
Le 9 avril de chaque année marque la commémoration des martyrs de la Tunisie. Une célébration qui préserve la mémoire des événements de 1938, précurseurs de la lutte pour l’Indépendance et l’organisation du mouvement national tunisien. Après la révolution, la recrudescence des actes terroristes en Tunisie et les victimes de ces opérations, la symbolique de cette célébration a pris une tournure plus contemporaine, plus vivace. C’est en l’honneur de tous les martyrs d’autrefois et d’aujourd’hui que nous célébrons cette fête, comme un devoir de mémoire, contre l’oubli.
C’est dans ce contexte que Business News a mené un entretien avec Majdouline Cherni, présidente de l’Instance générale des martyrs et des blessés de la révolution et des opérations terroristes. Mme Cherni nous a exposé sa mission à la tête de l’instance et les mesures prises au profit de nos martyrs. Interview.
Vous aviez été récemment nommée à la tête de l’Instance générale des martyrs et des blessés de la révolution et des opérations terroristes. En quoi consiste la mission de cette instance ?
D'après le décret n° 338/2016, et afin d’assurer la bonne gouvernance du dossier, l’Instance générale des martyrs et des blessés de la révolution et des opérations terroristes a été créée auprès de la présidence du gouvernement. L’Instance s’intéresse à plusieurs volets de ce dossier.
Nous assurons le suivi des dossiers des blessés et martyrs de la révolution et des actes terroristes et la prise de dispositions nécessaires pour régulariser les dossiers particuliers, outre la coordination avec toutes les structures et ministères concernés dans ce dossier et la commémoration de nos martyrs qu’ils soient civils ou sécuritaires.
Notre mission consiste ainsi en le développement des échanges et le partenariat avec toutes structures, en l’occurrence, ministères, associations et organisations, ayant un lien avec ce dossier. L’instance se charge également de l’élaboration des textes législatifs nécessaires afin de les soumettre pour examen et adoption. En définitive, nous avons pour mission de créer une base de données, visant à permettre le suivi et le contrôle continus des initiatives prises en faveurs des victimes.
Par ailleurs, ce dossier nécessite une collaboration totale entre l’Assemblée des représentants du peuple, le gouvernement, les organismes nationaux et la composante de la société civile, afin que les résultats soient meilleurs.
Une liste définitive des martyrs et blessés de la révolution a été établie. Quel en serait le nombre et comment cette liste a été établie ?
La Commission des martyrs et blessés de la révolution au sein de la Haute instance des droits de l’Homme et des libertés fondamentales, est chargée de l'élaboration de la liste finale, selon les dispositions de la loi n°26/2012 modifiant et complétant le décret-loi n° 97/2011, portant indemnisation des martyrs et des blessés.
En coordination avec le président de la commission, on s’est mis d’accord pour terminer, en une première phase la liste des martyrs. Celle-ci a été établie depuis décembre 2015. En deuxième phase, la commission établira la liste des blessés. A ce jour, les listes ont été dressées dans vingt gouvernorats. Il reste donc quatre autres gouvernorats.
Jusqu’à ce jour, à combien s’élèvent les dépenses de l’Etat tunisien au profit des familles des martyrs et des blessés de la révolution et sous quelle forme ont-elles été indemnisées ?
Entre la période 2011- janvier 2015, 95% des familles des martyrs et blessés de la révolution ont bénéficié d’indemnisations. Le coût total s’est élevé à 86,458 MD, en comptant les indemnisations exceptionnelles, les cartes de transport gratuit ou les soins gratuits.
Concernant la période 2015-2016, nous avons enregistrés 92 prises en charge des soins (médicaments, appareils de rééducation, soins à l’étranger ou au sein de cliniques privées…). Cela a coûté 500 MD.
Par ailleurs, les indemnisations saisonnières (les fêtes) se sont élevées à 195 MD et celles des rentrées scolaire et universitaire à 50 MD. En outre, quatre personnes souffrant de paraplégie ont bénéficié de logements sociaux d’une valeur d’environ 400 MD.
Ainsi, le coût total s’élève à 1100 MD, sachant que l’indemnisation du transport gratuit n’a pas encore été comptabilisée pour cette période.
On parle de certains blessés de la révolution qui ont rejoint les rangs des organisations terroristes en Syrie. Qu’en est-il réellement ?
Il s’agit d’une minorité. Nous avons enregistrés seulement trois cas, à ce jour. Il faut dire, également, que nous avions trouvé beaucoup de difficultés lors de la mise à jour de la liste provisoire. Cela est dû au fait qu’il n’y a eu aucune mise à jour depuis l’année 2011.
C’est ainsi que l’instance a découvert l’absence, ou disons, la disparition de quelques blessés, qui auraient vraisemblablement rejoint les zones de conflit.
Outre les martyrs et blessés de la révolution, vous vous chargez du dossier des martyrs des opérations terroristes. Cela inclut aussi bien les citoyens que nos forces armées ?
Oui, bien évidemment. Avec la prolifération des actes terroristes en Tunisie, notre pays n’a cessé de déplorer des victimes des opérations terroristes, que cela soit dans les rangs des civils que des sécuritaires. Il était donc primordial de prendre les mesures nécessaires au profit des victimes.
Quelles sont les aides qui seront fournies aux victimes des opérations terroristes ? Est-ce qu’elles concernent également les sécuritaires ?
Les civils victimes du terrorisme bénéficient des mêmes faveurs que les forces armées et sécuritaires.
Au fait, pour les martyrs (civils), cela consiste en l’octroi d’une somme de 40MD pour les ayants droit, le recrutement dans la fonction publique d’un membre de la famille et une priorité donnée à l’octroi d’un habitat social, suivant bien-sûr les procédures en vigueur.
En ce qui concerne les blessés, ils bénéficient d’une indemnisation qui varie entre 4MD et 10MD, suivant les dommages subis, la prise en charge des soins et d’une carte de transport gratuit.
Nous avons une commission qui est chargée de la mise en pratique de ces mesures. Toutefois, il reste à signaler que pour les civils, il est indispensable de présenter un rapport médical émanant d’un établissement étatique, montrant la nature de la blessure et une fiche du ministère de l'Intérieur signifiant que la blessure a été causée par un acte terroriste.
Concernant les martyrs des forces armées et sécuritaires, nous avons quelques mesures exceptionnelles. Notamment, une double promotion en grade exceptionnelle, la priorité à l’octroi d’un habitat social (pas suivant les procédures en vigueur) et l’attribution du salaire du martyr à sa famille. Il est à noter que pour les célibataires, d’une façon exceptionnelle, nous avons régularisé la situation de la plupart des familles. Il ne reste que quatre cas, en attendant la révision de la loi.
D’une façon générale, il est nécessaire de garantir les droits des blessés et des martyrs. Vu leur dévouement patriotique, d’autres mesures en leur faveur sont en cours. Nous les annoncerons en temps voulu.
La Tunisie commémorera ses martyrs ce samedi 9 avril. Quels sont les événements prévus à l’occasion de cette fête nationale ?
En parlant du 9-Avril, je tiens à dire que les sacrifices de tous nos chers martyrs resteront immortels et une source de fierté dans la mémoire du peuple tunisien.
Et aujourd’hui, avec cette phase de confrontation avec le terrorisme, nous avons organisé en l’honneur de nos martyrs une visite à Ben Guerdène, pour saluer la bravoure du peuple tunisien face aux attaques perfides et lâches. Nous aurons une réunion avec toutes les familles des martyrs de Médenine, ceux de la révolution et du terrorisme, afin de les encadrer et les soutenir en prenant sur place les mesures nécessaires.
Entretien mené par Ikhlas Latif

Commentaires (6)
CommenterUne fille formidable
Révolution ??
Aux brouettistes de payer...
Seuls les "braoutias" de plateaux TV font encore langoureusement des exercices de mandibulation avec cette honte ruineuse pour continuer à exister, en y invitant de jeunes coqs comiques...
Les vrais martyrs sont les sécuritaires, les militaires et d'innocents citoyens qui continuent de payer de leurs vie et de leur poche les conséquences désastreuses des ambitions destructrices des pantins et des marionnettes.
Des milliards de milliards pillés, des dettes à l'infini, une nation détruite pour une brouette illégale! C'est ça, l'exception tunisienne.
2017 nous sera fatal. Il faut être fou pour continuer à nier l'évidence en fonçant dans le mur...
Que les brouettistes payent les dettes!