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Législatives 2014 : La revanche des instituts de sondage
12/11/2014 | 1
min
Législatives 2014 : La revanche des instituts de sondage
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Les sondages d’opinion jouent un rôle, tout à la fois primordial et controversé, dans le déroulement des joutes électorales et dans un sens plus large dans le développement de la communication et du marketing politique, au sein des sociétés démocratiques. En Tunisie, le rôle des sondages reste relativement secondaire, dans un pays en apprentissage du b.a.-ba des règles démocratiques. Mais force est de constater que les enquêtes menées par des instituts de sondage nationaux, ont fait montre d’exactitude, à la lumière des résultats du 26 octobre dévoilés par l’ISIE.

A l’approche des échéances électorales législatives en Tunisie des instituts de sondage, notamment Sigma conseil et 3 C Etudes, ont révélé en off les résultats de leurs enquêtes avant l’annonce des chiffres officiels. C’est que le code électoral en Tunisie interdit la publication des sondages en période de précampagne, de campagne et de silence électoral.
La réaction qu’ont eue les politiques vis-à-vis de ces sondages a été ambivalente. Cités en exemple et renforçant leur position quand ils servent le parti ; critiqués avec virulence quand ils sont désavantageux. C’est le cas en particulier des membres du parti présidentiel CPR qui se sont attaqués avec une véhémence inouïe aux instituts de sondage, mettant en doute leur crédibilité et allant jusqu’à les accuser de falsification des résultats et d’être à la solde d’un parti précis. Sigma conseil et à sa tête Hassen Zargouni n’ont pas été épargnés par la harangue des CPR, notamment Samir Ben Amor, qui n’ont eu de cesse de dénigrer et décrédibiliser le travail remarquable qui a été fourni par M. Zargouni et son équipe. Leur campagne a duré des mois.

Une cabale a été donc menée contre les instituts de sondage nationaux et des médias qui les reprenaient et les citaient en référence comme étant de l’argent comptant. On se rappellera des propos du secrétaire général du CPR, Imed Daïmi qui a crié haut et fort que les sondages ne sont ni transparents ni fiables, affirmant qu’ils sont partiaux et tentent d’influencer l’opinion publique en application d’agendas politiques bien déterminés. Pour prouver ses dires, il a mis l’accent sur la contradiction, entre les sondages consacrant Nidaa Tounes au premier rang des intentions de vote, et le véritable poids du parti. Ainsi, il a souligné que Nidaa n'a pas les moyens matériels et humains pour réaliser les pourcentages mentionnés dans les sondages, ce qui transparaitra dans les prochaines élections, disait-il ! Celui-ci est même allé jusqu’à accuser Nidaa Tounes d’acheter les résultats des sondages d’opinion et de verser de l’argent aux instituts, afin de paraitre au premier rang des intentions de vote des Tunisiens et de les influencer.
Le plus ridicule aura été Mohamed Hnid, ancien directeur de la communication de la présidence de la République qui a balayé d’un revers les sondages des instituts nationaux pour dire qu’ils sont contradictoires avec ceux qu’il avait. Interrogé sur la source ayant réalisé les sondages de la présidence, il a répondu : « Nos propres sondages réalisés dans les cafés populaires ». Il s’agit d’une méthode statistique fiable selon la présidence !

Il est essentiel de mentionner que toute la campagne menée contre les instituts de sondages comme Sigma conseil, n’a pas empêché la présidence de la République d’appeler son directeur Hassen Zargouni pour le consulter. Contradiction dans les positions dites-vous ! Mais il faut dire que la présidence n’a eu cure de l’expertise de M. Zarguouni et a préféré se rabattre sur ses propres sondages … dans les cafés !

Le 26 octobre 2014 aura été déterminant. Les résultats des élections sont là et prouvent le caractère fallacieux de ces déclarations politiques. Des résultats qui confirment les tendances avancées par les instituts de sondage nationaux.
Sigma conseil avait en effet annoncé un taux d’indécis avoisinant les 35,9%, alors que l’ISIE a arrêté le taux d’abstention à 31,64%. Sachant que la marge d’erreur chez les instituts étant de 2 à 5%, on peut dire que l’institut a été dans les normes.

Les tableaux ci-dessous montrent les chiffres avancés par les instituts de sondages et les résultats de l’ISIE.





Sigma conseil a effectué un sondage en septembre et octobre 2014 que Business News a reçu en cette période et n’a pas été publié en raison de l’interdiction imposée aux médias quant à la divulgation des sondages d’opinion.
Le même institut, ainsi que 3 C Etudes ont par ailleurs mené des sondages sorties des urnes le 26 octobre qu’ils ont tous les deux dévoilés le jour du scrutin sur les chaînes Ettounsiya et Wataniya.
En septembre-octobre, Sigma donnait Nidaa Tounes vainqueur avec 38,7%, ce qui équivaut à 77 sièges au Parlement. Ennahdha arrive en deuxième position avec 23% et 46 sièges, alors que l’UPL et le Front populaire, arrivent respectivement au troisième et quatrième rang avec 10,6% (21 sièges) et 8,5% (17 siège). Le CPR était pressenti quatrième avec 5,5% et 11 sièges à l’Assemblée et Afek Tounes ne récoltait que 2 sièges avec 1%. A quelques pourcents près les chiffres de Sigma s’approchent conséquemment des résultats finaux des législatives. Le classement des premiers étant parfait. Seule erreur dans l’approche de Sigma de fin septembre, le positionnement d’Afek.

Durant la soirée électorale, les sondages sorties des urnes de Sigma et 3 C montrent des résultats quasiment identiques aux résultats de l’ISIE. Ces sondages de grande ampleur réalisés le jour même du scrutin, à la sortie des bureaux de vote, ont constitué une véritable radiographie du corps électoral.
Les deux patrons, Hassen Zargouni et Hichem Guerfali étaient face aux politiques et paraissaient carrément les défier avec leurs chiffres tant ils étaient certains de leur exactitude. Outre les politiques, les deux patrons ont pris de gros risques car ils étaient également face à leurs clients, face aux médias et face à l’opinion publique. Toute erreur leur aurait été fatale. Et il n’y a pas eu d’erreur en ce 26 octobre ! Grâce à eux, les Tunisiens ont pu connaitre les résultats approximatifs le soir même du scrutin, comme cela se passe dans les autres démocraties. Il a fallu quelques jours à l’ISIE pour donner les siens. Cette même ISIE qui rappelait le code électoral (pondu par ces mêmes politiques) qui interdisait la publication de ces sondages avant la fermeture du dernier bureau de vote à San Francisco à la côte ouest des Etats-Unis !

Sigma a donné 37% pour Nidaa Tounes, 26% à Ennahdha, 5,4% au Front populaire, 4,8% pour l’UPL et 2,8% à Afek Tounes.
Concertant le SSU de 3C, Nidaa Tounes ressort avec 36%, Ennahdha 24%, le Front populaire avec 5%, l’UPL 6%, Afek 4% et le CPR avec 2,4%.
Revenant aux résultats de l’Instance supérieure indépendante pour les élections, confortant pour la plupart les chiffres des instituts de sondages d’opinions. A savoir que Hichem Guerfali et Hassen Zargouni ont expliqué qu’il y a une marge d’erreur de 2% à 3%. L’ISIE a finalement annoncé la victoire de Nidaa Tounes avec 39%, Ennahdha au deuxième rang arrive à 31,8%, L’UPL de Slim Riahi a pu avoisiner les 7,37% quant au Front populaire et Afek Tounes ils ont eu une part de 6,91% et 3,69%. Le CPR arrive loin derrière avec 1,84%.

Ainsi, les instituts de sondage ont pu prouver l’efficacité des méthodes employées, n’en déplaise aux politiques du camp perdant, qui n’ont eu de cesse de mettre en doute les résultats des Sigma et 3 C Etudes. Le CPR dans un dernier soubresaut, lors de la diffusion des sondages sorties des urnes durant la soirée électorale, a indiqué qu’il fallait attendre les déclarations officielles de l’ISIE. Imed Daïmi, se voilant la face, avait indiqué que les chiffres qu’il a en sa possession sont différents et placent le CPR en bonne position. Idem pour Tarek Kahlaoui. Samir Ben Amor a déclaré au moment de la diffusion des chiffres par Sigma « que ce qui se passe est un crime et une tentative abjecte de semer le trouble et de faire douter des résultats finaux ». Mais ni Kahlaoui, ni Ben Amor n’ont été capables de donner une indication quelconque liée à un pourcentage crédible.
En Tunisie, les sondages d’opinion tendent à gagner en importance et devraient constituer une part non négligeable de l’information reçue par les électeurs au cours des campagnes à venir.
Les instituts de sondage avaient déjà du crédit auprès des médias et un pan de l’opinion publique. Après leur exploit du 26 octobre, ils obtiennent le crédit nécessaire pour poursuivre ce travail indispensable à la démocratie et font un véritable pied-de-nez à tous les politiques qui mettaient en doute leur travail et celui des dizaines de personnes de leurs entreprises.

Ikhlas Latif
12/11/2014 | 1
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