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Chroniques
Nous, on se divise et eux, ils règnent
16/05/2011 |
min
Nous, on se divise et eux, ils règnent
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Par Nizar BAHLOUL


La sortie de Farhat Rajhi sur une vidéo, puis sur Express FM, n’a pas cessé de faire couler de l’encre. Dix jours après, on continue encore à gloser à propos de cet ancien ministre de l’Intérieur, qualifié de Monsieur propre par une partie des Tunisiens et de clown par une autre partie… audacieuse.
C’est qu’il faut de l’audace, aujourd’hui, pour être à contre-courant du flux populaire qui défend bec et ongles cet ancien magistrat.
Un ancien magistrat qui a réussi à diviser les Tunisiens.
Si tu es contre Rajhi, c’est que tu es anti-révolutionnaire, clament les premiers.
Si tu es pour Rajhi, c’est que tu es politiquement inculte, répliquent les seconds.
Nous sommes d’accord, cependant, sur un point : c’est que le monsieur est loin d’être rassembleur.

Nous sommes également d’accord que cette situation ne peut plus durer. Nous allons droit au mur, nous sommes l’objet de manipulations, notre économie est souffrante et notre avenir est loin d’être clair.
Face à ce constat, que seuls les aveugles malintentionnés refusent de voir, on est en train de multiplier les sit-in, les grèves, les revendications.
Ceux qui gouvernent cette période transitoire sont malmenés par des néo-révolutionnaires qui, hier, ne parlaient que foot, musique et fringues et se croient aujourd’hui des analystes politiques de premier rang. Ils leur font perdre toute sérénité pour mener à bien cette étape délicate.
Les politiques qui devraient prendre le relais, à partir du 24 juillet, sont en train de se livrer à des guéguerres intestines pour gagner un minuscule poste à la Constituante.
Les médias, quand ils ne sont pas manipulés par les politiques, s’adonnent à la chasse aux sorcières (avec de faux documents et des informations tronquées) et à des règlements de comptes à des fins concurrentielles.
Le risque de tout cela ? L’échec de la révolution. La honte devant nous-mêmes et devant toute la planète. Une victoire pour tous les dictateurs de la planète qui nous diront : « vous voyez bien que les peuples ne peuvent pas prendre leur propre sort entre les mains ! ».

Que faire ? Il n’y a pas 36 remèdes. Nous avons un objectif, c’est le 24 juillet et cette date devrait être respectée, en dépit de l’avis de tous ceux qui veulent la retarder. Ils vont sortir plusieurs motifs techniques, politiques, sécuritaires pour la renvoyer au mois de septembre, il faudrait tout faire pour ne pas leur en donner le prétexte.
L’Instance Ben Achour, composée par un bon nombre de personnes ayant leurs propres intérêts et leur propre agenda, a lancé, dimanche dernier, un ballon d’essai de reporter ces élections. Et, comme d’habitude, on a accusé le journaliste d’avoir piégé l’interviewé qui n’aurait pas dit exactement ce qu’on lui a attribué.
L’objectif du 24 juillet et l’organisation de la première élection démocratique nationale de notre histoire doivent être atteints.
Le parasitage soufflé par plusieurs entités doit être combattu.
Quand un parti donne de l’argent à des casseurs pour semer le trouble, ce parti doit être condamné publiquement et écarté du processus démocratique.
Quand un syndicat ordonne à ses troupes d’observer des sit-in et des grèves, l’UGTT se doit de le rappeler à l’ordre et de lui dire que le moment n’est pas propice pour de telles revendications et que, de toute façon, ce gouvernement n’a pas légitimité de négocier quoi que ce soit.
Quand un journal ou une télé diffuse de fausses informations ou essaie de manipuler l’opinion publique à travers des reportages montés de toutes pièces (tel le cas de la télé publique), il est impératif que les autorités exigent de lui de diffuser ou de publier un démenti.

Mais le rôle le plus important est celui que peut jouer la population. C’est en effet elle qui a mené la révolution et il lui revient de la réussir. Elle ne doit pas démissionner.
La population se doit de travailler, se doit de vivre normalement en sortant dans les rues et les cafés, en allant aux cinémas et salles de théâtre, aux hôtels et restaurants, aux manèges et aux jardins publics.
Les rues tunisiennes doivent être investies par les citoyens tunisiens lambda et non par les casseurs.
Il faut qu’il y ait une vie dans nos rues pour donner l’image aux autres et à nous-mêmes que nous sommes sur le bon chemin.
S’insulter les uns les autres, s’attaquer les uns les autres, se saboter les uns les autres n’arrangera en rien l’intérêt général.
On se doit de nous rassembler, la division ne servira que l’intérêt de ceux qui veulent régner.

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Un scandale, déclenché samedi soir à New York, va occuper les médias internationaux (et notamment français) tout au long des prochains jours, voire prochaines semaines.
Dominique Strauss Kahn (DSK), directeur général du FMI et grand favori de la présidentielle 2012 en France a été accusé d’agression sexuelle par une femme de chambre dans un hôtel.
Il est intéressant de voir les réactions politiques des opposants de DSK (aussi bien dans son propre camp qu’ailleurs) et leurs déclarations à venir.

Maintenant que la Tunisie va devenir démocratique, elle devra observer à son tour ce genre de scandales, ce genre de combats politiques, ce genre de coups foirés. Comment les politiques exploitent les accidents de leurs adversaires, comment les médias abordent la situation, comment réagissent les statisticiens, les militants et les citoyens.

Tous ceux qui ont l’honnêteté d’avouer méconnaître la politique, tous ceux qui (en quatre mois) croient déjà connaître ce qu’est la politique auront plein d’enseignements à tirer de ce scandale DSK que nous allons vivre en direct durant un bout de temps, chez nos amis français.
16/05/2011 |
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