alexametrics
vendredi 10 mai 2024
Heure de Tunis : 13:49
Tribunes
L’urgence du Covid-19 : une opportunité pour réformer le système de santé tunisien
14/04/2020 | 21:50
5 min
L’urgence du Covid-19 : une opportunité pour réformer le système de santé tunisien

 

Quatre médecins, dont un ancien ministre de la Santé, nous livrent leur vision et la stratégie à adopter pour une réforme en profondeur du système de santé tunisien, dans le sillage de la crise due à la pandémie de Covid-19.

 

Par Dr Mohamed Salah BEN AMMAR, Dr Abdelmajid Ben HAMIDA, Dr Abdelwahed EL ABASSI, Dr Skander MRAD

 

La crise Covid-19 qui secoue le monde entier a ouvert les yeux sur les failles des systèmes de santé dans le monde entier. La marchandisation de ce BIEN COMMUN qu’est la santé a entraîné des dérives que reconnaissent aujourd’hui tous les responsables politiques. Nous ne pouvons plus continuer sur la même lancée en passant d’une urgence à une crise sans se donner le temps d’une vision partagée pour réformer le secteur de la santé.  Notre réponse au défi du Covid-19 doit s’inscrire dans une dynamique au long cours.  Il n’est pas rare en ce moment d’entendre et de lire des déclarations d’intention qui nous annoncent que plus rien ne sera comme avant sans que l’on précise exactement en quoi et comment va s’opérer le changement.

 

Dans notre pays, la crise a révélé au moins deux failles majeures. Elles se situent à deux bouts de la chaîne du système de santé. La médecine aiguë et les soins de santé de base. 

1-          En ce qui concerne la médecine aiguë, le manque criant de lits de réanimation. Nous sommes à 3 lits pour 100 000 hab. là où d’autres systèmes de santé sont à 35 lits pour 100 000 hab. 

2-          La marginalisation de ce qui fut la force de notre système de santé, la première ligne et plus précisément la prévention. Sa non prise en considération dans la stratégie de lutte contre le Covid-19 dénote d’un HOSPITALO-CENTRISME qui est une faille à corriger au plus vite. 

 

Alors que le secteur public hospitalier traverse depuis de nombreuses années une grave crise affectant la qualité et la disponibilité de prestations, plus de mille millions de dinars seront programmés pour la construction de 13 nouveaux hôpitaux sur tout le territoire de la république, avec des lignes de crédits étrangers, sans que l’on sache avec quelles ressources ils vont tourner ni comment allons-nous améliorer le fonctionnement de des structures existantes. Pourtant les dépenses publiques consacrées à la santé (CNAM + budget de l’Etat) ne décollent pas depuis de nombreuses années et sont toujours autour 4.4% du PIB. Les paiements directs des ménages représentent près de 40% des dépenses courantes pour la santé.  Nous sommes ainsi très loin d’être en mesure d’assurer l’accès à des soins de qualité pour l’ensemble de notre population conformément à l’article 38 de notre constitution.

 

Sur un autre plan, la part du budget consacré à la prévention qui ne dépasse pas les 3% du budget de la santé ne permet pas d’agir en amont de la maladie et sur les facteurs de risque. Cette situation a des répercussions négatives majeures sur la santé de la population.  Pourtant il y a un consensus international pour dire que les investissements faits dans la prévention, et pour une première ligne offrant des soins de qualité, sont non seulement les plus rentables mais optimisent et renforcent le bon usage des niveaux spécialisés.  Le secteur privé en pleine expansion depuis les années 90 s’est focalisé essentiellement sur les secteurs de médecine curative, s’est implanté dans les zones de solvabilité et a développé son offre pour l’exportation. Une profonde révision de nos pratiques actuellement basées sur une médecine hospitalière et les paiements à l’acte et indispensable. La santé familiale et de proximité doit reprendre pleinement la place naguère occupée par la première ligne et contribuer ainsi à l’efficacité et l’efficience de l’ensemble du système de santé.  Une régulation nationale effective et transparente doit veiller au déploiement et au développement équitable du système de santé. Le DIALOGUE SOCIÉTAL nous a produit un projet de politique nationale qui vise à recentrer le système de santé autour de la personne et à donner à la protection de la santé toute l’importance requise. Il doit demeurer le cadre de travail des réformes à entreprendre.

Nous rappelons : 

• Que seul un SECTEUR PUBLIC performant au niveau de ses TROIS LIGNES, sera à même de garantir une offre de soins de qualité, sûre, accessible et équitable sur tout le territoire et centrée sur le citoyen et le bien-être de la communauté.

• Qu’il ne saurait y avoir plusieurs systèmes de santé à plusieurs vitesses dans un pays démocratique mais UN SEUL SYSTÈME DE SANTE avec plusieurs composantes qui concourent à l’accès équitable à des soins de qualité pour tous les citoyens : secteur privé, parapublic (militaire…) et que le secteur public reste le pilier et la REFERENCE pour les soins, l’enseignement et la recherche.

• Que le FINANCEMENT de la santé exige un effort national de solidarité.

• Le principe du PRE-PAYEMENT GÉNÉRALISÉ des soins qui est une condition sine qua non pour protéger les citoyens en cas de maladie et assurer une couverture médicale universelle réelle et équitable.

Nous appelons à : 

• Une réflexion nationale multi-sectorielle, urgente qui doit se construire à partir des produits du Dialogue Sociétal sur la santé et entreprendre une REFORME GLOBALE de notre système de santé qui tienne compte aussi bien des besoins exprimés que de données factuelles et des projections futures : épidémiologiques, ressources humaines, budgétaires…

• Nous appelons à la mise en place d’une réelle complémentarité et pour un ÉQUILIBRE OPTIMUM des moyens disponibles entre les trois lignes de santé.

• Nous appelons à la mise en place d’un RÉSEAU NATIONAL de santé qui devra être fondé aussi bien sur le PRÉVENTIF que sur le CURATIF.

• Nous appelons à la mise en place d’un système de VALORISATION de toutes les professions de santé. Financièrement mais aussi garantir le DROIT AU DEVELOPPEMENT PROFESSIONNEL CONTINU.

• Nous appelons à un RÉGIME DE BASE UNIFIE et à une réforme globale qui intègre la gestion des Assurances Médicales Gratuites dans le dispositif de la CNAM.

• Nous appelons à la mise en place d’une RÉGULATION EFFECTIVE et factuelle par l’Etat de l’offre de services, publique et privée, qui veillera à assurer une répartition territoriale équitable et la qualité, la sécurité et l’efficience des prestations.

• Impliquer rapidement et effectivement de la PREMIÈRE LIGNE dans la lutte contre le Covid-19 et sa pleine participation dans la conduite et les ajustements de la stratégie mettant à profit sa connaissance du terrain et sa proximité de la population.

14/04/2020 | 21:50
5 min
Suivez-nous
Commentaires
Hachmi
1ere ligne existe mais
a posté le 15-04-2020 à 17:34
La 1ère ligne dans notre système de santé existe déjà les circonscription sont mis en place depuis des années les responsables sont officiellement nommés mais malheureusement cette organisation N est pas fonctionnelle, 1ère ligne= circonscription sanitaire avec Csb ou ttes les prestations primaires existent curatif préventif et promotionnel avec des programmes nationaux bien mis à jour en améliorant les condition de travail identique au cabinet privé actuel, ceci demande une équipe régionale de soutient avec un programme de formation continue à tte l équipe médecin paramedical sage femme ouvrier en donnant un autofinancement avec le soutien de la population de chaque aire territoriale en commun accord avec eu, la 1ère ligne doit être soutenue par une 2ème et 3ème ligne qui assurent leurs formation TT en travaillant en réseau et ayant chaqu un ses prerogatifs claires. Tous ces structures et par niveau existent déjà et de façon officiel mais sur le terrain on trouve rien de ça pour quoi ! Parce que cette organisation N est pas comprise et les équipes ne sont pas impliqués et chacun travaille pour soit dans u. Système qui existe déjà mais disloqué pauvre laissé à lui même, il suffit de le réviser de le mettre noir sur blanc que tous les intervenants le comprennent avec le financement nécessaire avec des leaderships on peut remettre notre système de santé debout !!!
Ben Salah
Un constat pertinent !
a posté le 15-04-2020 à 14:21
Oui, un constat pertinent à approfondir davantage et en tenir compte dans les initiatives qui iraient avoir lieu.
Il est temps d'apporter des modifications importantes sur la première ligne ( effectifs, moyens, conditions, .....) et d'assure à ces médecins de familles -- nouveau système-- de jongler pour permettre un développement rapide et intéressant de notre système de santé.
Ceci nécessite des financements.....!!!! Faites vos choix pour éviter le pire et avant qu'il ne soit trop tard !!!!!
Alya
Reponse a vieux routier
a posté le 15-04-2020 à 13:09
C est un média ayant un magasine et une version ondine et se voulant très élitiste. L auteur explique dans son article que les cliniques prenant en charge les patient covid+ ne doivent en aucun cas demeurées impayées.
J.trad
Je déplore la fermeture des Bains maures ,les bains publics
a posté le 15-04-2020 à 12:48
Certaines (ou beaucoup de familles ) ne disposent pas de douches ,point à la ligne
wild bled
N'importe quoi
a posté le 15-04-2020 à 12:08
Ce n'est pas efficace à long germe, ni à court terme d'ailleurs. Public, privé, intérêts et mentalité de merde. Tels médecins, tels citoyens.
dalil
ces photos nous appellent à nous dépasser pour le meilleur
a posté le 15-04-2020 à 12:02
L'intelligence du c'?ur et la force de l'intelligence !!!

https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/04/15/coronavirus-a-bord-d-une-rame-tgv-transformee-en-service-de-reanimation-mobile_6036608_3244.html
dalil
notre médecine , fierté de notre pays implose.
a posté le 15-04-2020 à 11:19
pourquoi toujours se gargariser de mots et de discours. Allons vers:
1/ un constat des lieux chiffré.
2/ une situation réelle et juste de chaque structure hospitalière.
3/ Quand et pourquoi notre système de santé a réellement décroché?
4/ un phénomène majeur: l'exil continu de nos médecins et de nos paramédicaux formés par l'Etat
et qui font la richesse des pays développés qui d'ailleurs les payent moins que leurs diplômés bien que leur formation ne leur a rien coûté.
Cela, en commençant par le docteur Ben Ammar, ex ministre et expatrié médical pour le bien de la France.
Hamadi
Soutien à l'appel
a posté le 15-04-2020 à 11:11
Nous avons là une belle occasion à saisir pour rénover le système de santé tunisien qui en a grandement besoin.
Depuis des décennies, le secteur privé lucratif a pris le pas sur le reste sans que les autorités sanitaires ne sourcillent.
Tout le monde a droit à être soigné indépendamment de ses propres revenus.
Le système hospitalier tunisien et les équipes soignantes méritent de bénéficier d'un sursaut salutaire.
Vieux Routier
Politique Nationale de Santé
a posté le 15-04-2020 à 10:56
Le Dialogue Sociétal sur les politiques, stratégies et plans nationaux de santé a permis d'élaborer une politique nationale de santé à l'horizon 2030. Elle ne demande qu'à être mise en oeuvre avec l'engagement politique qui est dû à tout processus de réforme.
http://www.hiwarsaha.tn/Fr/documentations_7_80
DHEJ
Pour nos médecins...
a posté le 15-04-2020 à 10:55
Ils parlent de ligne, vitesse, régulation etc...

Pas loin qu'hier un médecin a enfin avoué qu'il est temps de former des M'?DECINS D'HYGI'?NES ou H.S.E....


Bref, le plus important est de réformer la mentalité du médecin pour qu'il devienne SOCIABLE APTE '? TRAVAILLER EN '?QUIPE !

Je pose à ces 4 médecins surtout l'ancien ministre

Quel est le taux d'encadrement du ministère de la santé ?

Quel est le ratio des ingénieurs par rapport zu nombre des cadres?
DHEJ
@Fehri: Bonjour!
a posté le 15-04-2020 à 10:50
Oui on y arrive tout doucement.

J'ai demandé qu'on vire le responsable chinois.


Vieux Routierr
@Alya : Précisions SVP
a posté le 15-04-2020 à 10:50
Veuillez SVP préciser le journal et l'article OU LE PATRON DU MEDIA DEMANDAIT UNE PRISE EN CHARGE COMPLETE CNAM dans les cliniques.
Merci
Fehri
Coronavirus is made in a lab in Huwan
a posté le 14-04-2020 à 23:28
Lisez le NY Times.
Alya
Je suis du même bord que les 4 ecrivains
a posté le 14-04-2020 à 22:35
Le ministère de la santé est d'ailleurs tout court n a rien pu faire entre ces 2 systèmes à 2 vitesses que nous voyons depuis 30 ans. la cnam depuis sa création a enfoncé le système publique puisque 2/3 de ses dépenses sont versés au système privé. HIER J AI LU SUR UN JOURNAL EN LIGNE UN ARTICLE OU LE PATRON DU MEDIA DEMANDAIT UNE PRISE EN CHARGE COMPLETE CNAM ET PEUT ETRE FONDS DE SOLIDARITE(IL N A PAS OSE LE DIRE!!!) DES PATIENTS COVID+DANS LES CLINIQUES. JE DEMANDE AUX 4 AUTEURS DE LIRE L ARTICLE ECRIT PAR L ELITE DU PAYS