
Hier une jeune journaliste a été arrêtée. Encore une oui. On lui reproche des faits qui tombent sous le coup du décret 54. Encore lui, oui.
Thouraya Ferchichi a toujours défendu le régime juilletiste. Elle a souvent adopté ses idées, même les plus complotistes et même les plus indéfendables. Et pourtant, elle non plus n’a pas échappé au courroux du pouvoir. Le décret 54 lui est tombé dessus à cause de publications dans lesquelles on lui attribue de fausses informations. On n’a pas encore fait toute la lumière sur cette affaire, ni réellement démenti ses allégations. Une déclaration officielle a suffi pour la priver de sa liberté et elle se retrouve, sans avoir eu l’occasion de se défendre, en détention.
Thouraya Ferchichi n’est pas la seule. Elle n’est que le grain dans ce château de sable que le pouvoir essaye de bâtir afin de museler toutes les voix qui sortent des rangs. Il suffit de montrer un petit bout de nez dehors pour s’attirer sa colère.
Beaucoup de gens défendent aujourd’hui le décret 54 estimant qu’il s’agit d’une arme qui ne pourrait être utilisée que contre les opposants au régime. « Ceux qui ne veulent pas le bien de leur pays, ceux qui complotent contre la Tunisie ». Ceux que vous détestez et que vous voulez voir disparaitre. En réalité, ce décret pourrait être brandi contre chacun de nous, et chacun de vous, N’importe quel citoyen peut, d’un jour à l’autre, se voir privé de sa liberté à cause d’une opinion, d’une idée, ou d’une information non soigneusement vérifiée. Personne n’est à l’abri. Les citoyens pourraient, très prochainement, renouer avec des pratiques qu’ils pensaient avoir chassées pour toujours. Ce temps, pas aussi révolu, où il fallait regarder derrière soi et tourner sa langue dans sa bouche sept fois avant d’exprimer une simple et inoffensive opinion.
Force est de reconnaitre que les voix sympathisantes qui sortent des rangs n’ont rien à envier à d’autres, un chouia plus critiques. Les prisons se remplissent chaque jour un peu plus de journalistes, opposants politiques ou simples citoyens inconnus et anonymes ayant exprimé le soupçon d’une opinion contraire. Ils ont tous une chose en commun, le décret 54.
On aura beau entendre, dans les discours officiels, que la liberté d’expression n’est pas menacée, que les libertés seront sauvegardées, dans les faits, le tableau est brossé différemment.
Le caractère répressif du pouvoir n’est certes plus à démontrer. Entre les arrestations à la louche, les personnes privées de liberté à cause de leurs idées et opinions, les prisonniers politiques détenus illégalement, la liste des arguments s’allonge. Mais tout cela n’est rien comparé au climat de haine qui prévaut dans le pays. Les tensions sont tellement dans l’air, qu’il suffirait d’une étincelle pour allumer un grand feu. Et c’est cela qui est le plus dangereux.
L’hystérie collective qui est née ces dernières années a été peu à peu nourrie et consolidée. Elle est alimentée des discours de haine du pouvoir, des théories les plus complotistes, de la chasse aux sorcières, de scénarios catastrophes.
Des Tunisiens pensent que le monde complote dans leur dos, que des Subsahariens veulent prendre possession de leur pays pour s’y implanter ; que l’Occident fomente des plans machiavéliques pour prendre le pouvoir et que le quatrième homme le plus riche de la planète veut détruire notre civilisation.
Des citoyens souhaitent de plus en plus, et même sans forcément s’en rendre compte, voir ceux qui ne leur plaisent pas emprisonnés. Disparaitre du paysage. Tu as dit ceci ou cela, tu as défendu telle ou telle idée, tu t’es comporté de cette manière ou d’une autre, tu t’es habillé, tu t’es affiché… on devrait te mettre en prison. La prison n’a jamais été aussi facile qu’elle ne l’est aujourd’hui…
Si la répression du pouvoir finira un jour par s’effriter comme un château de sable, l’hystérie collective, elle, laissera des traces…




Si, en tant que citoyen et dans le cadre du suivi de la qualité du travail gouvernemental, je souhaitais (je ne le fais pas réellement) connaître le sort des exigences de son altesse exprimées le 15 mai au secrétaire d'?tat aux Affaires étrangères lui ordonnant de convoquer un nombre d'ambassadeurs étrangers pour leur faire part de la protestation de la Tunisie contre « les ingérences extérieures dans ses affaires intérieures ».
Est-ce un tel questionnement (hypothétique) mènerait directement à la case prison ? Si oui selon quel texte juridique svp ?
alors on a mis des containers dans la cour.
efficacité germanique.
On est en liberté conditionnelle.