Bonjour cher Nestor,
Je reconnais pleinement la pertinence et le bienfondé de ton argumentation. J'aurais juste quelques remarques qui sont beaucoup plus de l'ordre du complément que de la contradiction :
- A l'époque de l'assassinat, BCE n'était pas au pouvoir et certains avaient même évoqué la possibilité d'alliance/ de ralliement de Chokri (et de son parti) à BCE dans l'esprit de renforcement du camp laïc (ce à quoi était bien évidemment opposée une grande partie de la gauche, pour ne pas changer !). A moins que les tractations entre RG et BCE et les accords indécents sous la table n'aient commencé bien avant que ça ne soit porté à la connaissance du public...
- En toute honnêteté, je pense que Chokri (et son parti) n'auraient pas pu faire le poids ou prétendre à remporter des élections, parce que le pays n'était pas (et n'est pas et n'est pas prêt à être) dans des dispositions et configurations de vote massif de gauche. Ce qui, à mon avis, conforte l'hypothèse de l'assassinat politique "sanction" (pour avoir éclairé ne serait-ce qu'une petite partie du peuple et de l'électorat cible des islamistes; pour avoir osé dire les choses franchement, clairement et courageusement; pour avoir osé se mesurer aux islamistes et essayé de les démasquer par a+b, pour avoir "offensé l'Islam"...) et "exemple" (pour qu'il ne prenne plus l'envie à d'autres militants et opposants de s'en prendre aussi frontalement aux islamistes).
- Tout en reconnaissant la justesse de ce que tu dis à propos de la société civile, j'ajouterais qu'elle est divisée (si la partie à laquelle tu fais référence opère une escalade dans sa résistance et ses revendications, l'autre partie islamo-révolutionnaire ira encore plus loin et -comme à l'accoutumée- dans des formes de (contre)protestations violentes. Par ailleurs, force est de constater que la partie qui nous intéresse est toujours dans la mollesse et l'absence d'haleine et de constance...
Et sinon, c'est toujours un plaisir de discuter avec toi !
Bonne fin de journée !