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Le gouvernement osera-t-il alourdir la charge fiscale des dividendes ?
14/04/2020 | 21:00
4 min
Le gouvernement osera-t-il alourdir la charge fiscale des dividendes ?

 

Le train de mesures que le gouvernement compte prendre par voie de décret-loi était attendu par le monde. Comme d’habitude, dès son annonce à l’issue d’un Conseil des ministres tenu lundi 13 avril 2020, il n’a pas manqué d’apporter son lot de frustration mêlée de crainte ou de colère, d’espoirs déçus. L’adage selon lequel tout vient à point à qui sait attendre, ne semble pas être l’apanage du gouvernement envers ses citoyens.

 

Il y a à peine deux jours, à la veille de ce Conseil des ministres, Ghazi Chaouachi, ministre des Domaines de l’Etat et des Affaires foncières parlait déjà de mesures et de décisions urgentes, ajoutant qu’elles sont douloureuses mais nécessaires et impératives.

La déclaration faite par la porte-parole du gouvernement, Asma Sehiri, à l’issue de ce Conseil des ministres annonçant que le gouvernement a décidé d’une retenue d’un jour de travail pour les salariés des secteurs public et privé est venue confirmer les dires de Ghazi Chaouachi. Cette décision concrétise en fait l’une des mesures annoncées par le gouvernement devant être édictée par voie de décret-loi : la création d’une contribution conjoncturelle exceptionnelle au profit du budget de l’Etat.    

Il est vrai qu’à ce stade, il s’agit de savoir si l’entreprise sera aussi sollicitée au même titre que les salariés. Visiblement, cela semble en prendre l’allure.

 

Reprendre d’une main ce que l’on a donné de l’autre

Certes, le gouvernement a donné un signal conséquent sur sa volonté d’accompagner les entreprises à résister au tsunami économique provoqué par l’épidémie du Covid-19. Le report des échéances de paiement des divers impôts, taxes et redevances accordées aux entreprises ainsi que les mesures permettant de renforcer leur haut de bilan associé au coup de pouce de la Banque centrale de Tunisie par le biais d’une baisse du taux d’intérêt directeur et d’un assouplissement des normes de risque imposées aux établissements de crédit représentent une opportune bouffée d’oxygène pour les entreprises. L’accord conclu, ce mardi 14 janvier 2020, entre le gouvernement, l’Utica et l’Ugtt sur la base duquel l’Etat prendrait à sa charge 200 dinars sur la rémunération du mois d’avril de chaque salarié d’une entreprise sinistrée des suites de l’épidémie, s’inscrit dans ce même objectif de permettre à l’entreprise d’avoir un volume de trésorerie conséquent pour résister à la lame de fond. 

 

Après tout cela, le gouvernement aurait-il l’intention de soumettre l’entreprise à contribution au budget de l’Etat, de la même manière que les salariés ? Cela s’apparentera forcément à un marché de dupes où l’Etat reprendra d’une main ce qu’il a donné de l’autre. Pour le salarié, les 200 dinars seront amputés d’une journée de travail.

Quid alors des entreprises ? Il serait réellement illusoire d’imaginer le gouvernement répondre aux sollicitations des entreprises pour un allégement des charges fiscales et sociales. L’Etat vit lui aussi une terrible crise de trésorerie qu’il tente, vaille que vaille, de surmonter. Depuis le début de l’année, les emprunts à court terme de l’Etat ont explosé. L’encours des bons du Trésor à court terme n’était que de 436 MD en début d’année. Cet encours dépasse  aujourd’hui les 1 700 MD.

 

L’appui du FMI d’un montant de 725 millions de dollars par le biais de l’Instrument de financement rapide (IFR) est venu opportunément détendre les tensions sur le budget de l’Etat. Mais pour combien de temps encore ? Le gouvernement devra bien se résoudre à d’autres initiatives pour satisfaire ses besoins de financement. D’autant plus qu’il ne devra pas trop compter sur les prévisions de ressources fiscales inscrites dans la loi de finances 2020 du fait de la baisse vertigineuse de l’activité économique du pays. L’ancien ministre des Finances, Hakim Ben Hammouda estime que le PIB réel affichera un recul de 3,8% en 2020. Il est plus optimiste que le FMI qui prévoit une contraction de l’économie tunisienne de 4,3%. Il est plus optimiste encore que d’autres experts qui prédisent une baisse du PIB réel pouvant atteindre 7% à 8%.

 

A ce stade, les choix du gouvernement ne sont pas nombreux. Ou bien c’est l’endettement au risque de détériorer la soutenabilité de sa dette, ou bien le recours à une pression fiscale accrue des entreprises. La première est suggérée par le FMI lorsqu’il souligne que « la mobilisation de financements concessionnels et sous forme de dons auprès des partenaires extérieurs est cruciale pour aider la Tunisie à faire face à la crise de la Covid-19 ». Quant à la seconde, le gouvernement semble avoir sa petite idée. C’est d’alourdir la fiscalité des dividendes et faire ainsi preuve d’équité entre la charge de contribution du travail et la charge de contribution du capital.  Osera-t-il ?

 

Houcine Ben Achour

14/04/2020 | 21:00
4 min
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Commentaires
Samir
?
a posté le 16-04-2020 à 15:19
S il le fera c qu il a signé sa destitution et le coup d envoi d une revolution populaire sanglante et veritable
Dr. Jamel Tazarki
Nos agriculteurs et paysans, notre dernier et seul espoir...
a posté le 15-04-2020 à 18:47
On ne nous parle que des salariés, des fonctionnaires, des banquiers, des bons de restaurants et d'essence, etc., etc., etc. par contre personne n'a dit un seul mot concernant nos paysans et nos agriculteurs.

==>
Oui, nos agriculteurs et paysans sont le seul et dernier espoir en cette période de collapse socio-économique afin de nourrir tous les Tunisiens...

J'insiste que la première priorité de la Tunisie en cette période très difficile est de fournir les engrais, la semence et le matériel agricole à nos agriculteurs et paysans afin qu'ils puissent cultiver la terre et nourrir les Tunisiens.

Oui, la compagne doit continuer à travailler, les slogans comme 'restez chez vous' et 'pratiquez le télétravail' ne font aucun sens pour nos paysans ==> oui, les vaches doivent être traites, les légumes récoltés et les semis plantés

Oui, il faut d'abord privilégier notre production agricole afin de pouvoir nourrir notre peuple...

Il faut rassurer les Tunisiens que la nature est en pleine forme et ne souffre pas de Corona, et que les tomates et les piments arrivent en très grandes quantités avec le mois de mai et de Juin...

Il nous faut une logistique fonctionnante afin de distribuer notre production agricole dans tous les coins de la république.

Que la Tunisie enregistre une récession de 3,8% ou de 4,3% en 2020 intéresse très peu le Tunisien qui veut manger à sa faim...

@Mr.Kais Saied: prière d'encourager s.v.p. nos paysans et nos agriculteurs afin qu'ils puissent nourrir les Tunisiens, et pour cela il faut encourager la production agricole des aliments de base. Il faut renoncer à certaines cultures au profit de la pomme de terre afin que les tunisiens puissent manger à leur faim tout en ayant une nourriture saine.

Je suis désolé de le dire, mais notre pays est très mal géré, il faut savoir choisir nos priorités en fonction de nos moyens et de l'urgence des choses...

Dr. Jamel Tazarki, Fils de Paysan
Platon tounes
Le covid-19 qui tombe à pic
a posté le 15-04-2020 à 16:22
Le coronavirus tombe à pic pour sauver le gouvernement et l'économie de la Tunisie qui était au plus bas... et du coup c'est le gouvernement qui bénéficierait d'un sursis jusqu'à nouvel ordre ..
DHEJ
Cest le système robinet...
a posté le 15-04-2020 à 15:55
A la quête du débit fiscal optimal.
Tello
Impôt impôt
a posté le 15-04-2020 à 13:51
Si n'y a plus de dividendes et que les impôts augmentent donc tout vendre et les sociétés se débrouilleront sans actionnaires !!!!!! Déjà que nous avons perdu 60% du capital
zamharir
Tous sur le pont
a posté le 15-04-2020 à 13:49
Dans tous les pays concernés par le virus, l'état a décidé de ne pas aider les entreprises qui serviraient des dividendes à leurs actionnaires. Les entreprises tunisiennes devraient mettre volontairement la main à la poche pour 1/ payer toutes leurs dettes fiscales et sociales à l'état qui en a plus que jamais besoin 2/ s'abstenir de prélever des bénéfices pour les réinvestir dans des projets créateurs de richesse et d'emploi afin de soutenir la relance de l'économie. Les entreprises tunisiennes sont toutes à l'aise financièrement, même celles dont la spécialité est de crier famine pour pomper des ressources de l'état. C'est ce qu'on appelle la solidarité nationale. Tous sur le pont.