Naoufel Amira, vice-président du Syndicat des propriétaires de pharmacies privées, est revenu sur l’approvisionnent en médicaments en Tunisie et les problématiques liées, lors de son intervention dans l'émission La Matinale de Hamza Belloumi sur Shems Fm ce lundi 4 juin 2018.

Le syndicat avait affirmé, il y a quelques jours, qu’une trentaine de médicaments sont manquants, dont les génériques ne sont pas disponibles. Il s’agit de médicaments vitaux et non pas de compléments alimentaires, des médicaments comme des antibiotiques ou prescrits aux diabétiques, aux hypertendus, aux cancéreux ainsi qu’à ceux ayant des maladies chroniques, précise M. Amira.

Il a indiqué que cette liste évolue chaque jour : «Elle peut être de 100 aujourd’hui, 10 demain et un autre chiffre le lendemain, car dépend de l’approvisionnement de la Pharmacie centrale». Et de noter que globalement il y a plusieurs médicaments manquants pour diverses raisons, notamment les problèmes que traverse la Pharmacie centrale et dus à la crise des caisses sociales ainsi qu’aux perturbations chez certains fournisseurs locaux causées par les problèmes que traversent des unités tunisiennes de fabrication de médicaments, dont la Pharmacie centrale posséde une participation dans leur capital, ne pouvant plus se fournir en matières premières.

En outre, Naoufel Amira a expliqué : «Même si les médicaments manquants ont leurs génériques, il faut que ce sujet soit réglé dans les plus bref délais par le ministère de la Santé. Les médicaments qui n’ont pas de génériques sont ceux importés par la Pharmacie centrale : ils sont de bonne qualité et ne peuvent être fabriqués en Tunisie. Les génériques sont reconnus dans le monde entier pour leur qualité et les pharmaciens peuvent changer les princpes par les génériques partout dans le monde. Sauf en Tunisie, on ne peut pas le faire, les textes applicatifs n’ayant pas été publiés depuis la promulgation de la loi en 2008. 10 ans où les administrations concernées refusent de publier ces textes applicatifs».

Et d’ajouter : «Nous avons parlé avec le ministre de la Santé pour lui expliquer qu’on peut aider en remplaçant certains médicaments manquants par leurs génériques. Bien sûr, il y a des médicaments qui sont totalement manquants où on ne peut rien faire. Et jusqu’à cette heure nous attendons la décision du ministre».

M. Amira a estimé qu’«aujourd’hui, le pharmacien doit faire un effort spécial pour assurer le médicament de ses clients, car les quantités, notamment importées par la Pharmacie centrale, sont moins importantes que d’habitude». «La Pharmacie centrale a l’exclusivité de l’importation des médicaments en Tunisie. Plusieurs de ses fournisseurs ne veulent plus lui vendre ou font exprès de lui livrer une partie de sa commande, n’ayant plus confiance en elle», a-t-il souligné.

Le pharmacien a surtout tenu à mettre en garde contre une autre problématique : La distribution et les circuits de distribution de médicaments qui étaient une référence dans la région commencent à être affectés : «Si les patients ne trouvent pas de médicaments au centre-ville de Tunis alors que la Pharmacie centrale est tout près, qu’en est-il pour ceux qui se trouvent à l’intérieur du pays ?», s’est-il interrogé.

Questionné sur les solutions pour sortir de cette crise, Naoufel Amira pense qu’il faut injecter des fonds dans la Pharmacie centrale et qu’il faut accélérer la publication des textes applicatifs des médicaments génériques.

I.N