
Ghazi Boulila*
Les théories traditionnelles du développement défendent l’idée que les économies en développement doivent suivre les étapes des pays développés. Ces théories du « rattrapage » impliquent qu’un effort d’investissement dans les compétences, la capacité de production et les technologies de conception permettent aux pays en développement de passer par les mêmes trajectoires de développement et ainsi de réduire l’écart de revenus. Ces dernières années, on assiste à l’apparition d’une théorie alternative basée sur le Leapfrogging qui aide les économies émergentes à éviter le retard technologique et aller directement vers les technologies de pointe. Ce saut technologique appelé Leapfrogging ou saute-mouton ou saute- grenouille ou bond en avant se produit lorsqu'un pays contourne les étapes traditionnelles de développement pour passer directement aux technologies les plus récentes ou explorer de nouvelles directions vers des innovations capables de faire la rupture avec la technologie existante.
Dans ce cadre, la mise en œuvre d’une politique dans laquelle un effort considérable sera consenti pour adopter, créer et utiliser des dernières technologies de pointe est pertinente. Il s’agit de brûler les étapes en s’insérant directement dans les 3ème, 4ème et 5 ème révolutions industrielles.
Comment définir les industries 3.0, 4.0 et 5.0 ?
La troisième révolution industrielle ou l’industrie 3.0 qui a commencé en 1950, désigne une nouvelle révolution industrielle et économique par rapport aux deux anciennes qui sont basées sur la production des biens classiques à base d’énergie non renouvelable (charbon et pétrole). L’industrie 3.0 est basée sur les Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication (NTIC) et l’énergie renouvelable (solaire, éolienne, hydraulique, géothermique, marine, biomasse).
En effet, devant notre dépendance vis-à-vis de l’énergie fossile et notre faiblesse vis-à-vis de la qualité des services fournis, il est important d’entrer dans une troisième grande transformation basée sur les énergies renouvelables et le numérique.
L’industrie récente 4.0 ou la quatrième révolution industrielle, représente une nouvelle évolution de l'industrie caractérisée par l'intégration de technologies numériques avancées telles que l'Internet des Objets (IoT), l’intelligence artificielle (IA), la robotique, et la fabrication additive. Elle se différencie des révolutions industrielles précédentes par sa capacité à se connecter à des machines à travers des réseaux intelligents, ce qui permet une communication en temps réel et une prise de décision autonome.
L’industrie 5.0 est basée sur l’interaction entre les humains d’une part et les machines intelligentes et les robots d’autre part. Elle permet de réorganiser les chaînes de valeur existantes afin de les rendre plus durables et suffisamment puissantes pour résister aux chocs extérieurs, tels que les pandémies et les risques géopolitiques.
Dans ce contexte, il est important d’explorer la manière de créer un environnement propice à des formes de Leapfrogging créatrices de trajectoires qui permettraient à de nouveaux systèmes alternatifs plus efficaces d’émerger.
Le passage d’une révolution industrielle à une autre constitue un point de rupture technologique historique. L’industrie 1.0 basée sur la machine à vapeur a rompu avec la société traditionnelle agricole et artisanale. La Grande-Bretagne et puis la France qui étaient les pionniers à développer cette industrie (1750-1850) ont accumulé du capital physique et l’humanité a connu pour la première fois l’avènement du mode de production capitaliste. L’apprentissage par l’expérience a creusé l’écat entre ces pays et les autres qui ont pris du retard à sauter vers cette première révolution industrielle. Le capitalisme s’est étendu à d’autres pays qui ont créé une autre rupure avec l’appartion de la deuxième révolution industrielle (1850-1950) basée sur le pétrole et l’électricité. Les innovations se multiplient comme la théorie des atomes, l’étude du comportement mécanique ou chimique des matériaux et la mécanique quantique, l’électromagnétisme, l’électronique et la micro-électronique, le stockage et la gestion de grandes quantités de données etc. Le comportement des autres pays n’a pas changé, ils n’ont pas sauté vers cette industrie 2.0 et l’apprentissage par l’expérience a creusé l’écat entre ces pays innovateurs et les autres. Aujourd’hui, il existe plusieurs pays qui ont compris qu’il fallait changer de comportement et sauter vers les nouvelles révolutions industrielles.
Les success stories des pays asiatiques
La Corée du Sud est considérée comme l’exemple de la construction, de la création d’un avantage comparatif et de Leapfrogging. Elle avait le statut d’exportateur majeur dans la sidérurgie et la construction navale dans les années 70, de commencer à exporter des automobiles vers les Etats-Unis dans les années 80, de produire les composants électroniques depuis les années 90. La Corée est aujourd’hui leader mondial dans le domaine des semi-conducteurs (mémoire RAM et Flash), de l’affichage numérique (les écrans LCD et plasma) etc. Les entreprises Samsung et LG accaparent une part importante du marché mondial. Le gouvernement coréen commence à investir dans des industries comme l’aérospatiale, les biotechnologies, les technologies propres et la robotique.
Aujourd’hui, les semi-conducteurs déterminent l’avancée technologique dans de nombreux domaines tels que les ordinateurs, les serveurs, les centres de données, les téléphones portables, les satellites, les réseaux de communication (5G, 6G), les industries de défense, les systèmes d’intelligence artificielle etc.
Actuellement, nous sommes en présence d’une grande bataille des semi-conducteurs entre la Chine et les Etats-Unis. Les leaders mondiaux des microprocesseurs, TSMC à Taïwan et Samsung en Corée du Sud en collaboration avec des entreprises américaines, sont les seuls à produire à grande échelle les microprocesseurs ayant une finesse de gravure de 3 nanomètres. Chaque composante clé de cette industrie constitue un défi pour les entreprises chinoises. Le patron chinois SMIC maîtrise les process mais a des difficultés à rattraper le retard avec des entreprises américaines. Le Leapfrogging de la Chine dans ce domaine pourrait basculer ce pays vers la position de leader mondial.
Les success stories de quelques pays en développement
L’exemple de Leaopfrogging le plus cité est la révolution mobile en Afrique surtout au
Kenya et au Rwanda qui a permis à ces pays de passer directement aux téléphones mobiles sans avoir besoin d’investir dans une infrastructure de téléphonie fixe à fil de cuivre. Un autre exemple est l’explosion des systèmes de paiement mobile et des applications bancaires numériques. Ces nouveaux services fournis ont amplement élargi l'accès aux services financiers tout en permettant à ces pays de tracer une voie alternative et supérieure aux systèmes basés sur les cartes de crédit qui dominent encore dans la plupart des pays développés.
Malgré ces succès, il est important de viser l’objectif du Leapfrogging qui consiste à innover et produire des variétés de produits, plutôt que de simples consommateurs de technologies et de services développés dans d’autres pays avancés. La révolution du mobile en Afrique a aidé les citoyens en améliorant leur accès à l’information et en leur permettant de devenir des consommateurs de nouveaux services numériques, mais il faut agir sur la création de technologie et l’accroissement de l’offre qui sont le moteur de la croissance et du développement durable. La révolution du mobile n'a pas réussi à établir une base de nouvelles trajectoires dans la construction des infrastructures mobiles et des innovations,
Le Brésil a réussi à construire en 1980 un système de transport urbain basé en grande partie sur l’éthanol et puis sur le biodiesel qui sont tous les deux produits et transformés dans le pays. Il a innové sa propre technologie et utilisé les ressources nationales à partir des plantations de canne à sucre. Le marché d'éthanol a été créé grace à une politique d’encouragement de l’offre domestique, ce qui a permis de limiter les importations de pétrole.
Les conditions préalables à l’éfficacité du Leapfrogging
La stratégie du Leapfrogging doit être accompagnée par d’autres investissements dans des infrastructures de base nécessaires à la croissance comme l’éducation, l’accès à Internet et à la santé, les routes et autoroutes, les ports, le capital social, la recherche et développement, la bonne gouvernance etc.
La télésanté peut élargir l'accès à certains services médicaux, mais ne remplacera pas la nécessité d'investir de manière soutenue dans les infrastructures de santé publique (dispensaire, hopitaux, bonne qualité des médecins et personnels de santé etc.).
En effet, le Leapfrogging est considéré comme un catalyseur du développement durable. Lorsqu’il est convenablement soutenu par un écosystème d’innovation vigoureux et dynamique et une bonne gouvernance, le développement rapide peut avoir des effets transformateurs.
Conclusion
Cette note a tenté d’analyser les grandes lignes d’une éventuelle stratégie permettant un développement rapide en contournant les étapes traditionnelles de développement et en adoptant des technologies et des pratiques innovantes. Dans ce cadre, il est nécessaire que les technologues, les économistes, les ingénieurs et les décideurs politiques se réunissent pour évaluer les success stories passées de Leapfrogging des pays et explorer les opportunités spécifiques de chaque pays. Une vision partagée entre ces intervenants permet une mobilisation nationale vers des choix optimaux.
Cependant, si le Leapfrogging présente de nombreuses opportunités, il pose également des défis, tels que le risque de baisse de l’effort à l’investissement public et privé dans les infrastructures traditionnelles et le développement des compétences pour garantir la durabilité et l’inclusivité à long terme.
Pour la Tunisie, le Leapfrogging offre une opportunité qui permet de passer rapidement à une économie fondée sur les services numériques, l’intelligence artificielle, le capital humain et la production des variétés à haute valeur ajoutée.

A la différence de ceux qui n'ont pas confiance en un possible essor de notre Tunisie, je vois que notre pays ne lui manque ni l'intelligence naturelle ni les moyens de réaliser un véritable 'leapfrogging' technologique, sociétal et économique. Pourquoi pas. les autres l'ont fait et ils ne sont pas plus surhumains que nous!
Remarque: j'aime les textes de Mr Ghazi Boulia ; le lire n'est point une perte de temps....
Mr. Ghazi Boulila étale un savoir sans aucune proposition utile pour une Tunisie meilleure. Alors pourquoi écrit-il?
Notre planète terre est aujourd'hui en constante évolution, des théories et des concepts sont sans cesse développés dans tous les domaines. Cependant, le défi est dans la traduction (le passage) de ces théories dans la pratique réelle. En Tunisie nous avons du mal à combler (remplir) le fossé entre la théorie et la réalité, nous parlons trop depuis 2011 de théories socio-économiques sans aucun résultat positif à long terme pour notre pays et pour tous les Tunisiens.
Ce qui manque à l'article ci-dessus est évident, il ne propose aucune stratégie pratique pour mettre la théorie en action, il ne traite aucun cas socio-économique réel de la Tunisie où on pourrait appliquer sa théorie.
Certes, les connaissances théoriques sont le fondement de tout domaine pratique, ils fournissent un cadre pour la prise de décision et les actions pratiques. Cependant, leur application pratique n'est pas souvent triviale à cause de la complexité des situations réelles, les limites des modèles théoriques et la résistance socio-politique au changement.
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Ce qui manque à l'article ci-dessus est un effort afin de combler (remplir) l'écart entre la Théorie et la pratique en partant du contexte socio-économique de la Tunisie (je me répète: en partant du contexte socio-économique de la Tunisie).
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Les connaissances théoriques ne suffisent pas à elles seules pour faire réussir la Tunisie socio-économique. Ce qui manquait / manque à la majorité de nos politiciens et à nos prof. est la capacité d'appliquer leur savoir universitaire dans des situations socio-économiques réelles afin d'aboutir à des résultat constructifs pour le long terme: c.à.d la capacité de pouvoir combler le fossé entre la théorie et la réalité en partant du contexte socio-économique de la Tunisie (je me répète: en partant du contexte socio-économique de la Tunisie).
@Mr. Ghazi Boulila, en tant que prof. universitaire vous devriez plutôt préparer vos étudiants à des applications dans le monde réel. Il est essentiel de doter les étudiants de nos universités de compétences, de connaissances et de l'état d'esprit indispensables afin d'appliquer les concepts théoriques dans des situations réelles.
Dr. Jamel Tazarki, Mathématicien Résident à l'étranger
PS: une grande partie de notre peuple est victime de ce qu l'on appelle "Learned Helplessness"
L'impuissance acquise (ou impuissance apprise) est un processus de résignation qui se produit lorsqu'un être humain (ou un animal), est sujet de manière répétée à un stimulus perçu comme négatif, auquel il ne peut échapper.
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On parle d'impuissance apprise. Cette attitude résignée, une fois installée, contamine même les situations pour lesquelles le comportement d'une personne aurait pu être efficace. Et ainsi, même lorsque des moyens de sortir d'une telle situation sont présents, cette impuissance acquise fera en sorte que la personne n'agira plus.
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Tous les moyens afin de sortir d'une notre actuelle situation socio-économique sont présents, mais cette impuissance acquise fera en sorte que le Tunisien n'agira plus.
- à force de traiter les diplômés de nos universités de nuls et notre jeunesse de borné nous finirons par induire en eux ce que l'on appelle l'impuissance acquise (Learned Helplessness)
- à force de traiter la femme d'être inférieur nous finirons par induire en elle ce que l'on appelle l'impuissance acquise (Learned Helplessness)
- une recherche d'emploi qui se solde par des échecs systématiques peut, a terme, éteindre toute combativité pour retrouver du travail. le résultat négatif, malgré les actions, sera anticipé et généralisé au point de ne plus rien tenter. L'estime de soi est alors touchée, la motivation baisse et la dépression s'installe.
--> la capacité à résoudre des problèmes socio-économiques est comme gelée chez notre peuple. Cette passivité s'est mise en place chez la majorité des Tunisiens qui s'est plongée dans un état de résignation.
La notion d'impuissance apprise [Learned Helplessness] est un état proche du renoncement et de la dépression induit chez un individu (ou un animal) faisant l'expérience d'échecs successifs et d'absence de maîtrise sur ce qui lui arrive
La Chine domine 32% de l'industrie mondiale, elle peut satisfaire la totalité de la demande mondiale dans plusieurs secteurs. La Chine investit encore 42% de son PIB. La formule du PIB = C + I + G + (X - M), C: c'est pour la Consommation et I: c'est pour l'Investissement, (X-M) est exportations - importations. La consommation (C) et les dépenses du gouvernement (G) sont relativement faibles en Chine. La Tunisie consomme trop (63% du PIB), a un déficit commercial, et le gouvernement dépense trop, donc l'investissement est faible. L'industrie que ce soit 4, 5, 6 ou 7 exige des investissement considérables. Les USA ont fait des investissements massifs pour préserver leur 16% et vont ériger des barrières douanières pour la maintenir. Le destin de l'Europe est incertain et l'industrie européenne s'écroule. Le futur des sociétés SK semble être aux USA ou elles ont investit plus de 80 milliards en 2023, une migration des élites dans un pays ou la population risque de disparaître.
La Tunisie devrait investir dans l'énergie et l'agriculture 5.0.
Le transport de énergie coûte trop cher, surtout si elle est relativement propre comme le gaz naturel ou propre comme l'hydrogène vert ou l'électricité verte. L'Europe exige une électricité verte et va pénaliser les énergies 'sales'. Par sa proximité de l'un des plus grand marche de l'énergie, la Tunisie a un avantage comparatif dans ce domaine.
Par son climat la Tunisie a un avantage comparatif dans l'agriculture 5.0, l'agriculture 5.0 est une agriculture qui mène permet une nutrition saine une réduction des maladies métaboliques. La Tunisie a un avantage comparatif dans ce domaine, surtout dans l'huile d'olives, les fruits, les amandes, elle n'a pas un avantage comparatif dans le blé ou l'avantage de la Russie te l'Ukraine est beaucoup plus prononce.
L'Agriculture a besoin d'industries qui la supportent comme la dessalinisation de l'eau de mer.
Avec l'énergie 5.0 on a besoin de développement dans l'industrie de l'hydrogène, l'electricite...
Tout les domaines vont utiliser l'intelligence artificielle.
Je ou plutot nous n avons cesser d envoyer ce genre de rapport de preconisation mais les decideurs politiques ne veulent pas aller dans ce sens pour des raisons ideologique et de mediocrité .
Il reste tous bloqué sur le prix de la batata sur des preoccupation presente ou passé sans les resoudre pour autant .
Nous aboyons depuis des années dans le vide . Pour que ca change il faut que l elite de l intelligence economique et financiere prenne le pouvoir et non des reveurs du droit qui pensent que la croissance ce decrete .
Autre chose ce genre de saut , le leapfrogging a beaucoup d incovenient en terme de dependance et sans maitrise de la chaine total de valeur sans oublié la dependance de certains produit a autrui .
Plusieurs etude ont montré qu aucun pays ne peut sauter le pas de la revolution industriel et de l industrie lourde si ces pays souhaite avoir un tissue industriel et donc de service .
Vous citez la coree du sud mais la coree du sud est obligé d avoir une industrie lourde construction navale siderurgie industrie d armement qui lui permette d investir en recherche dev .
enfin bref nous avons nous le meilleur avec ses societes communautaire et des taxations spoliatif de 40%