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Gouvernement : peut-on seulement vous faire confiance ?
22/12/2019 | 15:59
7 min
Gouvernement : peut-on seulement vous faire confiance ?

Les partis qui devaient composer le gouvernement de Habib Jamli sont désormais connus. Après de longues négociations, on avait annoncé Ennahdha, Echaâb, Tahya Tounes et Attayar comme ceux qui formeront la prochaine coalition, censée soutenir le nouveau chef du gouvernement. Attayar et Echaâb viennent d'annoncer aujourd'hui qu'ils se retiraient officiellement de la course. Mais est-il possible de faire confiance à ces partis ? Rien n’est moins sûr.

 

Entre le résultat des élections et celui des négociations, le chemin a été long et tortueux. De grands efforts ont été déployés pour pervertir la volonté des électeurs et transformer une légitimité relative en postes au gouvernement. Sous le sacrosaint prétexte de l’intérêt national, quatre partis se sont mis d’accord pour former le prochain gouvernement dans l’optique étroite et court-termiste d’obtenir la confiance du Parlement. Arithmétiquement, cela ne va pas présenter de grande difficulté. Les quatre partis concernés par cette alliance devraient garantir 105 voix venant de leurs propres blocs en plus de celles d’indépendants et d’autres blocs parlementaires. Le problème se trouve cependant dans l’homogénéité de cette alliance qui jure avec les positions récentes des différents partis. Après les élections, tous les partis ont affirmé avoir capté le message de colère des électeurs. A la vue des derniers développements cela s’avère faux.

 

Ennahdha :

Parler de confiance en évoquant le parti Ennahdha est assez risqué tant ce parti et ses dirigeants ont multiplié les pirouettes et les manœuvres. Cela a commencé par l’élection de Rached Ghannouchi en tant que président de l’Assemblée pour se poursuivre au niveau des négociations autour du gouvernement. La coalition Al Karama qui s’est naïvement jetée dans les bras d’Ennahdha se retrouve aujourd’hui sur la touche.

D’un autre côté, Ennahdha a longuement manœuvré pour faire en sorte que les partis Attayar et Echaâb portent le chapeau du retard dans la constitution de ce gouvernement. Il est également connu que le parti islamiste a prévu un plan B en tenant des pourparlers parallèles avec notamment Qalb Tounes. Le parti de Rached Ghannouchi avait également affirmé que le gouvernement serait constitué par des partis « révolutionnaires », ce qui soulève des interrogations sur la présence de Tahya Tounes dans cette équipe. Il est également utile de rappeler que le parti Ennahdha est le seul qui ait gouverné depuis 2011, avec les résultats que l’on connait.

Le mot trahison est lancé, dimanche, par Noureddine Bhiri contre Attayar et Echaâb après leur retrait "définitif" des concertations.

A la vue du processus de constitution du gouvernement et de ses résultats, les raisons évoquées par Zied Laâdhari avant sa démission de son poste de secrétaire général d’Ennahdha prennent tout leur sens. Notons également que le prochain congrès d’Ennahdha doit se tenir en mai 2020, les résultats obtenus par ce gouvernement feront assurément partie des armes qui seront utilisées contre Rached Ghannouchi.

 

Attayar :

Le 6 décembre 2019, Attayar annonçait dans une conférence de presse qu’il ne participerait pas au gouvernement de Habib Jamli. Une position qu'il confirme aujourd'hui dimanche 22 décembre. En effet, le parti de Mohamed Abbou affirme qu'il sera dans les rangs d'une opposition "intègre, sérieuse et responsable".

Mais avant de parvenir à cette position de principe, il y a eu beaucoup de tractations en à peine quinze jours. Le parti a bien manœuvré pour obtenir les portefeuilles qu’il souhaitait. Au départ, ils ont demandé les ministères de l’Intérieur, de la Justice et de la Réforme administrative. En bout de course, le parti finit par obtenir l'accord sur le ministère de la Justice avec l’annexion de la police judiciaire, celui de la Réforme administrative et un veto sur le nom du ministère de l’Intérieur. Au final, il décide de se ranger du côté de l'opposition.

Toutefois, c’est au niveau du discours que le bât blesse. Une grande partie de la campagne électorale du parti a été bâtie sur l’échec du gouvernement et sur sa faillite. Mohamed Abbou déclarait le 10 avril 2017 que Youssef Chahed était « le pire chef du gouvernement depuis la révolution ». Le chef du gouvernement sortant a même été accusé de corruption et le même Mohamed Abbou a déclaré qu’il devrait être en prison, à la place de Saber Laâjili. Le parti Attayar a également fait porter la responsabilité de l’échec du précédent gouvernement à Ennahdha qui en était partie prenante. Tout cela n’a pas empêché le parti d'envisager de s’allier avec les deux principales composantes de ce qu’il critiquait si durement. Attayar pensait pouvoir se protéger en se concentrant sur les portefeuilles qu’il a obtenu et y réaliser des avancées notoires. Mais d’un côté, lesdites avancées, si elles existent, seront difficiles à percevoir pour l’opinion publique et donc, leur bénéfice politique le sera également. D’un autre côté, il faudra partager ces succès avec les autres composantes du gouvernement et les « offrir » politiquement à Ennahdha.

Quoi qu’il en soit, la décision d'Attayar de se ranger du côté de l'opposition peut dans un moment rassurer ses électeurs...mais ce n'est peut-être que temporaire.

 

Echaâb :

C’est Mohamed Brahmi qui doit se retourner dans sa tombe. Le membre historique du mouvement Ehcaâb, lâchement assassiné devant chez lui le 25 juillet 2013, n’aurait certainement pas approuvé la démarche de son parti, d’autant que c’est Ennahdha qui avait été accusé d’être derrière l’assassinat. Mais beaucoup d’eau semble avoir coulé sous les ponts depuis 2013.

Le mouvement Echaâb a étroitement coordonné avec Attayar dans les négociations autour de la constitution du gouvernement. En faisant son entrée, le parti fera-t-il des concessions concernant son idéologie panarabe et socialiste ? Cela semble être un préalable essentiel pour envisager de travailler avec Ennahdha et Tahya Tounes, notamment.

Par ailleurs, le mouvement Echaâb a longtemps affirmé qu’il n’avait pas l’ambition d’obtenir des portefeuilles ministériels et qu’il s’intéresse uniquement au programme qui sera mis en place et appliqué par le gouvernement. Toutefois, le communiqué publié par l’équipe de Habib Jamli vient démentir cette information puisqu’il a été question, dans la réunion du 20 décembre 2019, du nombre de portefeuilles ministériels que chaque parti souhaite obtenir.  

Finalement, Echaâb se rangera du côté d'Attayar et quittera les négociations affirmant que l'offre qui lui a été présentée par Jamli ne répondait pas à ses aspirations.

 

Tahya Tounes :

« On le dit et on le répète, Tahya Tounes et son président ne sont pas concernés par la formation du gouvernement », c’est ce qu’affirmait avec véhémence le secrétaire général de Tahya Tounes, Selim Azzabi, le 19 octobre 2019. Encore une fois, la réalité n’a rien à voir avec les déclarations des dirigeants de ce parti. Ils disaient qu’au vu des résultats obtenus aux élections législatives, le positionnement naturel de Tahya Tounes était l’opposition. Mais il s’est avéré que ce n’est qu’un mensonge de plus. Toutefois, il est naturel que Tahya Tounes participe au gouvernement car le pouvoir, même insignifiant, est le seul ciment qui pourra maintenir un tant soit peu cet organe. La fragilité des structures et l’absence de toute conviction ou croyance auraient eu raison de Tahya Tounes si celui-ci était cantonné à être dans l’opposition.

D’un autre côté, Tahya tounes et Youssef Chahed représentent la perversion de ce système politique qu’ils ont eux-mêmes longtemps critiqué. C’est Youssef Chahed et son gouvernement qui ont été sanctionnés et punis par les électeurs, particulièrement lors de l’élection présidentielle. Cela n’empêche pas de les voir de retour aux commandes dans le cadre d’un arrangement ourdi par Ennahdha, avec la complicité de Habib Jamli.

Dans son interview du 18 décembre 2019, interrogé à propos d’Ennahdha, Youssef Chahed, président de Tahya Tounes et chef du gouvernement sortant, a déclaré qu’il avait été obligé de composer avec le consensus mis en place par feu Béji Caïd Essebsi. Aujourd’hui, c’est bien par choix que Tahya Tounes et son président font alliance avec Ennahdha, leur soutien de toujours, et avec deux partis qui les ont traités de tous les noms durant des mois.

 

Marouen Achouri     

22/12/2019 | 15:59
7 min
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Commentaires (5)

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Maxula
| 23-12-2019 23:12
Le degré zéro du ridicule aura été atteint par les contempteurs de YC quand ils s'apercevront que leurs conjectures vaseuses et leurs plans sur la comète auront définitivement foiré et fait lamentablement long feu !
Jusqu'à preuve du contraire, il n'est pas inscrit dans les gènes de YC et encore moins sur les tablettes de la loi que TT est acculé sinon condamné à gouverner pour le compte des islamistes, non ?
Voir déjà YC monter en marche dans le train des islamo-maqrounistes, c'est prendre ses désirs insanes pour la vraie réalité coranique !
Il ne sert à rien en effet, de vouloir aller plus vite que la zizique au risque de se ramasser une gamelle de première et de se voir imposer le port du bonnet d'âne pour le restant de ses jours, pas vrai ?
Maxula.

habib jemli
| 22-12-2019 17:09
@faouzi38
fichez nous la paix avec votre abir foussi

Anuom
| 22-12-2019 17:03
malheureusement, certains de nos politiciens affamés du pouvoir n'ont pas votre grandeur d'âme et d'esprit...

Merci

Moi
| 22-12-2019 15:39
Nous pouvons toujours trouver un côté constructif à ce qui nous arrive.

Il s'agit parfois de changer un peu notre manière de voir les choses...

Attayar a annoncé, dans un communiqué rendu public ce dimanche 22 décembre 2019, qu'il ne prendra pas part au prochain gouvernement de Habib Jamli.
==>
voir le lien:
https://www.businessnews.com.tn/attayar-ne-participera-pas-au-gouvernement,520,93830,3

===>
@Habib Jamli, il faut être réaliste, vous avez besoin des voix de Qalb Tounes. je vous rappelle que Qalb-Tounes ne veut aucun Ministère. Qalb Tounes veut tout simplement vous donner une chance...

Mon Conseil: il faut arrêter toute l'injustice dont souffre les frères Karoui. Il faut leur accorder un délais afin de rembourser le fisc et mettre fin aux règlements de comptes...

Prétendre que la corruptibilité des familles Trabelsi et Ben Ali est une exception, serait un très grand mensonge.

Tous les êtres créés sont corruptibles y compris nos religieux sans exception. Mais de tous les êtres créés corruptibles, l'être humain est le seul à être perfectible (à l'exception des malades mentaux). Et pour que l'intelligence de sa perfectibilité l'emporte constamment sur la condition de sa corruptibilité, il faut lutter contre la faiblesse et la manipulation du cadre juridique, l'impuissance de la presse et l'absence de contrôle démocratique qui sont en train de permettre à de nouveaux privilégiés d'abuser du système.

Je suis convaincu que 99,99% des Tunisiens auraient agi encore plus pire que la famille Trabelsi et Ben Ali, s'ils étaient dans leur position, et ceci à cause de l'absence du contrôle démocratique...

@Habib Jamli, prière d'arrêter les règlements de compte de l'ex gouvernement. Prière de donner la chance aux frères Karoui de clarifier leur situation avec le fisc et de ne pas vous laisser prendre au piège de la haine et du mépris de certains de nos politiciens...

@Habib Jamli, je vous propose de donner une chance aux fraudeurs fiscaux afin de clarifier leur situation. je propose la création d'un droit à l'erreur pour les citoyens de bonne foi...

@Mr. kais Saied, je vous propose de donner une chance aux fraudeurs fiscaux afin de clarifier leur situation. Je propose la création d'un droit à l'erreur pour les citoyens de bonne foi... C'est tout le système qui était pourri entre 2011 et 2019. Il faut donner une dernière chance aux fraudeurs fiscaux afin de clarifier leur situation fiscale, comme l'a fait l'Allemagne

@Mr. kais Saied, c'est le système pourri des années 2011-2019 qui a encouragé la fraude fiscale. La faute est en particulier au clan RG qui n'était pas un exemple à suivre... Le clan de certains pseudo-honnêtes...

@Mr. kais Saied, soyez plutôt le Président du pardon, donnez s.v.p. une dernière chance à ceux qui se dénoncent et reconnaissent leurs fautes envers le système. Donnez s.v.p. une dernière chance aux fraudeurs fiscaux. Tout le monde peut faire une erreur dans sa vie. La faute est plutôt au système qui était pourri entre 2011-2019.

@Mr. kais Saied, ne vous laissez pas prendre au piège d'un certain égocentrique de votre entourage qui a une tendance à ramener tout à soi et qui se focalise principalement sur son propre intérêt, considère son opinion comme la plus importante et se voit comme la personne à suivre et à admirer.

@Mr. kais Saied, soyez plutôt le Président du pardon, et prière de donner une chance à ceux qui regrettent publiquement leurs actes de corruption et régularisent leurs situation avec le fisc...

@Mr. kais Saied, ne vous laissez pas prendre au piège de la haine et de règlements de compte de certains. Même l'Allemagne a donné la chance à ses corrompus afin de régulariser leur situation...

@Mr. kais Saied, Il faut même pardonner à la famille de Ben Ali et de lui permettre de rentrer au pays. Certes ils ont péché envers le pays, mais je vous rappelle que le clan RG a péché encore plus envers le pays.

@Mr. kais Saied, entamons une nouvelle page de l'histoire de la Tunisie avec des fondements beaucoup plus solides qu'entre 2011-2019... En effet, tous le monde a fait des fautes entre 2011-2019. Et la Tunisie d'après 2019 a besoin du pardon et de fraternité afin de réussir...

Faouzi38
| 22-12-2019 14:24
Les islamistes, tahya Tounes, Mohamed Abbou, et echa3ab ont menti à leur électeurs et électrices, mais ils le payeront très cher leur mensonge
La seule personne qui a toujours tenue sa parole et respecter ses électeurs et électrices est la grande Patriote Abir Moussi