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S'il y a un danger pour le pays, BCE interviendra… Qu'il intervienne alors !
21/03/2017 | 15:59
6 min

 

La Tunisie a célébré hier sa fête de l’indépendance, Joyeuse fête de l’Indépendance alors à tous les Tunisiens, en attendant que l’on soit totalement indépendants des autres colons. Entre les arabes qui nous ont colonisés, il y a 15 siècles, les divers créanciers, le joug islamiste, l’analphabétisme, la fainéantise ou l’incivisme, les Tunisiens ont encore du chemin pour devenir totalement libres.

 

A l’actualité cette semaine, précédant la fête de l’indépendance, la visite de Cheikha Mozah en Tunisie. La princesse a été reçue comme une princesse par le président de la République et le chef du gouvernement. Elle a, semble-t-il, beaucoup de projets pour notre pays. Elle veut aider cette jeune démocratie naissante, la première (semble-t-il encore) du monde arabe. On a bien envie de rappeler le dicton « charité bien ordonnée commence par soi-même », aussi bien à la princesse qu’à sa chaîne TV Al Jazeera par qui bien de malheurs sont arrivés à la Tunisie.

 

La coutume veut que la fête de l’indépendance coïncide avec une allocution solennelle du président de la République au palais de Carthage. Pour cette année, le chef de l’Etat a choisi de donner une interview à la télé publique et d’organiser une réception au palais. On a pris soin, dans la foulée, d’en écarter ceux qui n’ont pas été «obéissants » au cours des derniers mois. Le retour aux anciennes méthodes du bâton et de la carotte ? Ça en a l’air…

De l’interview accordée à l’excellent Mourad Zeghidi, quoiqu’en disent ceux qui sont derrière leur écran, je retiens cette phrase de Béji Caïd Essebsi : « S’il y a un danger pour le pays, j’interviendrai ! ».

Pléonasme, car on n’en attend pas moins d’un président de la République. Le souci est que l’on estime qu’il y a bel et bien un danger et que son intervention directe et forte est de plus en plus souhaitée. Que le président de la République estime qu’il n’y a pas encore de danger prouve qu’il est isolé ou/et qu’on ne lui fasse pas parvenir les bonnes informations.

 

Si le danger du court terme, relatif au terrorisme, est éloigné (mais pas encore écarté), il y a des dangers sur les moyen et long termes qui nous guettent et qui s’infiltrent en silence, comme une tumeur cancéreuse s’infiltre dans un corps. On ne s’en aperçoit que lorsqu’il est déjà trop tard.

 

A Nidaa, tout d’abord, BCE prend pour de l’argent comptant ce qu’on lui dit à propos de ce qui s’y passe. A commencer par la députée Leila Chettaoui accusée d’être derrière les fuites des enregistrements d’une réunion du parti. Faux !

Quel rapport entre le parti fondé par le président et le danger guettant le pays ? Sa composition actuelle est des plus inquiétantes. Son infiltration indirecte par des chefs de lobbys puissants n’augure rien de bon. Ces chefs de lobbys usent de langage guerrier rappelant celui des mafias, au risque de voir la Tunisie ressembler à l’Italie des années 70-90. Cette route ne peut qu’être émaillée de sang et on n’en veut pas. Dhafer Néji, responsable de la communication de l’ancien chef du gouvernement Habib Essid a tiré la sonnette d’alarme et il n’a pas tort. Ces mêmes chefs de lobbys affichent publiquement leur proximité avec des chefs de lobbys libyens dont l’idéologie est à l’exact opposé de ceux avec qui l’Etat tunisien est en train de discuter pour résoudre l’épineux problème libyen. Le risque de ramener la guerre libo-libyenne est important et on n’en veut pas !

 

Troisième souci avec Nidaa, son infiltration par des chefs religieux alors que le président de la République et l’écrasante majorité de ses électeurs (pour ne pas dire 100% de ses électeurs) crient sur tous les toits qu’il faut éloigner la religion de la politique. Le parti islamiste Ennahdha joue le jeu avec une superbe hypocrisie et a séparé, en façade, le travail de prédication du travail politique. Que Nidaa fasse l’inverse et ramène lui-même le ver dans le fruit, est on ne peut plus dangereux.

Quel rapport entre le parti fondé par le président et le danger guettant le pays ? Ainsi infiltré, Nidaa ne peut qu’imploser ouvrant, du coup, la voie au seul et unique parti véritablement organisé et structuré, qu’est Ennahdha. Il ne faudra pas attendre longtemps pour le voir de nouveau parler de califat et de chariâa…

 

L’autre danger qui guette la Tunisie est l’UGTT. Non pas l’UGTT en tant que centrale, mais en tant que structures. Les dirigeants sectoriels échappent de plus en plus à la centrale et font preuve d’une indiscipline qui risque de mener la centrale et le pays à la dérive. Le meilleur exemple est ce qui se passe au sein du syndicat de l’Education où l’on a un Lassâad Yaâcoubi (incapable de rédiger un post FB sans y glisser des fautes) menacer de grève ouverte si l’on ne limoge pas le ministre !

Aucun syndicat au monde n’oserait une telle menace s’il avait en face de lui un Etat fort. Or l’Etat est en déliquescence et BCE a été élu pour redorer son blason et son prestige. C’était plus qu’une promesse électorale, c’était le fondement même de sa campagne !

Qu’aurait fait un Etat fort face à un syndicat qui dépasse les limites de l’entendement et enfreint ouvertement la loi ? Il faut simplement appliquer la loi en prenant à témoin l’opinion publique et la centrale. Cela va du blocage des salaires des jours de grève à l’application de l’article 107 du code pénal : « Le concert arrêté entre deux ou plusieurs fonctionnaires ou assimilés en vue de faire obstacle par voie de démission collective ou autrement, à l'exécution des lois ou d'un service public, est puni de l'emprisonnement pendant deux ans.  Cette disposition ne fait pas obstacle à l'exercice, par les agents publics, du droit syndical, pour la défense de leurs intérêts corporatifs, dans le cadre des lois qui le réglementent ».

 

Dernier et plus gros danger qui guette le pays, la corruption. Qu’a fait BCE pour lutter contre la corruption ? Pas grand-chose pour le moment. Et même la loi de l’enrichissement illicite en cours de préparation ne pourra pas grand-chose tant qu’il n’y a pas de véritable volonté politique pour endiguer ce mal endémique. Les gros bonnets et les gros poissons continuent à jouir d’impunité, il suffit de voir le commerce informel dans le pays. Les partis et dirigeants politiques censés être le modèle d’exemplarité (pardonnez-moi cette blague) sont les premiers à donner le contre-exemple de la nécessité de transparence dans la vie publique. Personne ne s’interroge sur l’enrichissement soudain des députés et de certains hauts fonctionnaires de l’Etat. Ennahdha, parti tout-puissant, a été attrapé la semaine dernière la main dans le sac et documents à l’appui de transfert de devises au profit d’une boite de communication américaine. A l’exception de deux-trois médias, qui a bougé suite à cette révélation ? Ni le ministère public, ni le ministère des Finances, ni la BCT, ni BCE et certainement pas les partis, se disant propres et intègres,qui luttent contre la corruption en fonction de la tête du client.

 

BCE ne veut pas fragiliser son partenaire au pouvoir ? C’est pourtant bien Ennahdha qui est derrière les grabuges à l’Education (selon le témoignage de Néji Jelloul), c’est bel et bien Ennahdha qui est derrière le début d’implosion de Nidaa et c’est bel et bien Ennahdha qui profite le plus de la fragilisation de l’Etat. Une fois ses adversaires battus, le parti islamiste peut faire main basse sur le pays et l’ « erdoganiser » pour de bon et pour longtemps.

BCE dit qu’il est optimiste pour la Tunisie et je le suis également, mais il y a de véritables dangers qui guettent ce pays et nécessitent son intervention immédiate pour que cet optimisme perdure et se concrétise dans la réalité. 

21/03/2017 | 15:59
6 min
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Commentaires (13)

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Forza
| 25-03-2017 14:26
Bonjour l'ami
C'est l'histoire qu'on nous enseigne dans les écoles en Tunisie qui veut que l'histoire de la Tunisie commence avec l'arrivée de Alissa mais la Tunisie est beaucoup plus ancienne.
Vous avez donné l'exemple de Tarek Ibn Ziyad comme premier général de renommée amazigh mais les ancêtres de Tarek sont bien là, deux exemples Jugurtha (vous êtes vous-même Kefois donc du c'ur du royaume de Jugurtha) et Sifax dont notre deuxième vielle du pays porte le nom. Aussi les meilleurs victoires de Hannibal contre Rome ont en faite été réalisés par des soldats amazighes de la Numidie (l'ouest de la Tunisie et l'est de l'agerie), lire leur impact sur les forces de Rome lors de la bataille de Cannes. Aussi pour l'écriture, la civilisation amazighe avait sa propre écriture avec les lettres tifinaghs et le roi amazighe Youba II a beaucoup contribué dans la propagation de cette écriture qui est restée vivante chez les Touarègues jusqu'à nos jours et elle est utilisée aujourd'hui par les marocains pour l'enseignement de la tamazight dans ses différents dialectes (même si je pense que l'utilisation de l'alphabet arabe aurait pu faciliter beaucoup plus l'apprentissage).
J'ai écrit il y'a des semaines que l'enseignement de l'histoire de la Tunisie et en Tunisie a besoin d'une reformation.
Quelques liens :
Roi Youba II
https://fr.wikipedia.org/wiki/Juba_II
ecriture tifinagh
https://fr.wikipedia.org/wiki/Tifinagh
Roi Syphax
https://en.wikipedia.org/wiki/Syphax

Abel Chater
| 23-03-2017 14:08
A BN et à Nizar Bahloul
J'ai pris vent des réclamations judaïques contre votre journal. Vous ayant menacé de résilier le site. S'étant basé sur le droit de supprimer tout contenu déposé par des utilisateurs sur le site contrevenant à la législation applicable en France, notamment en relation avec les dispositions relatives à des informations à caractère raciste, injurieux, diffamant ou pornographique.
Je sais aussi qu'ils ne visent pratiquement que ma personne, parce que je les ai vaincus tous ensemble par la force de ma vérité, à laquelle ils n'ont jamais pu rétorquer que par leurs insultes à deux balles. Une méthode qu'ils utilisent partout dans le monde, sauf qu'avec moi, ça n'a pas marché d'un seul iota.
Toutefois, pourquoi à nous, vous nous censurez méticuleusement chaque mot qui pourrait les vexer, mais avec eux, ils se permettent d'insulter et de diffamer les Arabes et les Musulmans à caractère purement raciste, sans que personne ne réclame leur interdiction, ni même que BN ne les censure?
Sommes-nous toujours restés les poneys de petite hauteur, que chacun peut nous monter, même par le biais des Nôtres ?
Je n'ai jamais pensé qu'ils allaient vous mettre à genoux. J'ai beaucoup cru en Nizar Bahloul et à son équipe, que j'ai accompagnés depuis le départ de BN. Mais hélas, BN s'est transformé en un boomerang contre la cause tunisienne elle-même.
Que faire, hormis pleurer notre chance de Tunisiens colonisés pour l'éternité !!!

Nephentes
| 22-03-2017 13:15
Bravo pour cet article; cela faisait un moment que j'en avais pas lu d'aussi pertinents sur votre site.

"Il y a des dangers sur les moyen et long termes qui nous guettent et qui s'infiltrent en silence, comme une tumeur cancéreuse s'infiltre dans un corps."

En effet.

L'infiltration islamiste s'est nourrie de la régression pyschosociale que connaît le pays depuis 30 années.

Et, cela est vrai, elle modèle peu à peu le mode de fonctionnement de la société, incluant ses dérives les plus dangereuses pour notre avenir.

Du côté des laïcs, on ne trouve pas grand monde de valable c'est à dire de légitime.

Je pense que le seul salut possible est en provenance de notre élite d'expatriés; on retrouve des gens brillants, des gens jaloux de leur pays, des gens intègres et responsables qui ne sont pas compromis avec les lobbys semi-mafieux omniprésents sans ce pays.

L'hostilité et la jalousie des tunisiens restés au pays, vis-à vis de cette élite éparpillée un peu partout à travers ce vaste monde, doit cesser : il faut en finir avec cet infantilisme et cet aveuglement collectifs suicidaires.

Et laisser les gens sauver ce qui reste de cette si brillante et admirée Tunisie des années 1975 - 1985





okba
| 22-03-2017 12:47
Excellente analyse

ranjeet singh
| 22-03-2017 10:21
BCE fait partie du problème, c'est lui qui a introduit le ver dans le fruit;comment donc s'attendre de sa part à une quelconque intervention? le voudrait il qu'il ne le pourrait d'ailleurs pas

DHEJ
| 22-03-2017 09:41
A DANGER quelle intervention? Constitutionnelle, pénale ou civile???

Mais si le danger est FAMILIAL alors quelle intervention possible???


Sans pour autant oublier, que BCE a-t-il la faculté d'anticiper pour se saisir de ses prérogatives et convoquer tout membre du gouvernement lui demandant un compte rendu "constitutionnel"! En attendant, la constitution lui donne l'article 80 de la constitution:


Le Président de la République peut s'adresser à l'Assemblée des représentant
En cas de péril imminent menaçant l'intégrité nationale, la sécurité ou l'indépendance du pays et entravant le fonctionnement régulier des pouvoirs publics, le Président de la République peut prendre les mesures qu'impose l'état d'exception, après consultation du Chef du Gouvernement, du Président de l'Assemblée des représentants du peuple et après en avoir informé le Président de la Cour constitutionnelle. Il annonce ces mesures dans un message au peuple.


Ces mesures doivent avoir pour objectif de garantir, dans les plus brefs délais, le retour au fonctionnement régulier des pouvoirs publics. Durant cette période, l'Assemblée des représentants du peuple est considérée en état de session permanente. Dans cette situation, le

Président de la République ne peut dissoudre l'Assemblée des représentants du peuple et il ne peut être présenté de motion de censure contre le Gouvernement.

Trente jours après l'entrée en vigueur de ces mesures, et à tout moment par la suite, la Cour constitutionnelle peut être saisie, à la demande du Président de l'Assemblée des représentants du peuple
ou de trente de ses membres, pour statuer sur le maintien de l'état d'exception. La Cour prononce sa décision en audience publique dans un délai n'excédant pas quinze jours.

Ces mesures prennent fin dès la cessation de leurs motifs. Le Président de la République adresse à ce sujet un message au peuple.


Pour dire, je crois savoir que la Tunisie est en "ETAT D'URGENCE"!


Alors BCE faut-il remuer ton cxx?

La cause du peuple
| 22-03-2017 09:09
C'est pourquoi nous demandons la demission de celui qui se joue de nous , qui se joue de tout,
les accords avec les arabes du golfes les ennemies de notre tunisie vs avez affaibli la classe de la tunisie

NY
| 21-03-2017 22:01
J'apprécie l'analyse, Malheureusement, rien de nouveau Nizar !!! Nous avons besoin d'idées... de projets... d'issues... On en a marre des discours sans fin. Regardez un peu au tour de vous: aux usa, en Europe (France, Allemagne, Suède, Norvège, Italie, Espagne, Grèce et Portugal dont personne n'en parle...) vous comprendrez mieux... C'est l'eternel dilemme... protectionnisme Vs mondialisation. Personne ne pourra prédire l'issue de cette inévitable 'guerre'... et celui qui le saura, en sortira... vainqueur, s'il en reste.

observator
| 21-03-2017 19:15
Monsieur Nizar, sur les fameux 3000 ans d'histoires, il n'a évoqué que les Arabes comme colonisateurs.
Je rappelle à Monsieur Nizar les faits historiques suivants :
Quand les Arabes sont arrivés en Afrique du Nord ( 670 fondation de Kairouen par Okba) ils ont trouvé les colonisateurs byzantins qu'ils ont battus d'abord.
Les berbères étaient colonisés oppressés par les divers envahisseurs. La preuve, avant l'arrivée de l'Islam, y a t il eu une civilisation berbère propre c'est à dire , une langue, une littérature, une philosophie, des sciences, des inventions, ....des grands savants ( vous allez me citer Saint Augustin ( un prêtre) . Les berbères ont ils marqué l'Histoire de l'Humanité en participant à son essor, jusqu'au à la fin du 7eme siècle non et non.
C'est à partir de l'avènement de l'Islam et de la langue Arabe chez nous que nos ancêtres les berbères commencèrent à être féconds.
C'est à partir de ce moment que les berbères ont commencé à jouer un rôle dans la civilisation humaine.
Ils sont devenus des grands chefs militaires comme Tarek Ibn Zied et Moussa ibn Noussaier, et au fur à mesure que la civilisation arabo-musulmane s'affirmait dans tous les domaines, des savants d'origine berbère ( Ibn Khaldoun, Ibn Jazzar...) voyaient le jour mais tous écrivaient et lisaient en langue arabe pas en langue berbère.
........Un hadith dit : "est Arabe celui qui en parle la langue".
Donc nous sommes des berbères arabisés.
L'Arabe est pris au sens culturel et non ethnique.
Donc si vous enlevez l'Histoire Arabo-musulmane de l'Afrique du Nord que nous reste il ?.
Nos ancêtres n'étaient que des tribus souvent incultes et soumises aux envahisseurs.
Non réjouissez-vous de cette époque.
L'Histoire est là.

takilas
| 21-03-2017 18:38
Les arabes (nous-mêmes tout le peuple) ont chassés le romains jusqu'au dernier soldat ; sauf les romains qui ont fui et qui ont rejoints quelques fugitifs physiciens, lesquels physiciens ont été chassés jusqu'au dernier par le romains et ce vers l'extrême sud algérien
Les occidentaux sont rageurs jusqu'à ce jour d'avoir été conquis par les arabes et surtout par l'islam, ils se sot rabattus à ternir l'image de tout le Maghreb et ont improvisé des supposés amazigh qui ne don et en fait que d'un groupe restreint désarmé et sans possibilité aucune de survie, venu d'une région asiatique aride et infertilité, qui a traversé tant le Chem, les pharaons pour se localiser moins des dangers animaliers et climatiques de l'Afrique, mais furent vite donc délocalisés par les milices romains fuyards.