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Tunisie – Slim Riahi continue à faire son show
09/07/2013 | 1
min
Tunisie – Slim Riahi continue à faire son show
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Slim Riahi dépense sans compter pour se faire une notoriété et devenir un personnage clé de la scène politique tunisienne. Mais Slim Riahi ne s’est pas contenté de faire (du moins d’essayer de faire) de la politique.

La dernière lubie du nabab, la chaîne Ettounissya dont il s’est payé la fréquence il y a quelques mois et qu’il tente de faire taire aujourd’hui. Président du prestigieux Club africain et propriétaire de Tunisia Holding, Slim Riahi continue à dribbler avec les projets. En véritable touche à tout, il veut tout et il le veut « tawa », quitte à entretenir des relations de plus en plus floues avec le pouvoir en place. Retour sur le parcours parsemé d’échecs de cet outsider de la scène politique qui ne cesse de faire parler de lui…


 « Je ne courrai pas derrière une fausse popularité en me taisant sur la corruption », a écrit Slim Riahi sur sa page Facebook. Samedi dernier, la retransmission télévisée des programmes de la chaîne Ettounissiya a été interrompue, sans aucun préavis, laissant place à des diffusions affichant le même nom mais avec un logo et un contenu différents. Slim Riahi, récemment propriétaire de la fréquence, acquise en avril dernier de la société américaine « Rainbow Media », opère là un véritable coup de théâtre. Me Sonia Dahmani, avocate de Sami Fehri, dénonce une « tentative de porter atteinte à Cactus Prod et à tout son personnel ». Une preuve de plus, selon les interprétations de l’avocate, qu’il existerait un véritable dessein visant à frapper la chaîne de Sami Fehri. Selon, Salma Fehri, sœur de ce dernier, M. Riahi n’aurait pas le droit d’utiliser Ettounissya étant uniquement le propriétaire de la fréquence et non de la chaîne, qui reste à l’actif de Sami Fehri et ayant signé un accord l’interdisant de s’ingérer dans sa ligne éditoriale et son contenu.

Seulement voilà, le jeune milliardaire en a décidé autrement affirmant être « dans son plein droit ». A la place des anciens programmes de la chaîne, Slim Riahi prévoit tout un nouveau bouquet : Ettounissya El Oula, Ettounissya Sport et Ettounissya News.

L’homme d’affaires affirme, sur sa page Facbook, avoir pris cette décision afin de « couper les liens avec un groupe de production impliqué dans le système de corruption mis en place sous le régime Ben Ali ».  Il aurait l’intention d’user de « son énorme fortune pour combattre les corrompus et hypocrites », tout en démentant courir derrière une « quelconque fausse popularité ».
 
Si sa popularité demeure incertaine, ses desseins avec le pouvoir restent empreints de mystère. Tahar Ben Hassine, propriétaire de la chaîne El Hiwar qui offre aujourd’hui un tremplin à Ettounissya en l’hébergeant sur sa fréquence, soutient que le parti Ennahdha aurait fait pression sur Slim Riahi lui proposant de se taire sur ses malversations financières en l’échange du muselage de la chaîne. Une chaîne que le pouvoir a dans son collimateur depuis des mois.

Il est difficile de s’exprimer sur les véritables liens de Slim Riahi avec la Troïka. Le président de l’UPL ne cessera, pourtant, de fustiger le pouvoir en place, appelant l’ANC à accélérer les travaux sur la Constitution et sommant Moncef Marzouki de démissionner. En mars dernier, il a qualifié Moncef Marzouki de « symbole de l’échec » et n’a pas manqué de déclarer qu’Ennahdha a « prouvé sa défaite » et que les anciennes méthodes de l’ex-chef du gouvernement Jebali étaient « erronées et obsolètes ».

Malgré son poids infinitésimal sur la scène politique, Slim Riahi s’est attiré la foudre de la Troïka. La présidence avait menacé de dissoudre le CA, dont il est président, argumentant avec l’article 9 du décret-loi 88 du 24 septembre 2011 qui stipule qu’il est interdit de cumuler une responsabilité associative avec une activité politique. Disposition appliquée au cas par cas puisque d’autres comme Mehdi Ben Gharbia ou Mahmoud Baroudi, cumulant ce double statut, n’ont pas été concernés.

Autre exemple, l’arrestation en avril dernier de son chef de campagne, Borhane Bsaïes, ancien propagandiste de Ben Ali, laisserait bien supposer que Riahi soit aujourd’hui dans le collimateur du pouvoir.
 
Force est de reconnaitre que Slim Riahi ne peut laisser indifférent. A la veille des élections du 23 octobre 2011, début de son ascension sur la scène politique, il s’est présenté comme le messie qui délivrera la Tunisie du chaos post-dictatorial, à coups de liasses de billets, et qui redonnera à la jeunesse sa place dans la société, à coups de discours populistes. Sa campagne électorale avait des allures de shows à l’américaine. Mais si argent et politique n’ont pas été le duo gagnant des élections de la Constituante, favorisant des partis politiques modestes tels que le CPR de Moncef Marzouki, cette campagne aura au moins eu le mérite de faire parler de Slim Riahi. Un homme ambitieux prêt à tout pour réussir son ascension.

Cet ancien diplômé de l’université de management de Tripoli, fils d’avocat controversé en Libye depuis les années 80, faisait figure de véritable OVNI dans la scène politique tunisienne. Les orientations de son parti, qui sont encore floues aujourd’hui, n’ont pas réussi à convaincre grand monde. Malgré plusieurs milliers de dinars ayant financé sa campagne électorale, l’UPL, dépourvu de programme, aura décroché un unique siège à l’Assemblée nationale.
 
Les spéculations sur la colossale fortune du jeune milliardaire vont bon train jetant le discrédit sur l’intégrité de l’homme. Tahar Ben Hassine affirme, également, sur sa page Facebook que les deniers de M. Riahi auraient une provenance « Kaddéfienne » et s’engage à créer un comité ayant pour but de faire connaître la vérité sur la réelle provenance de la fortune de M. Riahi. Selon ses dires, ce serait Kaddafi lui-même qui aurait payé Slim Riahi pour organiser une contre-révolution en Tunisie, après le départ de Ben Ali. Il n’écarte pas non plus la possibilité selon laquelle ce dernier se serait procuré les avoirs du fils de l’ancien président libyen, Môotassam Kaddafi, aujourd’hui décédé.

On s’interroge désormais sur les intentions de Slim Riahi, véritable outsider de la scène politique, bourré aux as, assez taciturne sur ses liens avec les partis au pouvoir ou de l’opposition. Avec unique fonds de commerce l’argent comme grand moteur d’ascension politique en Tunisie, celui dont le  parcours qui s’est annoncé parsemé d’échecs semble s’être frayé un chemin aujourd’hui.

Ce nouveau Berlusconi de la politique tunisienne mise gros en s’attaquant à Ettounissya. La chaîne a repris ses diffusions en se partageant l’antenne avec El Hiwar et elle lui intente un procès. Mais il ne compte pas s’arrêter là. Son avocat s’est vite empressé de sommer Tahar Belhassine d’arrêter la diffusion des programmes de la chaîne. Slim Riahi, qui se qualifie comme « un riche homme d’affaires [dont] le succès gêne les loosers et les gens complexés », ne cesse d’alimenter la polémique. Jusqu’où ira-t-il ?...
 

Synda TAJINE
09/07/2013 | 1
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