
L'ancien ambassadeur, Nejib Hachana, est revenu, jeudi 27 juin 2024, sur les récentes déclarations du Haut représentant de l'Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité et vice-président de la Commission européenne, Josep Borrell.
Le Haut-représentant avait invité les Vingt-sept à entamer une réflexion afin « d’éviter certains événements qui ont suscité des inquiétudes. En particulier, le rapprochement avec la Russie, l’Iran et la Chine qu’ils perçoivent au niveau du gouvernement ».
Ainsi, l’ancien diplomate a expliqué qu’« il y a un conflit féroce sur les zones d'influence. Notre relation avec l’Union européenne est une relation de longue date, durable, apte à être développée, encadrée par un accord de partenariat et cette relation maintiendra sa dimension stratégique et géopolitique au niveau politique, économique, financier, culturel et social ». « Mais, cela n’empêche pas la Tunisie, vu les changements et le grand basculement actuel d’adopter une politique de diversification de ses partenaires et d’enrichir son portefeuille de partenaires étrangers, et sans que ça empiète sur la relation traditionnelle du pays avec l’Union européenne », a-t-il indiqué au micro de Hatem Ben Amara dans l'émission Sbeh El Ward sur Jawhara FM. L’objectif étant de ne pas mettre l’avenir de la Tunisie dans un seul panier, en rappelant que l’Europe vit actuellement une crise politique, économique et financière étouffante.
Pour lui, les propos de Josep Borrell reflètent une tendance de colonialisme selon laquelle la Tunisie doit demeurer sous l’égide de l’Europe. Or, cela n’est plus acceptable, toujours selon ses dires, le pays aspirant à plus de liberté et libéralisme. Et d’expliquer que les pays de l’Ouest considèrent le territoire tunisien comme une zone protégée et donc ils veulent empêcher la Tunisie d’avoir des relations fortes avec la Chine et la Russie ou même avec l’Iran, pour qu’elle demeure une zone d’influence pour l’Europe à cause de l’histoire colonialiste qu’elle partage avec ces pays. M. Borrell veut positionner la Tunisie au sein de ce conflit, alors que cela n’est pas la politique du pays.
Pour lui, la Tunisie doit diversifier ses partenaires et son carnet d’adresses, car celui qui n’anticipe pas les changements, se trouvera dépassé. Et de marteler que « l’accord de partenariat avec l’Europe ne stipule pas que la Tunisie n’a pas le droit d’avoir de nouveaux partenaires ».
En réponse à une interrogation de l’animateur, Nejib Hachana a estimé que la réponse de l’ambassade de Tunisie à Bruxelles aux propos Haut représentant était logique. Pour lui, il fallait prendre une position claire, sinon on aurait porté atteinte au principe de souveraineté nationale : nous avons un accord de partenariat, mais aucune négociation n’est permise en ce qui concerne les choix et la politique nationale de la Tunisie.
La veille, l’ambassade de Tunisie à Bruxelles s’est chargée, à travers la publication d’un post Facebook le 25 juin 2024, de répondre à M. Borrell. Elle a souligné qu’en Tunisie, le gouvernement représente légitimement les aspirations du peuple et en exprime sa volonté souveraine ; que la Tunisie conduit ses relations avec l’ensemble de ses partenaires en toute indépendance et qu’elle reste attachée à la constance et aux acquis de son Partenariat avec l’Union européenne, en œuvrant à ce que cette relation s’adapte constamment aux défis et changements en cours ; et que l’acharnement de l’intéressé, ancien administrateur d’un groupe industriel désormais en fin de contrat professionnel, n’entachera pas le partenariat tuniso-européen.
Ainsi et toujours selon l’ancien ambassadeur, l’Union européenne veut faire « de grandes pressions sur la Tunisie, pour freiner le développement d’une relation forte avec la Chine ou la Russie ». Mais, il a souligné que « plus nos partenariats sont enrichis, plus la Tunisie sauvegarde sa souveraineté et a son mot à dire ».
I.N.
La politique extérieure de l'UE ne va pas en faveur d'une consolidation des liens et de leur influence chez nous.
voici la liste:
Belgique, Bénin, Burkina Faso, Burundi, Cameroun, Canada, République centrafricaine, Comores, République de Congo (Congo-Brazzaville), République Démocratique du Congo (Congo-Kinshasa), Côte d'Ivoire, Djibouti, Gabon, Guinée, Guinée équatoriale, Haïti, Luxembourg, Madagascar, Mali, Monaco, Niger, Rwanda, Sénégal, Seychelles, Suisse, Tchad, Togo, Vanuatu