Situation économique et perspectives : Du pessimisme et encore du pessimisme !
Depuis 2011, la situation économique va en empirant. En tout cas, c’est la perception générale des Tunisiens vu les grandes incertitudes qui entourent les perspectives de croissance, ou du moins ce qui ressort de l’enquête trimestrielle réalisée par l’IACE sur la confiance des ménage et des entreprises privées. L’inflation, la hausse des impositions et la hausse du TMM, le coût de la vie est devenu trop chère, au moins pour les honnêtes contribuables, qu’ils soient personnes physiques ou morales. Focus.
L’Institut arabe des chefs d'entreprises (IACE) vient de publier son indice trimestriel de confiance du secteur privé et des ménages pour le 4ème trimestre 2018. Un indice qui désormais, a diminué.
Cet indice reflète une estimation sur les anticipations de la situation financière des ménages et les perspectives de croissance économique. En effet, une amélioration de cet indice dans le secteur privé et chez les ménages devrait impérativement stimuler l’investissement et anticiper la situation économique et la croissance.
Or, avec la dernière hausse du taux d'intérêt directeur de la Banque centrale de Tunisie de 100 points de base et qui va automatiquement se répercuter sur le taux moyen du marché monétaire (TMM) et donc sur le coût des crédits, rendant l’accès au financement pour de grands investissements, de plus en plus difficile.
Pour revenir aux indices de confiance, celui des ménages a été réalisé sur un échantillon de 200 consommateurs, par une enquête effectuée en ligne du 4 au 24 janvier 2019. Il se focalise sur les préoccupations majeures des consommateurs en Tunisie.
Celui du secteur privé a été effectué sur un échantillon de 300 entreprises par le biais de 4 questionnaires en ligne (un par secteur d’activité (les services, les industries manufacturières, le bâtiment et le commerce), au cours de cette même période. Il permet de connaître le sentiment des professionnels sur l’état actuel et futur du climat des affaires dans divers secteurs d’activité.
Ils décrivent la perception et l’anticipation de la situation financière des ménages et de la situation économique générale du pays.
Pour le secteur privé, l’indicateur de synthèse affiche une baisse de 13,57 points. La dégradation de la confiance a concerné le secteur et du bâtiment avec une baisse de 37,62 points par rapport au troisième trimestre de 2018 (T3 2018) et du secteur des services, où l’indice a perdu 2,85 points par rapport au T3 2018. En revanche, l’indice relatif au secteur des industries manufacturières a augmenté 4,97 points, passant ainsi de -4,74 au T3 2018 à 0,23 points au T4 de la même année tandis que celui du secteur du commerce est resté le même (-7.33 points).
Les chefs d’entreprises interrogés ont principalement expliqué la dégradation de l’indice de confiance dans les secteurs des services et du bâtiment, par les politiques économiques gouvernementales, la hausse des coûts des biens d’équipement, la chute des exportations, la multiplication des conditions d’accès au financement, l’évolution de la concurrence sur le marché, les difficultés d’approvisionnement et la baisse de la demande qui est liée à la détérioration du pouvoir d’achat du consommateur.
Pour les perspectives, les chefs d’entreprises sont pessimistes par rapport à la situation globale de l’économie et financière, qui représente un frein majeur à l’investissement.
S’agissant des ménages, il en ressort globalement que la confiance des consommateurs tunisiens en la situation économique du pays s’est détériorée : l’indice y référant a perdu environ 3 points par rapport au troisième trimestre.
Le quatrième trimestre de 2018 est marqué par une proportion de ménages estimant qu’il n’est pas opportun de faire de grandes acquisitions. L’indice correspondant a gardé le même score par rapport au troisième trimestre. En effet, les ménages ne sont plus favorables à ni à l’achat de logements ni matériels électroniques et/ou informatiques.
Les problèmes financiers sont perçus par les ménages comme l’obstacle le plus important devant l’acte d’achat, bien que 37% des ménages gagnent plus que 1.000 dinars par mois.
Quant à leur avis sur la situation économique, les ménages estiment qu’il y a une légère amélioration de la situation économique générale du pays par rapport au 3ème trimestre 2018. Mais, ils restent méfiants : leur confiance en diminution, ce qui influencera négativement leur demande en consommation et du coup ralentira la croissance du PIB.
L’IACE estime que l’amélioration de la situation financière des ménages par le renforcement de leur pouvoir d’achat peut générer des retombées positives sur la croissance. Mais, c’était sans compter sur la BCT qui vient d’augmenter le taux d’intérêt directeur en prévision d’une future hausse de l’inflation et qui bien sûre va se répercuter sur la perception des ménages, sur leurs consommations et sur l’ensemble de leurs achats, et donc par effet boule de neige sur la demande et sur les entreprises.
Depuis la révolution, la Tunisie est entrée dans un cercle vicieux. Les politiques ont tenté de le relancer l’économie par la consommation, mais ceci a eu des effets néfastes sur l’épargne et sur la valeur du travail. En effet, depuis 2011, la productivité et compétitivité ont perdu leur sens. Les hausses de salaires ne sont plus liées à la création de valeur, se répercutant sur l’inflation. Ainsi, l’unique solution pour remédier à la situation économique actuelle, c’est que le travail retrouve sa valeur d’antan, l’objectif final est que les Tunisiens, ménages et entreprises, retrouvent la confiance en ce pays et en l’avenir, et aient une meilleure perception.
Imen NOUIRA