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Lutte contre le terrorisme, la société civile s'organise
17/06/2014 | 1
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Lutte contre le terrorisme, la société civile s'organise
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Après la chute du régime de Ben Ali il y a de cela trois ans, la Tunisie a fait face à la menace terroriste qui marque sa présence, se développant d’une manière persistante. En l’espace d’une courte période, la menace est devenue de plus en plus réelle et les opérations terroristes se sont multipliées. D’aucuns ont mis l’accent sur le laxisme des gouvernements de la Troïka, rendant la situation de plus en plus inextricable. Au vu des développements récents, les contours d’une stratégie nationale claire de lutte contre le terrorisme se dessinent.


« En raison du manque de traditions dans ce domaine, la Tunisie n’était pas préparée à faire face au terrorisme, surtout dans le contexte de la déliquescence qui a frappé l’Etat après la révolution, mais aussi du fait de la réalité régionale, marquée par l’instabilité, en particulier en Libye et en Syrie, laquelle réalité a eu un impact direct sur la situation tunisienne », affirme le chef du gouvernement, Mehdi Jomâa, lors d’un entretien publié mardi 17 juin 2014.

Cette affirmation résume à elle seule la teneur des défis rencontrés par la Tunisie dans sa lutte contre un phénomène d’ampleur et à assurer les moyens qui permettraient de l’endiguer. La menace terroriste est persistante et bien réelle ; ciblant au premier abord l’institution militaire et sécuritaire, le risque que les groupes terroristes franchissent le cap en attaquant les civils ainsi que les intérêts économiques et la stabilité politique en Tunisie est persistant.

Mehdi Jomâa a souligné, à ce propos, que son gouvernement était résolu à mettre en place le Pôle de lutte combinée contre le terrorisme, annoncé récemment. Le chef du gouvernement a également estimé, que la coordination et la coopération entre les différentes institutions sécuritaires, a connu une nette amélioration. Il a assuré qu’ « en dépit des coups douloureux qu’il [le terrorisme] avait pu porter à nos forces de sécurité et à nos soldats, nous nous sommes réorganisés et avons pu reprendre l’initiative et porter des coups qualitatifs aux terroristes ».

La volonté du gouvernement d'asseoir des mécanismes plus efficaces en vu de combattre le fléau terroriste, dénote de la nécessité d’établir un diagnostic sur la réalité du terrorisme en Tunisie ainsi qu’une stratégie globale pour le contenir. Dans cette même optique, la commission des droits et des libertés au sein de l’Assemblée nationale constituante a examiné, le 11 juin dernier, les propositions du projet de loi sur la lutte contre le terrorisme et le blanchiment d’argent. La vice-présidente de la commission, Fatma Gharbi, a jugé qu’il était nécessaire de revoir le texte de loi et de procéder à l’audition d’experts dans ce domaine.

D’un autre coté, l’Union nationale des syndicats des forces de sécurité tunisienne a préconisé, à l’occasion d’une conférence sur le thème « Institution sécuritaire et pouvoir judiciaire », l’adoption d’une nouvelle loi sur le terrorisme, permettant aux forces sécuritaires d’accomplir leur rôle sans entraves.

Les appels à établir une stratégie claire définissant les principes de la lutte contre le terrorisme se multiplient. Ainsi, des activistes de la société civile et des droits de l’Homme se sont mobilisés via leurs associations pour unir leur expertise dans ce domaine. Annonçant la création de l’Observatoire national pour la lutte contre le terrorisme et le crime organisé, lors d’une conférence qui s’est tenue lundi 16 juin 2014, (http://www.businessnews.com.tn/creation-de-lobservatoire-national-pour-la-lutte-contre-le-terrorisme-et-le-crime-organise-video,520,47238,3), l’organisme vient d’établir une stratégie antiterrorisme dont une copie sera présentée au gouvernement.

l'Association de secours des Tunisiens à l'étranger a estimé qu’il était de la plus haute importance de créer des structures et des instruments, permettant de stopper l’expansion des doctrines intégristes dans la société tunisienne. Elle a indiqué que des enquêtes sérieuses ont été menées démontrant un changement progressif de la mentalité en Tunisie, qui découlerait selon lui de la propagation des pensées extrémistes. Revenant sur la question des djihadistes tunisiens de retour de Syrie, M. koubakji a prôné la création d’un centre de réhabilitation de ces jeunes, les encadrant et les éloignant des détenus de droit commun. En effet, il a affirmé qu’un endoctrinement se fait au sein même des prisons tunisiennes, ce qui constitue un autre danger. Il a donc appelé à empêcher l’embrigadement dans les centres de détentions. Par ailleurs, l’activiste s’est indigné de l’approche des autorités tunisiennes envers le djihad en Syrie, entrainant une certaine normalisation dans la société avec le phénomène du terrorisme. Il évoque à ce propos des dépassements qu’il faudrait éviter à l’avenir, tels que la négligence de la complicité des familles ou la relaxation de certains détenus.

De son coté, le président de l’Observatoire, Hatem Yahiaoui a indiqué que celui-ci sera chargé de traiter les dossiers ayant trait au crime organisé, au blanchiment d’argent ainsi qu'au trafic d’armes, au moyen d’une stratégie complète et détaillée sur le court et le moyen terme. Cette stratégie, qui a été communiquée au gouvernement, sera appliquée, notamment, sur le plan éducatif, social et culturel.

Hatem Yahyaoui a tenu à préciser que la création d’un organe de renseignement indépendant, émettant des informations sûres et vérifiées, en temps réel, à toutes les unités sécuritaires concernées par la lutte antiterroriste, était nécessaire. Un autre point, important selon lui : le contrôle des sources de financements et des dons des associations qui ont proliféré après la révolution. M. Yahyaoui a souligné que les activités terroristes sont appuyées par les opérations de blanchiment d’argent, jugeant fondamental de revoir le code de la Douane, amendé par l’ANC, qui facilite l’introduction d’argent par les entreprises étrangères. Limiter l’ampleur de la contrebande, qui représente l’autre visage du terrorisme, est également à prendre en compte dans cette stratégie globale de lutte contre ce fléau.

En somme, une stratégie rigoureuse de lutte contre le terrorisme est à appliquer en urgence, dans un contexte national et régional de plus en plus alarmant. Il faudrait pour cela diagnostiquer les avancées effectuées jusque là dans le combat antiterroriste et définir les contours de cette stratégie, tout en créant des structures et des mécanismes aptes à endiguer ce phénomène. Toutefois, lutter contre le terrorisme, ne devrait pas se limiter aux responsables politiques et sécuritaires, la contribution de la société civile et des médias est nécessaire pour l’information et la responsabilisation de la société.

Ikhlas Latif

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17/06/2014 | 1
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