alexametrics
jeudi 02 mai 2024
Heure de Tunis : 22:23
A la Une
Rafik Kanoun confiant quant à l'avenir de la SNMVT Monoprix
26/05/2019 | 17:27
7 min
Rafik Kanoun confiant quant à l'avenir de la SNMVT Monoprix

 

Une conjoncture difficile avec le développement du commerce parallèle, une hausse de l’inflation, une baisse du pouvoir d’achat, le tout accouplé à une concurrence de plus en plus rude alors que son plan de transformation n’a pas été achevé, ont impacté le résultat de la Société nouvelle maison de la ville de Tunis SNMVT Monoprix. Ceci dit, le management continue ses efforts pour redresser la barre et renouer avec une profitabilité durable, en progression.

 

C’est globalement ce qui ressort de l’assemblée générale ordinaire pour l’exercice 2018 qui s’est tenue jeudi 23 mai 2019 à l’Institut arabe des chefs d’entreprise, sous l’égide du président du conseil, Mohamed Mounir Ben Miled et du directeur général, Rafik Kanoun.

 

 

La SNMVT Monoprix clôture 2018 avec un résultat bénéficiaire de 3,2 millions de dinars (MD) contre 4,42 MD une année auparavant, malgré un impôt de 1,25 MD et une contribution solidaire sociale de 36.970 dinars.

La société a enregistré un chiffre d’affaires (CA) HT en hausse de 5,81%, qui a évolué de 556,58 MD en 2017 à 588,94 MD en 2018. Ses charges d’exploitation ont évolué de 6,12%, sous l’effet de la hausse des frais de personnel de 4,9% et des achats d’approvisionnements consommés de 23,25%. La marge nette s’est améliorée de 0,17 point passant de 18,8% en 2017 à 18,97% en 2018.

 

Pour le groupe, le résultat net de l’ensemble consolidé passe de -312.620 dinars EN 2017 à -8,85 MD en 2018, avec un impôt de 2,75 MD. Le résultat net part du groupe évolue de -1,21 MD à -9,46 MD.

 

 

Rafik Kanoun est revenu sur le renforcement des difficultés économiques du pays qui se sont répercutées sur la grande distribution. Au menu une inflation galopante atteignant les 7,5% fin 2018, une dépréciation du dinar de 19,2% pour cette même année, une flambée du TMM et un manque de trésorerie. A ceci s’ajoute une flambée des prix de production de plusieurs denrées de base (+31,6% pour les œufs, +15,1% pour la viande bovine, +13,9% pour la viande ovine, +11,2% pour le lait et dérivées, etc.). " Le ménage a ainsi perdu 40% de son pouvoir d’achat entre 2014 et 2018 ", a-t-il indiqué. Et de noter la régression préoccupante de la classe moyenne 50% en 2018 contre 70% en 2010.

Tout ceci a impacté la grande distribution qui se trouve en difficulté, en tout cas en se référant aux chiffres des deux sociétés cotées en bourse. Certes leurs revenus ont augmenté, mais leurs charges d’exploitation encore plus et c’est globalement les produits de placement et charges financières qui ont fait la différence.

 

M. Kanoun a précisé que leurs concurrents habituels ont continué leur rythme soutenu d’ouverture de magasins outre l’émergence et la croissance de points de vente de plusieurs chaines de distribution locales. Il a souligné l’explosion du nombre des étalages, notamment de fruits et légumes.

Le DG met relief une communication agressive de Aziza qui avait réservé 2,5 fois le budget de Monoprix en termes d’investissements publicitaires. La chaine avait gardé la même enveloppe qu’une année auparavant alors que Carrefour avait baissé la sienne.

 

S’agissant des réalisations, la SNMVT a poursuivi son plan de transformation entamé depuis 2016. La société continue la transformation de la direction commerciale en termes d’organisation, de process, de motivation, … . Elle a réduit son effectif d’une centaine de personnes malgré deux ouvertures de magasin, ce qui reflète l’amélioration de l’efficacité commerciale, note M. Kanoun. En outre, la chaine a favorisé les investissements publicitaires télé pour réduire la perception de cherté dont elle souffre.

Avec les 22.000 articles à gérer, la société a essayé de centraliser davantage des commandes logistiques et de paramétrer son système d’information. Elle a mis à niveau les équipements de certains magasins (froid, climatisation, sécurité, électricité, levage, etc.).

En outre, la chaine a déployé un projet 5S dans les magasins et dépôts pour plus d’hygiène, de sécurité et d’optimisation des coûts de stockage, avec un renforcement des standards. Elle poursuivit son programme de réduction des coûts et de maitrise d’énergie : elle a réussi à garder le même coût énergétique malgré la hausse du prix de l’électricité et l’ouverture de deux nouveaux magasins.

 

 

Monoprix a révisé son mix prix pour se situer dans la fourchette moyenne des prix, a expliqué Rafik Kanoun. Elle continue d’innover avec la première carte de fidélité digitale, un jeu de réalité augmentée et surtout le lancement de sa plateforme de vente en ligne "Monoprix Click and collect", qui a démarré en octobre 2018 au magasin de Carthage. Elle permet aux clients de faire leurs courses en ligne puis de venir les récupérer dans un délai prédéfini, le payement se faisant électroniquement ou à la réception des produits. La société s’apprête à étendre son concept à 5 autres magasins dont un à Sousse, confie le DG.

En parallèle, la SNMVT Monoprix a continué ses investissements que cela soit avec de nouvelles ouvertures ou des rénovations. Entre 2018, l’enseigne a ouvert 2 nouveaux points (Mateur et Sousse Messaï) soit près de 2.200 m2 de superficie de vente en plus et rénové deux autres (Carthage et Bizerte) pour une surface de plus de 1.907 m2. Pour 2018, son programme se poursuit.

Pour 2019, l’enseigne a ouvert un magasin à La Manouba et prévoit l’ouverture d’un second au Cap Bon. Son programme de rénovation concerne trois magasins à Sousse, à Tabarka et à Zarzis.

 

Ouvrant le débat Abdelaziz Ben Youssef s’est demandé s’il ne fallait pas arrêter les ouvertures pour maitriser les charges financières, fermer les magasins qui ne sont pas rentables et faire ce que fait Aziza pour attirer les clients. Il s’est inquiété de la baisse des produits financiers. M. Ben Youssef a voulu en savoir plus sur les échos selon lesquels le groupe Mabrouk aurait été condamné à une lourde amende par le conseil de la concurrence.

Adnene Ben Hanachia estime, pour sa part, qu’en survolant les prix de Monoprix, pour lui c’est soit la chaine ne sait pas négocier, soit il y a certaines parties qui sont en train d’en profiter.

Des analystes ont demandé des explications sur la hausse de plus de 30% ainsi que sur la baisse importante de la trésorerie alors qu’il s’agit d’une activité de cash.

 

 

En réponse, le directeur administratif et financier Mohamed Yousfi a assuré que l’endettement ne représente que 20% du passif. Ceci dit, il a souligné le coût du financement qui a augmenté de 40% entre décembre 2017 et décembre 2018, à cause de la hausse du TMM. C’est pour cette raison que dorénavant l’enseigne doit augmenter la proportion des financements propres de ses projets, qui ne peut se faire que par la compression des charges pour améliorer les cashflows. En ce qui concerne la baisse des produits financiers, il a assuré que toutes les filiales se portent bien à l’exception de la société industrielle MMT responsable des produits frais, de leur stockage et de leur transformation. S’agissant de la baisse de trésorerie, il a précisé que la migration du système d’exploitation a été une opération lourde et compliquée, qui a entrainé un retard de payement des fournisseurs d’un mois, ce qui a impacté 2018, expliquant les 25 MD de décalage.

Pour sa part, le secrétaire général Béchir Zaâfouri a soutenu en ce qui concerne l’affaire les opposants à Land’Or que jusqu’à la tenue de l’assemblée aucune décision ne leur a été notifiée de la part du conseil de la concurrence. Et que de toute façon, le groupe pourra y faire recours via le Tribunal administratif. Pour lui, la société est dans son bon droit, il n’y a eu aucun recours à aucune action anticoncurrentielle, preuve à l’appui Land’Or est en train de se développer. Et de marteler que Monoprix a le droit de choisir chez qui se fournir. «N ous sommes confiants, nous allons gagner devant le Tribunal administratif », a-t-il affirmé.

M. Kanoun a indiqué que l’enseigne scanne le prix de la concurrence et que 75% des prix pratiqués sont les mêmes que la concurrence, 15% plus cher et 10% moins cher. En outre, elle scanne la probabilité magasin par magasin et une dizaine sont en difficulté ; Des plans de transformation sont mis en place et ils auront des délais de redressement. Certains seront fermés.

 

L’évolution du chiffre d’affaire en 2019 sera meilleure qu’en 2018, a assuré Rafik Kanoun. En effet, en se référant aux chiffres du premier trimestre 2019 communiqué à la bourse, le chiffre d’affaires TTC a enregistré une progression de +8,18% par rapport à un an auparavant, ce qui prouve l’efficacité de la stratégie mise en place.

 

SNMVT Monoprix ne peut que poursuivre son plan de transformation dont les retombées sont attendues pour 2020. Entre temps, elle devra faire de son mieux pour dépasser une conjoncture de plus en plus difficile.

 

Imen NOUIRA

26/05/2019 | 17:27
7 min
Suivez-nous