Le secteur de la santé, un des piliers du développement et un des principaux acquis de la Tunisie de l’indépendance, passe, actuellement, par une crise structurelle nécessitant des réformes sérieuses et fondamentales. La conférence nationale de la santé clôturant le dialogue sociétal s’est penchée sur la question en profondeur. Retour sur le plan national de la santé et les recommandations qui en ont découlée.
Malgré la difficile journée du jeudi 27 juin 2019, la conférence nationale de la santé a bien eu lieu pour clôturer un travail de longue haleine, élaboré durant plus de deux ans. Dans sa deuxième phase, le dialogue sociétal s’est poursuivi, dans un climat d’écoute attentive et de participation inclusive. Citoyens, professionnels, acteurs et parties prenantes se sont mobilisés pour apporter leur contribution au projet de la politique nationale de santé à l’horizon 2030
Ainsi et tenant compte de plusieurs paramètres, dont notamment, les dispositions de la Constitution consacrant le droit à la santé, à un environnement sain et à la protection sociale ; les objectifs du développement durable ainsi que les recommandations issues de première la phase du dialogue sociétal, il en ressort que tout le système de la santé est dans une situation préoccupante.
C’est dire que la crise est aggravée par des inerties et des résistances de groupes d’intérêts dans un contexte socio-économique adverse, outre le décalage flagrant entre le rendu du système de santé et les attentes des citoyens. Cela se traduit, incontestablement, par la perte de confiance entre citoyens, professionnels de santé et autorités sanitaires. Et c’est justement, cette perte de confiance qui a fragilisé les fondations du système de soins, faisant de la réforme du système de santé une nécessité de premier ordre.
Partant de ce constat amer, l’objectif du projet du plan national de la santé est de parvenir à une couverture santé universelle où chaque Tunisien a accès à des services de qualité, sûrs, pertinents, n’entrainant pas de difficultés financières pour les ménage, sans omettre la collaboration entre les autorités sanitaires et les citoyens dans l’optique de protéger les familles. Le tout en instaurant un climat de confiance et de respect, et en rétablissant la confiance perdue entre citoyens, professionnels de santé, et autorités sanitaires.
Pour ce faire, des choix stratégiques structurants sont indéniablement la clé pour sortir de la crise et réaliser des avancées décisives vers la couverture santé universelle.
En effet, un des principaux axes consiste à placer le citoyen au centre des préoccupations des institutions et des professionnels de la santé, et ce, en faisant de la santé familiale de proximité la porte d’entrée et le pivot du système de santé. Le principe d’équité pour l’accès aux soins n’est pas de moindre importance. Cela sera possible en unifiant le régime de base afin qu’il fournisse une même protection financière à toute la population; et en corrigeant les inégalités en donnant au secteur public les moyens d’assumer ses missions de service public.
Le projet de plan national de la santé préconise, également, d’assurer la protection de la santé des citoyens en engageant les autorités gouvernementales à assumer leurs responsabilités en matière de promotion et de protection de la santé dans le cadre des politiques publiques et en prenant appui sur une instance multisectorielle de coordination effective.
D’autre part, il serait important de donner aux autorités sanitaires le mandat, les instruments et les moyens pour réguler l’ensemble du secteur de la santé, public et privé, tout en luttant contre la corruption et l’exploitation financière des patients et faire du citoyen un acteur et un partenaire pour la santé. C’est dire que sa participation est cruciale dans la prise en charge de sa propre santé.
Ce projet est certes ambitieux et optimiste. Cependant, il n’en demeure pas moins réaliste selon les participants à la conférence nationale de la santé. Les professionnels considèrent que ce projet de Politique Nationale de Santé est tout à fait faisable, à partir du moment où il y a une réelle volonté politique et un engagement de toutes les parties prenantes afin de réunir des conditions permettant de rétablir la confiance entre citoyens, professionnels de santé et autorités sanitaires pour avancer dans l’exercice effectif du droit constitutionnel à la santé.
Toutefois, des transformations en profondeur sont inéluctables, de sorte que les autorités sanitaires s’acquittent de leurs responsabilités, les professionnels de santé exercent leurs métiers, et les citoyens s’engagent pour leur santé.
Toujours est-il, la contribution du gouvernement ainsi que de toutes les parties prenantes est nécessaire. Dans ce sens, un appel a été lancé afin de s’engager, dans un effort conjoint, pour s’atteler à la mise en œuvre du projet et aborder le processus de concertation sur ses modalités. Outre la concrétisation des réformes envisagées et leur inclusion dans la planification stratégique, ainsi que l’adoption d’une loi fondamentale de la santé qui consacre la Politique Nationale de Santé à l’horizon 2030.
En tout état de cause, la santé demeure l'un des principaux acquis de la Tunisie moderne. Un acquis qui s’est fragilisé par une perte de confiance entre les professionnels et les citoyens et un décalage entre les attentes et les services rendus. Ainsi le projet de plan national de la santé se veut comme une force de proposition à travers une vision partagée et des choix stratégiques. Un plan qui ne peut voir le jour sans la conjugaison de tous les efforts et une réelle volonté de réformer un des secteurs vitaux en Tunisie.
Sarra HLAOUI
Commentaires (2)
CommenterUne vraie réforme demande bcp de moyens et bcp de courage!
Ou mieux...
Qui paie? Et combien coûte toute la filière santé