En plein centre-ville de Tunis, des milliers de Tunisiens ont manifesté, dans la soirée d’hier lundi 13 août, afin de soutenir la femme et ses acquis en cette fête nationale de la Femme tunisienne.

Ce fut le plus grand rassemblement d'opposition depuis la manifestation du 9 avril dernier (fête des martyrs) et qui, rappelons-le, a été marquée par la réaction répressive des forces de l’ordre, malgré l’aspect pacifique de la manifestation.

Pour ce 56ème anniversaire de la promulgation du Code de Statut Personnel, la femme tunisienne s’est mobilisée donc, notamment suite à la proposition récente d’Ennahdha de remettre en question le statut de la femme, cherchant à la positionner en tant que complémentaire de l’homme et non son égale (projet de l’article 28 de la Constitution).

Deux manifestations ont eu lieu, en ce 13 août 2012, l'une autorisée par le ministère de l’Intérieur mais pas l'autre, scandant une revendication principale, à savoir le retrait du projet du dit article 28 de la Constitution et le renforcement des droits de la femme. Certains manifestants ont également appelé à libérer les personnes arrêtées à Sidi Bouzid, alors que d’autres ont plutôt appelé à la réalisation des objectifs de la révolution.

Se donnant rendez-vous à la Place 14 janvier en début de soirée, la première manifestation est partie, à l’appel de plusieurs associations, partis politiques de l’opposition. C’est ainsi que plusieurs milliers de personnes se sont réunis face au Palais des congrès de Tunis, pour longer ensuite l’avenue Mohamed V.

Par contre, la seconde manifestation, se limitant à quelques centaines de personnes, est partie de l’avenue Habib Bourguiba, malgré l’interdiction par le ministère de l’Intérieur de défiler sur ce grand axe de la ville, symbole du fameux rassemblement du 14 janvier 2011.
La police, essayant d’obstruer la marche, à l’aide d’une ceinture humaine, sans recours à la violence n’a pas pu empêcher les manifestants de longer l’Avenue. Le rassemblement s'est tout de même achevé dans le calme.

Les manifestants, avec une majorité féminine, ont brandi plusieurs banderoles et affiches, exprimant l’attachement aux acquis de la femme tunisienne et le refus de toute régression ou concession par rapport aux droits cités au CSP. On cite comme exemples de slogans : "Nous ne sommes pas les filles d’Al Saoud, nous sommes les filles de Tahar Haddad", "La femme Tunisienne n’est pas Meherzia", « Manquez-vous de virilité, pour qu’on vous complète?"

Il est à noter que plusieurs personnalités nationales et internationales ont participé à cette manifestation, dont l’ancien gouverneur de la Banque centrale de Tunisie, Mustapha Kamel Nabli, et l’ancien ministre français de la culture Frédéric Mitterrand, avec évidemment la présence massive d’élus de l’opposition à l’ANC.
Ce fut, en somme, une grande démonstration de force pacifique marquée par l’entrain, l’enthousiasme et, surtout, la détermination farouche à défendre les acquis de la femme et de la société moderne et ouverte.

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