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Chroniques
On ne saurait être fils de Bourguiba et de Mooza !
21/03/2016 | 15:59
5 min

 

La Tunisie a fêté hier, dimanche 20 mars, les 60 ans de son indépendance. Une indépendance toute relative, puisqu’on ne parle que du départ du colon français. Il reste encore ceux qui nous ont colonisés depuis des siècles et qui continuent encore à occuper nos esprits et tenter de nous imposer tout un mode de vie.  En attendant, fêtons le départ de ceux qui sont déjà partis, quoique même le départ de ceux-ci demeure relatif. La France reste, et pour un bon bout de temps encore, le premier partenaire de la Tunisie. 

 

Principal acteur de la lutte pour l’indépendance, principal acteur de l’indépendance, premier président de la République, Habib Bourguiba était le plus naturellement du monde l’homme (le personnage, devrai-je dire) le plus cité de ce soixantième anniversaire.

Tous les acteurs (les comédiens, devrai-je dire, ou plutôt les figurants) se disputaient hier son héritage. A qui mieux mieux. Chacun surenchérissait sur l’autre son amour pour le Combattant suprême, en se positionnant comme LE garant de l’héritage bourguibiste.

Dans le camp d’en face, celui des révisionnistes anti-bourguibistes, c’était pareil. On surenchérissait sur celui qui dénigrerait le mieux Bourguiba, ses héritiers et son héritage.

 

Que retenir de ce soixantième anniversaire et comment peut-on juger les prestations des différents comédiens bourguibistes de ce dimanche 20 mars 2016 ?

Quand on parle de Bourguiba, on évoque souvent ses actions pour la libération de la femme tunisienne, pour l’ouverture à d’autres horizons plus larges que la simple identité arabo-musulmane et de l’Education … On parle rarement de sa politique fédératrice et unificatrice des Tunisiens. Encore moins de son sens du dialogue et encore moins de sa politique des étapes et de la patience.

De toutes les actions de Bourguiba, les héritiers n’ont retenu que les premières, afin de lutter contre les islamistes et le gros danger qu’ils représentent pour l’identité du pays et son unité. Quant au reste, il est non seulement absent de leurs discours, mais il est carrément absent dans leurs propres actes et leur comportement.

Alors que Habib Bourguiba a toujours été fédérateur, les piètres acteurs que sont ses héritiers autoproclamés ont choisi la division. Les uns ont occupé la coupole d’El Menzah pour un meeting, les autres se sont dirigés vers le palais des congrès. Ici et là, on retrouve des scandales d’ego et de courtisanes et, ici et là, on fait la queue pour occuper les premiers rangs. Voilà en quoi se résume le spectacle des héritiers du bourguibisme…

Quel crédit, dès lors, donner à ces « opportunistes du bourguibisme » quand on les voit se chamailler, se couper le courant, pleurnicher pour monter sur l’estrade ou encore faire la manche aux monarchies du Golfe à qui le Combattant suprême n’opposait que du mépris ?

De cette guerre fratricide que se mènent les héritiers de Bourguiba, un seul gagnant : les islamistes ! Ils sont déjà premiers à l’assemblée et, pour ce 20 mars, ils ont assuré le « spectacle » à l’artère principale de la capitale, l’avenue … Habib Bourguiba !

Que les autoproclamés héritiers bourguibistes se cramponnent dans les espaces clos… Glauques, devrai-je dire…

 

L’autre événement du soixantième anniversaire de l’Indépendance était la cérémonie solennelle organisée au palais de Carthage et présidée par Béji Caïd Essebsi.

Trois faits majeurs se dégagent de cette cérémonie et du discours du président de la République. A analyser de près, les trois faits représentent l’héritage bourguibien.

Le premier est la réhabilitation de Salah Ben Youssef qui est, d’abord et avant tout, rappelle BCE, destourien. Deuxième fait majeur, la réhabilitation de Tahar Ben Ammar. Plutôt que d’axer sur ce qui divise, BCE a retenu ce qui peut fédérer et unir pour ces deux militants qui ont eu, à la fin de leur vie, des différends majeurs avec Bourguiba. Il faut tourner la page pour avancer, la bataille est ailleurs.

Troisième fait majeur, annoncé par le président de la République, le retour de la statue équestre du combattant suprême à sa place initiale sur l’artère principale de Tunis.

Le retour de la statue a déclenché une forte polémique chez les révisionnistes qui ne veulent pas reconnaitre la grandeur de Bourguiba et chez les islamistes qui ne veulent pas de statues tout court.

 

Ceux qui ont eu la chance de voyager dans les grandes cités (qu’elles soient occidentales ou orientales) ont certainement vu les statues érigées en l’honneur de leurs leaders disparus.  De la Chine aux États-Unis en passant par la Russie et l’Europe, il n’y a point de grande ville où l’on ne trouve pas la statue d’un grand dirigeant.

Les Etats-Unis ont carrément donné le nom de leur premier président à leur capitale et à tout un Etat. Dans ces grands pays, les têtes des « grands de la nation » ornent les billets de banque, les murs de dizaines de musées et même les montagnes.

Ces « grands de la nation » étaient-ils, de leur vivant, des hommes parfaits ? Le doute est permis. N’avaient-ils pas des ennemis politiques ? Assurément ! N’ont-ils pas du sang sur les mains ? Sans aucun doute !

Peu importe si ces hommes étaient parfaits ou pas, on ne juge pas la grandeur d’un leader par ses erreurs, mais par l’importance de ses accomplissements. Leurs héritiers ont fait de sorte de les présenter comme tels. C'est-à-dire comme de grands hommes, afin d’en faire un symbole, un modèle, un exemple à suivre. Ils sont là pour fédérer et tout citoyen de ce pays se fiche de savoir s’ils étaient parfaits. Ils étaient des leaders !

Des grands qui sont passés par sa terre, durant ses 3000 ans, la Tunisie a très peu de monuments érigés en leur honneur. Au mieux, on donne leur nom à des rues, à des cités et à des entreprises commerciales ou institutions hospitalières ou culturelles. Didon, Hannibal, Amilcar, Kahena, Ibn Khaldoun, Kheireddine, Moncef Bey méritent tous que l’on érige des statues géantes en leur mémoire pour que chacune de nos villes rappelle à ses citoyens et à ses visiteurs qui nous sommes. La Tunisie est un petit pays géographiquement, mais il est incontestablement grand historiquement.

 

Parce qu’il est le premier président de la République et parce qu’il est le dernier grand leader chronologiquement, Habib Bourguiba mérite tous les égards avec des statues dans les grandes villes et les places de village et des statuettes dans toutes les boutiques de souvenir. Il mérite également et amplement le retour de son effigie sur les billets de banque et les pièces de monnaie. George Washington n’est pas plus méritant que Habib Bourguiba !

C’est la symbolique de la chose, sa portée et ses incidences positives sur l’unité du pays et son image qui importent, plus que la personne-même du leader défunt, de son œuvre, de sa politique et de ses différends.

 

21/03/2016 | 15:59
5 min
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Commentaires (57)

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WATANI
| 31-03-2016 10:47
Vous qui denigrez EZZAIM BOURGUIBA qu'est ce que vous ou vos semblables ont fait pour la Tunisie ?
Vous n'écrivez que pour distiller votre venin alors que l'heure est à l'amour pour que le peuple soit solidaire afin de pouvoir s'en sorir !!!
Au lieu de parler du passé pourquoi ne pas parler d'avenir et de vos projets économiques et vos réformes sociales ? ... INEXISTANTS ?
Alors arrêtez de parler pour ne rien dire ! car on ne peut obstruer le soleil qui tel que la vérité fuse malgré tout !!

zouz
| 28-03-2016 13:28
pour repondre à cet article je veux dire un mot:
le 20 mars 1956 la Tunisie est un pays sous developpé. Bourguiba s'est declaré president à vie.
En 2016 la Tunisie est toujours un pays sous-developpé. Vous parlez toujours de ce dictateur , tortionnaire, ????? IL a poursuivi belaid et Brahmi et les terroristes ont fini son travail de liquider les meilleurs. Bourguiba n'a jamais ecrit un livre , donc n'a jamais reflechit ni pensé. Arretez votre honte. Avancez et arretez de parler de ces soit disant chef supreme. Pour moi le nom de Bourguiba doit etre interdit. On souffre du terrorisme à cause de sa dictature. Ce monsieur n'a rien apporté à la Tunise que de la misere.
En 56 La Tunisie est miserable en 2016 la Tunisie est miserable. Reflechissez pouquoi ?

Aloune
| 27-03-2016 00:25
Oui cher ami, on ne peut comparer cet Homme de génie qu'est Bourguiba, à aucun autre leader fût-il Washington. L'oeuvre de Bourguiba est grandiose, seuls ceux qui étaient de ce monde avant 1956 peuvent témoigner fidèlement, honnêtement et loyalement

LASSAAD
| 25-03-2016 13:18
Article pertinent comme d'habitude; toutefois, je tiens à préciser que Nizar Bahloul a cité la reine amazigh et la première des patriotes tunisiennes"Dihya" selon l'appellation péjorative de "Kahina" donnée par les conquérants qui l'ont décapitée à Eljem. On nous a appris à l'école qu'elle faisait partie des "méchants", mais une telle manipulation ne devrait pas donner lieu à un discours "aliéné" de la part d'un intellectuel surtout qu'au début de l'article il a été question d'un certain colonialisme plus ancien que celui des français.

sss
| 25-03-2016 10:19
L'enfant de Bourguiba, ma patrie ma vie la Tunisie je vis pour mon pays et ma famille sans eux je n'ai aucune raison de vie tahya touness horra mostakilla ila abad tahya touness

Forza
| 23-03-2016 21:46
Je pense que comme journaliste il faut garder l'objectivité et une certaine distance des politiciens et sans vouloir défendre Marzouk mais le titre de l'article est conçu pour abattre Marzouk. Qui est derrière, probablement ses adversaires et ils sont beaucoup Essebssi Junior, Shabou ..
Concernant Bourguiba, il a fait beaucoup pour la Tunisie mais ce Bourguibisme des derniers jours est maladif. Ceux qui se réclament de Bourguiba ces jours sont les pires salafistes. Ils sacralisent Bourguiba comme les salafistes font avec le prophète et ses sahabas. En Tunisie, nous avons un Bourguibiste, Mohmmed Essayeh, les autres font de la « bolitique » avec son nom.

SECHE
| 23-03-2016 12:08
Il est certain Si Nizar que plus vous écrirez d'excellents articles comme celui là et plus vos détracteurs seront nombreux.Certains commentaires sont honteux car ils ne sont même pas respectueux de l'évènement lui-même, 60 ans d'indépendance, et se permettent d'ironiser. c'est une démocratie débutante, avec ses débordements et ses points positifs. Je suis sure que vous continuerez votre chemin habituel et comme on dit "la caravanne passe".

Chokri
| 22-03-2016 19:39
Répétez ce que les arabes et leurs mercenaires vous ont dicté, bénissez leur sabre qui a contraint vos ancêtres à se soumettre, la soumission n'est elle pas préférable à la spoliation de vos biens? à l'esclavage? à la torture? et à la mort?
Allah est juste il vous a prévenu, nul ne peut s'opposer à sa volonté; il n'y a qu'un seul bon chemin, c'est celui qu'allah le juste, l'omniscient vous ordonne de prendre.
Répétez ce qui vous a été enseigné; Allah sait récompenser les reconnaissants.
La science,la pensée, la philosophie et les arts sont les disciplines d'Iblis.
Allah a crée le perroquet pour vous indiquer l'exemple à suivre.
Soyez des perroquets, il a fallu deux générations après l'allégeance de vos encêtres
pour que les gènes de cet animal deviennent les vôtres, mais il est connu que certains sont l'objet de déréglements génétiques,à ceux là nous leur réservons le plus cruel des châtiments.

canalou
| 22-03-2016 17:57
ses adversaires ne l ont pas aide a construire une democratie a l americaine puisque le peuple etait inculte et des le debut ses adversaires ont refuse le pronostic des elections et ont prefere l affrontement arme . les mosquees etaient ouvertes et libres avant la montee des ikhouanes terroristes qui avaient programme sa mort . Alors qui est fautif ?

Tunisienne
| 22-03-2016 16:23
Je ne suis pas sûre de m'être adressée à vous.
Est-ce que vous vous êtes reconnue dans les mouches ou dans les bananes?

Juste comme ça, pour savoir... Et loin de tout voyeurisme!