportés à leur bébé...
Ancêtres.
Ettounsi El Ghaddar.
a posté le 17-07-2020 à 14:32
Spécimen bâtard avec le temps est devenu pur race Ghaddar.
Bil
orthographe
a posté le 17-07-2020 à 13:06
"On n'a l'heur de saisir à sa juste mesure l'ampleur du péril"

L'art et non "l'heur", sans (e) en plus !

B.N : Merci d'avoir attiré notre attention.
Gg
Hélas, oui
a posté le 17-07-2020 à 09:46
Depuis hier je cherche des arguments à opposer à votre constat bien pessimiste, et n'en trouve pas.
Le Liban a aussi une classe politique déchirée dont le peuple est las, corrompue et en partie mafieuse, une industrie dévastée qui n'offre aucune base de discussion avec les instances comme le FMI, il a aussi ses fanatiques violents et obscurantistes avec le Hezbollah, le parallèle est indiscutable.
Mais cela peut encore changer. Le Président Saied paraît prendre ses responsabilités, l'ARP compte de vrais patriotes, il ne manque qu'un gouvernement compétent et neutre pour redonner le moral au pays. Quelques résultats économiques, une remise en ordre de la justice et des administrations, et le chemin serait engagé...
Pourquoi pas?
LotfiBC
Au fond , pas au bord du gouffre
a posté le 17-07-2020 à 09:37
La Tunisie n'est pas au bord du gouffre,elle est au fond du gouffre; cela a débute depuis l'arrivée des terroristes au pouvoir; malheureusement , et contrairement à l'Egypte , l'armée ne réagit pas;
jyb
Triste à mourir
a posté le 17-07-2020 à 00:20
Il est fort possible pour la Tunisie, qu'il faille un jour (très proche hélas) passer par la case banqueroute pour que "tout le monde" comprenne enfin, qu'il est impossible de vivre indéfiniment au dessus de ses moyens.
Nephentes
Bravo.
a posté le 16-07-2020 à 21:15
Comme d'habitude des informations de fond qui nous eclairent

Au contraire des soit disant chroniques de vos collegues

Ce qui etonne c'est l'insouciance et l'inconscience de tous par rapport aux menaces

Je pense qu'il y a la un flagrant manque de culture et de maturite
Alya
Excellente comparaison
a posté le 16-07-2020 à 20:45
Pardon pour l e xpression orientale yikhrib bittik et la c est vraiment khribna bladna bravo a tous les protagonistes .