L'écrivain Kamel Daoud a consacré, via le journal français "Libération", son éditorial du 10 octobre 2015 intitulé "Voie" au prix Nobel décerné à la Tunisie et plus particulièrement au Quartet du Dialogue national. Business News le reproduit en intégralité :
Après les révolutions dans le monde «arabe», trois questions ont été posées : est-ce que la démocratie est possible dans ce monde-là ? Est-ce que la révolution est bonne pour ces pays ? Est-ce qu’il existe une solution entre islamisme et anti-islamisme politiques dans ces pays ?
La première question était un mélange de critique saine, liée à une observation prudente de ce monde «arabe» qui a montré une résistance à la démocratisation par le largage des bombes en Irak, mais liée aussi à une sorte de préjugé quasi-raciste.
La seconde question s’est posée avec la catastrophe en Libye, en Syrie et au Yémen : flux de migrants, massacres, Daech, instabilité. On y mêle une vision simpliste de la révolution et la peur de voir l’effet domino atteindre l’Occident.
La troisième question s’est imposée depuis une décennie ou deux en Algérie, en Tunisie ou ailleurs, au vu de l’actualité. Pour y répondre, on y a opposé deux voies : la solution égyptienne de la lutte armée sans merci contre les islamistes, ou la solution algérienne de la «réconciliation» mais sans pardon, sans aveux, sans débat. La voie égyptienne est une catastrophe mais la voie algérienne l’est aussi quand on fait le bilan, avec un islamisme social profond et une immobilisation de tout le processus de démocratisation. La solution algérienne a même conduit à un deal entre les deux sur le dos de la démocratie.
Pas d’espoir, donc ? Que non ! La Tunisie est là, sous nos yeux. Cernée, elle a affirmé la possibilité d’une démocratie. Et ce malgré les assassinats, les extrémismes et les crises. Le prix Nobel a donc récompensé une voie possible et il a bien fait : les élites dans notre monde dit «arabe» ont besoin de se faire confiance, d’être saluées. Le dialogue est possible quand il est mené par la société civile et non comme un processus de deal entre islamistes et régimes. Etre tunisien n’est plus seulement une nationalité, c’est une voie, pour nous.
(1) Prix Goncourt du premier roman pour Meursault, contre-enquête (Actes Sud, 2014).
Commentaires (36)
Commenteravec mesure
prix nobel de la paix 2O15
@Kairouan
Mariage contre nature
hé Takilas
Equitabilté et raison
hé Takilas !
Le peuple tunisien doit refuser ce Prix Nobel ou disons Prix pour la contre révolution!
voir les raisons dans mon précédent commentaire.
grande différence
Un discours simple, expressif, compréhensible, renfermant une grande idée en quelques lignes sans majuscules philosophiques
Le Tunisien qui n'aime pas l'Algérie n'est pas tunisien et l'Algérien qui n'aime pas la Tunisie, n'est pas algérien.
Qu'on lise plusieurs fois le témoignage de ce frère algérien et qu'on lise une seule fois, ce que ces prétendus être des Tunisiens dans ce forum.
L'Algérien témoigne sa fierté à la suite de l'obtention du Prix Nobel par la Tunisie et ces faux Tunisiens sous de faux pseudos, depuis les abeilles, en passant par un bourguibiste, jusqu'à en arriver aux faux appartenant à Rédayef, à Gabes, à Jendouba, ou l'oiseau canalou et asfour Stah, etc., mais jamais à la Ghariba, comment ils se condoléancent réciproquement pour bien tamiser le vrai du faux.
Merci beaucoup à l'éditorialiste Kamel Daoued.
Merci yal Khou !!