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Chroniques
Où doit aller le « Capital » ?
Par Faten Kallel
26/05/2023 | 09:45
4 min
Où doit aller le « Capital » ?

 

A la question « Qu'est-ce qu'il est nécessaire de faire pour relancer l’économie ? », on aurait instinctivement tendance à pointer du doigt la réforme de l'État. On pense sans hésiter à son inertie, ses procédures compliquées, ainsi que son manque de vision et d'ambitions, qui impactent négativement les performances économiques du pays.

 

Cette idée fixe, qui consiste à dire que tous nos maux viennent de cet État, "mastodonte administratif" qui empêche toute évolution dans le pays, est considérée comme un postulat de base dans tout débat autour de l'économie. Néanmoins, on pourrait supposer qu'un jour nous arriverons à réunir toutes les conditions propices à une action publique de qualité, avec un paysage qui se composerait d'un gouvernement de hautes compétences, d'un parlement aligné à la vision de l'exécutif et des moyens financiers adaptés, avec pour objectifs communs de repenser le rôle de l'État et d'optimiser son mode d'intervention dans le processus de développement. Dans ce cas, cela serait-il suffisant ? Le secteur privé, dans cette configuration, aurait-il les capacités requises pour s'inscrire dans une transformation économique d’envergure ?

La réponse n'est pas aussi évidente. Bien que l'État accuse énormément de défaillances, le secteur privé national non plus n'a pas montré un grand dynamisme ces douze dernières années. L'instabilité était certes un facteur négatif, mais principalement pour l'action gouvernementale et politique. Face à l'absence d'initiatives publiques, cela aurait pu être une opportunité pour les organisations patronales, afin d'imposer une vison de transformation qui leur est avantageuse, vers plus de flexibilité et moins de barrières, en prenant à témoin l'opinion publique et plus spécialement les jeunes, demandeurs de changement et d'espoir. Mais dans la réalité, le secteur privé dans sa majorité, a préféré l'attentisme et l'alignement au rythme du politique.

Le problème c'est qu'en 2023 lorsqu'on parle d'une économie forte, cela implique nécessairement d'importantes capacités d'innovation et un capital courageux et dynamique, qui saisit les opportunités là où elles sont, et qui cherche non seulement la création de valeur mais sa maximisation. Avec le développement de l'Intelligence Artificielle, le monde vit une phase comparable à la révolution industrielle, avec une cadence de transformation encore plus vertigineuse. Une technologie qui révolutionne totalement les modes de production et l'organisation du travail, alors que nous n'avons pas encore tout à fait assimilé les effets de la précédente. Si la révolution industrielle a causé les transformations profondes qu'on connait et a causé des écarts immenses en matière de développement entre le Nord et le Sud, l'intelligence artificielle pourra définitivement creuser un faussé infranchissable entre les deux rives.

Face à cela, l'investisseur privé tunisien ne manque pas d'inertie, il reste extrêmement averse aux risques, et ne s'aventure que très rarement loin des sillages que trace l'État. D'ailleurs, notre économie est basée principalement sur des activités peu risquées, généralement protégées et encouragées par les autorités publiques. Notamment un tourisme et des industries manufacturières à faible valeur ajoutée. Avec un secteur financier loin des standards internationaux, formé principalement de banques généralistes, qui offrent une palette limitée d'instruments financiers, avec une faible capacité à répondre aux besoins divers des opérateurs économiques et des particuliers.

Or grâce à la transition démocratique et l'espace de liberté qui s'est crée en conséquence, la Tunisie a réussi quand même à mettre en place un processus d'idéation assez intéressant, ayant aboutit à la création d'un écosystème de startups, certes trébuchant encore, mais d'où ont émergé des champions continentaux et mondiaux, tel que Go MyCode, un acteur majeur en Afrique et Moyen Orient de l'éducation technologique non diplômante, Expensya le leader des solutions de gestion des notes de frais, présent dans plus de 100 pays, sans oublier Instadeep, notre champion de la Deeptech, racheté par BioNTech en début d'année, et qui se valorise aujourd'hui à près de deux milliards de dinars. Tous ayant compris l'importance de réfléchir à échelle globale, tout en partant du local.

Afin de soutenir leur courbe de développement, ces acteurs de l'innovation, ont dû très tôt trouver des alternatives de financement ailleurs qu'en Tunisie. Faisant perdre au pays une source de création de valeur importante, qui se valorise à plusieurs centaines de millions de dollars. Des montants que des entreprises classiques mettraient des décennies à atteindre. Certes le cadre réglementaire rigide et les procédures administratives contraignantes ont facilité les départs. Néanmoins, le manque de sources de financements privés à des stades précoces, ainsi que la frilosité des investisseurs individuels, ont été déterminants. Ces soutiens indispensables dans tout écosystème d'innovation, les "Business Angels", capables de prendre des risques, de soutenir le développement à des étapes cruciales, que ce soit à travers l'injection de fonds ou le conseil et le transfert de compétences, n'existent pas suffisamment en Tunisie.

Dans ce cadre, d'énormes efforts restent à faire quant à la dynamisation des investissements privés et des mouvements de capitaux. Si nous voulons une réelle transformation économique, il est primordial que le privé se saisisse de son rôle, à savoir prendre des risques et sortir des sentiers battus. Cette consanguinité économique a assez duré, où on finance toujours les mêmes activités, ceux qu'on connait d'abord, pour à la fin aboutir à des résultats mitigés. Avoir une vision complète du monde, de ses dynamiques, et oser y proposer des solutions pertinentes, tout en se saisissant du plein potentiel de la science et de la technologie, la jeunesse tunisienne l'a bien compris. Reste maintenant que l'Etat doit se réformer et le privé se libérer de son conservatisme et suivre le pas de cette Tunisie qui ne cherche qu'à renaitre de ses cendres.

Par Faten Kallel
26/05/2023 | 09:45
4 min
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Commentaires
Zarbout
Le problème est ailleurs!
a posté le 28-05-2023 à 08:13
Comme par hasard, durant les années 70 (77 ?) deux syndicats, géographiquement éloignés, avaient appelé le même jour à une grève générale : c´étaient Le syndicat japonais Reng' et le syndicat italien CISL.
Le résultat était:
- Le taux de participation à la grève au Japon était de 2%
- Celui en Italie était plus de 50%

Moralité : le japonais est discipliné avec une conscience du sens du devoir, tandis que l´Italien aime bien être assisté et profiter de l´Etat providence. Il s´agit bien ici d´un conflit de mentalité et d´une certaine « Weltanschauung »

En premier lieu, nous sommes le problème de nos propres malheurs. Peut être en changeant notre mentalité rouillée on aura une perspective plus positive de la vie et un avenir plus prometteur ! Tout commence par l´école'?'
Zaouali
OMMI SISSI
a posté le 26-05-2023 à 12:52
A Juan,
Juste pour appuyer votre commentaire, vous savez que dans ce misérable pays, seulement le fils d'un pharmacien à le droit de devenir pharmacien ? donc a mon avis il faut fermer cette faculté de pharmacie de Monastir car elle ne fait que produire des chômeurs.
Ou est l'état, ou est KS, ou sont tous ceux qui ont promis le droit de vivre aux tunisiens ? tous absents car ils ne peuvent rien faire contre cette mafia d'ordre de pharmacien.
Dans ce cirque, bientôt ilBerrrrrrrr
Abidi
Faut
a posté le à 11:12
Non Mr c'est totalement faux, même le fils d'un simple ouvrier peut devenir pharmacien ou médecin ou accéder à n'importe quel poste et spécialité et les exemples ne manquent pas
Juan
bien dit
a posté le à 11:07
Kias qui s'insurge contre les monopoles, doit d'abord casser le monopole du Attar Pharmacien. des diplomés au chomage parce qu'il ne peuvent pas s'installer à coté ou devant un autre Attar !!
ce monopole n'existe qu'en France, que vous copiez comme moutons écervelés.
Juan
culte du diplome hérité de la France
a posté le 26-05-2023 à 11:49
au lieu de produire des diplomés chomeurs, produisez des produits industriels, moins cher que les turcs. mais pour çà il faut des c... au lieu de polytechniciens techno burocrates inutiles.
himar
el klem sahel
a posté le 26-05-2023 à 11:40
Himar rigole. Himar jubile. Cette ninette ne sait que parler. Son passage au gouvernement était plus transparent qu'un souffle d'âne dans l'air de la nuit. Elle fait le constat que tout le monde fait. Himar n'a rien appris de son long message qui ne fait que dire à Himar ce qu'il sait déjà. Mais le pourquoi ? l'analyse ? les idées pour faire bouger les choses, même petit à petit, cette ninette n'en souffle pas mot. Je sais pas combien vous la payez pour nous sortir toutes les semaines ces inepties.
Zarbout
Aucun respect pour l´intégrité personnelle des autres. Vous êtes l´incarnation de notre déclin.
a posté le à 08:26
Même un âne doit se faire respecter car il est plus productif intellectuellement que vous ! il remplit bien quotidiennement ses fonctions.
DHEJ
Manque d'inertie!
a posté le 26-05-2023 à 10:37
Une belle réflexion attaque-t-elle le secteur privé dupé par l'inertie de l'Etat!


Mais qui serait capable d'améliorer l'inertie des acteurs économiques malgré les mains occultes qui gouvernent!

Des mains et des familles!
jilani
Vous êtes déjà une compétence
a posté le 26-05-2023 à 10:10
Et vous avez été ministre et vous n'avez rien fait. L'administration est gérée par les diplômés de l'ENA, cette école créée par feu Mzali était liée au parti au pouvoir, et ces personnes sont formés pour servir les gens au pouvoir et non les citoyens et les entreprises. En France Macron a fermé l'ENA. Vous parlez d'intelligence artificielle, nous avons déjà raté le développement de l'Internet et la transformation numérique de l'administration à cause des blocages politiques et de cette administration non transparente et non ouverte aux nouvelles technologies. Nous avons aussi raté le développement des énergies renouvelables à cause aussi de cette administration et des syndicalistes pourris, l'agriculture important les produits de base comme les céréales et tous les autres secteurs à cause de ces conneries. Une administration gérée à la soviet sans aucune innovation et volonté pour développer le secteur privé ...