alexametrics
jeudi 25 avril 2024
Heure de Tunis : 04:30
A la Une
La Steg risque de manquer de jus
10/10/2022 | 13:58
6 min
La Steg risque de manquer de jus


La société tunisienne de l'électricité et du gaz (Steg), comme la majorité des entreprises publiques, est en train de vivre des difficultés financières importantes. La société a fini 2021 avec un déficit de 42,66 millions de dinars. Certes, le déficit a baissé de 41,03%, malgré le doublement des cours de gaz. Mais, la situation ne peut plus perdurer, surtout que les prix des énergies fossiles poursuivent leur envolée, notamment suite à la guerre en Ukraine.

 

La Société tunisienne de l'électricité et du gaz (Steg) vient de publier son rapport d’activités pour 2021. Il en ressort que l’entreprise publique a réalisé un déficit de 42,66 millions de dinars (MD) en 2021 contre un déficit de 60,17 MD en 2020 et un déficit record en 2019 de 2.093,50 MD.

Le résultat net de 2021 prend en considération l’obtention d’une compensation de près de 1,37 milliard de dinars. Cela dit, la société souffre d’impayés de 2,4 milliards de dinars, selon les chiffres communiqués par la société à la fin de l’année. Le plus gros de ce montant, soit 1,1 milliard de dinars, est auprès dû des consommateurs domestiques, 500 MD auprès des entreprises privées, 350 MD auprès des ministères et 200 MD auprès des municipalités. Ce qui impacte, bien sûr, les résultats financiers de l’entreprise.

Selon les états financiers au 31 décembre 2021, la Steg a ainsi réalisé un revenu en hausse de 2,71% pour atteindre 5,42 milliards de dinars. Elle a payé un impôt sur les bénéfices de 6,29 MD mais surtout des charges financières de 342,36 MD qui ont doublé en comparaison à un an auparavant. Les frais du personnel se sont élevés à 537,9 MD en 2021 en progression de 6,4% et qui est expliquée principalement par l’impact des négociations réglementaires et le recrutement de 563 nouveaux agents.

 

Côté performances, la Steg a injecté sur le réseau de transport 21.175 GWh en 2021 (+7%), 16.784 GWh ont été produits dans ses centrales (+3,8%) et 3.138 GWh de la production privée de la centrale Carthage Power Company de Radès (-8,1%).

Les ventes d’électricité (énergie aux compteurs, redevances d’abonnement et primes de puissance comprises) ont enregistré une légère augmentation de 1,4% suite à l’augmentation des quantités vendues d’électricité moyenne et basse tension respectivement de 5,5% et 6,5%, et une baisse de 33,3% du chiffre d’affaires provenant des ventes haute tension.

Pour l’année 2021, les ventes d’électricité haute et moyenne tension par secteur d’activité économique se sont caractérisées par une hausse des ventes dans tous les secteurs, principalement les industries du papier et de l’édition (+19%), des matériaux de construction (+16%) et du tourisme (+15%), à l’exception des ventes du secteur des industries alimentaires et du tabac qui ont connu une baisse de 4%.

Pour cette même année, les investissements pour l'électrification des milieux urbains se sont élevés à 46,95 milliards de dinars et des milieux agricoles et ruraux à 34,42 milliards de dinars. Des investissements qui ont permis de réaliser 107.340 nouveaux branchements en 2021.

 

Pour leurs parts, les prélèvements de gaz naturel ont atteint 5.667 ktep en 2021 (+5%), expliqués par la hausse de la demande. La production du gaz national a enregistré une augmentation de 18%, suite à l’entrée en régime de croisière du gisement Nawara et l’augmentation de production des gaz Maâmoura, Franig, Baguel et du Gaz Commercial Sud, malgré la diminution de la disponibilité des gaz Miskar et Hasdrubal suite à leurs déclins naturels. Quant aux prélèvements de quantités de gaz algérien, ils ont baissé de 2%, suite à la limitation des achats aux quantités contractuelles.

La consommation des clients tous niveaux de pression confondus a enregistré une hausse de 12,6% en 2021, à cause de la reprise de l’activité économique après la pandémie Covid-19.

Pour l’année 2021, les ventes de gaz par secteur économique ont connu une hausse de 15,6%. Le rapport souligne la hausse remarquable au niveau du secteur des industries de matériaux de construction (+27,3%), des industries du papier et de l’édition (+18,2%) et des services (+12,1%). Il précise une baisse au niveau du secteur du transport (-17,9%) et des industries chimiques (-0,9%).

Les ventes de gaz naturel et de produits GPL ont augmenté de 6,7% durant l’année 2021.

 

Il faut aussi comprendre que pour produire de l’électricité, la société utilise majoritairement le gaz naturel. Au cours de l’année 2021, la production a été obtenue à concurrence de 97,2% à partir du gaz naturel et 2,8% à partir des énergies renouvelables.

61,97% du gaz naturel provient de l’Algérie (16,9% en tant que redevance et 45,01% contractuel) le reste étant produit localement. D’ailleurs et toujours selon ce rapport d’activités, on apprend que suite au manque de disponibilités en gaz naturel, la Steg a eu recours aux achats d’électricité auprès de la Société algérienne de l'électricité et du gaz-Sonelgaz (plus de 5% de l’électricité injectée sur le réseau).

Ainsi, on remarque la part très modeste des énergies renouvelables, ce qui est problématique en soit avec les diverses annonces gouvernementales. Fin 2017, l’ancien chef du gouvernement Youssef Chahed avait annoncé une accélération de la réalisation de projets garantissant la transition énergétique du pays. L’objectif était de produire 1 gigawatt (GW) à l’horizon 2020, soit le 1/5ème de la capacité de l’époque. En est en 2022 et il n'en est rien.

Or et en ces temps de crise, les cours des énergies fossiles se sont envolés. La situation s’est envenimée davantage avec la guerre en Ukraine. Les cours de gaz naturel ont presque quadruplé entre janvier 2021 et août 2022.

 

Donc, il faudra s’attendre à ce que le déficit de la société s’aggrave en 2022. Rappelons que la Loi de finances 2022 a été bâtie sur l’hypothèse que la moyenne de prix du baril ne dépassera pas les 75 dollars le baril de Brent. Or, cette moyenne de prix a été largement dépassée.

Sachant qu’un dollar supplémentaire dans le prix du baril représente 140 millions de dinars (MD) de dépenses en plus pour l’Etat tunisien alors que pour le glissement du dinar, chaque 10 millimes de moins par rapport au dollar se répercutent par 40 millions de dinars (MD). En prenant en compte ce nouveau prix, il faudra débourser 8 milliards de dinars de compensation en 2022, alors que les prévisions étaient de 2,9 milliards de dinars (des besoins qui ont presque triplé).

Selon Mme Gongi, les besoins de financement en produits pétroliers (carburant, gaz, électricité) étaient de 5,2 milliards de dinars, aujourd’hui avec la flambée des prix ils ont grimpé à 10,2 milliards de dinars.

Et d’expliquer que la non-rationalisation de la compensation a un coût énorme sur la communauté et sur les projets d’investissement sur le pays.

« La rationalisation de la compensation nous permettrait la réalisation de huit lignes du réseau ferroviaire rapide (RFR) dans les grandes villes tunisiennes ou l’achat de plus de 4.000 bus électriques ou la construction et l’équipement de plus de cinquante hôpitaux. Ce qui montre le lourd poids sur la communauté d’une compensation qui ne va pas à ses destinataires », avait-t-elle affirmé.

 

Tout cela nous ramène au point crucial : la nécessité d’accélérer le développement des énergies renouvelables, notamment avec les problèmes financiers que traverse le pays et le manque de ressources. Mais, cela reste entravé en grande partie par la Steg elle-même, selon les témoignages des divers intervenants.

 

La Steg vient de publier ses résultats pour 2021. D'aucuns diront que le déficit a diminué malgré la crise. Mais, la vérité est que cette situation ne peut se poursuivre surtout avec le manque de ressources. L’accélération de la mise en place des énergies renouvelables pour mieux équilibrer le mix énergétique du pays est, plus que jamais, une nécessité.

 

Imen NOUIRA 

10/10/2022 | 13:58
6 min
Suivez-nous
Commentaires
Loozap
Respect
a posté le 10-10-2022 à 23:13
C'est pas du tout reluisant cette situation mais on a espoir que les choses se stabilisent
Chaba7
A qui la faute?
a posté le 10-10-2022 à 20:14
C'est la STEG elle même et son maudit syndicat qui ont bloqué la transition vers les énergies renouvelables!!! Voilà o'nous en sommes aujourd'hui.
Ridha
Travail inefficace
a posté le 10-10-2022 à 19:01
Pourquoi le rapport 2021 de la STEG vient fin 2022 ? '?tant donné que ce rapport contient des informations nécessaires pour un ' Dashboard ' de conduite et décision'?'?'. !!!
Les syndicats
doivent comprendre....
a posté le 10-10-2022 à 17:21
Les syndicats de la STEG doivent comprendre que l'énergie solaire est la solution durable pour combler le déficit énergétique en Tunisie. De ce fait, ils doivent inciter la STEG à encourager d'avantage les investisseurs privés tunisiens et étrangers de réaliser des projets de production en Tunisie. Par ailleurs et compte tenu de la crise énergétique actuelle, il est inacceptable que les personnes (cadres et agents) qui travaillent à la STEG continuent de bénéficier GRATUITEMENT de l'électricité en privé et à domicile. Même chose aussi pour les bons à essence dont jouissent les cadres de la fonction publique et qu'on pourrait remplacer par une nouvelle prime de transport unifiée et plafonnée..!!!!!
Hichem
et même au delà
a posté le à 00:08
bénéficier du jus a l oeil et en faire profiter tout le quartier.
clim 24h/24 ...
A4
Encore des chiffres ...
a posté le 10-10-2022 à 17:14
La STEG a produit 21.175 GWh durant l'année 2021, soit 21.175.000.000 kWh en brûlant principalement du gaz importé.
Une installation photovoltaïque (PV) de 1 kWc produit en Tunisie et en moyenne 1.650 kWh/an.
Pour produire autant que la STEG mais en photovoltaïque, il faudrait une installation géante de: 21.175.000.000/1.650=12.833.333 kWc.
1 kWc correspond à environ 6 m2 de panneaux PV. Notre installation géante va donc nécessiter: 12.833.333'?6=77.000.000 m2 au total, soit 77 km2, c'est à dire un rectangle d'environ 15,5 km '? 5 km.
Rapportée à la superficie du territoire tunisien cette surface de 77 km2 va correspondre à: 77/164.000=0,00047, soit environ 0,05 %. C'est presque la superficie du lac Ichkeul qui fait 85 km2 !!!
Jetez un coup d'oeil sur la carte pour voir ce que représente le lac Ichkeul par rapport à l'ensemble du territoire . . .
Un citoyen
Sans compter l'éolien
a posté le à 19:39
Le potentiel du renouvelable est énorme et sous exploité dans le pays mais le problème n'est pas technique mais dans le poids de ces syndicats qui dictent leurs lois et sont responsables de l'immobilisme général et dans tous les secteurs de l'économie
Rationnel
Dissoudre les syndicats de la STEG
a posté le à 00:44
Une nation de 12 millions ne peut pas rester l'otage d'un syndicat qui représente moins de 10 milles personnes.
Le syndicats de la STEG compte beaucoup moins de membres que celui de la police.
Si le ministre de l'intérieur peut dissoudre le syndicat de la police, le ministre de l'énergie peur sûrement dissoudre celui de la STEG.
Le Gaz brûlé par la STEG peut rapporter 18 milliards de dollars, la dette extérieure de la Tunisie n'est que 34 milliards donc la Tunisie peut sortir immédiatement de sa crise économique avec une transition qui peut se faire en quelques mois.
Le moyen le plus rapide serait les éoliennes off-shore donc la puissance peut excéder les 14 MW, on aura besoin de 280 pour couvrir la majorité des besoins. Les éoliennes offshore ont un facteur capacité de 74%.
A4
Question:
a posté le à 19:53
Quel est le QI moyen d'un camarade syndiqué ?
Gg
Mais oui!
a posté le à 18:23
Vous avez tout dit!
Ftouh
..pour une fois echaab yourid...(el bira et le photovoltaique)
a posté le à 21:15
merci A4 de nous avoir ...eclaire'..naourtna..

Pour by-passer ces syndicats vampires et prehistoriques..je propose ce qui suit:
Organiser un referendum..et collectionner des signatures le tout avec huissiers , avocats etc...donc bien ficele' juridiquement..

Je presume que cela va recolter > 1 million au bas mot.

et ne nous arretons pas aux 80 km2...il fait faire plus pour exporter, dessaler l' eau de mer..la rendre potable..etc.

Notre cher KS peut une fois descendre de son pedestal etant donne' que le chaab yourid...et cette fois pour de bon.

Il doit y avoir des failles ou des breches dans le destour ...pour imposer l' energie renouvelable..et une moindre dependance du gaz et autres energies fossiles disponibles en dollars et dont le prix est fixe' par des evenements aleatoires.

Je propose aux forumieres et forumiers de developper cette idee..

Le financement d' un tel projet est relativement aise' compare' a d' autres projets de presige ou de payement de salaires de fonctionnaires..
Les banques qui investissent ou les prives ont la garantie de la vente du produit et de l' existence de marchessss
retraité
la meilleure solution privatiser la STEG
a posté le 10-10-2022 à 17:09
la solution privatiser la steg et encourager le privé tunisien et les investisseurs privés étrangers à investir dans l'énergie solaire et éolienne en mer sur le littoral les investisseurs étrangers doivent investir et gérer leurs entreprises selon la loi 1972 et en accordant gratuitement 30 % de l'électricité produite à l'?tat tunisien le Maroc a 10 longueurs d'avance sur nous il a la plus grande centrale solaire financée et gérée par un consortium de 4 pays la France l'Espagne l'Allemagne et la Belgique 70 % iront à ces quatre pays et l'?tat marocain prélève 30 % restantes alors il n'a pas dépensé un dirham et fait travailler des marocains
Agatacriztiz
Gouverner, c'est prévoir
a posté le 10-10-2022 à 16:27
Je répète ce que j'ai dit dans un autre commentaire concernant l'approvisionnement en carburant et autres énergies combustibles, pas parce que je suis devenu gâteux, mais parce que le sujet est grave. On imagine aisément les conséquences que ces ruptures d'approvisionnements en combustibles, ici le gaz pour ce qui est de la Steg, quelles que soient leurs causes, politiques, "schmeta fina" ou autres, peuvent avoir dans la production d'électricité à partir des centrales thermiques de cette dernière.
Or, à titre de prévention, et ces jours-ci, une panne générale d'électricité à été sérieusement envisagée en Autriche.
L'armée et les communes se sont mobilisées et une grande chaîne de supermarchés a même préparé son personnel à d'éventuels désordres et pillages.
Comment gérer une population non préparée, qui se retrouverait rapidement à court de vivres ?
En effet, si il y a un black-out, les supermarchés, supérettes et épiciers vont faire en sorte de vendre, voire de brader tous les aliments périssables notamment ceux qui sont dans des frigos ou des armoires réfrigérées.
Sans électricité, il n'y a en effet pas de caisses non plus ni de système de refroidissement, donc, au lieu que les produits ne s'abîment, on sera obligés de les distribuer.
Si la population est préparée, informée, et sait quoi faire sans avoir à s'insulter, se pousser, se piétiner les uns les autres, on peut éviter la panique.
Il faut également assurer la continuité des services de police, notamment de la circulation (car il n'y a plus de feux de signalisation ni d'éclairage), de lutte contre l'incendie, des hôpitaux et des centres de premiers secours qui n'ont pas de générateurs d'appoint en cas de pannes.
Alors au lieu de discutailler à droite et à gauche de foutaises en cherchant à nous expliquer pourquoi le pays manque de carburants et peut-être demain d'électricité tout court, l'armée, la garde nationale et la police devraient prendre graine de ce que font leurs homologues autrichiens et faire une vaste "opération blanche" dans une grande ville du pays pour définir le type de décisions à prendre au profit de l'ensemble de la population pour qu'elle puisse s'organiser face aux conséquences d'un black out qui pourrait durer.
Parce qu'à ce rythme de "couacs" d'approvisionnements en tous genres et d'explications aussi oiseuses les unes que les autres, je n'ose pas imaginer les tonnes de conneries que nous devront entendre en cas de bordel généralisé dû aux pannes ou pénuries générales.
Je répète ce commentaire parce que je crois que c'est important de se souvenir de cet adage :"gouverner, c'est prévoir".
Tunisie
Proposition
a posté le 10-10-2022 à 15:43
Messieurs les décideurs, la solution est au-dessus de vos têtes, LE SOLAIRE
ourwa
Et l'énergie éolienne ?
a posté le à 20:00
" LE SOLAIRE", exact...à condition que la bureaucratie tunisienne cesse ses blocages indignes ; la station solaire de Gabes est opérationnelle depuis 3 ans, mais elle ne fonctionne pas, cherchez l'erreur... Mais il n'y' a pas que le solaire, il y a l'éolien ; est-ce que la Tunisie manque de vents...à part ceux émis quotidiennement par KS ? On dirait qu'il y aurait des bâtons dans les roues dans les projets d'une transition énergétique raisonnable, écologique et pérenne ; le lobby pétrolier tunisien aurait-il une certaine responsabilité dans ce marasme, tel que le groupe Bouchamaoui ?...