
Les étudiants de la Faculté de droit et des sciences politiques de Tunis ont publié un communiqué dans lequel ils critiquent la situation actuelle du pays, dénonçant des atteintes aux libertés et une instrumentalisation de la justice.
Dans ce communiqué daté du 24 avril 2025, ils expriment leur colère face aux tentatives d’instauration d’un régime autocratique et à la transformation des réseaux sociaux en espaces de procès publics.
Les étudiants pointent du doigt de graves violations de la loi, ainsi que des pratiques en totale contradiction avec les principes juridiques qui leur sont enseignés. Ils dénoncent une déformation des textes juridiques dans le cadre de procès à caractère politique. Sur un ton ironique, ils appellent le Parlement à promulguer des lois « adaptées à cette logique » plutôt que de se contenter de voter des prêts.
S’adressant au ministère public, les étudiants estiment que les poursuites visant l’avocat Ahmed Souab — fondées sur une multitude d’accusations de terrorisme et d’association de malfaiteurs — constituent une violation flagrante de la loi. Ils demandent au ministère de la Justice de multiplier les formations destinées à ses employés en langue arabe, afin de leur permettre de mieux comprendre les métaphores et les figures de style.
Les étudiants de la Faculté de droit et des sciences politiques ont :
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Exprimé leur refus de voir appliquer des peines injustifiées à l’encontre des magistrats ayant refusé de prononcer des condamnations dans des affaires à caractère politique, dénonçant notamment des mutations utilisées comme mesures de représailles ;
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Exigé la levée de toutes les restrictions portant atteinte à la liberté d’expression et entravant la liberté d’opinion ;
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Appelé les magistrats à respecter la loi, à garantir l’application des principes du droit pénal, à faire valoir la présomption d’innocence et à suivre scrupuleusement les procédures pour assurer des procès équitables ;
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Invité le pouvoir législatif à examiner la proposition de révision du décret-loi n°54, lui rappelant que sa légitimité découle uniquement de la volonté du peuple ;
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Exprimé leur étonnement quant au retrait de la proposition de loi relative à la création de la Cour constitutionnelle ;
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Appelé l’ensemble des étudiants et diplômés en droit à se mobiliser et à participer à la manifestation prévue le 8 mai 2025 devant le siège du ministère de la Justice, pour protester contre les violations de la loi, les atteintes aux droits humains et les dérives autoritaires.
Un autre communiqué, publié le 23 avril 2025 par plus de 200 étudiants et diplômés de la Faculté des sciences juridiques, politiques et sociales de Tunis, dénonçait déjà une dérive autoritaire et des atteintes aux libertés. Les signataires y exprimaient leur opposition à la concentration du pouvoir, aux arrestations arbitraires et à l’instrumentalisation de la justice. Ils s’étonnaient du reniement des principes démocratiques par Kaïs Saïed, pourtant professeur de droit constitutionnel, et appelaient au retrait du décret-loi n°54.
Pour rappel, Ahmed Souab a été arrêté le 21 avril 2025. La police a fait irruption à son domicile, l’a conduit au pôle judiciaire de lutte contre le terrorisme, puis à la caserne de Bouchoucha. Il a été placé en détention et interdit de consulter ses avocats pendant 48 heures. Un mandat de dépôt a été émis à son encontre par le juge d’instruction près le pôle judiciaire de lutte contre le terrorisme, le 23 avril 2025.
L’arrestation de l’avocat, dans le cadre de la loi antiterroriste, a suscité une vague d’indignation parmi les internautes et les personnalités publiques. Plusieurs d’entre eux l’ont décrit comme « un homme intègre, engagé et résolument attaché à la défense des droits et des libertés ». Beaucoup ont qualifié son arrestation et les poursuites engagées contre lui de « mascarade ».
Il convient de noter que son fils, Saeb Souab, a également été arrêté dans l’après-midi du même jour. Il a été relâché après trois heures. La police a saisi son téléphone portable, son ordinateur ainsi que les téléphones des autres membres de la famille, et a perquisitionné le bureau de son père.
S.G
Et l avenir doit changer
Il faut rester mobilisés,sinon....cats


