« BIG Deal » est un site d’achat groupé sur internet. Cette entreprise de e-commerce créée en 2012 avec un budget dérisoire par un jeune informaticien, Issam Essefi, est aujourd’hui devenue, le leader des sites d’achats groupés en Tunisie.
Avec un chiffre d’affaires de plus de 600 mille dinars, l’entreprise qui emploie actuellement une vingtaine de personnes a très rapidement évolué pour passer de petite start-up à une entreprise prospère. Issam Essefi se livre et nous raconte son parcours.
Parcours d’un étudiant devenu entrepreneur
Né en 1983 à Mahdia où il a effectué toute sa scolarité jusqu’au Baccalauréat qu’il a eu en 2002, passionné d’informatique, le jeune Issam Essefi a ensuite pendant 2 ans, fréquenté les cours de la section MPI (Math, Physique et Informatique) à l’INSAT de Tunis. Ne trouvant pas ses repères au sein de l’institut, ce passionné d’informatique décide de se réorienter vers le cours d’étude de « réseaux informatiques » de l’ISET, sanctionné deux années plus-tard par un stage de fin d’étude durant lequel il a créé sa première plateforme web. Il s’agissait d’un guide communautaire gastronomique, « Resto-tunisie.com ». Une plateforme qui existe toujours d’ailleurs et qui est même devenue une entreprise à part entière.
Le projet lui vaut d’être recruté au sein de « Web carré », où il a travaillé comme développeur de plateforme de e-commerce pour le compte de clients français, essentiellement. C’est là que notre passionné de programmation devient développeur.
Parallèlement à son activité au sein de « Point Carré », il tenait un blog (critique du web tunisien) ou il transcrivait ses expériences professionnelles et prenait plaisir à comparer le niveau de développement des deux sphères tunisiennes et françaises en matière de e-commerce. Et c’est là que commence à germer l’idée d’entreprendre !
Pourquoi le e-commerce n’arrivait-il pas à décoller en Tunisie ?
Pour répondre à cette question qui revenait souvent dans son esprit, le jeune Issam, a identifié trois facteurs qui lui ont plus-tard procurés les éléments de réponses dont il avait besoin : La confiance, l’offre et le prix.
Par quels mécanismes, le Tunisien, qui possède à la base un comportement méfiant lors de transaction financière, serait-il arrivé à avoir confiance en l’acte d’achat sur une plateforme de e-commerce ? En plus de répondre à ces problématiques, il fallait aussi des produits moins chers à proposer pour créer l’offre. La recherche du concept a alors commencée.
Le concept Groupon
Lors de ses lectures spécialisées, Issam Essefi, raconte qu’il est tombé un soir sur un article du New York Times qui retraçait l’histoire du leader mondial d’achats groupés: Groupon.
Né aux US en 2008, en plein crise financière, Groupon est l’entreprise qui a eu la plus forte croissance de l’histoire, dans le domaine des TIC (plus importante encore que celle de Google ou encore Facebook). « Implémenté dans 48 pays la plateforme génère actuellement un chiffre d’affaire, colossal ! », nous confi-t-il « Je m’en suis donc inspiré ». L’idée de « BIG Deal » est née !
Qui dit projet dit difficultés
Le « deal » de Issam Essefi avec ses clients sera donc, de leur proposer des produits 50% moins chers. Mais comment ?
Pour lui, il était clair qu’il fallait utiliser la force d’internet pour regrouper les gens. Fort de plusieurs milliers de potentiels consommateurs, il pouvait passer à la seconde phase, négocier les prix !
Il fallait aussi adapter le concept au contexte tunisien, car comme on l’a déjà dit, il faut avant tout mettre le Tunisien en confiance par rapport à un système qu’il ne connaissait pas.
A ce stade, un grand travail a été effectué sur la modalité de payement. « On a opté pour le système de Pay-Box », où le client a un interlocuteur direct. Un agent présent dans les centres commerciaux et accrédité par la start-up pour finaliser l’acte d’achat du produit (qui peut être une simple pizza ou une séance de soins, de SPA ou encore un cours de photo par exemple).
« Les gens passaient commande en ligne sur le site et venaient acquérir leurs coupons directement dans un PAY BOX, où il pouvaient parler avec un interlocuteur BIG Deal ».
« Love Money »
Lorsqu’il a commencé, M. Essefi confie que le crédit, contracté auprès de la banque pour pouvoir démarrer concrètement son activité, lui a été garanti par sa propre famille. « Il a fallu hypothéquer la maison familiale ».
« Les chaises, les bureaux et les ordinateurs, on nous les a prêtés ! Le bureau ? En collocation ! » Raconte le jeune entrepreneur. Il est donc parti de rien.
Aujourd’hui, le siège social est à Tunis. Il possède également 2 bureaux régionaux, le premier a été installé au Cap Bon, le second, au Sahel. Avec le temps et beaucoup de travail « BIG Deal » a maturé et a enfanté 3 autres sites. Son dirigeant voit son entreprise demain en Algérie et en Afrique Sub-saharienne. Il fait savoir également qu’il est aujourd’hui prêt pour se défendre face la concurrence étrangère.
« L’ambition de toute start-up tunisienne, devrait être de murir et de s’exporter ».
Les attentes
Sur ce qu’il attend du gouvernement, Issam Essefi explique qu’il n’attend réellement pas grand-chose, à part le fait d’assurer un bon niveau d’éducation. Il explique que si ce point est respecté c’est aux entrepreneurs de rendre la pareille.
Les conventions comme l’Open Sky peuvent également aider les entreprises locales à se développer souligne-t-il, avant de relever qu’un nouveau gouvernement tous les ans n’est sans doute pas bon pour la continuité de projets fondamentaux comme Smart Tunisia. « Car chacun a une vision différente qu’il tente de mettre en œuvre ».
Aux 15% de chômeurs tunisiens qui ne trouvent pas de travail, le jeune entrepreneur relève que le fait de ne pas trouver un travail est en soi un faux problème ! Il explique que son meilleur directeur commercial n’a jamais fait d’études de commerce et qu’il lui a fallu se recycler tout seul pour pouvoir accéder au poste. Un poste qu’il a intégré avec un bas salaire, au début.
Sofiene Ahres
