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Le calvaire d’Annabelle
29/11/2019 | 19:59
5 min
Le calvaire d’Annabelle

 

Elle est française, mère de deux jeunes enfants et dit se sentir « prise au piège avec un homme qui est capable de la tuer ». C’est l’histoire d’Annabelle (ceci n’est pas son vrai nom) qui vit depuis deux ans un véritable calvaire avec un mari tunisien qui menace de la tuer en refusant de la laisser partir et de lui confier la garde de ses enfants. Annabelle fait l’objet aujourd’hui d’un mandat d’amener à cause de la deuxième plainte pour adultère déposée contre elle par son mari.

 

Elle est affaiblie et fragile lorsqu’elle a accepté de répondre à nos questions au téléphone. Annabelle a récemment été victime d’un AVC (accident vasculaire cérébral). A 40 ans, elle multiplie les AVC depuis 4 ans. Elle a dû être plusieurs fois hospitalisée et même rapatriée d’urgence en France, son pays d’origine, à cause d’un état de santé jugé trop fragile par les médecins.

La jeune mère a peur de perdre ses enfants, mais aussi sa maison et son argent. Son mari, un Tunisien avec lequel elle a eu deux enfants, refuse de lui accorder le divorce qu’elle demande depuis deux ans. Sept procédures de divorce qui se sont toutes soldées par un échec. Aujourd’hui, son mari « consent enfin à lui accorder sa liberté », mais le prix à payer pour l’obtenir est cher. Renoncer à la maison dans laquelle elle vit avec ses enfants, à la moitié de son salaire et, surtout, abandonner ses deux enfants, encore en âge d’aller à l’école. Son mari menace de « la tuer » si elle refuse ses conditions.

Annabelle a même été empêchée de faire voyager ses enfants en France et de quitter le territoire, pendant deux ans, après que son mari a volé leurs passeports. Il l’accuse de « vouloir convertir ses enfants au catholicisme ».

 

Annabelle a quitté la France il y a quinze ans pour rejoindre l’homme qu’elle aimait. Elle déchanta rapidement et dût s’accommoder, pendant des années de violences psychologiques et même physiques répétées afin de s’adapter à sa nouvelle vie. Malgré l’arrivée de deux enfants, la situation de la jeune mère ne s’améliore pas. Son mari ira jusqu’à exercer un chantage émotionnel sur elle et sur ses enfants et même un harcèlement continu.  Elle a d’ailleurs porté plainte pour harcèlement et affirme être suivie par son mari qui la surveille dans sa voiture et dans sa maison, n’hésitant pas à installer des caméras dans le domicile où elle vit avec ses enfants.  Elle a aussi porté plainte pour violence physique après avoir été brûlée par son mari qui lui a versé dessus du café brulant. Une agression perpétrée devant ses enfants.

 

Seule en Tunisie, sans sa famille pour la soutenir, Annabelle dût subir, pendant des années, les violences de son mai avant d’avoir le courage d’aller jusqu’au bout de sa démarche entamée il y a deux ans.

Dans son calvaire, elle dit faire face à « une justice partiale rangée du côté du mari ». Une impunité dont il jouit non seulement « grâce » à sa nationalité mais aussi de ses connaissances et proximité avec certains avocats. Selon elle, les forces de l'ordre appliquent d’ailleurs des décisions de façon arbitraire quand cela arrange la partie adverse. Elle dénonce des manigances qui seraient, selon elle, derrière les nombreux manquements enregistrés dans son dossier.

 

 

 

Aujourd’hui en instance de divorce, le mari d’Annabelle ne cesse de proférer des menaces contre elle. Il menace aussi leurs deux enfants leur disant qu’il « tuera leur mère » et n’hésite pas à la traiter de tous les noms devant eux. « Mauvaise mère, trainée, pas une bonne musulmane, femme aux mœurs légère… ». Des insultes qui mettent les enfants dans des situations critiques et un état de stress permanent.  Son mari va jusqu’à la menacer devant son lieu de travail dans le but de ternir sa réputation.

 

Pour ne rien arranger, et afin d’entraver ses procédures de divorce, Annabelle est aujourd’hui accusée d’adultère. Pour la deuxième fois. La première plainte remonte à août 2018 et a été déposée lorsqu’elle a lancé un dossier de divorce et s’est soldée par un non-lieu. La deuxième, plus récente, a donné lieu à un mandat d’arrêt contre la jeune femme.

A cause de cette plainte, 7 policiers se sont introduits chez elle, dans son domicile, sans aucun mandat et « se sont mis à fouiller toute la maison ». Ils étaient accompagnés de son mari et ce dernier l’a frappée devant les policiers, sans que personne ne proteste ou essaye de l’en empêcher.

 

 

Laurent Caizergues, conseiller consulaire pour la zone « Tunisie-Libye », décrit la situation de la jeune femme comme étant « un véritable cauchemar ».  « Je pensais à tort que la Tunisie protégeait les femmes. Mais cette histoire jette une toute autre lumière […] Dans cette société si particulière en région méditerranéenne qu'est la Tunisie, il me semblait pourtant que la femme et la mère méritaient respect et protection ».

 

Alors que la justice tunisienne offre une panoplie de lois protégeant les femmes, l’application de ces lois reste arbitraire. Dans les couples mixtes, les cas de divorce donnent lieu, dans bien des cas, à de véritables casse-tête en matière de garde d’enfants surtout lorsque l’un des parents désire les ramener dans son pays d’origine. Le cas d’Annabelle rappelle celui, datant de l’année dernière, d’une mère Belge qui a été privée de sa fille pendant 3 ans suite à un divorce avec un Tunisien. Une mère qui, aujourd’hui encore, se bat encore pour obtenir la garde de ses enfants.  Si Annabelle a pu obtenir la garde de ses enfants, avec un droit de visite accordé au père, elle craint aujourd’hui encore que les pressions et les menaces ne portent préjudice à ces jeunes enfants et surtout, que le divorce ne puisse être négocié sans les lourdes conditions de son mari… Une affaire à suivre…

 

Synda Tajine

29/11/2019 | 19:59
5 min
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Commentaires (15)

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hourcq
| 01-12-2019 16:23
...seulement en apparence. Certains juges et policiers sont corrompus et seuls ceux qui disposent de soutiens influents et d'argent peuvent s'en sortir devant les tribunaux. Malheur aux pauvres qu'ils soient tunisiens ou étrangers désargentés.Pas la moindre compassion pour eux. Les politicards eux s'en sortent toujours sauf s'ils n'ont pas fait allégeance à leurs concurrents plus influents qu'eux en cette période. A propos de cette affaire, je souhaite bonne chance à cette dame en espérant qu'elle pourra rentrer en France en obtenant la garde de ses enfants. Ils y seront mille fois mieux qu'auprès de ce père violent prêt à tous les mensonges pour obtenir une rente de situation. Pour conclure, je dirai qu'il faut une sacrée dose de naïveté pour épouser, en tant que française, un tunisien sans s'entourer d'un maximum de garanties. De grands sourires et de belles promesses qui s'envolent dès que la souris est prise au piège! On dit que l'amour est aveugle mais à ce point cela relève de la bêtise.

Fraisous123
| 01-12-2019 15:42
Cette lecture ma beaucoup intéressé

Nadine
| 01-12-2019 11:28
C est honteux de traiter un être humain ainsi en plus il fait du mal à ses propres enfants !!!!! Dieu ne peut pas être d accord avec ces comportements !!!! Cette dame devrait fuir ce pays avec ses enfants c est tout puisque personne ne veut l aider courage à toi

Ben
| 01-12-2019 10:42
Quand le ministre de la justice se défend d'exercer ses prérogatives, tirées de la loi, lui reconnaissant la qualité de chef du parquet.
Quand le ministre ne fait pas en sorte que l'inspection du ministère joue son rôle dans le contrôle des magistrats, l'instruction des plaintes des citoyens et le suivi du cours de la justice.
Quand la commission mixte tuniso-française, en matière de traitement des dossiers de déplacement d'enfants et de conflits entre couples mixtes est reléguée aux oubliettes.
Quand, enfin, les affaires des magistrats sont traitées par des magistrats, juges et parties, on ne peut que vivre de telles situations dramatiques, des situations de non sens caractérisées par l'absence de l'Etat mis complètement hors coup face à des lobbies en quête de pouvoir que la constitution ne leur reconnait pas aux fins d'installer le gouvernement des juges, une machine à broyer les citoyens .

Warda73
| 30-11-2019 20:19
Je lis les commentaires et je me dit mais vous vivez sur quelle planète ? La plupart des méditerranéens et même les européens ont la mentalité du mari d'Annabelle.Manipulations,violence sous toutes ses formes,la gente féminine paie ou qu'elle soit et d'où quelle vienne pourquoi ? La femme est l'ennemie de l'homme c'est un principe universel et loin d'être uniquement Arabe ou Tunisien,réveillez vous mesdames.

Warda73
| 30-11-2019 20:11
Je vais être dure mais juste un conseil changer de comportement.Laisser lui ses gosses et sa maison penser à vous et tirer vous.Vos enfants reviendront toujours vers vous quand ils seront majeurs ,c'est l'erreur que toutes les tunisiennes font, quand elles sont avec des bipolaires manipulateurs...Vous serez agréablement surprise dans quelques temps. Faites confiance à Dieu, et accepter les événements. Vous verrez qu'il lâchera car il n'aura plus de levier.

Forza
| 30-11-2019 12:19
Quelqu'un qui n'acceptent pas les influences culturelles de l'étranger, ne devrait pas épouser une femme étrangère car un mariage mixte nécessite une ouverture d'esprit. Il doit accepter que sa femme et ses enfants vont célébrer noël ou le pacque par exemple.

Auditeur
| 30-11-2019 12:07
Et l autre version?

Gg
| 30-11-2019 11:19
Les ONG etc... Il faudrait d'abord voter pour eux, avant de critiquer leur inefficacité!

Ali
| 30-11-2019 10:52
L'AVC est un accident vasculaire cérébral et ça n'a rien avoir avec le c'?ur.