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Habib Essid, le résultat du consensus
05/01/2015 | 19:59
5 min
Habib Essid, le résultat du consensus
Depuis la victoire de Nidaa Tounes aux élections législatives du 26 octobre 2014, on s’interroge sur l’identité du prochain chef du gouvernement. C’est aujourd’hui, 5 janvier, que le nom de Habib Essid a été officiellement proposé par Nidaa Tounes au président de la République, Béji Caïd Essebsi. Un choix qui risque de susciter certaines critiques et qui montre, également, la voie que compte tracer Nidaa Tounes.

Après un suspense qui a duré quelques semaines, c’est finalement Habib Essid qui a été désigné pour devenir le chef du prochain gouvernement. Habib Essid est âgé de 65 ans, il est né à Sousse et est père de trois enfants. Il a derrière lui une carrière de commis de l’Etat principalement dans des fonctions liées à l’agriculture. Il est ensuite passé au ministère de l’Intérieur jusqu’en 2001. Il revient ensuite au domaine agricole où il a été directeur exécutif du conseil oléicole international dont le siège est à Madrid (Espagne) de 2004 à 2010.
Il a également été ministre de l’Intérieur dans le gouvernement de Béji Caïd Essebsi durant la première phase transitoire en remplacement de Farhat Rajhi. Par la suite, il a été conseiller sécuritaire dans le cabinet de Hamadi Jebali lorsqu’il était chef du gouvernement.
Les signaux envoyés par ce choix sont clairs : la sécurité et le rétablissement du prestige de l’Etat. Le choix de Nidaa Tounes s’est porté sur une personnalité travailleuse qui a fait ses preuves au service de l’Etat depuis des années. Un profil qui correspond à la nécessité de remettre le pays au travail. D’un autre côté, l’expérience sécuritaire de Habib Essid correspond à la deuxième nécessité dans la prochaine étape, celle du combat contre le terrorisme.

Le choix de Habib Essid en tant que chef du gouvernement soulève cependant quelques interrogations. La première de ces interrogations est relative au choix porté sur une personne qui n’appartient pas à Nidaa Tounes. Une large frange du parti militait pour que le chef du gouvernement soit désigné parmi les leaders du parti. Pour étayer cette volonté, ils mettent en avant le choix des urnes et soutiennent que si une majorité du peuple les a élus c’est pour gouverner. En plus, il faudra, pour le parti, faire les frais d’une politique qu’il n’aura pas participé à fixer. D’un autre côté, le choix d’une personne indépendante participe à calmer les esprits et à pousser à un meilleur consensus autour de l’équipe gouvernementale. En plus, Habib Essid a travaillé auparavant avec Béji Caïd Essebsi et avec Hamadi Jebali ce qui fait qu’il est connu de Nidaa Tounes et d’Ennahdha, les deux principales forces politiques du pays. En attendant la composition gouvernementale complète, la personnalité de Habib Essid semble être consensuelle.

Une des autres interrogations que soulève la nomination de Habib Essid concerne son bilan. En effet, il a été en fonction en tant que ministre de l’Intérieur avec Béji Caïd Essebsi, période durant laquelle certaines contestations sociales ont été violemment réprimées. Son bilan en tant que conseiller chargé des affaires sécuritaires auprès de Hamadi Jebali soulève plusieurs interrogations car c’est durant cette période qu’a eu lieu le meurtre de Chokri Belaïd. C’est aussi durant cette période-là que les manifestations du 9-Avril ont été réprimées par les forces de l’ordre avec la présence de certaines milices.
Comme l’a déclaré Mohamed Ennaceur, président par intérim de Nidaa Tounes, Habib Essid a été choisi pour « son indépendance et son expérience notamment dans le domaine sécuritaire et économique ainsi que sur la base des postes qu’il a occupés au sommet de l’Etat ». Clairement, l’aspect sécuritaire a joué en faveur de la nomination de M. Essid à la tête du gouvernement tunisien. Eu égard à la nécessité de lutter contre le terrorisme, le choix a été porté sur un « vieux de la vieille » qui a longtemps arpenté les couloirs du ministère de l’avenue Habib Bourguiba. La personnalité du ministère de l’Intérieur sera également centrale dans cette configuration. Par ailleurs, son expérience économique peut être un avantage au vu des défis qui se posent à la Tunisie. Mais il faut avouer que ce n’est pas le mieux placé en Tunisie dans le domaine économique puisqu’il a principalement roulé sa bosse au ministère de l’Agriculture.

D’après les différentes déclarations de plusieurs politiciens, la nomination de Habib Essid à la primature est favorablement accueillie. En effet, Zied Laâdhari, porte-parole officiel d’Ennahdha, a déclaré « nous accueillons favorablement la nomination de Habib Essid et sommes prêts à travailler avec lui ». Mohsen Hassen, leader du parti de l’Union patriotique libre, s’est félicité du fait que son parti ait été consulté pour désigner M. Essid, il a ajouté qu’il s’agissait d’une personnalité consensuelle qui jouit d’une grande expérience sécuritaire et économique. Le seul bémol a été apposé par le Front populaire qui n’a pas été consulté pour cette désignation et qui n’a pas manqué de souligner l’appartenance de Habib Essid au régime de Ben Ali. Zouhair Maghzaoui a souligné que Habib Essid est un point de rencontre entre Ennahdha et Nidaa Tounes en ajoutant que le jugement se fera sur l’action gouvernementale et non sur les personnes.

Les défis qui se posent au prochain gouvernement sont de taille et les dossiers à traiter sont nombreux. Le choix d’un homme à poigne, expert dans le domaine sécuritaire, peut se révéler judicieux en cette période. Toutefois, cette même rigidité est une arme à double tranchant quand il s’agira de négocier avec les syndicats ou de traiter les réformes économiques douloureuses qui s’annoncent. Habib Essid pourrait être l’homme de la situation mais pour l’instant, les questions qu’il soulève sont plus nombreuses que les certitudes qu’il apporte. Dans un moment charnière de l’Histoire du pays, la responsabilité jetée sur les épaules de Habib Essid est immense.

05/01/2015 | 19:59
5 min
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Commentaires (11) Commenter
Après le BAC-4
DHEJ
| 06-01-2015 17:28
Venu le temps de la maîtrise moins 2!
consensus?
nunuche
| 06-01-2015 13:45
Selon la constitution le 1er ministre a plus de pouvoir que le président.Mr Essid pourra-t-il tenir tête à BCE?ou sera-il la voix dumaître?
@ Oui à un pouvoir fort, NON à l'injustice
Bourguibiste nationaliste
| 06-01-2015 12:54
Nous sommes d'accord sur la nécessité d'un pouvoir fort mais juste.
Nous ne sommes pas d'accord avec ce que vous appelez « révolution » qui n'a été que l'instrumentalisation du mécontentement légitime. Ceux qui l'ont instrumentalisé n'ont résolu aucun des problèmes des populations concernées. Pire : leur situation s'est encore aggravée depuis janvier 2011. Il faudra établir le bilan des trois ans qui ont été catastrophique pour l'ensemble du pays et surtout pour les populations de l'ouest, comme vous dites. En très très peu de temps, les islamistes ont accumulé des privilèges énormes et scandaleux comme ne l'ont jamais fait les Bourguibistes. Bourguiba est mort dans des conditions modestes.
Oui à un pouvoir fort, NON à l'injustice
@Bourguibiste
| 06-01-2015 12:38
Je suis d'accord avec le constat

Le problème avec des personnalités comme Essid, c'est leur habitus :

une condescendance certaine vis-à-vis des populations de l'intérieur présumées naturellement sous-développées et qu'il faut assister, alors qu'encore une fois elles ont généré cette révolution
un aveuglement quasi culturel vis-à-vis des conditions indécentes et insupportables de vie de ces populations, pas la peine de faire un dessin
la complicité naturelle avec le système politico-affariste des grandes figures et familles des régions du littoral, celles qui précisément ne veulent pas investir dans les régions de l'ouest

Au total donc, un risque beaucoup trop important de retour aux privilèges obscènes des régions de l'est et d'oubli des droits au développement RAPIDE des régions défavorisées
@ Sidi Teta |06-01-2015 10:38
Bourguibiste nationaliste
| 06-01-2015 11:54
Cher Monsieur, j'apprécie vos commentaires, même ceux avec lesquels je ne suis pas d'accord.
Votre commentaire de ce jour en est un de plus. Permettez-moi de vous rappeler que notre pays est plongé dans une grave crise économique, sociale et morale. Cette crise est aggravée par le terrorisme islamiste qui menace très sérieusement la Tunisie. Dans ces conditions, M. Habib Essid est-il l'homme de la situation ? Le papier de M. Achouri sème le doute, en particulier le soutien dont il jouit auprès des islamistes. Contrairement à vous, je pense que la Tunisie aura besoin d'un pouvoir fort et déterminé pour lui permettre de sortir de la crise. Les défis sont considérables : sécuritaires, sociaux et de souveraineté. Notre pays doit être reconstruit après trois ans de destruction et il doit être débarrassé des extrémistes islamistes. J'ai toujours dit que le régime politique bâtard que les islamistes nous ont donné n'est pas la solution. Il faut donc un pouvoir fort et une présidentialisation du régime.

Retour progressif à l'ancien régime bourguibiste ?
Sidi Teta
| 06-01-2015 10:38
Essid a contribué indirectement à la répression policière lorsqu'il était en poste au MI

C'est également un oligarche faisant partie de l'establishment PSD/RCD. C'est donc incontestablement une figure de l'ancien régime

Est t-il vraiment convaincu et respectueux de la nécessité d'appliquer systématiquement les droits fondamentaux de chaque citoyen ??

A voir....
Fort,
fourire
| 06-01-2015 09:27
le plus fort. L'homme qui a traversé à la nage toutes les rivières sans se mouiller, pour en ressortir dans le costard nickel d'un PM, vous en connaissez beaucoup qui peuvent le faire?
Beaucoup parlent beaucoup et .... se noient dans un verre d'eau! Hé.. hé... hé...
"Il faut toujours se réserver le droit de rire le lendemain de ses idées de la veille."
Soutien sans réserve
ZZZ
| 06-01-2015 09:04
Je soutiens totalement le choix de M.Essid car les priorités du moment sont la sécurité,la sécurité et encore la sécurité.Sans stabilité point de travail,ni investissements,ni tourisme,ni progrès social,ni développement.Evidemment,il est ridicule d'imputer les crimes de larayedh sur le dos de M.Essid alors "au frigo",comme le fait l'auteur de l'article.Quant aux "dirigeants" du Front Populaire,je leur conseille de boire une tisane et d'aller dormir:"leur train est passé" et ils ont refusé de saisir la chance d'accéder au pouvoir quand elle était à leur portée.A présent qu'ils se taisent à jamais !
Quand on n'a rien à critiquer
Ahmed Rami
| 05-01-2015 22:14
Les bavures durant le gouvernement de la troïka sous Hamadi Jebali ne doivent pas être imputées à monsieur Essid, comme vous tenez à le faire croire. Et pourquoi vous ne les imputez pas à Ali Laarayedh qui était le ministre de l'Intérieur. C'est vraiment de la mauvaise foi.
Ensuite, on ne voit pas ce que vient faire le fait que monsieur Essid ait 3 enfants dans un article d'analyse politique.
Quel consensus??? entre qui et qui?
hhMarwen
| 05-01-2015 20:53
Un consensus entre qui et qui?
Entre l'auteur de l'article et quelques membres de Nida!
ça sens une compagne médiatique pour faire avaler cette décision en forcing!

Même certains membres de nida ont dit que ce choix est très mal étudié et ne répond pas aux attentes des tunisiens