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Chroniques
Habib Essid est parti, mais le problème reste là
01/08/2016 | 15:59
6 min
 
Le long et piètre feuilleton de HabibEssid a pris fin. Enfin ! On peut souffler un ouf de soulagement, aussi provisoire soit-il ! Ce n’était pas du tout la meilleure façon de partir pour un chef de gouvernement, mais c’était son choix. 
Intègre, Habib Essid l’est sans aucun doute, mais sa loyauté à celui qui l’a placé là où il est, reste à prouver. Quant à son tact politique, il n’en avait aucun ! Le fait est que ni lui, ni son lobby n’ont réussi à renverser la vapeur. Trois députés seulement l’ont soutenu lors du vote de confiance, samedi dernier. Trois ! Quelle meilleure preuve faut-il pour juger de la prestation du chef du gouvernement ? Il pourra dire ce qu’il voudra de ses réalisations, aucun de ses arguments ne saurait être recevable. Un sportif ou un élève peut réaliser les meilleures performances qui soient durant les exercices, il ne sera jugé que pour sa prestation lors de la compétition ou de l’examen. Habib Essid n’a excellé ni durant les exercices, ni le jour de la compétition. Maintenant qu’il est parti, il ne sert plus à rien de l’accabler… Passons à l’étape suivante qui risque fort de ressembler comme deux gouttes d’eau à celle qui l’a précédée. 
 
Quel que soit le nom de ce chef du gouvernement, il y a un fait indéniable, ce pays est ingouvernable avec cette constitution et l’état où il est. 
L’ANC a légué à la Tunisie le pire héritage qui soit avec cette constitution qui ne saurait être adaptée à un pays en pleine construction démocratique et à un peuple comme le nôtre. Nous sommes peu respectueux du travail, nous préférons le farniente. Nous refusons le respect des libertés individuelles et des différences de l’autre, tout ce qui ne nous ressemble pas est considéré comme ennemi à abattre. La propreté, on ne fait qu’en parler, mais dans les faits, la saleté de nos rues témoigne de ce que l’on est réellement. Nous sommes des champions pour réclamer à l’Etat des droits (qui n’en sont pas) et nous sommes souvent absents pour accomplir nos devoirs et respecter nos propres lois. 
Les problèmes de la Tunisie sont structurels et pas du tout conjoncturels et ces problèmes structurels exigent une opération chirurgicale de plusieurs années. La constitution tunisienne ressemble à un cahier des charges de la meilleure clinique de la planète, qu’on veut appliquer au dispensaire d’un village reculé qui ne compte que des infirmiers et des étudiants en médecine. 
 
Une fois ce diagnostic établi, regardons les choses en face, quel est le profil du chef du gouvernement qu’il nous faut, ou plutôt pour être exact, qu’on peut avoir ? 
Si l’on est vraiment féru de démocratie et que l’on veut appliquer la constitution au pied de la lettre, comme s’en prévalent les donneurs de leçons un peu partout, il est évident que le chef du gouvernement doit être issu de Nidaa, parti vainqueur des élections. Sinon, à quoi auront servi ces élections, la campagne électorale, l’engagement réel et sincère des militants ? On ne peut décemment pas venir leur dire merci pour votre mobilisation, bravo pour votre succès, maintenant on va nommer quelqu’un de l’extérieur pour vous gouverner. Et au vu des particularités de notre constitution, on va également nommer vos adversaires politiques que vous avez combattus durant toute la campagne ! Non, ceci n’est pas possible. 
Si l’on veut respecter la constitution, c’est à Nidaa de désigner son chef du gouvernement, quel que soit son nom, et tout le monde doit se taire, car il s’agit là du respect basique des résultats des élections et de la constitution. L’option de désigner une personnalité compétente en dehors de Nidaa est politiquement irrecevable. 
Qui désigner chez Nidaa ? On exclut Hafedh Caïd Essebsi, car il est le fils du président, on exclut Youssef Chahed, car il est soi-disant de la belle-famille (le lien est vraiment trop éloigné et recherché à la loupe dans l'arbre généalogique), on exclut Néji Jelloul, car il a flirté avec les islamistes, on exclut Saïd Aïdi, car il est en bisbilles avec les islamistes et les syndicats et on exclut Khemais Jhinaoui parce qu’il a travaillé sous Ben Ali… En clair, l’option de choisir quelqu’un de Nidaa devient politiquement irrecevable, si l’on écoute les « experts » en démocratie. 
 
Si l’on est vraiment démocrate et si l’on veut vraiment appliquer la constitution, il faudrait pourtant s’y faire et accepter l’idée que l’un de ces candidats soit locataire de la Kasbah. 
Si l’on se tient uniquement à leurs prestations durant leurs 18 mois d’exercice, Saïd Aïdi, Khemais Jhinaoui ou Néji Jelloul ont réalisé de bons résultats  au vu de la situation dans laquelle ils ont trouvé leurs départements ! Ils ont fait preuve d’une extraordinaire fermeté dans leurs positions, ont refusé de se laisser piétiner par les syndicats et leur sens du patriotisme et de loyauté ne fait pas l’ombre d’un doute. Ils ne sont pas les meilleurs ? C’est possible, mais ce sont eux qui ont gagné les élections ! Mieux encore, ils demeurent, selon les derniers sondages, les ministres les plus populaires et ils bénéficient des appuis de plusieurs lobbys, surtout ces derniers jours. 
Est-ce pour autant la meilleure solution dans un pays instable comme le nôtre ? CQFD. Saïd Aïdi et Néji Jelloul ont beau être efficaces, professionnels, patriotes et populaires, il n’en demeure pas moins que leurs noms suscitent bien la polémique et que plusieurs parties (et plusieurs lobbys) ne vont pas les laisser travailler comme ils le désireraient. 
 
Pour ma part, et si je dois donner un avis là-dessus, je pense qu’au vu de l’instabilité de la situation politique actuelle, des particularités de notre peuple, à qui rien ne plait, de la situation économique morose et de la conjoncture internationale, il faudrait une nomination qui s’apparente à un électrochoc. Une nomination qui séduit et fait arrêter provisoirement les polémiques et les critiques destructrices. Il nous faudrait un chef du gouvernement séducteur qui calme la population et la rassure, pendant que le vrai gouvernement travaille derrière, d’arrache-pied, pour résoudre les problèmes structurels profonds. 
L’idée est de nommer une femme, issue de Nidaa naturellement, qui soit une véritable dame de fer, ayant un véritable tact politique et des connaissances managériales profondes. Qu’elle soit à la fois proche des patrons pour les convaincre d’investir et créer de l’emploi et des syndicats pour les convaincre de travailler. 
La Tunisienne a prouvé depuis longtemps, et notamment entre 2011 et 2014 dans sa lutte acharnée contre la stupidité et les velléités hégémoniques de la troïka, qu’elle sait gagner les rudes batailles. La Tunisienne n’est pas moins compétente qu’Angela Merkel, Theresa May ou Hillary Clinton, son seul handicap demeure en ce plafond de verre imposé par notre société machiste, conservatrice et patriarcale.
L’effet d’une cheffe de gouvernement à la tête de la Tunisie, aussi bien sur la scène nationale qu’internationale, sera extraordinaire. C’est du marketing ? Mais qu’est-ce la politique si ce n’est une affaire de marketing ? 
 
Nous avons beau décréter la parité féminine dans la loi électorale et l’égalité dans la constitution, tout cela demeure théorique. Quand il s’agit de parler de postes de premier rang, les noms féminins disparaissent comme par magie. Les lobbys leur préfèrent nettement les noms masculins. Comme si nous n’avions pas de compétences parmi la gent féminine, aussi bien dans Nidaa qu’en dehors. 
Des noms ? Béji Caïd Essebsi les connait toutes, il a bien travaillé avec elles durant la création de Nidaa et durant sa campagne et il sait parfaitement qu’elles ne sont pas moins compétentes que leurs « camarades » mâles… 
Des militantes de Nidaa comme Nedra Tlili, Zohra Driss, Sameh Damak ou Wafa Makhlouf sont meilleures que 90% des membres du gouvernement Essid. En dehors de Nidaa, les candidates ne manquent pas non plus à l’instar de Wided Bouchamaoui.
On nous dit que le poste exige une mobilisation 18 heures par jour, une extraordinaire carapace et imperméabilité aux insultes et au machisme de l’opposition, qu’il faut cesser de croire que la vie est un monde de Bisounours et qu’on a déjà du mal à trouver des candidates pour le poste d’ambassadrice… Oui, mais il est temps aussi de cesser de s’inquiéter uniquement sur le « qui va garder les enfants » et de mettre un coup de pied dans la fourmilière. Aucun pays arabe n’a réussi cela et même la France n’a pas osé enlever ce plafond de verre. Juste rappel, la Tunisie a, dans ce registre, toujours devancé les pays arabes et même parfois la France. 
01/08/2016 | 15:59
6 min
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Commentaires (33)

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LIBRESPRIT
| 07-08-2016 12:00
C'est dans le vif ! Mais pas ça seulement. Nous ajouterions dans chaque ministère un SE issu de l'OPPOSITION.!

Nephentes
| 02-08-2016 14:25
Vu la bande de clodos qui nous font office d'hommes politiques oui pourquoi une femme PM

mais qui ? Bouchamaoui ?

Samia
| 02-08-2016 14:15
Une femme forte;courageuse,compétente et intelligente à la tête du gouvernement
Ahmed souab ministre de justice :un homme juste au fond claire et qui ose tout dévoiler!
René Trabélsi ministre du tourisme (bon signe)homme patriotique connaisseur ds son domaine!!
OH..mais je rêve je suis en TUNISTAN ou la majorité des femmes se considèrent "3awra"et ou on attend le mufti pour connaitre la date de la rentrée scolaire!

EL OUAFY avec Y à la fin
| 02-08-2016 11:19
Mon amio Abdel chater le soleil ne se cache pas au moyen d'un tamis .pourquoi vous détestez les éléments de l'ancien pouvoir du président Ben Ali qui avaient prouvé leur efficacité dans la bonne gérance de l'État et la majorité de la société civile ont été très content de la situation hormis les jaloux ceux veulent entrer la Tunisie dans un impasse sans usé vue sa stratégie et ce pour s'occuper des deux pays voisins mais ils ont trompé de calcule le boin nouvelle les éléments de l'État reconnu ont presque assaini Serte des mains des saboteurs et L'Algérie reste stable grâce ses généraux pourceque tout simplement ils assument leur fonction avec rigueure et la propagande envers ces généraux na fait ni chaux ni froid à la société civile Algérienne et personne ne pourra le tromper .
et même la Tunisie sera prochainement stable car leur médiats ont réveillé malgré un peu trop tard ils ont conclu que la dite révolution est une moyen de démolition de L'État et que Ben Ali était dans la bonne voie soit que ce soit leurs fautes et peut être mieux que Ordogan qui pénétrait dernièrement dans une situation incertaine les menaces de l'intérieur qu'a l'extérieure aussi je demande à Monsieur Ghanouchi de m'excuser d'avoir dire la vérité envers son ami le plus exemplaire pour lui comme je respect l'ancien Moncerf Merzouki qui aimé bien de dégusté le Harrira de Marrakech le bien soigné .
Mes excuses profonds

why
| 02-08-2016 01:16
Merci pour cet article qui a au moins le mérite de faire le bon diagnostique. Maintenant, pour la partie remède, je suis en partie d'accord. Pas avec les noms cités, mais plutôt dans la démarche. Un gros bémol étant que l'initiative est celle d'un gouvernement d'union nationale. Donc, il s'agirait de trouver une figure qui soit rassembleuse, charmeuse.
Mais j'irais encore plus loin, pourquoi ne pas faire appel à nos jeunes? Ces compétences qui sont à l'étranger et qui sont diplômées des plus prestigieuses écoles/universités, je suis sûr que parmi eux il y a sûrement qui pourront faire l'affaire. Il faut cesser de faire appel à la médiocrité et préférer la compétence. Habib Essid était un choix par défaut dès le départ et son échec n'était que prévisible. Espérons que le vieux loup BCE saura trouver l'homme/femme idoine. Il est vraiment temps de passer à un stade supérieur, l'avenir du pays en dépend.

Rationnel
| 02-08-2016 00:34
Nizar Bahloul a fait le bon diagnostic, mais a recommende un traitement mal adapte. BCE est sur la même longueur d'onde et comprend probable et que les Tunisiens ont besoin de changer de mentalité et d'attitude. Il comprend que les générations actuelles sont perdues et trop attachées a leur mauvaises habitudes pour changer il faut miser sur les générations futures.

Plusieurs media signale la nomination d'un jeune ne en Septembre 1975. Une bonne nouvelle.

EL OUAFY avec Y à la fin
| 01-08-2016 23:57
Depuis longtemps le résultat est connu
Habib Essid parte ou non rien ne sera changé la solution est claire faut mieux faire appelle à Notre digne président Ben Ali qui était chuté pour des raisons de stratégiques qui non rien de relation avec les intérêts Tunisiens et pour s'assurer des mon commentaire comparez l'actuelle situation et celle de Ben Ali il y a une grande différence dans tous les domaines oui pour la dictature de Ben Ali non pour ce que nous vivront pour l'instant .Ou sont
-Les fils de noble Si Mohamed Trablsi
- Ainsi que les sahaliens
- aussitôt que Notre Brave Homme sécuritaire SIDNA Amar 4X4 04
non ^parlons pas à propos de Drisse Guigua .

Abel Chater
| 01-08-2016 23:51
Une femme à la tête du gouvernement serait la meilleure solution pour l'actuel passage de la Tunisie vers les pays avancés.
Tout le reste de l'article repose sur les habituels rabâchages, plutôt de mauvaise que de bonne foi.
Le seul fait de parler d'une "victoire" confirmative, affirmative et méritée de Nidaa Tounes aux dernières législatives, où de multiples pauvres partis politiques se suicidèrent par leur appel à leurs adhérents de "voter utile", est en soi contre le courant de la réalité dont souffre Nidaa Tounes jusqu'à aujourd'hui.
Un parti artificiel qui a gagné les élections par les masques d'oxygène que lui offrirent les autres partis au détriment de leurs propres vies et survies, ne pourra gouverner de sa propre force et par ses propres muscles.
Cessons de mentir au peuple en léguant les médailles et le mérite aux tricheurs et en diabolisant les autres. Parler négativement de tout le gigantesque travail de la Troïka, qui a su dompter tout un peuple en état de révolte, l'ayant calmé pour que les manipulateurs viennent par la suite s'emparer malhonnêtement d'un pouvoir au nom d'une démocratie qu'ils nous ont interdite depuis l'indépendance de la Tunisie, est en soi injuste et inéquitable devant le Divin, l'humain et l'histoire de la Tunisie.
Laissons les hommes de conscience réparer la fraude et la malhonnêteté dont souffre le pays, afin de restituer la confiance intrinsèque qui manque à Nidaa Tounes pour jouir d'une légalité vitale pour tout son propre avenir.
« Innèma al-Hilatou fi tarki al-hial ».

nanou
| 01-08-2016 23:07
alors, BN la je ne le sent pas le petit papier de bahloul, qui fidele a sa tradition preche le faut pour avoir le vrai. ca pue la propagande tout ca. on demarre la campagne ou quoi? et merci de me rayer a l avance.

Tunisienne
| 01-08-2016 22:59
Votre proposition est admirable et révèle un profond respect des femmes tunisiennes qui est tout à votre honneur !

Hélas, ce cher BCE vient de vous courcircuiter en proposant (ou en lançant le ballon d'essai) Youssef Chahed !

Ah ! Voila enfin le sauveur de la Tunisie, l'homme de la situation, le politique aguerri, le caractère, le charisme et l'audace personnifiés et le détenteur d'un CV à faire pâlir n'importe quel autre prétendant (on retiendra surtout qu'il a été -aussi !- le sauveur de Nida Tounes avec la fameuse feuille de route et le fameux Congrès !) !

Hamdoullah, Habib Essid à été sacrifié pour la bonne cause !!!


Salutations