
Mesdames,
Vous vous apprêtez en vos qualités respectives de cheffe du gouvernement et ministre des Finances, à vous diriger vers le Fonds monétaire international (FMI) pour souscrire un nouveau crédit pour boucler le budget fortement déficitaire de notre État. Un État défaillant par la faute de vos prédécesseurs. En 2010, quand Ben Ali était au pouvoir, nos indicateurs étaient bons, voire très bons. Il s’est avéré cependant que les bons indicateurs ne suffisent pas à assurer une paix sociale. Les gouvernants de la troïka ont donc changé de stratégie, ils ont plombé les indicateurs pour obtenir une accalmie sociale. Ils ont recruté des dizaines de milliers de personnes incompétentes (sous prétexte d’indemnisation), multiplié les emplois fictifs dans des entreprises publiques fantômes (les sociétés écologiques), supprimé les sociétés de sous-traitance, réduit drastiquement les budgets d’investissement, consommé toute l’épargne, etc. C’est la troïka, sous Moncef Marzouki, qui a été la première à se diriger vers le FMI pour obtenir des crédits de consommation. Et c’est à cause d’elle et de ses engagements pris envers tous ces nouveaux fonctionnaires que les gouvernements suivants (Mehdi Jomâa, Habib Essid et Youssef Chahed) se sont trouvés en otage du FMI.
Onze ans après, on constate que nous n’avons toujours pas de paix sociale et que nous avons perdu nos bons indicateurs de 2010. Onze ans après, nos problèmes structurels se sont approfondis et nous n’avons aucune réserve pour affronter les problèmes conjoncturels liés à la révolution qui ne finit pas, au Covid qui s’allonge et à ce 25-Juillet qui est venu asphyxier ce qui respire encore en nous.
Mesdames, je m’adresse à vous en ma qualité de citoyen, de contribuable, de journaliste, de commentateur de la vie publique, de père de famille et de chef d’entreprise. Autant de casquettes qui me donnent le droit de vous questionner et d’exiger des réponses claires de votre part.
Sauf que voilà, vous êtes en train de prendre toutes seules les décisions qui nous regardent et qui fixent notre sort. Vous êtes en train de dilapider notre argent et vous vous apprêtez à hypothéquer davantage l’avenir de nos enfants par ces nouveaux crédits que vous voulez souscrire en notre nom.
Il n’y a pas d’assemblée à qui vous rendez des comptes, vous refusez tout débat public contradictoire, vous réfutez toutes les bonnes solutions proposées par les experts et vous n’allez même pas dans les médias pour expliquer votre politique budgétaire. En avez-vous une déjà ?
Vous considérez le multi-casquettes que je suis comme une vache à lait dont l’avis compte pour du beurre.
Vous agissez comme agirait n’importe quel ministre de toute dictature qui se respecte. Vous ne rendez compte qu’au chef et rien qu’au chef. Le peuple ? Une poussière d’individus, juste bons à payer taxes et impôts.
Au nom de l’intérêt supérieur de l’État et de la collectivité, on aurait pu accepter cette situation despotique. On aurait pu accepter l’idée que notre dictateur est plus intelligent que nous et qu’il est là pour nous sauver de nous-mêmes. On aurait pu accepter d’être infantilisés, dès lors que l’État aille mieux et ait de bons indicateurs.
Sauf que voilà, Kaïs Saïed n’a rien d’un Bourguiba ou d’un Ben Ali et encore moins d’un Poutine ou d’un Xi Jinping. Il ne connait rien à l’économie et vous le savez. Il ne connait rien aux indicateurs et vous le savez. Il n’a aucune solution concrète pour sauver les comptes de l’État et améliorer la vie du peuple et vous le savez. Votre chef vit dans une autre époque, dans un autre pays et vous le savez. Votre chef est un ignare obtus et vous le savez.
Mesdames, vous avez le choix entre deux mauvaises solutions. Soit prendre des décisions douloureuses afin de sauver l’État et le peuple en résolvant ses problèmes structurels. Soit vous faites comme vos prédécesseurs, vous jouez la fuite en avant en souscrivant des crédits pour boucler le budget et passer ainsi la patate chaude à vos successeurs. Parenthèse en passant. Vous êtes bien conscientes que vous aurez des successeurs ? Vous êtes bien conscientes que la dictature ne perdurera pas ? Si ce n’est pas le cas, alors prenez conscience de cela, car si la dictature pouvait perdurer, elle aurait perduré pour vos prédécesseurs. Vous n’êtes ici que de passage, alors faites de telle sorte que votre nom soit corrélé au dénouement pérenne et non à la solution éphémère ! Je ferme la parenthèse.
Des deux mauvaises solutions qui se présentent à vous, vous avez théoriquement choisi la moins mauvaise, mais en pratique vous avez choisi la moins bonne.
Comment cela ? Dans le document que vous vous apprêtez à envoyer au FMI, vous parlez de réformes structurelles profondes, de réduction de la masse salariale, de cession d’entreprises publiques et de plusieurs bonnes choses. En pratique, et si l’on voit votre comportement et votre loi de finances, cela se voit à l’œil nu que vous n’allez pas respecter vos futurs engagements à l’égard du FMI. Il n’y a rien dans cette loi, ni dans votre comportement, qui montre que vous allez entamer ces réformes. Vous ne faites que jouer la montre et la fuite en avant. Vous vous apprêtez, comme vos prédécesseurs, à creuser le déficit sans toucher à la cause. Vous ne faites que badigeonner la façade sans toucher la structure.
Mesdames, vous êtes deux ministres d’un chef qui a pris tous les pouvoirs. Le président Kaïs Saïed n’a pas d’assemblée, méprise les médias et considère la magistrature comme une fonction et non comme un pouvoir. Vous êtes les ministres d’un peuple kidnappé. Vous avez la possibilité de faire ce que bon vous semble, puisqu’il n’y a aucun contrepouvoir pour vous importuner ou des magistrats pour vous juger (du moins, aujourd’hui).
Plutôt que de faire comme vos prédécesseurs qui avaient des pressions de partout, saisissez cette occasion que vous êtes tous puissants pour entamer les véritables réformes dont le pays a besoin !
Plutôt que d’endetter nos enfants pour payer les salaires des fonctionnaires fictifs et parer au plus urgent, attaquez réellement les problèmes profonds !
Plutôt que de mentir au FMI en lui parlant de réformes à venir, réformez réellement le pays et vous n’aurez peut-être même pas besoin du FMI !
Le mode d’emploi ? Il est tout simple, il est sous vos yeux. C’est celui-là même pour lequel se sont engagés vos prédécesseurs pour obtenir les crédits antérieurs. Ils ont obtenu les crédits et n’ont pas respecté leurs engagements.
En 2010, nous avions 435.000 fonctionnaires pour une masse salariale de 7,5 milliards de dinars. En 2021, nous avons 654.922 fonctionnaires pour une masse salariale de 20,3 milliards de dinars.
Osez donc des frappes chirurgicales en supprimant, d’un trait, les deux-cent-mille fonctionnaires recrutés sans concours d’entrée à la fonction publique depuis 2011 ! Osez la suppression de toutes les sociétés écologiques !
Osez la privatisation des entreprises publiques évoluant dans des secteurs concurrentiels ! C’est ce qu’ont fait tous les pays développés et ils ont eu raison de le faire. Pourquoi l’Etat continue-t-il à gérer la RNTA, Tunisie Autoroutes et autres ? Pourquoi l’État a-t-il autant de parts dans Tunisair, Tunisie Telecom, les cimenteries, etc. Pourquoi n’ouvre-t-il pas le secteur de l’électricité à la concurrence ? Jusqu’à quand la Steg ou la SNCFT vont garder le monopole ? Osez la suppression de toutes ces licences et autorisations de l’État, les plus grandes portes de la corruption ! Osez la réduction des boulets (fiscaux et administratifs) sur les entreprises qui sont les seules capables d’absorber le chômage. Osez la libéralisation de l’économie tunisienne comme l’ont osée tous les pays développés.
Il y aura de la casse ? Mais bien sûr que oui, mais cette casse est valable juste pour le court terme, car il y aura essor juste après. Preuve à cela, ce qui s’est passé ailleurs dans le monde.
Pour mettre en application ce programme (et je vous rappelle que la Tunisie s’est engagée pour une partie de ce programme), il vous faut nécessairement, mesdames, engager des discussions calmes et apaisées avec les corps intermédiaires que sont l’UGTT, l’Utica, la Conect et les fédérations professionnelles. Il vous faut inévitablement avoir l’appui des médias pour « vendre » ce programme au peuple et lui expliquer que ces frappes chirurgicales douloureuses sont dans son intérêt sur le long terme.
Mesdames, puisque nous sommes dans une dictature et puisque vous n’avez de comptes à rendre qu’à votre chef (qui ne comprend pas grand-chose de toute façon), osez les réformes, osez le changement, osez ce que n’ont jamais osé vos prédécesseurs ! Osez être des Margareth Thatcher et Angela Merkel !
Mesdames, tôt ou tard vous allez partir. Pensez à ce jour dès maintenant et préparez une sortie par la grande porte ! Pensez à sauver votre nom dans l’Histoire de la Tunisie pour devenir les femmes réformatrices qui ont sauvé la Tunisie au lieu d’être des godillots pitoyables ! Pensez à devenir des Radhia Haddad et Aziza Othmana et non des Sihem Badi et Mehrezia Laâbidi !




Malheureusement elle est adressée à des décideurs de paille.
Le président n'est pas compétent pour l'appliquer.
Une copie à l'UGTT est nécessaire sinon il sera complice de l'incendie sociale qui va flamber le pays dans les jours proches.
La faute n'incombe ni au président ni à ces deux pauvres innocentes dames.
La faute revient à tous ceux qui vivent et voient les autres mourir.
La faute revient à ces gros ventres qui font dix boulots à la fois tout en laissant les autres au chômage.
La faute incombe à la moitié des tunisiens qui profitent d'un modèle économique fait sur mesure depuis des décennies pour cumuler et de manière légale argent et immobilisations sans limite alors qu' un million de jeunes célibataires endurcis sont sans espoir et sans avenir.
La faute incombe en premier lieu à Mohammed Ghannouchi qui n'a pas pris au serieux un certain vendredi du mois de décembre 2010 une solution miraculeuse et concrète que j'avais proposée pour sauver le pays ni ma mise en garde contre le désastre d'aujourd'hui.
Aujourd'hui c'est trop tard.
Bourguiba a voulu faire d'une poussière d'individus "une nation".
Bourguiba n'est plus et la Nation se dirige vers la poussière.
Chasser le naturel....
Il y a 10 ans on se moquait de mes commentaires sur les colonnes de cet honorable journal. et on se moquait aussi de JW et de Léon. Mais rira bien qui rira le dernier.
Très content de voir que vous avez identifié les vrais responsables de la situation actuelle.
Juste une remarque: vous qui avez toujours le mot "populisme" à la bouche (ou au clavier!), ne croyez vous pas que vous décrivez là ce qu'est vraiment le populisme?
Saied, qui pratique une lenteur suicidaire, n'est pas le responsable de la chienlit actuelle.
Le pauvre, je ne voudrais pas être à sa place!
La fonction publique a été multiplié par deux presque, privatiser certaines entreprises qui sont devenues un gouffre a dépenses.
Oui nous avons besoin de vrais réformes structurelles et immédiate, sans ces réformes nous allons tout droit dans un mur.
Les gouvernements depuis 2011, ne sont pas les seuls fautifs, L'UGTT à une grande part de la situation dans laquelle nous sommes.
Il faudrait aussi se poser la question où est donc passé tout l'argent depuis la prise du pouvoir Ennahdha et cie.
Personne aujourd'hui ne parle de la presque faillite de la caisse des retraites.
Savez vous qu'on a attribué des retraites pleines à des gens sui n'ont jamais cotisé un sous de leur vie pour avoir le bénéfice d'une retraite.
De même au niveau de L'ARP, l'argent qui a coulé à flot et toutes les magouilles internes de cette institution.
@ N.B. penchez votre nez la dedans pour les prochains édito.
Je suis d'accord avec vous sur certains points notamment sur le fait qu'il faut pas embobiner de nouveau le FMI mais je suis surpris que vous fassiez systématiquement allusion au contre pouvoir d'évaluation du parlement du plan transmis au FMI. Je vous rappelle que c'est ce même parlement qui pendant 10 ans a VOTE les lois de finances et c'est ce parlement avec les députés en conflit d'intérêts manifeste qui a systématiquement rejeté les mesures touchant aux intérêts de ces derniers. Aucune réforme n'a jamais été voté par ce parlement. La fameuse commission des finances qui comptait le plus d'experts comptables au centimètre carré. Cette fameuse commission des finances qui a eu la bonne idée de voter pour le recrutement de 10 000 fonctionnaires titulaires d'un doctorat !!!
Tout ce que vous proposez constitue ce qu ils appellent la ligne rouge
S il y a une action à faire c est vers l ugtt qui cautionne tout ce qui vous dérange
Surtout L'UGTT le plus grand obstacle dans ce pays.
Et élaborent ensemble un mémorandum à presenter aux premiers intéressés du ministère et au premier ministre, ne serait-il pas plus cohérent et dissuasif !
Et de cette façon il y aurait plus de visibilité, et connaître en temps réel les objectifs du ministère,les dissuader des mauvaises decisions
Au lieu de recourir aux invectives traiter le président Kais Saied de dictateur etc. . .
Le plus inacceptable traiter, le premier magistrat du pays d'ignare, presque analphabète.
Il me semble que vous allez trop loin, vous abaissez le président et même vous le toucher dans son honneur, prière revoir votre stratégie, vous imputer tout nos malheurs au président Kais Saied.
(Manai):
Déjà toi tu n'est pas crédible et tu fait parti de ce système....
Jib ejdid ya raba7
La réforme profonde des entreprises publiques peu performantes, clarifier la mission de ces entreprises publiques, moderniser, restaurer, transformer, liquider, ect.....
Oui il faut oser, et il faut avoir le courage, beaucoup de courage et le moment opportun pour le faire, c'est une nécessité.
Inchallah elle vous écoutera
"Echa3bou yourid" est devenu un slogan abscon. Comment peut-on scander un tel slogan alors qu'on manque de transparence lorsqu'il s'agit de réformes économiques. Est-ce que la consultation "el mahnouna" en parle?
Le FMI emploie la crème de la crème des économistes, donc ni Bouden, ni Saïed ne parviendra à les duper. Si la proposition de Bouden est bidon, alors elle ne passera pas.
Quand à la réduction de la masse salariale, je ne suis guère optimiste. Notre pays n'est pas une méritoctratie et je ne vois pas comment une méritocratie puisse émerger dans un pays qui est majoritairement dirigé par des médiocres. Nous sommes plutôt une "mousmarfihitrocratie".
La "mousmarfihitocratie" m'a fait bien rire après difficultés de déchiffrage.
Le vocable qui sent le terroir et la patte du vinificateur reste aimable. Je l'orthographierais volontiers avec le suffixe crassie. Soit dit sans prétention bien entendu.
J'ignorais que le pays comptait autant d'entreprises dédiées à l'environnement. Je comprends enfin pourquoi nos villes, rues, plages etc...sont si belles et coquettes.
J'ai pris connaissance de votre message sous l'article relatif à la mise en location du yacht de S.Dilou et vous ai adressé ma réponse après un autre relatif à la grève de la faim de Mme. Bhiri.
Bien à vous.
J'ignorais également que le pays compte autant d'etentrepriees dédiées à l'écologie. Il faut croire que nous sommes des adaptes du compostage, on laisse nos déchets se décomposer sur les trottoirs, nul besoin de camions polluants pour ramasser les ordures. Nos trottoirs sont devenus un buffet pour des chats et chiens errants.
Le FMI demandera peut-être au gouvernement de changer de peuple afin qu'il puisse octroyer un nouveau crédit à la Tunisie, ça c'est une réforme drastique.
J'ai bien lu votre commentaire sour l'article du yacht, je vous remercie. J'ai manqué le commentaire sous l'article de la grève de faim, j'irai voir.
Bonne journée.
Là où je suis d'accord c'est qu'il faut immédiatement sortir de la gestion des affaires courantes et réformer vite et fort. Les demis mesures de la loi des finances ne vont pas casser trois pattes à un canard .
Et oui il faut inclure les syndicats et le patronat sans avoir besoin de leur aval. Des réformes sérieuses ne vont jamais plaire au communistes qui n'ont rien compris de la fin de l'urss et aux rentiers, nos investisseurs d'un autre siecle.
Il faut Arreter les importations de luxe pendant 2 ans


