Le dialogue national que veut entamer le chef de l’Etat ainsi que le mode de scrutin qu’il a choisi ont été au centre de l’intervention, vendredi 8 avril 2022, du dirigeant d'Attayar Mohamed Larbi Jelassi.

Au micro de Wassim Ben Larbi dans l'émission Expresso sur Express FM, le politicien a affirmé qu’il ne s’agit pas d’un dialogue conventionnel puisqu’il est fait entre une personne et ses partisans.

«On ne peut pas parler de dialogue alors que notre point de départ est un simulacre de consultation nationale, qui a échoué selon leur propre évaluation : on s’attendait à trois millions de participants et seulement 500.000 personnes y ont participé. On ne peut pas annoncer seul la mise en place d’une consultation, d’une feuille de route et en plus, que la base du dialogue est un mode de scrutin déjà choisi ainsi qu’un régime politique choisi et que le dialogue est destiné aux personnes avec lesquelles le président de la République est d’accord, tous les opposants étant des putschistes et des voleurs ! », a-t-il martelé.

Et d’ajouter que « finalement le contenu sur lequel le référendum aura lieu est établi uniquement par Kaïs Saïed ».

Pour lui, le chef de l’Etat est au stade de l’instauration d’une vision politique dont on ne connait pas la durée, alors que les priorités et préoccupations des Tunisiens sont autres.

Mohamed Larbi Jelassi a expliqué dans ce cadre que l’omniprésident en détenant tous les pouvoirs pouvait publier des décrets encourageant l’investissement et boostant l’économie, mais il ne l’a pas fait car il était focalisé sur son projet politique et n’est pas conscient de la réalité économique et sociale. Pour lui, le projet politique de Kaïs Saïed n’est pas en adéquation avec les problèmes actuels des Tunisiens.

Et de souligner que la popularité ne signifie rien si elle n’est pas investie dans des réalisations, en s’interrogeant sur ce qu’a fait le chef de l’Etat avec sa popularité. En outre, le dirigeant d'Attayar a estimé que la non-adhésion des Tunisiens à la consultation nationale, malgré la popularité du président, démontre que la proposition de ce dernier ne répond pas aux aspirations des Tunisiens.

S’agissant du mode de scrutin, Mohamed Larbi Jelassi a indiqué que l’usage du scrutin uninominal est rare dans les démocraties et que le mode utilisé est plutôt le scrutin proportionnel ou majoritaire avec un mix de proportionnel.

Pour lui, le scrutin uninominal sera un cadeau pour certains voleurs, à des hommes d’affaires influents et riches mais surtout va permettre le blanchiment d’argent et l’achat de votes.

Autre point faible, toujours selon lui, ce genre de scrutin ne respectera pas les équilibres démographiques et pourrait attiser les conflits tribaux (chaque clan voulant que son poulain soit élu, ndlr).

Enfin, il pense que ce mode de scrutin fait partie du plan du chef de l’Etat : un régime présidentiel avec un parlement éparpillé, faible et incapable de tenir son rôle de contrôle.

I.N