
La députée d’Ennahdha Férida Laâbii vient de défrayer la chronique en se pointant, jeudi 14 avril 2016, au Tribunal de première instance de Sousse pour se présenter en qualité d’avocate des assassins du martyr Lotfi Nagdh.
Lotfi Nagdh était représentant de l’Union des agriculteurs et directeur du bureau de Nidaa Tounes à Tataouine. Il a été lynché à mort le 18 octobre 2012 devant son bureau, suite à une manifestation hostile contre Nidaa Tounes, à laquelle ont participé des membres d’Ennahdha, du CPR et d’Ettakatol, alors au pouvoir.
Le procès s’est ouvert aujourd’hui et devrait être reporté. Selon le journaliste de Business News, présent sur place, il y a une très grande tension au sein du tribunal et une très forte présence sécuritaire. Les familles des accusés jouent de la provocation en qualifiant, à haute voix, de « docteur » Saïd Chebli, un des accusés qui bénéficie d’un grand soutien de la part des dirigeants politiques d’Ennahdha et du CPR.
Commentant la participation de Férida Lâabidi au comité de défense des accusés de l’assassinat du martyr, la députée Ons Hattab a déclaré sur sa page FB : « Je m’attendais à plus de respect au sang du martyr de la part de ce ‘’partenaire au pouvoir’’. Je vais le dire : il y a du sang entre nous ! »
Dans une déclaration à Business News, l’avocate et députée Bochra Belhadj Hmida a regretté qu’il soit légal que les députés puissent continuer à exercer leur profession d’avocat, tout comme les autres professions libérales et contrairement aux fonctionnaires. Quant à la participation de Férida Laâbidi au comité de défense, elle a indiqué qu’elle aurait préféré que la députée s’abstienne d’une telle participation, surtout qu’elle est un symbole d’Ennahdha et que son parti est pointé du doigt dans cette affaire.
Ennahdha n’a jamais caché son soutien aux suspects. Le 30 mai dernier, c’est le président du parti en personne Rached Ghannouchi qui a rendu visite aux familles des accusés pour les soutenir, alors que ces accusés ont été officiellement inculpés de meurtre prémédité. En juillet dernier, c’est Abdelkrim Harouni, ancien ministre et haut dirigeant du parti islamiste, qui a rendu visite à quatre des inculpés en les félicitant pour leur libération provisoire.
Le vice-président d’Ennahdha et vice-président de l’Assemblée Abdelfattah Mourou a déclaré, en janvier 2013, avoir intégré le comité de défense des inculpés dans le meurtre de ce martyr. Il semblerait qu’il se serait rétracté depuis.
R.B.H.
Commentaires (63)
Commenterla censure sur ce site est pire que celle sous Ben ALI
ironie du sort
Que font les associations des avocats et magistrats?
ils osent défendre des criminels de daach , pourquoi pas
Regard de haineuse complexée. Arrogante et dédaigneuse, comme tous les islamistes qui se croient mandatés par Dieu en personne.
Démocratie?!
C'est du grand guignol, vraiment!
La base, le socle et le fondement des démocraties est la séparation des pouvoirs législatif, judiciaire et exécutif.
Dans ce cas précis, il y a une évidente collusion d'intérêts. Elle devrait être contrainte à démissionner de son mandat de députée, ou à suspendre ses activités d'avocate. Mais là, en l'état, on est en dictature pur sucre, on est dans le marigot où pataugent les juges nahdaouis qui relâchent les terroristes...